Découverte suspecte

Amadäus demeurait désoeuvré. Sa maîtresse ne lui demandant de faire aucun travail particulier, il ne trouvait pour occuper ses journées que la promenade. Cela avait divers avantages : tout d'abord, il pouvait ainsi mieux connaître les coins et les recoins de la la ville, apprendre les dernières nouvelles et les rumeurs et surtout, s'éloigner de la démone. Cela c'était l'avantage principal. Amadüs marchait donc les mains dans les poches vers la mer. Un vent léger lui soulevait les cheveux et amenait une odeur d'iode. La ville n'était pas si loin de la mer mais la forêt qui la jouxtait annihlait cette senteur de liberté. Pourquoi assimilait-il l'iode à la liberté ? Il l'ignorait, peut être en ce moment, devenait-il osédé par cela. Il n'avait plus d'autre sujets où laisser vagabonder ses pensées. Quand on travaile, on est épuisé et l'on pense surtout à se reposer. Amadäus était maintenant en pleine forme et sa faim et sa survie étaient satisfaits sans aucun problème.

L'humain arriva sur le bord d'un falaise escarpé. Il resta là quelques moments à contempler le ressace venant se fracasser contre les rochers puis il aperçu un oiseau qui séchait ses ailes. Il eut un sourire et le détailla un instant avant de repartir. La falaise était ici escarpée mais il pouvait voir un peu plus loin que la pente devenait moins rude. Il s'amusa à penser que peut-être y avait-il une grotte qu'il pourrait visiter comme dans les romans de son enfance. Avant de se rendre compte qu'il s'agissait là d'une excellente idée. Cela pourrait tuojours lui être utile s'il avait besoin de se faire oublier un peu avant de retourner en ville pour accomplir ses objectifs.

Il se dirigea donc vers l'endroit repéré et commença à descendre avec prudence. Il tenait à la fois à ne pas abîmer ses vêtements pour ne pas à avoir à s'expliquer avec sa maîtresse qu'à ne pas se faire mal car ses rêves ne s'accompliraient que très difficilement s'il agonisait éventré sur des rochers. Un seul coup d'oeil lui montra qu'il n'y avait pas d'ouverture significative pour s'y engouffrer tout entier mais que la falaise était striée par des crevasses dans lesquelles nichait des oiseaux. Ils avait délaissé certains endroits pour il ne savait quelle raison mais où il pourrait cacher des objets. Un peu de préparation et de précaution n'était jamais superflu.

L'esclave dirigea ses recherches ailleurs, il aperçu alors un étroit passage qui menait vers une autre partie du litoral caché de sa vue par la pointe de la falaise. Il commença à escalader et à y aller, tantôt à sur ses deux jambes tantôt en s'aidant de ses mains tant l'accès était difficile. Lorsqu'il dépassa le cap après une bonne quinzaine de minutes d'efforts, il se retrouva face à une crique juste au dessous de là où il se trouvait précédemment. Il reconnaissait un vieil arbre rongé par le sel qu'il avait dépassé quelques temps plus tôt. Etrangement, il ne l'avait pas remarqué. La configuration escarpée des lieux l'empêchait.

Mais autre chose que la disposition de l'endroit le faisait rester sur place sans bouger. Il était à la pointe du cap, debout, quelque peu visible depuis la crique mais il estimait que bouger serait plus visible que de rester là, immobile. Il était habillé d'une veste et d'un pantalon foncé ainsi que d'une chemise blanche mais il espérait que cela se confondrait avec la falaise et le ciel gris derrière lui. De plus les acteurs du spectacle qui se déroulait sous ses yeux ne semblaient pas faire attention qu'à ce que leur demandait leur tâche.

Un petit chalutier avait lâché son ancre dans la crique traversée par des eaux tumultueuses. Le ressac le faisait balloter mais les hommes qui s'occupaient de décharger de grosses et lourdes caisses du bord ne semblait pas y faire attention. Le vent portait vers lui certain de leur cris, de leur appels. Dans cet endroit invisible et déserté, ces contrebandiers ne craignaient pas de hurler contre le vent. Des bribes de sons lui parvenait coupé par le sifflement du vent '..dena'' 'dépê..' ''..zi". Ces hommes, il ne voyait aucune créature féminine dans le lot, semblaient particulièrement nerveux. Pourtant leur cachette était idéale. Que craignaient-ils ? Ce fut alors qu'il remarqua une silouhette en contre jour qui semblait les regarder. Le port était majestueux et Amadäus en déduisit qu'il s'agissait d'un des grands pontes qui surveillait le déchargement.

La silhouette en question disparut sous les yeux d'Amadaus. En effet, cette personne se decoupant sur le fond lumineux, n'etait pas humaine. Si les contrebandiers, simples pions, serviteurs, etaient si agites et stresses c'etait parce que leur maitre les regardaient. Si Alarin etait si fier de son travail, c'etait parce qu'il s'assurait personnellement que tout se passait selon sa volonte. Aucun detail ne pouvait etre omis.

L'aristocrate demon etait parmi les patrons les plus redoutables et les plus exigents. Pouvant etre partout a la fois, il inspirait la peur a ses travailleurs, meme s'il se trouvait de l'autre cote du pays. Chaque contrat passait par ses mains et devant ses yeux. Il se souvenait de chque client et de ses exigences, il connaissait a merveille chaque dossier, meme s'il ne le traitait pas personnellement. Le dernier zith Quimn payait relativement bien ses employes. Un travail bien fait meritait un salair adequat. Mais la moindre maladresse pouvait couter la vie aux resposables...

La teleportation n'est pas un grand pouvoir en soi. Ni spectaculaire, ni dansgereuse, dans un monde de violence et dans une lutte acharnee pour la survie et le controle du marche noir, on ne parait pas sur Alarin. Jusqu'au jour, ou il se trouva etre le seul sur Lichtland a etre suffisamment competant pour executer les moindres desirs de ses clients. La concurrence s'inclina ou fut ecrasee. Et il savait etre rapide. Son esprit lui permettait d'activer la teleportation suffisamment vite que pour eviter des balles. Autant dire, que les simples coups de couteau dans le dos n'avait aucune chance. Et une fois derriere son ennemi, il sortait l'epee de sa canne et s'en servait, sans grande classe, avec degout meme, mais tres efficacement.

Le maitre du marche noir etait en train d'observer une banale cargaison d'armes a feu, rien de bien particulier. Le vent lui caressait le visage et faisait danser ses cheveux noirs. Les yeux rouges du demon fixaient ses ouvriers lorsqu'une autre personne lui apparut, il la vit du coin de l'oeil. Il ne la reconnut pas tout de suite, cela pouvait etre n'importe qui, meme si on dirait plutot un homme.

La teleportation est silancieuse. Il n'y a ni bruit, ni lumiere, ni fumee... On se trouve a un endroit et, juste apres, on est ailleurs, c'est tout. Et il se retrouva dans le dos d'Amadaus, s'appuyant legerement sur sa canne.

Un sourire froid apparut sur son visage lorsqu'il reconnut dans le promeneur Amadaus Weisser. Il garda le silence, mais decida finalement de s'amuser un peu avec lui. Apres tout, sa maitresse ne pouvait pas lui en vouloir. Le demon ne comptait pas l'abimer, il etait propriete d'une autre. Une autre aristocrate. Entre eux, ils se respectaient, meme si personne n'avait interret a tourner le dos aux autres. C'etaient les regles de la haute societe, qu'Alarin evitait de son mieux.

Sa voix fut froide et une note de moquerie resonnait dedans, malgre un certain charme qui s'y cachait.

"Ah... Mais c'est le petit esclave de la Demoiselle Priam. Alors, petit, on se promene?"

Il y a eu du mepris aussi. Alarin ne bougeait pas, un petit sourire aux levres. Il attendit la reaction de cet humain arrogant, esperant qu'il l'avait saisi en apparaissant dans son dos. Cependant, ses yeux rouges ne trahissaient rien. Ils restaient deux flammes impassibles.

Une caisse s'était ouverte sur le ponton du chalutier. Mal fermée sans doute. Son contenu s'était déversée sur le ponton. Ce chalutier ci avait ramassé un drôle de poisson. Il avait pêché des armes que l'humain reconnu du premier coup d'oeil pour en avoir utilisé pour se défendre pendant la guerre. Il restait complètement absorbé par l'évenement. Tous les hommes, s'était regroupé pour ranger les armes dans la caisse ouverte. Leur efficacité, améliorée par leur peur, était telle qu'en moins de cinq minutes il avait rangé les armes et recloué la caisse avec les moyens du bord. Mais ce fut qu'alors une voix surgit derrière lui.

L'humain sursauta sans bruit. Il glissa quelques centimètres sur l'étroite bande de rochers humides. Il serait tombé si jamais il ne s'était raccroché de la main gauche au grès acéré de la falaise. Ce fut donc après ces actes élémentaires de survie qu'Amadäus trouva le loisir de se retourner vers l'auteur de l'interruption de sa contemplation. Il tomba sur des yeux dont la couleur rivalisait avec celle qui s'écoulait de ses doigts écorchés par la pierre. Amadäus ne put s'empêcher de déglutir en reculant la tête pour essayer d'avoir une vue d'ensemble. Après des prunelles veirmeilles, il ne distingua que des cheveux de jais et une peau balafarde. Il recomposa le tout avec le sentiment qu'il l'avait déjà vu et qu'il s'était dit qu'il ne devait pas l'oublier.

Zith Quimn.

Il se souvenait assez bien. Le type qu'il avait rencontré le jour où sa maîtresse l'avait acheté. Le type qui s'était présenté comme un trafiquant. A cette pensée, Amadäus se retourna toujours en se cramponnant au rocher. Il regarda un instant le chargement. Alors c'était à lui ? Son regard dériva sur le haut de la falaise. C'était bien cela. Il avait vu dans le hall de l'hôtel se type apparaitre de nulle part. Cela expliquait pourquoi il n'y avait plus personne dans le soleil et pourquoi ce type était apparu derrière lui en lui parlant d'un ton arrogant.

L'esclave se retourna définitivement vers le nouveau venu et le toisa comme s'il le démon lui était inférieur. Malheureusement, Amadäus avait la conviction intime que la propre prestance de Quimn empêchait l'aboutissement de cette chose. Ils se regardaient d'égal à égal. La flamme rouge naturelle des yeux du démon n'occultait en rien la flamme métaphorique de l'esclave avide de liberté. Après ces quelques longues minutes de silence, Amadäus daigna répondre.

"En effet. Rien de mieux qu'une petite promenade pour ouvrir l'appétit, n'est ce pas ? D'autant plus que le poisson que nous ramène ce bâteau de pêche sent merveilleusement bon... Mais vous-même, mon cher ? Que faites-vous de beau sur nos côtes ?"

Amadäus avait également cherché de ce silence quelque chose de spirituel à dire. Il en était tout de même parvenu à exprimer que Quimn n'était pas le bienvenu et qu'il n'était pas chez lui... Pas terrible mais peut-être cela serait efficace. Amadäus en ayant terminé ces mots s'était détendu et appuyé sur la roche comme s'il s'était trouvé dans un coktail mondain. Avec un bien étrange paysage et une bien étrange activité illégale par derrière.

L'humain avait faillit tomber, ce qui fit sourire Alarin d'une facon encore plus cruelle. L'esclave de Jun etait quelque peu effraye par son arrivee soudaine et mit un peu de temps a retrouver son insolence et sa petite fierte, qui semblait bien etre habituelle. Ses propose furent des plus amusants et ridicules, selon le demon, qui n'hesita pas a le lui faire remarquer.

Le demon observa ses hommes remettre les armes dans la caisse. S'il y avait le moindre probleme, il ferait un prix a son clien mais quelqu'un le payerait cher, ce prix. Mais ce n'etait pas sa preoccupation principale du moment...

"Parfaitement... Surtout quand on doit obligatoirement se servir de ses petites jambes... Ah oui... ce poisson-la, c'est de la qualite. Et en plus, on en trouve pas dans les magasins ordinaires. Helas, il n'est pas pour moi, mais pour un... ami.
VOS cotes, petit? Celles de ta maitresse, Tu veux dire? Les humains ne possedent ni leur liberte, ni leurs vies, alors ne vient pas me parler de posseder un lieu quelconque. Quant a ce que je fais, c'est plutot clair, je pense..."

Le duel des regards continua. Alarin gardait le serieux sur son visage, ses yeux, flamboyants tout le temps, faisaient le reste d'eux-memes. Il s'approcha meme d'Amadaus, faisant un pas vers l'avant, histoire de faire monter la tension. Pour s'amuser. Il avait justement un peu de temps qu'il pourrait passer a se moquer d'un simple humain. Autant en profiter, mais ne pas l'abimer. Ca ne se faisait pas. Alarin ne viendrait jamais casser une vitre chez la demoiselle Priam, alors aucune raison de lui amocher son esclave. Meme si ca pourrait etre tres plaisant.

Il continua a parler, apres un long moment de silence, interrompu seulement par les voix lointaines des hommes sur le bateau et le vent.

