La culture d'Arnaud de Fontainebleau
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La culture d'Arnaud de Fontainebleau

La culture, c'est comme la confiture...
 
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 Textes d'aar

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arnaud de fontainebleau
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MessageSujet: Textes d'aar   Textes d'aar Icon_minitimeLun 15 Oct - 15:48

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Lili. Je t'aime. Je te rejoindrai. Maintenant, plus tard, demain, dans dix ans, dans dix secondes, dans une vie, dans le bonheur, dans la joie et dans la souffrance. Je te rejoindrai. Lili, Lili... Mon amour. Tu me manques tant. Pourquoi ? Lili ? Pourquoi ? Lili... Attends moi. Je t'aime. Je te rejoindrai. Je t'aime. Dans la joie et la souffrance, je te rejoindrai.

Des larmes brulantes coulent sur mes joues. Mes genoux sont glacés. La neige ne fond pas. Elle ne fond pas. Mon malheur non plus. Des flots rouges creusent ce tapis de pureté. Comme la douleur au fond de mon crâne. Le chagrin, Lili. Le chagrin de t'avoir vu, là, là comme... Comme... Lili, je te rejoindrai. Ce sera dans la joie, ce sera dans la douleur. Cette douleur qui me fera certainement pleurer sur ma vie comme je pleure aujourd'hui sur les gouttes de sang qui tombent de ton corps nu. Pourquoi ? Pourquoi ne nous laissent-ils pas tranquille ?

Le jour se lève mais la neige tombe. Elle tombe comme mes larmes. Pourquoi ? Lili, pourquoi a t-il fallu que tu penses ? Pourquoi as tu comploté contre Eux ? Lili. Pourquoi ? Pourquoi tant de haine ? La vie était facile, Lili. Tu n'avais pas à penser. Il fallait juste, juste... Vivre, Lili. Vivre et obéir. Dans la joie et la douleur. Tu n'aurais pas eu à souffrir. Tu n'aurais pas eu à rester te balancer dans le froid. Pourquoi ? Pourquoi ne nous laissent-ils pas vivre ?

Lili, devant mes yeux, je vois les couleurs de ta peau maratirisée. Le rouge, c'était notre passion, notre amour. Lili, je t'aime. Le bleu, c'était ton uniforme de membre du parti intérieur. C'était ma combinaison de travailleur. C'était la couleur de tes yeux. Pourquoi ? Pourquoi le noir de tes hématomes n'est-il que l'uniforme des membres du contrôle ? La couleur de la Mort ? De la tienne... De la mienne dans dix ans et dans dix secondes, dans la joie et la souffrance, Lili. Je t'aime. Je refuse. Pourquoi cette injustice ? Pourquoi dois je me taire ? Pourquoi, Lili ?

Pourquoi t'ont-il fait cela ? Nous voulions juste... Juste vivre heureux. Folie ! Lili, Folie ! Notre amour n'était que folie, notre joie n'était que folie. Oui, folie. Folie de croire que nous pouvions faire ce que nous voulions. Oui, la neige qui tombe, cette vie de mort vivant, toi qui a trouvé le repos dans la douleur, tout cela n'est que folie. Pourquoi l'hiver éternel de nos âmes ? Pourquoi ne puis je choisir, pourquoi ne puis je pas penser ? Lili, Pourquoi ? Je t'aime Lili, attends moi, je te rejoindrai dans la joie et la dignité.

Ma tête pulse, mon corps froid se réchauffe par le sang qui coule encore dans mes veines. Je me lève doucement, péniblement, je pose une main tremblante sur ce mur noir de suie et de malheur. Je déchire l'affiche du Maire. Lili. Je t'aime. Tes lèvres entrouvertes et bleuies sont froides à mon baiser, elles sont chaudes à mon coeur, Lili. Mes larmes et ton sang se mélangent. Dans la joie et la douleur, Lili. Dans dix ans, dans une vie. Dans l'amour et la dignité. Je t'aime.

Je t'aime et me retourne sans un regard. De toi, je ne garderai que le goût de ton amour et la chaleur de tes lèvres. Du gibet, je ne garderai que le moment où j'ai compris. Lili, il n'y a plus de pourquoi. Je sais. Je t'aime. Dans ma joie et leur douleur.


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MessageSujet: Re: Textes d'aar   Textes d'aar Icon_minitimeLun 25 Aoû - 2:18

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"Haaa ! Ca, mon Bidule ! C'est un truc qui réchauffe les tripes !"

Sean reposa la choppe -vide- dans un grand claquement de verre sur le comptoir. Il sentait encore la brûlure de l'alcool frelaté dans son estomac. Cela faisait trois jours qu'il avait marché dans ce maudit désert de l'Arizona. Une troupe d'orcs avait surgie de nulle part et l'avait attaqué. Il en avait tué deux avec son six coups mais son cheval s'était cabré et c'était enfui. Il avait fallu croire que les orcs étaient affamés et que six cents kilos de bidoche avait paru plus nourrissant que ses soixante dix kilos tout mouillé.

Sans un regret pour son ami de longue date qui l'avait sorti de nombreuses bagarres de saloon et sorti de nombreuse tueries entre nains, elfes et autre gobelins, il avait fui droit devant lui en portant la seule chose qui était tombé avec lui de son cheval : sa fidèle plante verte, Bidule Doodle. Il fallait savoir où devait s'arrêter l'amitié. Il le sut parfaitement: il entendit soudain un hennissement terrifiant et des mastications effroyables. Il avait redoublé de vitesse et couru d'une traite jusqu'à cette ville qui se trouvait, il ne savait pourquoi, en plein désert.

Alors que le barman venait de poser une autre bière de cactus, la porte en bois s'ouvrit soudain dans un grincement surprenant. Cela le surprit. La porte avait semblée parfaitement graissée quand il était entré. Il continua à chuchoter à sa plante verte "N'est ce pas qu'on a eu chaud, hein bidule Doodle ? Ne t'inquiète pas,il va t'apporter un verre d'eau tout de suite..." Mais il s'arrêta vite. En même temps que la musique, d'ailleurs. Il ne regarda pas derrière lui. Il haussa juste les yeux vers le miroir derrière le bar, en face de lui. Et ne vit que les feuilles de Bidule Doodle.