"Mais ceci est une petite peche, avec un petit bateau. On en fait des plus grandes, quand les maitres decident qu'il faut se battre... Inutile de te rappeler, que c'est toujours tes semblables qui s'en prennent le plus dans la figure. L'epoque, ou le sang ds humains coulait a flots, etait belle et tres lucrative...
Mais maintenant, vous etes notre mobilier. Et on ne casse pas le mobilier de quelqu'un d'autre, ainsi ton sang restera dans tes veines aujourd'hui, petit."

Il y avait de la cruaute, une simple volonte de faire mal, d'humilier et de l'amusement. Alarin prenait plaisir a rabaisser son interlocuteur de la premiere phrase a la derniere.

"De plus, savoir ce qui se passe ici, ne te servira a rien... Donc autant que Tu regardes..."

En effet, s'il existait encore une force de l'ordre incorruptible, elle ne tiendrait jamais compte du temoignage d'un simple humain...

Au fur et à mesure que le démon parlait, Amadäus bouillait de rage et d'impuissance. Il s'efforçait de ne pas le montrer mais sa main se refermait bien trop sur les rocher, ses machoires se serraient sans qu'il n'y eut besoin et son poing gauche tremblait. Il regarda quelques interlocuteur sans rien dire. Puis il baissa légèrement la tête comme s'il regardait par dessus des lunettes qu'il n'avait pas et un sourire vint s'agrandir sur son visage lorsqu'il parla d'une voix un peu acide :

"Raté."

Il avait décroché sa main du rocher et lui montrait le sang qui s'écoulait hors de ses coupures. Après une seconde de silence, il reprit d'une voix tout à fait calme comme s'il avait clot l'incident :

"Bien ! Puisque vous me le proposez, je vais aller voir ça de plus près. Surtout, ne me suivez pas sur les rochers. Vous n'avez pas l'habitude d'utiliser vos grandes pattes. Vous savez aussi bien que moi que je n'irai pas me jeter à l'eau pour vous sauver d'une noyade ou de votre agonie sur les rochers parce que vous ne savez pas mettre un pied devant l'autre."

Sans attendre une quelconque réponse, Amadäus lui tourna le dos et continua sa route vers la crique. Il n'avais plus crainte de partir ainsi puisque son interlocuteur lui avait avoué qu'il n'abîmait pas la 'propriété' des autres. Amadäus se dirigea vers la plage en utilisant ce sentier escarpé, en devant parfois s'accrocher aux rochers pour mieux garder son équilibre. Il savait que ce type se gausserait de lui pour ces actes mais il s'en fichait. Il n'avait pas les moyens techniques pour se téléporter et n'avait aucune envie de posséder un quelconque don : cela l'éloignerait de sa nature humaine.

Amadäus sauta finalement sur la plage et se dirigea vers les caisses en se frottant les mains l'une contre l'autre pour en faire partir les saletés. Il lança à voix haute :

"Vous voyez, monsieur Quimn? Ce que je viens de faire, c'est la méthode pour ne pas s'empâter. Vous devriez essayer."

Il se dirigea vers les hommes qui déchargeaient. Amadäus vérifia : il n'y avait que des anges et des démons. Peut-être un hybride de ci de là. L'humain se rapprocha d'eux, le sourire toujours aux lèvres.

"Voyons voir cette petite pêche. Tiens ! Passe moi ton pied de biche, toi."

Apostropha t-il un démon aux petites cornes noires qui passaient juste devant lui. Le type le regardant avec un drôle d'air et n'obéissant pas avec assez de bonne grâce à son goût, Amadäus s'appuya sur la caisse et lui lança un coup depied en plein poitrine. Il ramassa l'outil avec un sourire aux lèvres. Il se demandait où se trouvait le big boss de ces énergumènes. Le démon l'avait provoqué sur la corniche de la falaise et lui avait donné un élément plutôt interressant. A son tour, lui le provoquait ici, sur la plage mouillé sous ce ciel gris.

Il ouvrit la caisse et poussa un cri d'exclamation :

"Oh ! Le beau poisson que voilà ! Quelle belle pêche ! Quelle belle manière de créer des dommages collatéraux ! Avec de la technologie humaine, de plus ! Une bonne pêche apporté par un bateau issu de la technologie humaine. Une pêche qui ira se réfugier dans un bâtiment issu de la technologie humaine !"

Amadäus prit l'un des fusils hors de la caisse. Son maniement de l'arme montrait qu'il connaissait parfaitement comment s'en servir. Il vérifia : il n'était pas chargé. Le contraire l'eut étonné. L'esclave s'appuya sur la caisse en détaillant l'arme sous toutes les coutures en continuant :

"A l'origine tout ça, c'était de la technologie humaine. Vous, non-hu misérables, n'aviez que vos pauvres petites épées enchantées antédiluvienne. Nous n'avons pas d'ailes, nous n'avons pas de pouvoir, mais nous avons l'intelligence pour créer de quoi voler, l'intelligence pour créer des substituts à vos pouvoirs de merde. En fait,"

ajouta-t-il perfidement :

"Vous n'êtes que des parasites. Et sans nous, vous ne seriez rien.

Amadäus se dirigea alors vers le démon et ne s'arrêta que lorsque moins de vingt centimètres les séparaient. Il continua, toujours le fusil d'assaut MK-67b à la main, un sourire malsain sur le visage, un regard démontrant une folie raisonnée :

"Alors, dans ces conditions, Quimn de merde, évite de dire que nous ne sommes que des meubles. Un meuble ne peut pas penser, pas réfléchir, pas agir. Vous avez profité de nous, décidant d'un génocide imbécile. Mais vous vous privez vous-même de nos bienfaits. Un parasite ne peut pas vivre sans son hôte. Alors, ces côtes ce sont celles de mon peuple. Et ce sang que vous avez fait couler, vous vous noierez dedans."

*Laissons-le jouer... On verra plus tard pour une vengeance eventuelle.*

Alarin suivit Amadaus du regard, toujours souriant. A peu pres vers la moitie de son petit discours, Alarin se teleporta en bas, se moquant interieurement de la faiblesse humaine. Certes, la technologie humaine etait fort demandee et les epees etaient des dinosaures inutiles dans l'ere de l'arme a feu, mais Alarin pouvait se vanter de l'avoir amelioree, plusieurs siecles avant la naissance de l'homme en face de lui. Il lacha juste un ordre, qui fut execute sans la moindre hesitation de la part de ses hommes.

"Laissez-moi avec lui... C'est un ordre."

Les demons a son service s'en allerent. Personne ne discuterait les ordres de l'aristocrate, ils etaient habitues a son excentricite. Les munitions n'etaient meme pas sur le navire, il n'y avait rien a craindre. Seul Alarin etait vraiment arme, meme si sa canne ne cachait qu'une lame et non une arme a feu. Il s'en servait tres bien, a force d'eliminer les gens depuis deux millenaires. Lorsqu'il parla, on ne sentait que l'amusement de discuter ainsi. Un duel d'arguments, gagne d'avance.

"Certes... Votre technologie est tres amusante, on vous en remercie, elle nous fait bien rire. Voir une tete humaine qui explose est au moins aussi drole que de la voir tranchee..."

Sa canne passa rapidement d'une main a l'autre, lorsqu'il fit quelques pas vers la mer, regardant l'etendue d'eau.

"Mais nous etions la avant vous et, ce qui importe encore plus, nous y serons bien apres la disparition de la race humaine. Car, avec les moeurs de notre epoque, les immortels vous elimenront par simple plaisir. Enfin, c'est mon avis. Quoi qu'il en soit, si cette technologie etait si merveilleuse que Tu ne le pretends, vous seriez nos maitres. Ce qui n'est pas le cas. Nos sommes plus forts... Nous ne dependons pas d'objets. Un humain sans armes ne fera jamais le poids face a un demon, ou meme un ange desarme. La Nature nous a faits plus forts... C'est l'ordre des choses, auquel vous n'echapperez pas."
Et, tant qu'on parle de parasites. Nous ne faisons que suivre les lois de la nature. Les humains tuent les animaux pour se nourrir, n'est-ce pas? Nous, on tue les humains et on les garde en cage, histoire de s'amuser. On est un maillon au-dessus de vous dans la chaine alimentaire. Tout implement...

La remarque au sujet des parasites le fit sourire encore plus. Il se tourna vers Amadaus le fixant avec une expression, demoniaque c'est le cas de le dire, sur le visage.

"Remarque, vous etes peu nombreux. Nous avons des esclaves de notre race, les elements faibles sont elimines de cette facon. Nous pourrons ainsi rester forts et profiter de nos plaisirs de cette belle vie.
J'ai connu la periode tenebreuse, ou la technologie n'existait pas... Ce fut une belle epoque, ou leshumains avaient plus de respects pour leurs aines..."

Il soupira, de maniere theatrale, comme pour dire "de mon temps...". Son sourire se fit plus moqueur. Sa voix ne trahissait que l'amusement, depourvu de colere ou de haine. Il s'amusait, comme au theatre. Sauf que la, c'etait interactif.

"Eh oui... Je suis un pauvre petit vieux de deux mille ans... Tu devrais avoir un peu plus de respect, pas etonnant que je ne saches plus marcher, comme vous autres les jeunes... Sans doute que vous etes si "forts" pour pouvoir tenter de fuir la mort qui vous attend et qui vous aura de toute facon tous. Nous n'avons pas besoin de ce genre de soit-disons avantages. Vous en avez certes, mais ils sont completement inutiles... Pour nous. Mais s'il vous faut si peu pour garder une illusion de fierte, tant mieux pour vous."

Apres un court moment de silence, Alarin ajouta encore une petite remarque.

"La Demoiselle Priam avait raison. Tu es tres drole. Pas etonnant qu'elle se serve de Toi comme de distraction... Meme si mes esclaves sont plus evolues au niveau de la conversation, Tu es distrayant, Toi aussi..."

"Plus forts parce que vous ne dépendez pas d'objets ? Mais, tu crois vraiment Petit Quimn, que c'est parce que vous êtes physiquement plus forts que vous valez mieux que nous ? Nous n'avons pas la force car nous avons l'intelligence. Muscle et intelligence sont incompatible, on ne te l'avait jamais dit ? Rha la la la... Ces non-hu... Si ignorants !"

Termina t-il dédaigneusement en tournant le dos à Alarin. L'humain regarda à sa droite. Les autres démons et anges étaient partis sur ordre de leur employeur. De leur maître ? Amadäus eut un soupir dèçu. Lui qui avait une arme dans les mains... Il n'aurait eu qu'à trouver une caisse de minution et les tuer ainsi. Mais ils étaient partis. L'humain regarda par dessus son épaule. Il restait encore leur patron. Il se mit négligemment à la recherche d'une caisse de munition, inspectant attentivement ce qui était marqué dessus. Au bout de trois, il comprit : on ne marquait pas franchement sur une caisse de contrebande que le contenu était prohibé. Amadäus se dirigea vers la première caisse qu'il avait ouverte et ramassa de nouveau le pied de biche, décidé à ouvrir tous les colis s'il le fallait. Un Quimn de moins, c'était un petit mouvement sur la gachette pour lui et un grand pas pour l'humanité. Tout en revenant donc sur ses pas, l'esclave reprit :

"Donc deux mille ans, Quimn ? Deux mille que cette pauvre terre te supporte ? Quel dommage. En tout cas, tu es un parfait exemple de la nature démoniaque et angélique."

Amadäus se retourna et regarda droit dans les deux flammes qui servaient de pupilles à son interlocuteur :

"A la différence du vin, tu en te bonifies pas avec le temps. Il faut croire qu'il n'y a que les humains qui deviennent plus sages au fur et à mesure qu'ils voient la vie passer..."

Il se retourna et planta le pied de biche entre les flancs d'une caisse et le couvercle. Il le souleva. Rien. Encore des armes. Amadüas se dirigea alors vers la troisième caisse de la journée. Au lieu de deposer le fusil, comme pour la caisse précédente, il le prit et le lança avec force dans l'eau. Celui-ci tomba dans un petit bruit sourd presque effacé par le cri des oiseaux. L'humain pencha un peu la tête sur le côté une fois que le fusil eut complètement disparu dans les eaux sombres. Lorsqu'il redressa celle-ci, il y avait un sourire de défi et d'insolence sur son visage. Il parla alors comme s'il parlait à lui-même mais suffisament fort pour que le démon l'entende :

"Je me demande si je suis toujours aussi distrayant..."

Si cela n'ennuyait toujours pas le démon, alors Amadäus avait d'autres tours en réserve. Il venait d'ailleurs d'en avoir une supplémentaire. Alors qu'il allait reporter son regard sur le rivage et sur la nouvelle caisse qu'il n'allait pas tarder à ouvrir, il avait vu quelque chose sur le chalutier. Celui-ci était d'un vieux modèle rouillé et ses employés avaient tous migré dessus en attendant un nouvel ordre de leur chef.

Arrogance, insultes, colere vide.

*Faiblesse*

Alarin se detendit facilement au cirque qui se deroulait devant ses yeux. Amadaus etait visiblement trop borne et trop fier pour voir la verite objective du demon en face. Il fit un geste vers un de ses serviteurs. Celui-ci disparut tout aussi soudainement que son maitre savait le faire pour reapparaitre avec un autre exemplaire d'arme qui venait d'etre engloutie par les eaux. L'aristocrate se permit un commentaire.

"Nos entrepots son trop grands pour Toi. Tu t'epuiseras avant eux. Je suis comme l'eau. Je ne change pas, je reste le meme, toujours aussi fort et toujours plus fort que Toi..."

Le dernier mot de la phrase fut accompagne d'une action dont la rapidite ne venait que de la vitesse a laquelle l'esprit d'Alarin savait faire fonctionner son pouvoir. Le demon se retrouve devant l'esclave et lui infligea un coup magistral dans le visage. Certes, il n'etait pas fort pour un demon, mais depassait facilement la force d'un humain, meme tres jeune et fort. Et puis, sa canne etait dotee d'une poignee en metal ce qui n'arrangeait pas les affaires de la joue de l'humain.
Le trafiquant decida de se faire plaisir sur ce point. Apres tout, il pourrait rembourser Jun pour la perte d'un esclave et tout rentrerais dans l'ordre. Meme une guerre ouverte ne serait pas un prix trop eleve pour le plaisir d'avoir frappe ce petit arrogant. Puis, une idee plus sadique lui vint en tete...

"Tu deviens de plus en plus distrayant. J'ai change d'avis: Mademoiselle Priam aura un dedommagement de son choix et Toi, Tu me serviras de jouet..."

Un deuxieme coup, a l'arriere de la tete. Alarin vit les yeux d'Amadaus se fermer. La violence, quelle chose horrible. Mais il faut bien ca pour se payer un peu d'amusement aux frais d'un pauvre imbecile. Un geste, des ordres. L'esclave fut menotte aux poignets, aux chevilles et une troisieme paire de menottes vint joindre les deux autres dans son dos. On le baillonna egalement.


[Je decris deja l'appart en question, Tu pourras directement repondre dans les Immeubles ok?^^]


Tout en essuyant l'argent brillant de la canne, le maitre ordonna qu'on emporte l'homme dans l'un des appartements qui servaient de planques diverses et variees. Celle-ci etait particuliere, plus elegante. Adaptee aux caprices du demon. Aux caprices dont Amadaus allait subir les effets. Pour le moment, il etait juste bien attache sur le lit. Aucune imperfection, le cuir, retenant ses chevilles et poignets, etait solide et n'allait pas abimer sa peau, qu'Alarin jugea assez douce quand meme. Mais la captivite n'etait pas la pire des choses...

Amadaus etait aussi nu, ses vetements se trouvaient a cote du lit, sur une chaise, bien plies. Et il etait dans une position de faiblesse, ventre contre les draps, le dos vers le plafond. Mais Al' ne pensait ni au ventre ni au dos. Pour le moment, les fesses, bien foutues, rien a dire, l'interessaient plus que le reste du corps. Cela dit, il regadait l'homme se reveiller lentement, avec un sachet, contenant de la glace, contre la joue.

Le demon etait assis dans un fauteuil, a un ou deux metres du lit. C'etait un grand lit, de deux personnes. Et le silence qui regnait sur l'appartement indiquait qu'ils etaient seuls. De plus les rideaux etaient tires, de sorte qu'Amadaus ne puisse pas s'orienter dans l'espace. Des qu'il fut sur que l'humain l'entend bien, Alarin se permit un petit rire sadique et prit la parole.

"Bien dormi, petit? J'espere que oui. Je suis vraiment navre pour les coups. Je te promet que pour le voyage de retour, Tu seras endormi avec des moyens plus... subtils. Je hais la violence.
Je suppose que Tu voudrais que je t'enleve ca de la bouche? J'aimerais bien, mais Tu recommenceras a dire n'importe quoi et m'insulter... Donc Tu vois bien que je ne peux pas..."

Et il resta la, a regarder ce brave humain, reduit a etre son jouet. Et a attendre une reaction...

Un démon apparut soudainement non loin d'Amadäus, tenant le fusil qu'il avait jeté. L'humain quelque peu surpris par l'apparition ne put s'empêcher de reculer la tête. Il regarda l'employé étrangement : il essayait de comprendre son pouvoir. Il ne voyait pas comment il avait pu repêcher l'arme et se téléporter sur la plage dans un petit bruit qui évoquait, lui, une bulle de savon qui éclate. Il devait être moins doué que Quimn : il était moins furtif celui-là. Ce fut alors que l'esclave remarqua un détail. Le fusil était sec. Il eut un sourire satisfait. Objectif atteint. Il y avait une arme qui l'attendait là bien au chaud. Ou plutôt bien mouillée. Il reviendrait dans quelques jours pour la récupérer. Cela lui vaudrait un bon bain mais il aurait une arme. Le courant ne pouvait pas l'avoir emmené loin. Cela ne se voyait pas de la plage où l'on pouvait croire qu'il aurait été immédiatement emporté par le courant mais vu de la corniche, on ne pouvait douter : le MK-67 n'avait pas quitté la crique.

Ce fut alors que le démon reprit la parole. L'humain eut une moue exaspérée en levant les yeux au ciel gris. Que ce type ne se prenait pas pour rien ! Je suis comme l'eau et bla et bla et bla. Amadäus était à deux doigts de lui dire : 'cause toujours, tu m'interesses' lorsque Quimn apparut devant lui, le faisant sursauter. Décidement ! Il n'était pas prêt de s'y faire à ce pouvoir là. Un instant, vous le voyiez à vingt mètres et à la femto-seconde suivante, il vous assénait un coup de canne. Preuve s'il en était besoin que Quimn se faisait vraiment vieux s'il ne pouvait marcher tout seul. L'humain aurait bien rétorqué cela mais il se trouvait pour l'instant en incapacité totale de le faire. Quimn avait très certainement vu passer les ans mais ses forces n'étaient toutes pas passées en même temps que le temps. L'homme aux cheveux blancs se trouvait donc à genoux sur le sable de la plage, la main gauche au sol, la droite plaquée contre sa joue. C'était qu'il frappait fort cet...

L'humain n'eut pas le loisir de penser plus loin. Le démon avait reprit la parole et Amadäus releva la tête pour le regarder, les yeux pleins de haine. Il s'indigna intérieurement une petite seconde de se faire traiter de jouet par lui aussi avant de sentir un choc violent à la base de la nuque. Il plia sur son coude, vit le sable se rapprocher de plus en plus de son visage et s'affaissa, inconscient.

Réveil suspect

Au milieu du néant, ce furent les sensations qui surgirent en premier. Du froid. Un froid mou. Une partie du cerveau de l'humain s'indigna face à cette incohérence et la grogne en fit appel à une nouvelle analyse de la situation. Une rectification s'imposa : il avait froid et il était installé sur quelque chose de mou. Etrangement, il n'avait pas froid partout. Certains endroits étaient même presque chauds. L'esclave ouvrit un peu les yeux. Une faible lueur régnait autour de lui. Où se trouvait-il ? Ses yeux entrouverts se refermèrent un instant. Puis d'autres sensations incommodantes les lui firent rouvrir. Son menton était mouillé, un peu gluant. Très désagréable. Et il n'arrivait pas à résoudre le noeud de sensations qui provenaient de sa joue. Comme une brûlure. Une brûlure sans flamme ni chaleur. Une brûlure glacée. Et il ne sentait plus rien sur une bonne partie de la pommette comme complètement anesthésiée.

Dans la pénombre, Amadäus commençait à pouvoir distinguer les détails. Il était dans un endroit clos et sombre. Un instant, il cru qu'il n'y avait pas de fenêtre mais il perçu une certaine lumière sur ce qui semblait être le sol. Ou le mur ou le plafond. Il avait les idées à l'envers et du mal à rassembler ses esprits. Encore plus son sens de l'orientation. Amadäus n'avait toujours pas bougé - ou juste les paupières car il avait les membres trop las et engourdis pour avoir envie de faire cet effort - mais il était certain qu'il était tout à fait réveillé. Il avait encore du mal à se resituer, à comprendre où il était, ce qui lui était arrivé mais il n'allait pas se rendormir. Il avait même les yeux grands ouverts dans le demi-jour et sa respiration se faisait plus forte et active que ce qu'il avait jusqu'ici.

Le rire qui lui parvint le surprit tout de même. Il chercha d'où il provenait et décola la tête. Il comprit alors d'où lui provenait une des sensations désagréables. Sa machoire le lançait car on lui avait mis un baillon boule dans la bouche et la moiteur de son menton provenait de la salive qu'il ne pouvait plus déglutir. Quant à sa joue, il se rendit compte qu'elle le brûlait encore plus maintenant qu'il l'avait enlevé d'un sachet bizarroïde et froid où elle était posée. Le rire machiavélique fut soudainement remplacé par une voix qu'il reconnu : celle d'Alarin Quimn. Zith Quimn même, selon ce qu'il avait appris le jour où il avait été acheté, bien qu'il se demanda encore à quoi correspondait le "Zith". La voix commença alors un court monologue.

L'étonnement en mentionnant les coups et les souvenirs qui affluaient de nouveau - bien qu'il fussent flous - furent rapidement remplacés par un rire puissant qui lui souleva le corps. Même si le baillon était en place, on pouvait entendre ce rire qui venait jusqu'à la gorge depuis les poumons. Des larmes perlèrent doucement à ses yeux. Amadäus voulut se remettre à genoux pour mieux essuyer ses larmes d'hilarité. Mais il en fut empêché et son rire s'arrêta net. Il dirigea son regard vers sa main droite pour la première fois depuis son réveil. Un large bracelet de cuir sombre enserrait son poignet et était sanglé à la tête du lit. Ses yeux s'équarquillèrent un instant avant de se reporter sur son deuxième poignet puis sur ses chevilles. Il tira un peu sur ses liens, sans grand espoir et sans grand succès non plus.

De guerre lasse ou plutôt, réaliste, se rendant bien compte que ces courroies avaient dû être dimensionnées pour des démons plus puissants que lui, il reposa la tête. Il vit alors ses habits sur une chaise et comprit pourquoi il avait froid. Il se demanda comment il n'avait pas pu s'en rendre compte avant. Sur son visage, une expression de résignation apparu. Il n'avait pas encore bien retrouvré toutes ses sensations jusqu'à lors. Son regard recontra à ce moment deux flammes commes suspendues dans l'obscurité. Les yeux de Quimn. Amadäus sentit sa gorge se serrer par la haine et ses dents se fermèrent sur le baillon. Il ne put s'empêcher de contracter ses muscles sans rien bouger d'autre toutefois. Par ailleurs, bien qu'il fut furieux et honteux de se trouver aussi vulnérable face au démon, l'humain ne se sentait pas particulièrement menacé. Assurément, il se prendrait quelques coups de bâton ou de fouet dont les cicatrices viendraient s'ajouter aux précédentes qui ne s'étaient pas encore résorbées puis il serait relâché tel quel... Rien de bien insurmontable donc...

La reaction d'Amadaus, revenant petit a petit a la realite, fut des plus plaisantes. Lorsque l'esclave cessa de rire, Alarin commenca a son tour. Cela ne dura pas trop longtemps. L'humain pouvait voir les deux yeux rouges bouger et se diriger vers le mur. Une faible lumiere s'alluma au-dessus du lit, une petite lampe accrochee au plafond. Le demon savait fort bien que son "interlocuteur" se doutait de son identite, mais il aimait rester a l'ombre. Son rire fut froid et temoignait de l'amusement que ressentait l'aristocrate. Il se promena autour du lit, mains dans le dos et finit par s'asseoir a cote d'Amadaus.

"Alors... Bien reveille? J'espere que oui, car je voudrais que Tu apprecies ce que nous allons faire."

Sa main, douce et froide, aux doigts fins, caressa lentement la nuque et le dos de l'homme. Ne cessant de parcourir le dos, orne helas de quelques cicatrices, Alarin continua a parler.

"Je pense alors que je peux t'enlever cette chose de la bouche ca doit etre desagreable..."

Ironie ou pas, le demon s'executa, detachant le braclet en cuir qui maintenait le baillon en place et rendit a Amadaus la parole. Il se doutait bien qu'il voudra encore l'insulter ou lui cracher dessus, mais il voulait l'entendre. C'etait aussi la le malin plaisir que le trafiquant tirait de "prendre soin" de son invite.

"Je suppose que Tu vas encore me raconter tes histoires a dormir debout... Comme celle du lit vertical... Tu la connais?"

Une fois de plus, l'esprit froid et calculateur s'effondra devant l'envie de faire une blague absolument insoupconnee chez quelqu'un d'un tel statut et d'une intelligence indiscutable. Peu de gens osaient se moquer de lui, mais il se doutait que l'humain n'hesitera pas a le faire. Et il s'en fichait completement. L'esclave etait trop calme. Quelques chose lui disait qu'il ne se doutait pas encore de ce qu'Alarin voulait lui faire. Son sourire se fit plus cruel et il continua a parler.

"Assez rit."

Sa main descendit plus bas. La frontiere entre le bas du dos et le debut des fesses plutot attirantes n'etait plus tres loin.