Mais l'inconnu vint s'assoir près de lui, sur un tabouret à sa droite. Bizarrement tout le monde semblait effrayé et un silence de mort régnait dans le bar qui avait été quelques seconde avant extrémememt joyeux et chaleureux. D'un oeil soupçonneus, il regarda l'inconnu relever lentement des mains gantées, prendre les bords du capuchon de sa cape et rabaisser celle ci, révélant son visage.

A la vue de celui-ci, lé horos de notre histoire ne put s'empêcher de saisir de nouveau la choppe qui lui passa sous la main. Elle était vide. D'une voix étranglée, il en redemanda une autre au barman. Celui ci sortit une bouteille et versa l'alcool dans le verre d'une maint tremblante. Il ne quittait pas l'inconnu des yeux. Tout le monde dans le bar le regardait avec des yeux effrayés.

Son visage était pourtant magnifique : des cheveux blonds légèrement bouclés retombant en cascade sur des épaules larges. Une mèche lui cachait le visage. Il enleva paisiblement ses gants avec une lenteur calculées. Tout le monde dans le bar retint son souffle. Puis ses mains dégantées d'une blancheur cadavérique vinrent repousser la mèche qui lui tombait devant les yeux. L'inconnu avait les yeux fermés et un sourire inquiétant aux allures sadiques.

Il n'avait toujours pas prononcé un seul mot mais ses lèvres légèrement charnues s'entrouvrirent lentement et un son en sortit :

"Tavernier... J'ai soif..."

C'était une voix étrange comme venue d'outre tombe, elle résonnait encore dans l'air vicié du saloon. Le barman recula d'un pas tendant ses bras devant lui, ne pouvant rien faire d'autre. Il ouvrit alors lentement les yeux. Il révéla des pupilles d'un rouge sanglant et terrifiant.

"Tu ne me sers pas ? Alors je vais me servir moi-même !"

D'un seul coup, il se jetta sur son voisin de gauche. Sean tenta de se protéger de l'attaque de son bras droit, coinçant son poignet sous le cou de l'inconnu. De la main gauche, il recherchait quelque chose sur le comptoir. Mais sa main ne rencontra que sa plante verte :

"Bidule Doodle ! Désolé !"

Il tira alors sur les feuilles, saisit la gousse d'ail qui poussait en dessous et la fourra dans la bouche de l'inconnu. Au contact de cette substance, l'inconnu recula vivement en essayant de cracher l'ail. Sean se releva en s'appuyant sur le bar et saisit un tabouret des deux mains. L'inconnu releva la tête et plongea son regard rougeoyant dans les yeux de Sean. Son visage était entouré d'une fumée causée par la brûlure provoquée au contact de feu Bidule Doodle.

Sean banda la muscles, ramena le tabouret derrière sa tête et de toute sa force, lança l'objet de bois contre le crâne de l'inconnu. Celui ci s'écroula sous la violence du choc. Sean sortit calmement son revolver de la poche, pointa vers le coeur de l'inconnu et tira. Un pieu vint se loger dans sa poitrine et l'inconnu disparut en se liquéfiant.

Sean rangea son six coups dans son holster et se retourna vers le barman :

"Je peux avoir ma bière ?"
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MessageSujet: Re: Textes d'aar   Textes d'aar Icon_minitimeLun 25 Aoû - 2:23

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"Aute'neuilly passy, c'est pas du gateau, aute'neuilly passy tel est notre ghetto !"

Cette chanson débile me tournait inexplicablement dans la tête. Je l'avais toujours trouvé nulle. Non, pas nulle : l'autre jour avec mes potes de la fac, j'avais pu en rire. Je me demande comment. Elle n'est pas nulle mais à ce moment, je la trouve plutôt déplacée. Cela devait bien faire rire les bourges qui se trouvent de l'autre côté de la barrière, ceux qui vivaient dans des beaux lotissements- mais moi qui me prenait cette susmentionnée barrière en pleine tronche, je l'appréciais moins.

Je glissais lentement le long de la colonne de métal. Un liquide chaud me coulaient le long de la tempe. Mon sang, sans aucun doute. Les étoiles qui flottaient devant mes yeux remplacaient les ampoules mortes des réverbères. On m'aggrippa par les vêtements avant de me relancer à terre. Tandis que des coups de pieds me labouraient les côtes, je revis passer mon passé devant les yeux.

L'image classique. Sauf que moi, je ne revis que les dix dernières minutes. Peut-être n'allais je pas mourir. Je ne sais pas mais la godasse qui me fêle la côte en ce moment m'indique avec aimabilité que je suis encore vivant. Et tant que je suis vivant, je peux encore souffrir. Bon dieu ! Que j'en ai marre de ce quartier pourri. Qu'est ce qu'y fout, là, Sarko avec son Kärcher ? Je l'attends moi ! Qu'est ce qui fout ? J'aurais peut-être dû voler le scoot de son gamin. La police serait à mes traces et viendrait arrêter ces forcenés.

Alors que je me tord de douleur sur le sol, la constatation étrange du fait que mes pensées restent parfaitement lucides et détachées de tout me vient à l'esprit. Les dix dernières minutes me reviennent encore. Flashback comme dirait mon prof de fac. D'abord un fondu enchaîné sur un plan américain avec moi qui marche vers le spectateur. Gros plan sur mes yeux. Les pupilles qui s'agrandissent de frayeur alors que la caméra tourne pour montrer une bande de voyous qui s'approchent. Ou alors, est ce qu'un réalisateur aurait eu l'idée de filmer la scène dix secondes plus tôt ? Moi, en train de téléphoner à ma petite amie. Moi, qui lui explique que j'ai horreur de cet endroit avec ces crétins fanatiques et étroits d'esprit ? Avec des gens qui gagnent plus d'argent avec leurs trafics et les aides sociales qu'en travaillant ?