"Quoique Tu ne dises, j'ai deja etabli le programme. Mais certaines choses dependent que de Toi. Par exemple, saches que Tu es nulle part. Personne ne sait ou nous sommes et personne n'a eu l'occasion de nous voir ensemble. La plage, ou nous nous somems rencontres a ete nettoyee de toutes les preuves de quoi que ce soit. Je doute que quelqu'un puisse se douter des aventures que Tu as vecu... Et que Tu viveras encore.
Ce qui depend de Toi, c'est la duree de ta vie, par exemple. Montre-Toi moins inslutant dans tes paroles et elle va s'allonger... Et je parle bien de ta vie..."

Encore. Une autre blague, un sous-entendu des plus douteux. Quelqu'un comme Alarin devrait ne pas les comprendre. Mais il etait en forme aussi bien mentale et humoristique que physique et sexuelle. Et Amadaus n'allait probablement jamais avoir l'occasion d'en parler a qui que ce soit. De plus, les gens qui le connaissaient vraiment bien, savaient ce qu'il en etait de son humour. Soit noir, soit absolument pourri.
Pas de doutes, sa main etait bien sur la fesse gauche de l'homme...

"Soit... J'aime ce genre de sottises, mais il y a des choses que j'aime encore plus... Et j'ignore si Tu vas les apprecier."

La canne du demon etait loin, dans un coin de la piece, il defit quelques boutons de sa tunique, avant de passer une main dans les cheveux d'Amadaus, le tenant sans force, mais assez fermement pour ne pas se faire mordre, au cas ou une si belle idee lui venait a l'esprit. Et il le laissa savourer les idees qui devaient etre en train de se multiplier dans l'esprit de l'esclave...

De nouveau un rire retentit aux oreilles du prisonnier. Sauf qu'à la différence du premier, ce n'était plus là un rire qui cherchait à le mettre mal à l'aise ou à le terroriser mais un rire qui se fichait ouvertement de lui. Une fois de plus le baillon servit d'exutoire à son mécontentement. Alors une lueur plus vive qui le fit cligner des yeux. Cette lueur se trouvait jsute au dessus de lui. Une lampe. Juste quand il se fut habitué à la lumière, il sentit que le lit penchait un peu. Quimn venait de s'assoir près de lui. Il commença à lui poser des questions étranges qui lui firent froncer les sourcils d'interrogation. Il avait reposé la tête sur le sac de glace qui ne lui rendait la scène que plus irréaliste. Son visage tourné sur le côté lui permettait d'apercevoir la silhouette du démon. Il sentit alors une main glisser sur son cou et son dos. Bien que la sensation ne fut pas désagréable, Amadäus n'aimait pas vraiment les conséquences que sous-entendait ces gestes. Le démon tatait littéralement le terrain pour mieux évaluer la différence avant/après la séance de correction qu'il allait lui infliger. Etait-il en train de lui fabriquer un souvenir amès pour les jours qui viendraient ? Il ne pourrait surement plus se coucher sur le dos ou s'appuyer contre quoi que ce soit san ressentir une vive douleur. Alors il se souviendrait de ce contact si doux.

Amadäus ne protesta pas au contact de cette main. Il ne se résigna qu'un peu plus. Un *tant pis* magistral lui sillonant les pensées. Il ne tressailiit violemment que lorsque la main de l'aristocrate vint toucher la marque des anciens rebelles qu'on lui avait infligé. Cette brûlure faite au fer rouge ne lui faisait plus mal depuis longtemps. Mais il en avait gardé une hypersensibilité et son symbole même, la raison de cette brûlure faisait qu'il abhorrait tout contact qui n'était pas le sien propre. Alors le démon lui annonça qu'il allait lui enlever son baillon. Amadäus courba un peu plus la tête lui donnant libre accès à la boucle qui retenait l'objet pendant qu'il était en train de se dire que le démon était étrangement versatile. Peut-être avait-il envie de l'entendre crier de douleur sous le fouet. Et là, le dilemne habituel lui survint : garder sa fierté et se retenir de crier mais risquer davantages de coups ou laisser faire ? Comme d'habitude, il se déciderait à l'instant.

Amadäus ouvrit davantage la bouche pour qu'il enlève le baillon. Alors qu'il fit jouer un peu de sa machoire pour retrouver des sensations et un peu de confort, le démon parla d'histoire à dormir debout et lui demanda s'il en connaissait une. Surpris, l'esclave se retourna au maximum pour finir par voir deux flammes dans la pénombre. Il ne put que balbutier, la voix encore un peu rauque :

"Euh... Non... Je ne la... ah !"

Il posa le front contre le drap et eut un rire bref.

"Okay. Je viens de comprendre. Pas mal, pas mal. A moi donc. Et l'histoire du petit poisson soluble qui n'en avait plus pour longtemps à vivre, vous la connaissez ?"

L'humain avait relevé la tête et regardé le libre en répondant. Sur son visage, un sourire franc. Il ne s'attendait pas franchement à entendre une blague comme celle-ci de la part de cet homme aux abords et à l'apparence si distinguée, guindée même. Etrangement, cela le rendait plus accesible. Y avait-il un coeur sous cette carapace insensible ? Cela en était la preuve et réjouit Amadäus : un coeur, cela se tord, se déchire et se transperce. Le démon l'intima alors de cesser de rire. Bien qu'il avait l'impression que c'était pour tout les deux. Après cette pause décontraction, le retour à la réalité fut plus rude. Cela avait-il été planifié ? La main glissa de son dos à plus bas. Amadäus n'y prit garde. Il semblait toujours tater le terrain. Mais le discours qui survint le rendit plus mal à l'aise que cette main. Du coup, il ne put s'empêcher de prendre une expression inquiète.

"Comment ça : personne ne sait où nous sommes ? Quel programme ? Vous m'avez enlevé mon collier ? Et comment ça : que je vivrai encore ? C'est quoi votre délire ? Du bluff ? Et si vous voulez que je me montre moins insultant, cela est très facile. Vous faîtes les mêmes gestes qu'avec le truc que j'avias dans le bouche et vous me détachez une main. Du coup, je me casse et en ne vous voyant plus, je ne pourrais plus vous insulter... Simple logique élémentaire pas vrai ?"

Au fur et à mesure qu'il avait posé ses questions, Amadäus s'était détendu et son ton était passé d'angoissée à explicative. Sur la fin, il osa même un ton un petit peu ironique et arrogant :

"Mais, Monsieur Quimn, personne n'a eu l'occasion de nous voir ensemble ? Qu'auriez vous donc fait de vos employés que j'ai vu sur la plage ? Vous les avez tué ? Vous faites mes affaires, dites donc !"

Amadäus n'avais absolument pas saisi la dernière subtilité prononcée par le démon. Il avait toujours dans l'idée qu'il ne recevrait qu'une correction et des coups. Mais la main qui se baladait maintenant plus bas que le bas de son dos le crispa. Et involontairement l'endroit touché également. Il déglutit sa salive. Il avait de nouveau perdu son sang-froid et semblait un peu appeuré. Qu'est ce qu'il comptait faire ? Il se souvenait maintenant qu'il s'était dit qu'il fallait le ménager celui-là, lors de leur rencontre à l'hôtel. C'était un peu tard malheureusement. La dernière phrase qu'il prononça le mis encore un peu plus mal à l'aise. Cela se ressentait sans trop de peine dans sa voix. Amadäus n'avais jamais été doué pour cacher ses sentiments lorsqu'il était en position d'infériorité.

"Quelles sottises ? Et puis, vous êtes bizarre ! Si vous voulez vraiment que j'apprécie, pourquoi ne pas me demander mon aivs, me donner le choix ? Forcément que je vais pas apprécier, pauvre con décérébré !"

Là encore ses paroles et son ton avaient manifesté de son changement d'humeur. Peu à peu, il s'était énervé. Malgré l'avertissement, l'insulte était sortie sans qu'il ne s'en rende vraiment compte. Ce ne fut que lorsqu'il s'arrêta qu'il s'en rendit compte. Ses yeux toujours fixés dans ceux de Quimn comme hypnotisé par la flamme, il se mordit la lèvre. Tout dans son visage reflétait sa pensée *Aïe, quelle connerie j'ai pas encore dit ?* Mais Amadäus bougea légèrement la tête et ses traits exprimèrent de nouveau la colère. Tant pis, il l'avait prononcé.

Alarin donnait a Amadaus une cote, des points sur dix, juste pour son propre amusement. Rien qu'attache comme ca, et mignon comme il l'etait, il en valait au moins sept. La blague qu'il raconta en reponse a celle du demon fit monter les encheres a huit. L'aristocrate rit de cette petite histoire stupide.

"Non... Elle etait bien bonne. Bravo, petit."

L'humain etait mal a l'aise, ce qui lui enlevait une bonne partie de son arrogance. Discuter avec lui devenait plus agreable que sur la plage. Le demon continuait a sourire. Il repondait a Amadaus, sur un ton calme, toujours aussi amuse. Son visage blanc demeurait de pierre, hormis quelques sourires.

"Ta logique est presque parfaite. Tu ignores peut-etre que je n'ai pas envie de te laisser partir. Je n'ai meme pas commence a m'amuser, je m'echauffe. Et vois-Tu, j'ai l'habitude de prendre du temps. Bien sur, vu que Tu fais partie des mortels, je vais devoir tout faire en accelere. Deux ou trois semaines tout au plus, helas. Sauf si, je change d'avis... Tout est encore possible...

Quant a mes employes, ils donneront leur ame pour moi. Ne t'en fais pas, les faire parler est une chose impossible, sauf ordre de ma part..."

En effet, ses serviteurs etaient choisis plus soigneusement que les apotres du Christ. Alarin etait impitoyable dans les affaires, il n'y avait que devant Fayla qu'il s'inclinait de temps en temps. Et encore, surtout quand ca l'arrangeait vraiment. Quoi qu'il en soit, personne ne denoncerait ce qui venait de se passer sur la plage. Certains travaillaient pour l'aristocrate-trafiquant depui des siecles. Il reunissait autour de lui autant de demons sachant se teleporter que possible. Dans le metier, c'etait un avantage enorme duquel il n'hesitait pas de s'emparer, depouillant la concurrence, jusqu'a la supprimer.

Mais aussi precieux soient-ils, aucun de ses employes n'ignorait que le patron etait maitre de leur destin et pouvait les rendre riches aussi bien que les aneantir dans les pires souffrances des laboratoires chimiques zith Quimn...

Voyant l'esclave tres mal a l'aise, a en perdre son sang froid et les restes de son arrogance, Alarin sourit cruellement. Meme l'insulte proferee par Amadaus ne le mit pas vraiment en colere.

*Plus que six, mon petit... Dommage.*

Il decida donc de lui donner une autre lecon de superiorite de sa race sur la sous-race des humains. Il avait un tour encore a utiliser et celui-ci etait des plus surprenants en general, bien que peu utile en soi...

"Oh... Quelle vulgarite... Je dois te donner raison, face a mes ancetres, je ne suis qu'un gamin imbecile. Mais je n'ai pas oublie tous leurs enseignements..."

Sa main froide alla se poser sur l'epaule gauche de l'homme, sur la marque des rebelles. Il appuya assez fort pour qu'Amadaus ne puisse se degager, ce qui etait deja difficile avec les courroies. Sa memoire, lui valant bien des merites dans le travail et dans la vie, se mit en route. Les paroles de son grand-pere... Ariakaan Rigelheld zith Quimn faisait partie des gens de "l'ancienne epoque", celle que l'on rencontre dans les legendes. Son savoir fut perdu a jamais lors d'un duel, mais il eut le temps d'en transmettre une infime partie a son petit-fils, le pere d'Alarin n'aimant en rien ces choses-la.

"Voyons... Niech zapłonie ogień buntowników!"

La magie, oubliee, connue de peu de gens, Fayla entre autres. Savoir ancestral, oublie et dedaigne par les hommes, plus tard par les immortels. Mais certaines personnes ont pris le soin de preserver un minimum de ce qui en restait. Alarin etait de ceux-la, bien que ses connaissances se limitaient a des choses bien peu utiles.

La marque sur l'epaule de l'esclave s'embrasa de nouveau au contact de la main douce, pourtant si froide. La marque fut concue il y a des siecles, dans une ere oubliee, sans que les contemporains s'en souviennent. Elle pouvait etre actionnee de diverses manieres par de differents sortileges. Al' ne connaissait que celui-ci...

Il garda sa main bien sur l'epaule de son interlocuteur, qui semblait revivre le moment ou on lui avait inflige cette brulure, parlant calmement, avec un peu d'ironie dans la voix...

"Nous sommes peut-etre des parasites, mais certains d'entre nous se souviennent des choses que les hommes ont jugees arrierees et inutiles. Je ne suis qu'un petit prestidigitateur, compare a d'autres. Mais je connais l'histoire de ce signe. Il fut invente pour maitriser des prisonniers, sans utiliser de chaines. Avec des paroles adequates, on pouvait les tuer, les paralyser, les localiser et enfin, leur infliger de grandes souffrences... J'espere que Tu te souviendras qu'il ne faut pas m'insulter, je n'ai pas envie de refaire ca..."

Il maintint l'epaule de l'esclave encore pendant un bon moment. Puis, il le lacha et la douleur disparut presque aussitot. Ensuite, sa main recommenca a parcourir le dos d'Amadaus, le caressant, comme s'il etait son petit cheri. Enfin, il se pencha et murmura a l'oreille de l'humain, sa voix etait emplie de sensualite, qui n'allait probablement faire aucun effet positif sur Weisser.

"J'ai envie de bien autre chose, mon petit humain. De tout autre chose que les coups et les brulures... Je te les ferais oublier... Tu verras... Qui sait? Tu vas peut-etre aimer, contrairement a ce que Tu viens de dire..."

Et le demon commenca par enlever ses chaussures. Cela fut faciel avec ses pieds, en meme temps, il deboutonnait son haut noir, visiblement pret a se mettre nu, lui aussi... Ses intentions devenaient de plus en plus evidentes.

"Trois semaines ?"

Amadäus regarda le démon d'un air soucieux. Il allait se faire frapper pendant trois semaines ? Mais il ne tiendrait jamais ! Il voulait sa mort ou quoi ? L'humain reposa sa tête. Oui, c'était fort probable. Il avait peut-être envie de l'écorcher vif. Et les paroles du démon revinrent dans son esprit : "Nous sommes à l'échelon au dessus dans la chaîne alimentaire." Yarg ! Sur le moment, ces paroles ne l'avaient pas dérangé mais maintenant qu'il était doublement plus libre du tout, il commençait à s'inquiéter. Des images voltigèrent dans son esprit, la boucherie version humaine. Lui, accroché à un grand crochet de boucher, les tripes à l'air pour en faire du boudin, sa tête sur un plateau d'argent avec du persil dans les narines et une pomme dans la bouche et Quimn qui se léchait les babines juste derrière, des couverts dans chaque main. Fin probable pour la tête de cochon qu'il était. Amadäus eut un frisson involontaire.

Le fait que l'aristocrafiquant (un aristocrate trafiquant) avoua alors à ce moment qu'il se sentait lui-même comme un petit enfant stupide fit hausser un sourcil à Amadäus qui se retourna pour le regarder. Se moquait-il de lui ? Venant de sa part, cela n'était que plus suspect. L'humain ne voyait pas le démon s'auto flageller pour lui faire plaisir. Il y avait quelque chose d'autre, il avait une idée en tête.

"Leurs enseignements ?"

De quels enseignements voulait-il parler ? Ce démon avait le chic pour le rendre de plus en plus mal à l'aise et dans le même temps lui donner l'impression qu'il était de plus en plus abruti, pour ne pas dire con. Il ne pouvait plus rien faire d'autre que répéter ses mots si ça continuait ! Mais l'humain était perplexe, de quels enseignements parlait-il ? Qu'est ce que les démons avaient développé qui pouvait lui faire dire qu'il n'était qu'un petit gamin ? A court terme, Amadäus ne voyait qu'une chose, "l'art" de la torture. Malheureusement dès que cette pensée lui vint à l'esprit il la rejeta tout en bloc d'un coup de tête. Assurément, le démon aux yeux de braise devait en savoir assez dans ce domaine. Il devait s'agir d'autre chose. Mais lorsqu'il posa sa main sur sa marque, l'humain eut un Doute. Avec un D majuscule. Du genre de doute qu'on a et dont est sur de la réponse. Amadäus sentit une pression grandissante sur son omoplate gauche et la tête de Quimn qu'il vit à cet instant là n'était pas de nature à le rassurer ou à démentir le Doute.

Dès qu'il retrouva les mots et les prononça, l'humain bondit violement dans ses liens mais les cuirs et la force d'Alarin le maintint en place ou du moins ne fit pas glisser la main du démon de cette marque. Ce qui était venu comme un trait de chaleur lui transperçant l'épaule se précisa au fur et à mesure que le sortilège durait. Amadäus se plongea la tête dans les draps et mordit ce qu'il trouva pour ne pas crier, en l'occurrence, le sachet de glace. Il n'avait pas vraiment réfléchi mais les paroles du démon mettant en avant la technique de ses ancêtres lui dissuadèrent de laisser échapper un son distinct. La glace qu'il mordait lui brûlait aussi les dents mais ne détourna que peu la souffrance de la chaleur qui lui trouait l'épaule de part en part. Il avait de nouveau l'impression de sentir la chair grésiller et cuire sous l'action du fer. Il sentait presque l'odeur du brûlé, le bruit de la peau crépitante, la douleur de savoir qu'on était le seul à avoir survécue à cette tuerie. Il tirait de toutes ses forces sur les menottes de cuir mais il ne sentait plus leur résistance, il ne sentait plus la pression, tout son être ne pouvait se détacher du supplice de son épaule et celles bien moindre, ridicule en comparaison, des morceaux de glace qui se broyaient sous la pression.

Il entendit alors des paroles. Il n'était pas sur de les comprendre, il entendait juste des sons déchirants, proches et lointain à la fois qui lui parvenait, il ne savait trop comment, parvenant à attirer son attention qui était jusqu'à lors concentrée sur la morsure du sortilège. Mais il se força à essayer de les écouter, à y prendre garde. Qu'il y ait quelque chose d'intéressant de dit la dedans ou pas. Ses membres tiraient toujours autant sur les liens, il essayait toujours autant de se dégager, sa tête s'enfonçait dans le matelas mordant, la glace mais ses pensées étaient accaparées par ses paroles, lui faisant une diversion de la "démonstration" que lui offrait Quimn. Amadäus médita sur ces paroles, se demandant pourquoi il ne voulait pas refaire ça lorsque soudain la douleur disparu presque comme par enchantement.

L'humain ouvrit la bouche et reprit un souffle saccadé et bruyant. Il se demanda comment il avait respiré pendant tout ce temps. Combien de temps ? Il n'avait aucun moyen de le savoir et n'était pas sur de le vouloir. Son corps se détendit. Cette torture était étrange et le perturbait. Il ne ressentait plus rien qu'une fatigue mentale et des réminiscences de douleur, elles aussi mentales. Mais son corps, lui semblait en pleine forme intact. Mis à part sa joue qui le tiraillait un peu. Et une main de nouveau qui le caressait. Mais qu'est ce qu'il faisait avec cette main ? Il allait faire trois semaines comme ça ? Il n'en mourrait pas alors et se demanda si ce n'était pas pire. Mais de nouveau Alarin parla, le faisant comprendre qu'il allait y avoir autre chose.

L'humain tourna alors sa tête au menton mouillé vers le démon, l'air perplexe, anxieux et un peu groggy également.

"Co... Comment ça ?"

Mais la main s'éloigna de son dos et vint défaire une chemise. L'humain avala sa salive, sa respiration se faisant un peu plus courte. Il avait peur, peur que ce que ce l'idée qui venait de lui apparaître à l'esprit soit vraie. Il secoua la tête comme pour intimer l'ordre à cette pensée de disparaître. Mais bien que son cerveau essayait de se persuader qu'elle était fausse, son coeur lui indiquait le contraire. "Le coeur a ses raisons que la raison ne connait pas" disait un vieil adage humain. Là, le coeur avait raison et la raison ne voulait pas l'être.

Gagner du temps.

L'idée vint automatiquement dans son esprit. Il ne songea même pas qu'il ne pourrait pas gagner trois semaines de temps mais il se lança lui et surtout se qui lui passait par la tête :

"Ettt mais ! Est-ce que... Est ce que "

Vite n'importe quoi !

"Quand vous disiez que vous aviez connu l'époque ténébreuse là, il y avait ça? Malédictions et compagnie ? Pourquoi est ce que c'est pas connu ? Et si, et si vous haïssez la violence, pourquoi m'avez vous fait ça ? D'où est ce que l'on tire cette magie ? Et vous n'avez pas répondu à mes questions de tout à l'heure !"

Là, sa voix déraillait complètement, limite de partir dans les aigus. A la réflexion, il aurait bien voulu trois semaines de torture que plutôt ce que ses tripes lui annonçait qu'il allait subir... Il ne devait pas tirer un visage très sur de lui et malheureusement le savait, il regardait Quimn se déshabiller lentement mais trop rapidement à son goût. Pendant qu'il était hypnotisé par ses gestes, il essayait de forcer sur ses liens...

*Neuf et demi*

Amadaus etait visiblement terrorise. Alarin n'avait plus aucun doute quant au fait que l'esclave comprenait ce qui allait lui arriver. Ses pitoyables tentatives de gagner du temps, quelques secondes voire minutes, amuserent l'aristocrate au plus haut point. Son rire fut joyeux, mais sinistre a la fois. Il exprimait toute la cruaute du plaisir qu'il allait prendre. D'ailleurs, il n'y avait pas que le plaisir qu'il allait prendre. Ah... Ces deux belles fesses...

Il repondit neamoins, enlevant completement sa chemise, a voix plus haute qu'auparavant. Le sourire ne quitta pas son visage pale, il se lecha aussi les levres d'une facon qui allait surement glacer le sang d'Amadaus.

"Oh... Oui, trois semaines... plus... moins... Comme bon me semblera. On verra.

Ca donne un bon coup de fouet, hin? J'espere que ca t'apprendra a etre plus respectueux de tes aines...

Helaaas... Les immortels ont oublie les bienfaits de la magie, relativement peu apres les humains. Les derniers sortileges ne sont que les souvenirs d'une ere bien plus glorieuse, ou toute la technologie n'existait pas, et ou nous savions nous debrouiller sans elle. Les Anges, dans leur stupidite ont decide de partager ce pouvoir avec tes semblables... Ce fut un desastre... Enfin, ce n'est plus une menace pour personne, meme pas pour vous, humains... Sauf pour Toi, mon petit Amadaus. Si Tu n'es pas sage.

Sinon, la magie provient, ou provenait plutot, de la Mere Nature, comme tout le reste des merveilles de ce monde..."

Pendant tout son discours, Alarin continuait soit de caresser le corps doux et adorable a voir de son invite, soit a enlever des parties de son habillement. L'humain n'allait pas echapper a son sort. Tandis qu'il devisage l'aristocrate, ce dernier ne quittait pas des yeux la peau presque aussi pale que la sienne du "pauvre jouet" qui allait pouvoir pretendre a ce titre dans quelques instants.

Alarin etait nu, Amadaus, nu lui aussi, pouvait voir un corps moins muscle que le sien, mais pas moins bien fait pour autant. Alarin ne plaisait pas a tout le monde, mais savait se montrer seduisant. De plus, l'Acte ne devait plaire qu'a l'un des deux hommes, le plaisir du deuxieme n'etait qu'accessoire. La voix du demon aux yeux rouges retentit, une fois de plus dans la piece, alors qu'il sortit du tiroir de la table de nuit un petit sachet carre et plat, avec un grand C sur les deux faces.

"Detends-Toi, voyons... Tu viens de gagner quelques instants, bravo! Mais je te vois toujours aussi crispe... C'est tres mauvais ca. Tu auras mal et ne profiteras de rien... Si Tu collabores un minimum, je te montrerais des joies de cette vie, des plus agreables. Comme je t'ai deja dit, mon but n'est pas de te faire souffrir...
Et puis, je prends des precautions, comme Tu peux le constater. Aucun de nous n'est malade, j'en suis certain. Mais c'est quand meme plus agreable... non?"

Le demon s'installa sur Amadaus, mi-assis et mi-a genoux au niveau des fesses de l'homme. Le dechirement du sachet avec le preservatif dechira le silence regnant sur la piece. Puis, apres un moment, Alarin penetra Amadaus, avec douceur, mais aussi une fermete de fer. Lentement, prenant son temps, l'aristocrate commenca des va-et-viens rythmiques. Il s'allongea pour un moment sur le dos de l'esclave qui devenait le sien. Leurs peaux douces se rencontrerent sur une plus vaste surface, donnant du plaisir au dominant. Il souffla a l'oreille de l'humain:

"Detends-Toi..."

Et caressant le corps de l'homme de ses deux mains, il accelera, rendant le plaisir plus fort. Ses caresses n'etait pas la sans but non plus, il voulait faire plaisir a son partenaire. Histoire de le tourmenter, lui donnant du plaisir qu'il voudra se refuser par honneur, fierte ou autre maladie de l'esprit. Ses mains glissaient partout, caressant, pincant doucement cette peau si adorable...

Il esperait aussi que l'humain apprecira au moins partiellement. C'etait bon de recevoir du plaisir, mais Al' aimait aussi en donner...

Les réponses du démon passèrent bien au dessus de l'esprit de l'humain : s'il entendait, il n'écoutait pas. Il recherchait d'autres questions ; d'autres échappatoires. Mais la main qui venait de temps à autre lui caresser le dos lui donnait des frissons et le déconcentrait de sa recherche. Et le reste du temps voir Quimn se déshabiller comme cela, aussi tranquillement et sûr de lui, l'hypnotisait. Son cerveau était inapte à réfléchir à quoi que ce fut. Ce ne fut que lorsque le claquement sec du tiroir qu'il refermait retentit que l'humain sortit un petit peu de sa transe. Voir Quimn avec ce petit sachet à la main dont il ne comprenait que trop bien la signification, ne le rendait que plus terrifiant encore. Tellement absorbé par cette lueur sadique qui transparaissait dans les yeux de l'aristocrate, Amadäus ne pensa pas à contempler le corps de son ravisseur. Celui ci parla. Essayait-il de le rassurer ? L'esclave ne sentait même plus son menton bouger pour y répondre d'une voix blanche. Le timbre paru bizarre à ses oreilles.