Peut être alors qu'il aurait fait un gros plan sur le téléphone qui m'a glissé des doigts. Les types qui s'approchent dangereusement, qui m'abordent avec morgue et suffisance. Puis le prétexte, futile et stupide, comme tous les prétexte. Le prétexte pour me tabasser et me jetter contre cette barrière, me frapper à terre, amener la douleur à mes sens et maintenant, la rage dans mon coeur. Mon calme disparait et mes pensées avec...

Un pied. Un pied contre mon ventre. Mes doigts s'aggripent à cette douleur et se referment en enserrant une cheville. Je m'appuie sur le sol et lance ma jambe contre la sienne. Il tombe lourdement. Sous ma main, du métal. Froid. Je sors d'un geste animal ce manche, appuie sur le bouton, la lame s'ouvre, se bloque à la butée et tombe vers sa poitrine. Elle tombe avec la violence de ma force, de ma haine et de mon instinct.

Je sens sous la lame sa veste de cuir qui résiste un instant puis qui cède soudainement. Le couteau s'enfonce comme dans du beurre, comme dans un tas de viande qu'il est. Les autres se sont écartés. Surement surpris. Il ne vont pas tarder à se ressaissir. Fonce ! Ils sont toujours en cercle autour de toi. Fonce ! Tue les avant qu'ils ne te tuent. Dans cette jungle urbaine qui a dit que la loi de plus fort avait cédé la place à la démocratie ? Le hurlement de douleur qui provient de ce type à terre démontre le contraire. Mes jambes sautent vers l'un d'entre eux avant que mon esprit ne me dise une nouvelle fois de foncer.

Sous la lune, je vois un autre reflet. Sombre, froid et gris puis rougit de sang. Je serre mon bras contre ma poitrine. Il s'écroule tenant son ventre dans ses mains. Ma vue se brouille. Est ce le sang qui coule de ma tempe ? Est ce ma rage ? Fonce ! Tu n'es pas tiré d'affaire ! Fonce ! Deux types me sautent dessus avant que je n'ai pu faire un pas. Je sens un canif rentrer entre mes côtes. La douleur me fait lâcher mon couteau. Le hurle à la Lune. Je hurle à la vie. Qu'ils te lâchent ! Débat toi, dégage toi ! Fonce !

Un semi automatique a surgi en face de moi. Je sens mon pied qui frappe contre sa main. Je vois ce flingue qui tombe, qui tombe, les mains autours de mes bras se dessèrent un instant. Mes poumons me font mal lorsque je me lance pour rattrapper cette arme. Mon sang me cuit la peau, le métal me glace les doigts. Je roule sur moi même dans un geste dont je ne me serais pas cru capable. Des images de films d'actions me reviennent à l'esprit. Je décharge l'arme, deux silhouettes tombent. La dernière se trouve en face de moi. J'appuie sur la détente à bout portant. Le propriétaire de l'arme s'écroule. Moi aussi. Mes jambes ne me portent plus. Je pose ma main sur la plaie entre mes côtes.

J'entend résonner dans mes oreilles le son métallique de l'acier contre le bitume de la rue. Le sang pulse dans mes oreilles, le battement de mon coeur affolé m'assourdit... J'ai vaguement conscience de personnes autour de moi. Mais une seule question me vient à l'esprit... Pourquoi... la Lune devient-elle... plus sombre ?...
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MessageSujet: Re: Textes d'aar   Textes d'aar Icon_minitimeLun 25 Aoû - 2:24

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« Pourrais je parler à Alb Izvorul ?
-Sois-même.
-Ah ! Salut, Alb. Comment ça va mal ? »

Alb poussa un soupir qui résonna dans le combiné avec un bruit de tempête. Toujours ces petites piques. Même sans avoir reconnu la voix de Dorna, il reconnaissait son humour. Ou du moins ce qu’elle essayait de faire passer comme tel. Quoi que de la part de son ex-femme, cela pouvait aussi ne pas être de l’humour. Des deux solutions, il ignorait laquelle il préférait.

Ce qu’il aurait bien voulu en revanche, c’était raccrocher. Ne plus entendre sa voix de crécelle qui l’avait tant exaspéré au cours de quatre longues années. Rien que de l’entendre une nouvelle fois, des frissons parcouraient son échine. Il sentait ses écailles se hérisser le long de la colonne vertébrale tandis que de trop jeunes souvenirs lui revenaient en mémoire…

« Chéri, va descendre les poubelles !»,
« Chéri, arrête de jouer à ces jeux imbéciles !»
« Chéri, tu sais que le médecin t’a déconseillé la bière !»
« Chéri, va augmenter le taux d’ozone de la maison !»,
« Chéri, il faudrait réparer le lavabo ! »
« Alb ! Il faut que tu garde Xy, ce week end !
- QUOI ?

Alb avait été tellement surpris de sortir de ses désagréables souvenirs par une nouvelle encore plus désagréable qu’il n’avait pu s’empêcher de hurler dans l’appareil. A l’écran, il vit son ex-femme écarter douloureusement le téléphone de son oreille.

« Quoi ?... » avait-il répété faiblement, avec le reste de souffle qui lui restait.

La nouvelle le laissait complètement ébahi. Il en avait d’ailleurs la respiration coupée et il lui semblait que ses tentacules inférieurs venaient soudainement de se transformer en coton. Il s’affala dans le fauteuil qui se trouvait heureusement derrière lui. Petit à petit, son cerveau se remettait à fonctionner.