"Je ne suis pas malade mais je le regrette. J'aurais bien voulu être un porteur sain de la Démonus Assassinatus Immédiatus Par Contactus."

Incroyable. Il se demanda à entendre ses paroles comment il pouvait dire des choses pareilles. Etait-ce de l'humour ? Cette maladie n'existait pas. Il se sentait comme hors de lui-même. Il vit finalement le démon venir vers lui, grimper sur le lit pour venir s'asseoir sur lui, à un endroit bien trop explicite. La respiration de l'humain commençait à devenir saccadée. Il avait le cerveau complètement vide, horrifié. Le bruit de lacération du plastique qui vint crever le silence le fit sursauter. Il n'arrivait pas à voir ce qui se passait derrière lui et l'angoisse n'en faisait qu'empirer. Il commença à trembler sans pouvoir sans emêcher. Le premier contact lui fit perdre pied et il sombra dans une panique complète :

"NAN ! ARRETEZ ! PAS CA ! S'IL VOUS PLAIT ! JE ! JE FERAIS CE QUE VOUS VOUDREZ ! TOUT MAIS PAS CA !"

Ce fut finalement la douleur inéluctable qu'il le calma, le rendit immédiatement silencieux et le fit plonger de nouveau la tête dans les draps. L'autre ne cesserait pas si facilement, bien excité comme il l'était. Il essayait de résister mais en vain. Il le sentait forcer lentement, pour mieux le tourmenter. L'humain se sentait déchiré comme si son corps allait se séparer en deux morceaux distincts. Son cerveau le brûlait de douleur, un instant il regretta celle du sortilège, qui lui paraissait bien douce maintenant. Son souffle se fit haletant, il ne réussissait plus à respirer qu'au rythme du démon dont les gestes ne faisaient qu'empirer la souffrance. L'esclave ne criait pas mais le bruit de ses expirations le trahissait. Au bout d'un moment qui lui parut une éternité, l'autre s'arrêta dans sa course et s'allongea sur son dos, restant en lui. L'humain profita de la pause pour aspirer l'air par grandes goulées bruyantes. L'autre essayait-il de l'habituer à sa présence ? Mais était-ce par épuisement comme le témoignait la fine couche de sueur qui recouvrait son corps ? Ou par un anesthésique chimique ou mental quelconque ? Quelle qu'en fut la raison, l'humain en devenait étrangement et dangereusement calme et silencieux, distant de tout.

Le libre vint à le caresser, plus ou moins tendrement, plus ou moins agréablement, le pinçant avant de l'effleurer à nouveau comme s'il voulait se faire pardonner de lui avoir fait mal à cet endroit. Amadäus ressentit cela comme s'il était dans le corps de quelqu'un d'autre tant l'état d'esprit dans lequel il se trouvait le rendait indifférent. Qu'il fasse cela si ça lui chantait ! Ce n'était pas douloureux, c'était l'important. Etrangement, son état second plus les caresses du libre en vinrent à leur but ou presque. L'humain se décontractait petit à petit, les liens qui le maintenaient attachés devenaient moins tendus, sa nuque se relâcha, son dos noueux le fut un peu moins, son souffle se fit plus léger et ses muscles se relâchèrent petit à petit...

"Détends-Toi..."

La voix lui était parvenue comme de par de-là des horizons. Elle sonnait étrangement placide et rassurante à ses oreilles. Mais ce qu'il répondit d'une voix sans intonation démentait l'apparent calme qui submergeait le mortel à cet instant :

"Vous ne gagnerez jamais mon respect comme cela. De la crainte, peut-être. De la haine, sans aucun doute. De la vengeance, certainement. Mais du respect, jamais."

Amadäus n'avait pas pris la peine ou n'avait plus la force de relever la tête pour le regarder. La différence de réponse entre le conseil et sa réponse montrait qu'à ce moment son esprit se trouvait bien au delà des murs de cette pièce.

Le rire d'Alarin rendit le cri du desespoir de l'humain inaudible. Mais le demon decida de retenir ce qu'Amadaus venait de dire. Tout ce qu'il voudrait? La prochaine fois, il allait reflechir a cette proposition qui venait du fond du coeur, a ne pas en douter. La remarque, concernant la maladie imaginaire, passa inapercue.

L'aristocrate finit par jouir, poussant un petit gemissement de plaisir. Il redevenait froid comme une pierre et plus serieux. Une fois satisfait, il changeait toujours d'humour, devenant plus cruel et impitoyable. Plus apte a la conversation et a des raisonnements plus machiaveliques. Il se laisse glisser sur le cote, reprenant son souffle et se debarassant du preservatif, maniant habilement un mouchoir en papier et effectuant un lancer a trois points dans une petite poubelle, se trouvant dans un coin de la piece.

Amadaus etait calme, a cote de lui, il pouvait sentir le corps oux de l'autre homme contre le sien. Il etait bien adorable. Avant, Al' serait sensible a sa douleur. Plus maintenant, l'humain l'avait merite apres tout. Sa remarque au sujet des sentiments, n'a en rien ameliore sa situation, mais le trafiquant l'ecouta et lui repondit d'une voix neutre, apres avoir repris son souffle. Tout en parlant, il commenca a se rhabiller.

"Que m'importe ce que Tu penseras de moi? Crois-Tu que je cherches a me faire respecter? Tu es un exemple de ce qui arriva a l'humanite entiere... Vous vous etes fait baiser par les immortels. Cependant, Toi, Tu n'es pas pres d'avoir fini de me satisfaire. Tu vois ce que t'a coute ton arrogance et les insultes envers moi? Je t'ai montre qu'il y a pire qu'etre un esclave... Pire que de souffrir des simples coups ou brulures."

Il n'etait que partiellement habille, lorsqu'il s'arreta et regarda l'esclave autrement. Que pouvait-on voir sur son visage? La deception? Non, et pas de la tristesse non plus. Mais il avait l'air quelque peu desole. Et lorqu'il reprit la parole, on pourrait se dire qu'il cherche sincerement a se faire pardonner, ou au moins a s'expliquer.

"Mais... Je dois t'avouer que j'en tire moins de plaisir lorsque mes partenaires jouissent aussi de ce que je fais... Hmmmm... Il se pourrait que ce soit la seule fois, ou Tu le fais avec moi. Si Tu decides de collaborer..."

Il sortit du meme tiroir un flacon, dont il prit une petite pilule blanche, invention des laboratoires zith Quimn. Un puissant anti-douleur, rendant difficile un raisonnement logique pendant un long moment, apres la prise. Surtout chez les humains, meme si celui-ci etait dose pour eux. Une dose demoniaque pourrait tuer Amadaus. Il allait ne plus avoir mal et il serait incapable d'ordonner a son corps de s'enfuir ou tenter de se battre. Ainsi que la moindre tentative d'elaborer un plan, tomberait a l'eau pendant deux bonnes heures. Le demon deposa le medicament a cote du visage de son "amant, malgre lui" et donne une breve explication.

"Je ne veux pas que Tu souffres trop. Prends ca, c'est facile a avaler et dose pour les humains. Tu n'auras plus mal."

Il parla avec ce ton de sincerite qui pourrait presque inspirer la confiance. En effet, il ne mentait pas vraiment. Seulement, toute la verite n'a pas ete dite. Une fois completement desarme, l'esclave pouvait etre detache pour changer de position. Sur le dos, Amadaus se sentirait moins en danger et on pourrait parler avec lui plus franchement, maintenant que les desirs d'Alarin furent apaises...

C'était étrange, toujours cet état second. La douleur le faisait flotter. Les paroles de quimn retentirent à ses oreilles :

"Que m'importe ce que Tu penseras de moi? Crois-Tu que je cherches a me faire respecter? Tu es un exemple de ce qui arriva a l'humanite entiere... Vous vous etes fait baiser par les immortels. Cependant, Toi, Tu n'es pas pres d'avoir fini de me satisfaire. Tu vois ce que t'a coute ton arrogance et les insultes envers moi? Je t'ai montre qu'il y a pire qu'etre un esclave... Pire que de souffrir des simples coups ou brulures.
- Qu'est ce que ce mur est vide... Même pas un tableau. Bien sur qu'il cherche à se faire respecter, il l'a dit lui-même tout à l'heure. A moins que ce ne soit parce qu'il n'y a pas beaucoup de lumière. Même de moi, il cherche à avoir le respect. Mais ce n'est pas le moyen, il n'e aura pas comme ça. Ce n'est pas en humiliant l'humanité et moi qu'il en trouvera. Il n'aura que de la haine. Elle est sympa la chaise... Je me demande bien de quelle époque elle peut être. De la dix neuvième ère peut-être. Pire que des coups, l'humiliation. Mais il n'y aura pas pire que cela, Quimn, il n'y a pas pire que cela. A moins que ce ne soit de la quinzième, il y avait des styles très proches... Je trouverai le moyen de surmonter et de le tuer. On dirait bien qu'il y en ait dans l'ombre, qu'est ce qu'il peut bien représenter... "

Amadäus parlait ainsi lentement au même rythme qu'il réfléchissait, il disait ce qu'il pensait. Des pensées emmêlées et incohérentes. Il était les yeux entrouverts à contempler le mur de la pièce dans laquelle il se trouvait. Ses lèvres bougeaient peu faisant le minimum d'effort de prononciation. Il était trop calme. Seul son torse humide se relevait au rythme de sa respiration. Il n'entendait pas non plus les bruits de froissement de tissus. Il restait dans ses pensées, ignorant de tout ce qu'il se passait autour de lui. De toute façon, il ne pouvait rien faire attaché comme il l'était. Il entendit un tiroir s'ouvrir, des entrechoquements sourds et faibles. Puis des paroles et un mouvement dans son champ de vision. Ses yeux virent alors une main déposer quelque chose non loin de sa bouche entrouverte. Lorsqu'elle se retira, il vit alors un objet de forme oblongue et de couleur blanche, un peu poreuse. Si petit qu'il pouvait rouler et se perdre dans les draps très facilement. Alors qu'il le regardait et se demandait ce que c'était, preuve que son cerveau se réveillait un peu, une explication lui fut donnée.

Il resta quelques secondes sans le bouger, fixant le comprimé jusqu'à ce que ses yeux brûlent de ne pas se fermer. Puis il eut un rire pendant quelques secondes. Il rouvrit alors la bouche, fixant Quimn tant qu'il était dans son champ de vision, il n'avait pas l'envie de bouger :

"Plus mal ? Ce truc efface t-il les souvenirs ? Va t-il me faire perdre la mémoire ? Plus mal... Et vous croyez sincèrement que je vais avaler ça ? Vous ne comprenez rien à rien... Ce serait comme... Comme... Accepter. Me faire acheter. Vous achetez mon bien-être avec ça. On n'offre pas de l'argent à un esclave, c'est ça ? Il n'a qu'à se soumettre, c'est ça ? Mais pour soulager un peu sa conscience, on va lui donner de la dope. Histoire de se donner bonne conscience, hein ? N'est ce pas ?"

Amadäus eut un autre rire et se tordit un peu dans ses liens, appuyant son front contre les draps un instant pour soulager sa nuque et reprit en regardant le libre d'un air plus éveillé :

"Conscience ?! Qu'est ce que je raconte ? Vous avez une conscience, vous ? Tu parles... J'y crois pas, en fait. Ah si ! J'ai trouvé ! Vous aviez dit que vous aviez pas déchargé autant que d'habitude, c'est ça ? Ouais. Ca, c'est plus correct. Vous vous faîtes passer pour un bon petit samaritain mais vous n'en pensez pas un mot. 'Tu n'auras plus mal' mon cul, oui ! Vous vous mentez à vous même, comme tout le monde. N'essayez pas de paraître généreux, Quimn, si vous ne l'êtes pas vraiment. Vous me répugnez... Et si vous croyez que je vais avaler ça, vous vous fourez le doigt dans l'oeil. Certainement pas ! Vous banderez moins et j'en suis bien content. Si je peux vous emmerder jusqu'au bout, n'allez pas croire que je vais me gêner !"

Grand discours. Mais Amadäus était peu à peu revenu dans son état normal, à la fin s'agitant même dans ses liens pour crier sur l'aristocrate. Il gardait la tête levée, fixant son regard de braise dans les flammes d'Alarin, une lueur de défi dans les yeux.

Quelle dommage... Amadaus allait devoir etre calme d'une autre maniere. Bien sur, Alarin avait les moyens physiques de forcer l'humain a avaler sa pilule. Cependant, les siecles d'aristocratie, coulant dans son sang, rendaient l'usage de la force un moyen de dernier recours. Et il disposait d'encore un moyen parfaitement adapte a l'homme enchaine au lit. Mais avant, le demon decida de partager quelques reflections avec sa victime.

"Je n'essaye pas de paraitre genereux... Pas avec Toi. Le paraitre est reserve aux libres, dans des situations les plus amusantes de jeu, ce dernier etant un privilege qui te doit etre inconnu."

Alarin etait desormais de nouveau habille, avec un soin innoui. Personne ne pourrait dire qu'il etait nu il y a quelques instants. Il se tenait a coate d'Amadaus et gesticulait de temps en temps d'un petit mouvement de poignet, donnant un certain poids a ses paroles. Il faisait parfois quelques pas sur le cote, puis revenait a sa place de depart. Il n'y avait rien de nerveux. Le demon etait glacial, malgre un petit sourire cruel, moqueur et pervers a la fois. Ses yeux rouges brillaient d'un eclat sinistre, une lueur de folie et des siecles de cruaute qui allaient se dechainer. Il prit le medicament et le rangea dans le flacon.

"Quelle dommage... Ca apaisait vraiment la douleur. Quant aux souvenirs, je veux que Tu les gardes. Que Tu n'oublies jamais ce qui arrive a mes ennemis. Je les demolis. J'ai le temps et l'experience necessaire... Je le fais depuis tres longtemps... N'est-ce pas la devise de la Maison zith Quimn? "Il faut se montrer genereux envers ses serviteurs et impitoyable envers ceux qui refusent de l'etre". Ce fut l'une de mes pensees-phares durant toute ma vie... Et ca l'est encore.

Pour ce qui est de ma conscience, je vais t'eclairer sur ce point-la aussi... Vois-Tu... L'evolution est quelque cchose de merveilleux. Les humains n'ont pas le temps de la voir passer... Mais nous... Sans aucun probleme. Mes ailes en sont un parfait exemple. Il y en a plus. Hors, je suis ne avec. Il suffisait de ne pas s'en servir pour les voir disparaitre. Tu te rends compte que je suis bien plus discret comme ca et j'ai d'autres moyens de transport a ma disposition. Pour la conscience c'est pareil. J'ai privilegie d'autres elements de mon esprit, comme la memoire. Les scrupules, la culpabilite, ne sont rien pour moi."

Il se tut, ecoutant la reponse d'Amadaus d'une oreille. Enfin, Al' decida de sortir une arme plus sure pour pouvoir faire de l'humain ce qu'il voulait: le retourner pour le voir de face. Une bouteille minuscule avec un liquide jaunatre ainsi qu'un petit etui avec plusieurs aiguilles dedans. Le demon en prit une et la trempa dans la fiole, en prenant grand soin de ne pas se piquer soi-meme avec, il s'approcha de l'humain. Il continua a parler a voix basse.

"Maintenant, Tu vas te detendre, mon petit. Le cucrare est infaillible, mais ne peut etre ingurgite. On ne peut l'administrer que par voie sanguine. Ne t'en fais pas... Ca ne durera pas longtemps et Tu resteras parfaitement conscient de ce qui va t'arriver..."

Sans ajouter un mot ni faire attention a la reaction de l'esclave, Alarin planta l'aiguille, a peine plus epaisse qu'un cheveu, dans le cou de son prisonnier, dans l'artere pour etre exact. Ensuite il rangea ce materiel rare et regarda sa montre en argent. Une longue minute s'ecoula, le temps necessaire a l'action du curare depolarise. Les muscles d'Amadaus etaient en train de lui refuser toute obeissance, sauf le diaphragme, le plus costaud de tous, pour lequel la quantite de poison etait trop faible. L'humain n'allait pas mourir, mais il devenait un chiffon mou, juste bon a ecouter ce qu'on lui dit et se laisser faire comme une poupee.

Apres une minute et demi, Al' detacha lentement l'esclave, et le retourna sur le lit. En remettant les liens en place, il lui parla, sans moquerie, sans haine, sans sentiment aucun, d'une voix neutre.

"Alors? quel effet ca donne? Il me faudrait une sereigue entiere pour essayer sur moi. T0u me raconteras ca apres... Ce ne sera pas long... Dans les onze minutes tout au plus.

Voila... J'ai fini... Comme ca, nous serons plus a l'aise pour discuter... Et je suppose que Tu te sentiras plus a l'aise avec tes belles fesses a l'abri..."

Il rit un court instant et decida de patienter qu'Amadaus se remette des effets du curare...

L'immortel lui lança son petit baratin sur les libres et l'être et leparître. Amadäus savait que si'l écoutait ce qu'il disait, il allait s'énerver. Or il n'avait pas vraiment envie de s'énerver et il préféra vagabonder dans ses pensées pour quelques instants. L'être et le parître. A chaque fois qu'il entendait cela, il pensait à ce livre 'l'être et le néant'. Son ami philosophe lui en avait beaucoup parlé pendant les trois mois de guerre. Il avait toujours rêvé de le lire. Peut-être en trouverais-il un exemplaire dans la bibliothèque de sa maîtresse. Il ferma les yeux et soupira. Encore faudrait-il qu'il puisse y aller. Parce que ligôté comme il était , la seule liberté qu'il avait était sa liberté de penser - et celle de se faire frapper, qui dans son cas, était une punition mais souvent une liberté.

Il ouvrit les yeux et vit Quimn faire les cents pas ou ce qui en ressemblait à côté de lui. C'était lui qui avait besoin d'être attaché en tout cas. Il l'écouta et ne put s'empêcher de répondre dans un murmurre qu'il voulait inaudible :

"Tu veux que je garde mes souvenirs ? Bin tiens, pour une fois qu'on est d'accord, mon con ! Je vais pas te contredire... Mais tu m'as pas encore démoli, enfoiré !"

Non, il ne l'avait pas encore démoli. L'humain se sentiat humilié mais pas brisé. Il ressentait une haine pour cette homme et les non-humains en général et il ne laisserais pas celle-ci s'affaiblir. Il ferma les yeux et grave dans sa mémoire, ce sentiment farouche, cette frustration qu'il ressentait, les châtiments qu'on lui infligeait. Il ne voulait pas oublier pour ne pas perdre de sa hargne. Hargne qui se manifesta par de la moquerie lorsque le libre lui exposa ses vues sur l'évolution :

"Vraiment ? Vous croyez ça ? Vous êtes un peu faible d'esprit ! C'est impossible ! Si j'arrêtais de marcher, mes jambes ne disparraitraient pas pour autant ! Peu importe ma durée de vie ! Votre mère à trop fumé quand elle était enceinte et pis c'est tout faut pas chercher plus loin ! Vous êtes juste... un monstre, quoi, en fait."

Mais si certains pouvaient se sentir flatté de cette dénomination, là, Amadäus ne voyait pas comment là, il aurait pu le comprendre comme ça. Le ton avait été hautement méprisant. Un monsre physique, un moche. Un rebus de la société. Malheureusement, le démon n'avait pas l'air de l'écouter. Et son manège l'intrigua. L'humain se tut et tiqua lorsqu'il vit une aiguille entre les doigts racés de son kidnappeur. Il ne fut pas plus rassuré lorsqu'il entendit le mot 'curare'. Ce poison de l'Extérieur avait une légende horrifiante qui circulait autour d'elle. Accusée de tous les effets, le faux se mêlait si bien au vrai, qu'Amadäus pâlit à son nom. Il se détendit un peu lorsqu'il entendit qu'il resterait conscient. Qui disait conscient disait vivant. Ou alors il ne serait conscient que jusqu'à la fin de son agonie ?

IL n'eut pas vraiment le temps d'aller plus avant lorsqu'il sentit une infime piqure dans son cou. Amadäus tourna la tête pour voir le libre qui s'écartait et sortait sa montre. Qu'est ce qu'il faisait ? Il mesurait le temps qu'il lui faudrait pour mourir ? Amadäus ne put s'empêcher de paniquer un peu et tira une fois sur ses liens. Comme si il y avait encore un espoir de ce côté. L'esclave cessa immédiatement : le père Noël n'existait pas. Il n'avait aucune chance. Il ferma les yeux et essaya de se détendre. Quitte à crever, il ne pouvait plus rien faire. Il ferma les yeux, sa respiration se fit plus tranquille. Le temps passa, il ne ressentait encore rien de désagréable mais il se décontractait de plus en plus.

Il sentit soudain qu'on le détachait. Une main touchait les liens de cuir. Peut-être Quimn le croyait-il endormi ? C'était sa chance ! IL attendit, essayant d'être le plus immobile possible, que sa main droite se trouve libre. L'imbécile ! Il l'assomerait d'un bon coup de poing, l'achèverait et s'en irait sans regret. Il sentit l'air frais sur son poignet. Il décida d'agir maintenant ! De rouvrir les yeux, contracter les muscles et ! Et ? Eh !!

Il ne pouvait plus bouger. Son corps refusait d'accomplir les ordres de son esprit. Sa main gauche fut libre. Il ne pouvait rouvrir les yeux. Il voulut déglutir. En vain. Sa langue non plus ne voulait plus lui obéir. Nom de Dieu ! Mais qu'est ce que c'était donc que cette ? Il comprit soudain. Le poison. Avec les légendes qui circulaient autour de lui, il ne s'attendait pas à ça. Pas à cet effet là. Il enragea. Il avait une chance de partir ! Une chance enfin ! Il n'avait plus de collier émetteur, ses deux mains étaient détachées. Et son pied droit maintenant ! Il n'avait qu'à lui décocher un coup, à se détacher, à , à, à... Mais son corps le lui refusait. Il ne pouvait pas bouger, il restait dans la nuit de ses paupières, soumis à la gravité et à ce démon ! Il en aurait presque pleuré de rage. Cela ne nécessitait pas de muscles, de pleurer.

Il se sentit tirer sur le côté comme un pantin désarticulé. Il ne pouvait rien faire, rien ! Il avait beau essayer de contracter ses muscles, de se lever, de tout. Il était impuissant. Et de nouveau, il sentait sur ses poignets et ses chevilles le poids du cuir et sa douceur faite pour ne pas entailler sa chair. Il entendit une voix dans les ténèbres la voix de Quimn. Mais il se foutait de lui ou quoi ? Et lui qui disait 'tu te sentira plus en sécurité et à l'aise comme ça'. Le foutu connard ! Il se sentait au contraire plus vulnérable sur le dos, plus exposé. De toute façon, dos ou ventre cela ne changeait rien. Il aurait préféré s'éclipser de ce lieu et y mettre le feu ! Mais l'autre devait s'en douter très certainement. Inutile de le souligner. Soudain une crampe lui prit le mollet droit et il sursauta essayant de se recroqueviller mais il fut rattrapé par ses liens.

Un effet secondaire du poison ? Une coïncidence ? En tout cas, ses muscles étaient de nouveau en marche et Quimn l'avait très certainement vu au bond qu'il avait fait. Il reprit dans une vois un peu pâteuse :

"Si vous êtes aussi impatient de tester, vous n'avez qu'à essayer ! Détachez moi, je vais vous injecter ça, si cela vous dit..."

Il leva la tête, le regarda et demanda plus clairement :

"Pourquoi voulez vous causer avec moi ? Il ne faut pas être impotayable avec les adversaires ou un machin comme ça ?"

Oui, il ne comprennait pas. Amadäus sentit sa tête repartir en arrière. Il avait beau avoir une crampe géantissime dans le molet, le poison n'était pas partit partout.

*Neuf minutes et six secondes. Joli, comem score. Resistant, ce garcon*

Alarin sourit voyant Amadaus repndre peu a peu le controle de son corps. De face, il etait encore plus mignon que de dos. Le demon s'installa sur le lit, a cote de lui et, caressant sa jambe, histoire d'occuper une main baladeuse, il ecouta ses reactions. Meme s'il n'etait pas d'accord avec lui, Al' constata que les facultes mentales de l'humain n'ont pas ete atteintes. Tout se passait comme il fallait.

"Eh bien, Tu peux dire ce que Tu veux. Je sais que c'est inimaginable pour un mortel, mais je t'assure que j'avais bien des ailes a ma naissance. Et je pense que Tu as eu l'occasion d'en appercevoir l'absence..."

Ironie, moquerie, reference au viol, dont Amadaus fut la victime. Les doigts blancs caressaient la jambe du prisonnier, tantot montant, tantot descendant, avec une certaine sensualite. Il y avait de quoi donner envie, meme a quelqu'un de tres ardu. Il eut le temps de s'entrainer aux caresses. Il eut plus d'un amant durant sa longue vie et les petits humain etaient parmis ses preferes.

"Un monstre? Heh... C'est le mot que les humain utilisent pour dire "different", non? Moi, je dirais, superieur. Tout simplement. Je suis certes raciste, mais que faire... C'est encore une chose que les humains nous en appris. N'est-Tu pas fier? Comment vous avez montre la "civilisation" aux immortels?

Et ne t'enerve pas, mon jeune ami. Cette fiole suffirait a peine pour me ralentir un peu... Nous ne sommes pas si faibles que ce que Tu crois.

Bien sur. Il faut etre impitoyable. Mais je le serais plus tard. En attendant, j'ai envie de te parler... De quoi? mais quelle importance? Faisons connaissance. Parle-moi de ce que Tu fais quand Mademoiselle Priam ne s'occupe pas de Toi? Elle est tres occupee ces derniers temps, a ce que l'on ma dit. Comment supportes-Tu ta solitude?"

Rien n'indiquait a premiere vue, que c'etait un questionnement tres cible sur la soit-disons rebelion des esclaves. Mais il fallait commencer a se renseigner a la source, avant meme de consulter Venetian. Qui sait? Peut-etre le petit drogue voudrait jouer avec Amadaus aussi? Il pourrait le recevoir en recompense a la fin. Mais ailleurs, pas ici. Vene' etait repute pour tout saccager lorsqu'il ccedait a ses pulsiosn sexuelles.