Mais comment ? Pourquoi ? Pourquoi avait-elle décidé cela ? Elle avait dû le sentir car elle expliqua en prenant un autre ton. Un ton de maîtresse qui désespérait d’apprendre le B A BA à un mioche attardé. Un ton qui lui faisait serrer les dents de rage et qui l’exaspérait toujours au plus haut point tout en lui enlevant tous ses moyens. Un ton qu’il aurait tant voulu savoir prendre et qu’elle employait toujours avec la plus grande facilité l’exaspérant encore plus :

« J’aurais bien voulu faire autrement mais j’ai malheureusement tout essayé ! Il n’y a aucun baby sitter dans la ville, j’ai demandé à mes amies, aux voisins, à Matashydi, le gérant du mini market, au pasteur et au vieux fou qui vit dans la vieille baraque au coin de la rue. Personne n’a voulu le garder. Donc, je t’amène Xy pour ce week end. Je suis chez toi dans deux heures. Profite en pour désinfecter la poubelle qui te sert d’appartement, je n’ai pas envie que MON fils chope le tétanos en jouant dans ton taudis personnel ! »

A son oreille, une tonalité monotone s’ensuivit. Elle avait raccroché. Ses tentacules étant toujours aussi mou, il se laissa à penser. Comme d’habitude, elle décidait et lui, lui… Lui devait toujours obéir. Qu’il le veuille ou non, qu’il essaya de lui résister ou non, il en finissait toujours à faire se qu’elle voulait. Et même depuis tout ce temps, rien n’avait changé. Dès qu’il l’entendait, il se sentait tout à la fois énervé, exaspéré et complètement démuni...

Il se demandait comment il l'avait aimé, comment avait-il pu l'aimer... Ces questions lui semblaient toujours sans réponse. Ses souvenirs lui rapellaient les week ends heureux au bord de la rivière. Il se revoyait lézarder ensemble sur la rive à faire sécher l'eau rouge à discuter de tout et de rien juste pour entendre le son de leurs voix. Il se souvenait aussi de ses long moments de silence où la communion étaient telle que les paroles étaient superflues que la rpésence de l'Autre suffisait.

Puis, doucement, la situation s'était mise à glisser comme les gouttes qui séchaient sur leurs écailles. Tout d'abord, il avait cru que cela passerait. Il croyait que les sautes d'humeurs, les brimades, les cris, les mouvements de colère n'étaient qu'une conséquence de sa grossesse. Mais, même après l'arrivée de Xy, cela avait continué. Les paroles s'étaient faites plus acides, l'incompréhension s'était creusée.

Finalement le dernier coup de pelle au gouffre qui les séparaient désormais était venue par l'intermédiaire de la Mante de la Séparation. Il lui avait tendu l'acte de divorce immédiat qu'il avait signé d'une tentacule tremblante. Il n'avait pas revu Xy depuis ce jour alors que la porte de l'appartement se refermait derrière lui et ce qui avait été sa femme.

La stridente sonnerie de la porte d'entrée déchira ces souvenirs comme un point final eut ponctué un texte. Il regarda dans l'aquarium pour lire l'heure. Deux heures déjà s'étaient passé. Que le temps passait vite. Une seconde sonnerie vrilla dans l'air. Deux secondes à peine s'étaient passée. Que sa patience passait vite ! Il se leva partagé entre le désir d'aller vite pour arrêter cette sonnerie qui retentissait de nouveau et ne pas aller ouvrir du tout pour ne pas avoir à la voir encore une fois.

La porte s'ouvrit. Après une seconde où ils se dévisagèrent mutuellement, elle lui colla un sac dans les tentacules avant de tourner le dos et de dire d'une voix aigre qu'elle reviendrait à la sixième heure dans deux jours. Alb baissa la tête et posa pour la première fois depuis tout ce temps les yeux sur son fils.

Il restait là, intimidé sur le palier, à tortiller ses tentacules de gêne en attendant de savoir quoi faire. Sans le quitter des yeux, Alb recula d'un pas pour le laisser entrer. Son fils s'avança précautionneusement, toujours effarouché. Alb le regardait, se rendant tout à coup compte qu'il ne l'avait plus vu depuis tout ce temps, qu'il ne l'avait plus entendu depuis tout ce temps, que son fils était un étranger à ses yeux. Qu'est ce qu'on peut bien faire pendant deux jours avec un étranger ?

Alb se dirigea vers le réfrigateur, l'ouvrit et se plongea dedans.

"Alors Xy, ca te fait quel âge maintenant ? Tu as quoi ? Trois ans, quatre ans ?" demanda t-il.
-Non, Papa. J'ai eu sept ans le mois dernier.
-Sept ans ? Que le temps passe vite !" répondit il en ne sortant qu'une seule bière du frigo.
-Dis moi, pourquoi t'as des jeux ici ? C'est pour les enfants. Et pourquoi c'est aussi sale ? Et pourquoi le taux d'ozone est aussi faible ? Je veux rentrer à la maison."

Alb poussa de nouveau un long soupir. Que le week end serait long.
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MessageSujet: Re: Textes d'aar   Textes d'aar Icon_minitimeLun 25 Aoû - 2:29

POST TEST

Spoiler:

La portière de la voiture claqua. Si ce bruit sourd ne résonna pas beaucoup dans ses oreilles, il fit longtemps vibrer son coeur. La voiture était encore arrêtée, l'habitacle déjà chauffé par ce soleil de Juin, ses bagages dans le coffre et la porte d'entrée fermée. Le sourire qui ornait depuis un certain moment déjà le visage de Sean s'agrandit. C'était étrangement ces minutes de transition qui étaient les plus délectables. Les vacances n'étaient pas encore démarrées et le travail pas encore arrêté. Un grand moment d'incertitude et d'excitation sans fin. Il se sentait submergé par le même sentiment qu'un enfant au pied du sapin : partagé entre l'excitation de l'attente et le désir de voir ce qu'il y avait sous le papier multicolore.

"N'est ce pas, Bidule-Doodeul, qu'on va bien s'amuser sur Recta VI ? Apprécie donc moi cet instant ! Ah, je me demande bien ce que je vais pouvoir trouver là bas. La brochure disait que c'était rempli de naïades. Hé, hé ! A moi les petites poulettes !"