Alarin avait meme quelques photos dans le dossier snares. Cela pour avoir une idee de l'ampleur de ce dont le petit etait capable. Et pour pouvoir les montrer a ceux qui ne parlent pas... Il sourit avec sadisme (sadisme etait assis a cote de lui XD), a cette pensee.

Amadäus grimaça lorsque la main du démon passa sur sa jambe. Elle passait de temps à autre sur le mollet et l'humain ne savait pas si c'était quand il enlevait sa main ou quand il la passait sur sa crampe que c'était le plus douloureux. Cet effet fit que Quimn aurait put être l'expert en caresse numéro un, le champion de la ville toute catégorie, cela n'eut aucune influence sur le désir d'Amadäus. Par contre ses paroles en eurent. Mais dans le désir de le tuer et de le trucider encore plus. Ce type n'arrêtait pas de le rabaisser. Le pire, c'est qu'il n'avait même pas l'air de s'en rendre compte. Et dans l'état où il était Amadäus ne savait si c'était bien. En fait, cette confrontation l'épuisait moralement. Le démon ne cessait de le rabattre dans son orgueil et il ne trouvait rien à quoi se raccrocher. Il était toujours obligé de fuir, seule sa colère et sa haine grandissaient mais attaché comme il l'était il ne pouvait rien faire. Impuissance qui entretenait à nouveau sa colère. Il était enfermé dans un cercle tout ce qu'il n'y avait pas de vertueux et qui ne dépendait que d'une seule personne : Alarin Zith Quimn.

Quimn. Encore une autre énigme celui-là encore. Avec ses yeux de braise, il n'arrivait jamais à voir où il regardait et n'arrivait jamais à lire ses sentiments. Sa main toucha son mollet et il sursauta de douleur le sentant se contracter encore plus. Son mollet se vengeait du curare mais sur Amadäus. Il eut un accès de désespoir : même son corps le lâchait. Il reporta son attention sur Quimn. Après avoir insinué qu'il n'était qu'un ignorant, il était passé à dire que les humains n'avaient rien amené de bien à Lichtland. Et il passa juste après au fait que les humains étaient bien plus faibles que les immortels. Comme s'il n'était pas au courant tiens ! Amadäus eut envie de lui mettre son poing en plein visage avec une force telle que son oeil sortirait de l'orbite sous le choc avec grands renforts de sang giclant sur les murs et préparant une nouvelle peinture. Les liens le retinrent dans son mouvement une fois encore. Il ne restait plus à Amadäus que la possibilité d'imaginer les détails les plus trashs sur comment il achèverait Quimn. Ce n'était que de l'imagination mais cela soulageait toujours un peu.

Par contre, son ravisseur sembla être un peu plus neutre et curieux. Mais ces mots n'eurent pas franchement l'effet voulu. Une fois de plus Amadäus explosa :

"FAIRE CONNAISSANCE, CONNARD ???? TU TE FOUS DE MOI, ESPECE D'ETRON PURULENT ! TU M'AS VIOLE ET MAINTENANT TU VEUX "FAIRE CONNAISSANCE" ??? VA EN ENFER LA TROUVER TA CONNAISSANCE !!! BATARD DEGENERE !!! IMMONDE PARODIE DE NOBLESSE !!! CREVE LA BOUCHE OUVERTE, ENFOIRE D'ABRUTI !!! ET JE PREFERE MA SOLITUDE A TA GUEULE A VOMIR !!!! VA TROUVER PRIAM ET FORNIQUEZ ENSEMBLE JUSQU'AU JUGEMENT DERNIER !!!"

Il s'arrêta, à bout de souffle, la haine collée au visage. Il était évident qu'il n'avait pas eu l'air suffisant pour tout lui cracher à la figure même s'il était foncièrement gonflé. On voyait pourtant qu'il avait d'autres ressources mais cette fois-ci, la rage l'empêchait de parler. Il se débattit quelque peu dans ses chaînes, avec le peu de latence qu'il avait. Le cuir était tendu au maximum, la tête de lit ployait légèrement sous l'effort pendant que cette fois ci, tous les muscles d'Amadäus se contractaient se dessinant parfaitement sous sa peau pâle. S'il n'avait pas été attaché, il aurait sauté au visage de Quimn comme un chat furieux. Malgré ce qu’il lui avait fait, l’aristocrafiquant n'avait pas encore réussi à l'échauder.

*Encore des insultes, mais il n'arrive pas a garder son sang froid. On va l'avoir. J'ai le temps pour ca. Sinon, Venetian viendra donner un coup de main.*

Alarin fit la moue de quelqu'un qui est decu et presque boulverse par les paroles de son interlocuteur. Ensuite, il lui caressa la joue du revers de la main, mais la retira avant de se faire mordre. Amadaus etait a vraiment furieux. Mais la rage epuise. Et tant qu'il se fatigue, il faiblit. Il n'avait probablement pas mange depuis plusieurs heures et Alarin ne lui donna rien a boire depuis son enlevement. L'aristocrate etait capable de ne pas dormir durant tres longtemps sans etre fatigue, son travail lui ayant appris comment faire pour etre toujours disponible. Et il pouvait donc personnellement veiller a ce que l'humain ne s'endorme pas.

Pour le moment il decida de le taquiner encore un peu. Ils avaient le temps pour discuter.

"Oh... Tu me decois. Je te croyais plus a la hauteur pour me repondre. Tu dois etre fatigue. Justement... On doit faire connaissance. Nous avons des centres d'interrets communs. L'Enfer, dont Tu parles, n'existe pas vraiment. La legende de Dieu le Pere et du paradis est aussi vieille qu'absurde. encore une invention humaine. Il ne faut pas s'imaginer qu'on nait dans un lieu sous terre, ou il y a plein de feu et de goudron bouillant pour les pecheurs.

Ha! Histoires de grand-mere, ca. De meme que le jugement dernier est une histoire pour faire peur aux enfants. On raconte ces histoires comme blagues, juste pour se moquer de la betise humaine.

Cependant, j'ai compris que cette expression voulait dire "pour toujours". Certes, ta maitresse est seduisante. Mais au niveau feminin, je suis tres satisfait, pour le moment. C'est les hommes qui me manquent ces derniers temps. Mais passons. Ce n'est pas ma vie sexuelle qui est l'objet de la conversation.

Et pour en revenir sur tes insultes, je fais partie de la meme sphere de noblesse, que les Sept. Juste que je viens de la province et je prefere l'ombre a la lumiere."

Alarin se leva et marcha un peu, les mains dans le dos. Ensuite, il alla dans la piece d'a cote, qui etait completement noire et revint avec un petit dossier. Il en sortit plusieurs photos et commenca a les montrer, une a une, a l'esclave. Il y en avait une quinzaine. Toutes montraient des cadavres mutiles, le sang, les entrailles a l'air. C'etaient des humains, des demons, des anges, des hybrides. Mais surtout des humains. Meconnaissables, mais on y reperait meme des enfants. L'horreur la plus totale. Al' les faisait defiler devant les yeux de l'homme, tres lentement. Vers la moitie de ce diaporama funeste, il prit la parole d'une voix froide et legerement amusee.

"Tous les cas sont oeuvres d'une seule personne... Et tous ont ete violes... Avant..."

Les photos defilaient encore et encore.

"...Pendant..."

Les images furent emportees hors de la vue d'Amadaus.

"... et apres la mutilation. On suppose que pour chacune de ses malheureuses creatures, la personne prit au moins cinq heures. Ca, c'est l'enfer. Que dirais-Tu de faire la connaissance de l'artiste?"

Un sourire apparut sur les levres d'Alarin. Il y avait en effet des choses qu'il ne ferait pas. Venetian n'hesitait jamais, a ce qu'il entendit dire. De toute facon, il allait servir a nettoyer les traces de plus d'un crime. C'etait la personne qu'il fallait. Le demon observait tres attentivement les reactions du prisonnier.

La fureur de l’humain effectua un ultime baroud lorsqu’une main pâle s’approcha vers lui pour lui caresser la joue. Amadäus n’était pas du genre à mordre mais son geste fut plus fort que lui. Il remarqua que si le démon écarta sa main, il ne se téléporta pas. Il y avait donc des limites à sa téléportation. Mais comme l’avait prévu Quimn sa rage ne dura pas et il se rallongea sur le lit, le visage détendu. Mais ses traits se durcirent à nouveau à l’écoute de cette voix. Il redressa la tête et regarda Quimn :

« Je vous déçois ? Qu’est ce que j’en ai à faire de votre estime à votre avis ? Pour la hauteur de mes réponses, je vous signale que je suis à quarante centimètres du sol. Vous n’avez qu’à me détacher, vous verrez qu’elles seront tout de suite plus élevées mes réponses… »

Mais Amadäus fut surpris à l’entendre parler des intérêts communs. Il n’avait jamais eu pour sa part le hobby de violer les types. Il tendit donc l’oreille pour savoir quels intérêts ils pouvaient avoir en commun. Amadäus se renfrogna au fur et à mesure qu’il parla de sa religion, la tournant en dérision. Il ne dit rien sachant parfaitement que seuls les humains étaient croyants mais par consensus, on évitait de le leur balancer en pleine figure. Par le passé, il y avait eu des meurtres pour moins que cela. Il y avait même eu une fois des extrémistes qui avaient envoyés deux avions dans des gratte-ciels de non - humains. Ca avait fait du bruit par ailleurs. Mais là, le lui souligner aussi ouvertement… Amadäus serra les dents en pensant qu’il faisait cela car il n’était plus libre.

A ce moment là, le démon se leva et s’éloigna un peu. Curieux et inquiet, Amadäus le suivit du regard se demanda encore ce qu’il avait inventé. Un autre poison ? Mais lorsqu’il revint, il ne tenait pas de seringue, de coutelas ou encore de chalumeau. Seulement un simple dossier de carton fort. Il lui montra des photos. Certaines lui firent plaisir tout particulièrement lorsqu’ils voyaient des ailes en lambeaux derrière. Mais lorsque vint les dernières et qu’il se rendit compte qu’il ne s’agissait que d’humains, il eut une farouche envie de vomir. Le spectacle était difficilement soutenable et là, il n’avait que l’image. Il n’avait pas de son, pas d’odeur. Pas de mouches tourbillonnants autour d’un cadavre puant. A cette pensée, Amadäus eut un haut le cœur incontrôlable. Quimn ferma le dossier. Il rabattit la tête en arrière, la plongeant dans les draps frais. Il se força à respirer et à oublier la sueur qui lui dégoulinait le long des tempes. Il ne sentait plus grand-chose au niveau de son visage, le sang l’avait quitté. Il écouta les dernières paroles du démon les yeux fermés se forçant à reprendre son calme.

*Il ne s’agit que d’intimidation, Amadäus, il veut te faire peur, c’est tout. Il veut te faire peur pour que tu craques. Tu n’as rien à craindre. Ne panique pas.*

« De une, si vous me le présentez, vous serez à même de savoir s’il a prit ces cinq heures ou moins pour faire cette charpie. De deux, pourquoi ne pas le rencontrer après tout ? Cinq heures ou lieu de trois semaines… C’est honnête. »

Amadäus avait repris des couleurs et c’était redressé, allant même jusqu’à sourire d’un air suffisant et effronté.

Amadaus faiblissait. Mais trop lentement, a son gout. Il voulait plaisanter avec son echange cinq heures-trois semaines? L'aristocrate ne lui laisserais jamais le plaisir de mourir avant d'avoir rampe a ses pieds. Mais il remarqua autre chose. Sa remarque, tout a fait anodine, au sujet de la religion avait eu un certain effet. L'humain etait-il croyant? La flamme rouge devint plus intense. Le sang demoniaque etait conditionner pour se moquer de ces choses, alors que les anges avaient plus de respect.

"Ne t'inquietes pas. Je vais le chronometrer et je prendrais bien note des resultats obtenus. Comme toujours. Mais tes trois semaines promises ne te seront pas refusees. Tu aura le temps de savourer ma presence et ma compagnie. La compagnie de mon artiste ne sera qu'une finale, la delivrence qui viendra peut-etre.

Sinon... peut-etre que ton dieu viendra te sauver, hin? Allons... Prie ton dieu, impuissant et vain. J'aime ecouter ca. Cette foi, cette confiance en une idee. Car le concept de Dieu est certes interessant, mais son existence, et surtout le fait qu'il aime les hommes, n'as pas ete prouve de mon vivant, en tout cas... Et, je me le demande, pour quoi les anges du Seigneur sont-ils de notre cote, nous, les dechus? Voila un excellent sujet de conversation. Inepuisable...

Mais Tu voudrais me parler de quelque chose d'autre peut-etre? Comme la superiorite de votre dieu et le fait qu'il attend le moment propice... Et qu'un jour je verrais sa puissance, mais il sera trop tard,... non?"

Al' se moquait de son prisonnier a du cent a l'heure. L'epuiser physiquement etait simple. Il suffisait de ne pas le nourir pendant assez de temps. Mais son esprit tetu et arrogant etait plus coriace. De meme que sa volonte de fer. Mais il commencait a rouiller, ce fer. Et le demon voulait a tout prix le briser. Pour son malin plaisir et pour l'ordre etabli.