Tout en disant cela, Sean s'était penché vers la boite à gant pour en sortir le module de copilotage. Voyons... Quelle route fallait-il emprunter ? Partir du 4, avenue de ? Oui, bon ça, il savait où il habitait ! Rha la la ! Mais pour qui les prenaient-ils ces constructeurs ? Il n'était pas un abruti fini non plus ! Sean se força à ne pas s'énerver. Après tout, c'était bien les vacances, non ? Pas de stress, zen. Voilà quel serait le parfait mot d'ordre de ces quinze jours de repos. Sean jeta un rapide coup d'oeil à sa montre et eut soudain l'estomac qui se nouait.

S'il voulait éviter les embouteillages sur l'autoroute spatiale, il fallait qu'il parte maintenant. Ainsi, d'un tour de poignet entraîné, il enclencha le starter de sa voiture. Cette carcasse de métal se mit à vibrer brutalement ce qui n'eut pour d'autre conséquence que de faire choir Bidule-Doodeul, la plante verte de Sean. Ce dernier s'empressa de la ramasser et de la reposer sur le siège en cuir de phoque tout en lui marmonnant des excuses et commença sa route.

Si Sean n'était pas animiste, il aimait profondément sa plante verte. Il l'aimait en attendant d'en trouver d'autres, de belles plantes. Chose qu'il espérait bien faire sur Recta VI, le paradis des âmes libres ! Interdit aux couples. Oh ! Bien sur, certains couples venaient là bas, mais ceux-là avaient toujours des vocations échangistes. Cependant, ils étaient assez mal vus car ils faussaient le jeu : le but étaient de venir seul et de repartir en couple. Ceux qui venaient en couple ôtaient des chances de rencontres définitives aux cent pour cent pur célibataires.

Dans un sourire, Sean termina ses pensées en se demandant s'il pouvait jamais être considéré comme un couple, avec Bidule-Doodeul. Juste avant de lâcher un juron à faire rougir la plus aguerrie des péripatéticiennes de Luna-Vénus. Il pesta de longues minutes contre ces fous en vaisseaux décapotables qui se croyaient tout permis parce qu'ils avaient suffisamment d'argent pour corrompre tout spatio-agent qui aurait le courage de les arrêter. Mais que faisaient donc les politiciens ?

"Hein, Bidule-Doodeul, t'as vu ça ? Hein ? Et à quoi ils servent nos impôts ? Ils pourraient au moins arrêter les dangers publics ! Et on se demande pourquoi il y a tant de tués sur les spatio-routes ! Mais bon... Zennnnnnn, on a dit ! " lâcha-t-il dans un grand soupir découragé.

Il jeta un coup d'oeil à l'horloge du tableau de bord. Cela faisait bientôt trois heures qu'il avait quitté son appartement. Trois heures qu'il conversait en monologue avec sa plante verte, trois heures qu'il écoutait les informations et de la musique classique par intermittence et trois heures qui ne lui donnaient plus qu'une envie : se bouger le postérieur. Ces sièges option cuir avaient beau être confortables, il se prit à rêver d'avoir pu se payer le voyage en téléporteur. Mais les temps étaient durs et on ne pouvait pas tout s'offrir.

De plus, il avait besoin de faire le plein d'hydrogène. Il serait bientôt à sec si cela continuait comme cela. Et en plus, il était bientôt midi ! Trois bonnes raisons de s'arrêter pour se délasser de trois heures de route interminable. Il actionna son clignotant et s'engagea dans l'aire de spatio-autoroute. Il se gara rapidement en effectuant un créneau qui le remplit de fierté et le conduisit à abreuver sa plante d'un flot de paroles joyeuses.

Il s'extirpa avec le plus grand soulagement de l'habitacle, laissant Bidule-Doodeul tout seul, et glissa sa carte dans le robot pompe avant de partir vers le magasin de l'aire. Il y acheta un chewing gum nourrissant goût avocat-rosbif-glace à la fraise et se dirigea nonchalamment vers le module de repos "ambiance campagnarde".

Dès qu'il y entra, un vent frais souleva ses cheveux blonds et remplit ses poumons d'une énergie nouvelle. Il s'avança donc en marchant gaiement et en appréciant le moment qu'il passait. Finalement, plus de trois mille ans après, la célèbre maxime "Carpe Diem" était toujours d'actualité. Il sentait dans sa bouche la saveur du rosbif accompagné de son gratin de pomme de terre martienne. Un des plats qu'il préférait. Cette idée, le vent, la satiété et des jambes délassées le rendirent encore plus guilleret qu'il n'était déjà.

Il n'avait plus qu'une envie cependant : s'allonger deux minutes et faire une petite sieste. Il réglerait sa montre pour qu'elle le réveille après vingt minutes du bon sommeil de loir qu'il affectionnait tout particulièrement. Il jeta donc un coup d'oeil tout autour de lui et se dirigea vers des herbes hautes qui lui feraient un matelas des plus confortables.

Alors qu'il se rapprochait ainsi, il aperçu une espèce de grosse larve étendue dans SES herbes. Non seulement cela ne le contentait que peu mais en plus, c'était un mauvais présage : s'il s'agissait d'une larve, il faudrait qu'il prévienne les autorités pour qu'ils viennent la tuer et faire une mission de prévention et de vérification dans les alentours. Dans un soupir contrarié, il s'approcha tout de même. S'il partait sans rien dire et qu'il était repéré, il en aurait pour trois mois de prison.

Prudemment, sans un bruit, digne des plus grands chasseurs de mammouths d'antan, Sean vint au plus près de la larve suspecte. Puis soudain, alors qu'il écartait les dernières herbes, il éclata d'un grand rire qui fit sursauter la créature. Secoué par l'hilarité, le jeune homme ne put rien faire d'autre que de s'affaisser doucement dans les herbes en se tenant les côtes et en essayant tant bien que mal que d'expliquer ses manières :

"Ex...Excusez moa-ha ha ha HA HA HA ! Je, jeuh heu heu vous ai pris pour GLUARP ?"

Son hilarité fut stoppée net par son chewing gum nourrissant qu'il venait malencontreusement d'avaler. En toussant et en se tenant la gorge d'une main, il fit de grand gestes à son interlocuteur afin qu'il l'aide à ne pas mourir d'asphyxie.


[spoiler]
Euh, que dire ?

...
.....
........
J'adooooore !

Tu voudrais pas devenir écrivain de SF par hasard ? Parce que tu devrais, c'est excellent ! Je n'y trouve rien à redire, et, ça, c'est ce que j'appelle de l'imagination !
Bon, en fait, il y a juste la fin qui est légèrement confuse avec cette phrase : "Puis soudain, alors qu'il écartait les dernières herbes, il éclata d'un grand rire qui fit sursauter la créature." La transition entre le fait qu'il écarte les herbes et éclate de rire laisse un chtit brin sceptique, bien qu'on devine... M'enfin c'était juste pour avoir quelque chose à dire. T.T

Niveau 3, la question ne se pose pas !


_-_-_-_-_-
niveau trois aussi, bien sur....


juste, d'habitude on nous fait des phrases de 10lignes, et là tu nous mets trop de points à mon gout XD
comment ça je ne suis jamais contente ? Surprised

Bravo.
-_-_-_-_-_-_-
J'aime pas la SF ><

Mais j'adore ton post !!

Incroyable de finesse et d'invention... On se fond dans le monde petit à petit avec une surprise mêlée à de l'émerveillement... Et je ne parle pas des nombreuses pointes d'humour (je suis déjà archi-fan de Bidule-Dooldeuh ). Tu as une imagination impressionnante et tu manies la langue française avec une virtuosité incroyable.

Bref, j'adore, j'aime, je suis fan, je trouve ça terrible, on peut le mettre niveau 5 ? :p

Bon... Ca sera un niveau 3 alors, mais un grand niveau 3 ^^

-_-_-_-_-_-_-_-
[je me souviens qu'il avaient ensuite discuté de la création d'un niveau 4 XD]
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MessageSujet: Re: Textes d'aar   Textes d'aar Icon_minitimeMer 27 Aoû - 15:13

Spoiler:

Ca y est. Je n’entends plus de bruit. Ils sont loin. Enfin ! Je les ais semé. Coup de chance d’ailleurs : le sol s’est dérobé sous mes pieds, la plaque d’égout a cédé au moment où je passais dessus. J’ose esquisser un soupir de soulagement et je me raidis de nouveau. Un bruit. Puis un autre. Encore et encore. Je crois à des pas lorsque je me rends compte qu’il n’y a eu que douze coups. Douze ! Minuit. Comment le bruit d’une cloche peut-il parvenir jusqu’à l’endroit sordide où je me tiens ? Je l’ignore décidemment. Etrange soirée. Les battements de mon cœur font écho à ceux de la cloche. Je reste encore adossé à la paroi. Mes jambes tremblent encore. Je regarde autour de moi. Trop occupée à chercher à échapper à ces types, je n’ai pas vraiment pris le temps de contempler les environs.

Je remarque pour la première fois que je suis dans les égouts, sans lumière. Pourtant les boyaux sont faiblement éclairés. Qui eut cru que les égouts de Londres seraient éclairés par ces sortes de lampes comme celles qu’on voit dans les cinémas pour indiquer la sortie de secours ? Certainement pas moi et pourtant elles sont là, projetant cette lumière aussi sale que ce qu’elle éclaire. La puissance de ces ampoules est réduite au minimum, faisant ressembler ce couloir à une chenille à poids jaunes, laissant de larges zones d’ombre. Un mouvement attire mon attention : sous un des luminaires, je vois un insecte passer. C’est le contraste entre sa carapace et le mur qui me font remarquer cela : le béton suinte d’humidité. Je comprends tout à coup que ce n’est pas que ma peur passée qui me fait frissonner. L’humidité s’est alliée avec un courant d’air pour me glacer jusqu’aux os. Pourtant, je remarque qu’il ne fait pas si froid pour un soir d’hiver. Peut-être parce que nous sommes dans les entrailles de la terre. Je resserre mon manteau et décide de me mettre en marche.

Le sol sur lequel je marche est inégal. Le béton était plan à l’origine mais les années d’utilisation ont rendu le sol fissuré plein de petits trous dans lequel s’enfoncent mes talons et me torde traîtreusement les chevilles. La robe de soirée et les talons aiguilles ne sont pas idéals pour se promener dans des lieux aussi sordides. J’entends soudain comme une plainte, un long gémissement de douleur. Je frissonne malgré moi. Je suis presque à croire qu’il y a un fantôme qui rôde dans ces tunnels. J’aurais voulu rester cartésienne mais le couinement soudain d’un rat qui passe devant moi me fait sursauter et je tombe sur le sol. Mon talon s’est encore pris dans une ornière. J’étouffe un sanglot. Il fait froid, il est plus de minuit et je suis définitivement perdue. Moi qui me vantait de connaître Londres comme ma poche !

Il y avait eu un couinement. J’en entends un second, puis un troisième suive d’autres encore. Je lève les yeux et regarde plus loin devant moi. Les lumières ont grillés ou n’ont pas été installées. Il faut que je fasse demi-tour. Pourquoi ne m’en suis-je pas rendu compte plus tôt ? Les cris aigus se rapprochent. Soudain, je me raidis : deux lueurs rouges, d’un rouge sanguinaire sont apparues à quelques mètres. Un couinement. Deux autres paires d’yeux apparaissent. Je veux voir. Je sais ce que c’est mais je veux voir, faire fuir cette obscurité qui se voile devant moi. En tremblant, je plonge ma main dans mon sac et remercie le ciel de n’avoir pas cessé de fumer. Je lève le poing et le briquet projette alors une lueur si vive que je suis obligée de cligner des yeux. Mais je les rouvre de terreur ! Les rats ! Des dizaines de rats. Le poil humide, le regard mauvais et la canine avide, des rats plus gros que ce que je n’aurais jamais pu imaginer ! Certains d’entre eux font bien trois mètres et la sauvagerie la plus profonde émane d’eux. Je me rends soudain compte que petit à petit, ils se rapprochent de moi. Terrifiée, je me lève et cours à perdre haleine.

Lorsque je reprends finalement mes esprits, je sais encore moins où je suis. Désormais à mes pieds court un gros ruisseau charriant les immondices les plus divers et surtout une odeur qui donne la nausée. Je vois passer un pigeon crevé suivit par une colonne de moucheron. Près de l’aile, les plumes ont disparue, je vois la rougeur des chairs et le frétillement de gros vers blanc et dodus. Les senteurs de la putréfaction m’achèvent. Je me penche en avant et vomit mes tripes, tâchant ce qui reste de ma robe de soirée. Je m’essuie la bouche du revers de ma manche : dans ma fuite, j’ai perdu mon briquet et mon sac. Il ne me reste plus que mes vêtements. J’entends à nouveau des coups, de nouveau je comprends qu’il s’agit de la cloche. J’essaie de compter, perds le rythme. Quelle heure est-il ? Je suis fatiguée. J’ai faim. Je reprends ma marche gauchement. Je suis à peu près certaine que celui fait plus d’une journée que je marche.

Mes talons claquent et résonnent dans les boyaux de béton humide. Ce bruit m’assourdit et m’hypnotise, me fait marcher encore et encore, comme un hymne guerrier fait marcher les soldats. Puis le bruit disparaît. Je ne comprends plus très bien. Je sens ma joue froide. Le sol est aussi froid que les murs sont humides. Je suis tombée. Je sens le courant d’eau glacée le long de mes doigts. Des petits objets se cognent contre ma peau. Une bouteille de plastique est arrêtée dans sa nage. J’essaie de bouger en vain. La lumière faiblit. J’entends le cri des rats qui se rapprochent. Finalement, je me suis trompée. Je n’ai pas réussi à semer mon poursuivant : la Mort approche.
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MessageSujet: Re: Textes d'aar   Textes d'aar Icon_minitimeSam 13 Déc - 10:42

Spoiler:

J’ouvre doucement les yeux et ne voit pas davantage l’univers qui m’entoure. Il doit faire noir. Le matin n’a pas dû se lever encore. Je peux me rendormir en attendant que mon réveil sonne. Une autre dure journée de guerre quotidienne m’attend demain, je devrais en profiter pour me reposer. J’ai quelques heures pour laisser de côté mon devoir et ne penser qu’à mon repos. Je ferme les yeux s’en avoir bougé un muscle. Ma position est confortable comme cela, la lassitude a dû s’emparer de moi, je n’ai aucune envie de me mouvoir, juste dormir, encore un peu jusqu’à plus soif, jusqu’à oublier les responsabilités qui m’attendent. Dormir…

Pourtant plus je désire le sommeil plus il s’échappe, s’envole loin de moi. J’ai beau le voir devant mes yeux, comme un papillon bleuté, je tends la main, il s’envole. Il s’envole, se met devant le soleil, je ne distingue plus que sa forme générale, tout devient trouble. Une mauvaise sensation, un étrange pressentiment m’empêche de me reposer. Comme une main qui m’agrippe et qui essaie de m’arracher la colonne vertébrale. Comme la flamme d’une torche qui se promène sur la chair à vif de mon cerveau. Je ne comprends pas. J’ai l’impression de flotter entre les deux flots d’un fleuve. Je suis bercé par les vagues, je m’étouffe sans suffoquer, j’ai mal sans souffrir. Tant de sensations étranges.

« Que se passe-t-il ? »

J’ai murmuré cela dans un souffle inaudible. Comme pour répondre à ma demande, le papillon sommeil cesse soudain de s’envoler dans les lumineuses ténèbres du soleil. Je le vois s’arrêter et tourner la tête vers moi. Une tête sans yeux munie de dents acérées qui s’entrouvrent dans un sourire gargantuesque. Ses antennes se replient sur elles-mêmes, se rétractent et disparaissent dans sa tête. Les ailes violettes s’atrophient, l’insecte me fascine, je suis incapable de détacher mes yeux de lui, je n’avais jamais vu une telle métamorphose avant. Ses pattes se transforment elles aussi, elles diminuent, diminuent encore jusqu’à n’être plus qu’une illusion, un souvenir dont on se demande s’il a été réel. Sans pattes ni ailes, le papillon n’est à nouveau plus qu’une chenille qui descend doucement dans l’éther invisible, qui s’éloigne du ciel pour revenir dans les tréfonds de la terre. Au fur et à mesure que l’insecte se rapproche, il perd sa teinte foncée pour devenir blanc. Il commence à exsuder un liquide transparent qui coule, qui tombe au sol plus vite que la chenille n’est redevenue larve. Je m’attends à tout instant à sentir ce liquide gluant sur mon torse mais je reste fasciné par cette tête aveugle et répugnante qui se met à bouger dans tous les sens comme pour tâter, analyser, échographier l’environnement extérieur.

Je suis toujours la larve des yeux, à force de tomber comme cela, elle ne va pas tarder à me toucher. Je vais ressentir son contact poisseux dans quelques secondes. Mais plus elle tombe, plus une question retentit à mon esprit : que se passe t-il ? Elle ne s’arrête pas sur ma peau, il n’y a plus de peau, que des lambeaux de chair. Le ver tombe sur l’un d’eux, une bouche apparaît et commence à grignoter ce morceau de viande d’une puanteur intenable. Un autre asticot vint rejoindre le premier puis tout un troupeau s’approche et commence à dévorer cette enveloppe mortelle. Petit à petit, les vers s’éloignent et s’écarte pour laisser apparaître une longue tige blanche. Un os. Un os qui porte une marque de fracture très caractéristique. Mon os !

Que se passe-t-il ?

Ce mauvais rêve n’en est-il pas un ? Pourquoi est-ce que je ne ressens plus aucune douleur ? Pourquoi est-ce que je me sens flotter sur une planche de bois, pourquoi tous ces vers autour de moi, pourquoi le soleil ne se lève t-il pas ? Pourquoi la lune est-elle revenue en déchirant le sol laissant un gouffre hurlant les exhalaisons de la mort et la déchéance ? Pourquoi ne réussis-je pas à me réveiller, pourquoi aucun son ne sort de ma gorge lorsque je hurle ma terreur ?

J’essaie de bouger, mes mains grattent le chêne, les ongles crissent sur le bois qui s’effrite. Depuis combien de temps suis-je ici ? Au secours ! Que se passe t-il ? Je vois le papillon ver approcher de mon œil, je vois ses dents acérées déchirer cette chair putride, arracher la paupière puis entamer la cornée. Au secours !

Mes yeux sont dévorés maintenant, ma terreur s’est transformée en une sorte de transe d’indifférence. Je sens les vers rentrer par mes yeux, rentrer par mon nez s’attaquer à mon cerveau, je sens ces bêtes qui grouillent à dévorer mon cadavre inerte. Je n’arrive plus à parler. Je sens mon cerveau grignoté morceau par morceau, neurone par neurone, chacun étant violemment tiré, déchiré, arraché du reste, mâché et digéré par ces larves blanches et gluantes. Finalement, le dernier morceau est épuisé.

J’ai l’impression d’à nouveau renaître. Pourtant, je sais que je suis mort, je me sens même plus cadavérique que jamais, je me vois sans me voir, je sais que mes yeux ont été dévorés laissant des orbites vides contemplant l’infini de l’après vie. Je sais que les vers s’attaquent à transformer chaque morceau de ma tête en un crâne osseux, à nettoyer les derniers morceaux pour que ma dépouille ne soit plus qu’un squelette rutilant. Je sais tout cela mais je me sens revivre et je veux le vérifier. Je lève ma main sur mon visage. Et je bouge, ma main bouge suivie de mon bras, je bouge comme je n’avais jamais pu bouger depuis le début de ce cauchemar, de cet enfer, depuis le début de cette nouvelle réalité.

Je bouge, je ressens, mes muscles fonctionnent à nouveau. Je lève ma main devant mes yeux et l’explication se fait d’elle-même. Une forme blanchâtre, éthérée passe devant ma vue. Lorsque je bouge ma substance laisse comme un fin filet de vent derrière. Je me sens plus lourd mais plus immatériel que jamais. Pourtant tout marche, mes cinq sens sont de retour. Je revois, je sens, je touche, je goûte et j’entends. J’entends cette mélopée qui semble venir de l’ailleurs mais qui pourtant se rapproche de plus en plus finement, de plus en plus distinctement. Ce chant n’était qu’un murmure, il devient parole et se termine cri. Je porte mes mains de fantôme à mes oreilles en grimaçant de douleur. Je me sens tiré vers le haut, emporté vers les cieux. Mon âme s’arrache de mes restes dans une souffrance innommable. Que se passe-t-il ?

La lumière vacillante m’éblouit, j’essaie de me protéger de cette lueur avec mes bras translucides, en vain. J’attends un peu que mes yeux s’habituent à l’Extérieur de mon cercueil. Je me demandais ce qu’il se passait là-dedans mais je désire y retourner. Aussi étrange que cela était, je m’y sentais bien, en paix. Ne peut-on me laisser reposer ? Que me veut-on ? Une voix s’élève. Je la reconnais.

« Alors général ? Je vous avais dit que vous seriez mon ennemi pour l’éternité. Que vous ne connaîtriez jamais le repos tant que JE serais en vie. Votre mort inopinée ne change rien à la donne.»

L’air me manque à cette révélation. Pourtant, cela fait longtemps que plus aucun souffle ne parcourt mes bronches. Je veux m’approcher, le frapper, me venger ! Mon poing traverse sa figure, un rire vainqueur retentit dans l’infini de la nuit. Ce n’est pas le mien. Je sais enfin ce qu’il se passe. J’ai perdu la vie. Il vient de gagner ma mort.

Spoiler:


Dernière édition par Arnaud de fontainebleau le Dim 11 Jan - 9:45, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Textes d'aar   Textes d'aar Icon_minitimeMar 6 Jan - 13:57

Spoiler:


Ca y est. Le grand jour est venu. Si j’avais la tête à faire plus d’ironie, je me rattraperais et annoncerais plutôt qu’il s’agit de la grande nuit. Une nuit qui sera plus longue que tout ce que j’aurais pu trouver aux pôles. Mais je n’ai pas envie de faire de l’ironie, je n’ai pas le cœur suffisamment remplit : il est vide, tout comme moi. Je me sens vide. Est-ce que j’aurais pu être autre chose en ce moment ? Je ne sais pas mais je suis aussi rempli de vide que la nuit n’est pas remplie de lumière. Je sens le bout de mes doigts crispés sur ce lit. Je sens sous ma peau qu’il y a une fine protection de papier à usage unique, je sens que la matière qu’il recouvre partiellement est du plastique, je sais que ce dernier est noir. Aussi noir que le reste de ma vie, aussi noir que le reste de me vue. Je sens aussi que je suis assis sur ce lit, je ressens sur la peau de mes cuisses le poids du reste de mon corps. Je sens tout cela mais ce n’est plus en ce moment qu’une enveloppe vide. Sous cette forme qui n’est plus vraiment moi, je me sens flotter en apesanteur, détaché de ce corps qui me trahit, mais pourtant emprisonné dedans. Mes pensées se mélangent aux sentiments, je suis hors de la réalité, aux frontières de l’univers qui sera bientôt mien. Mon cerveau me picote à l’arrière. Il est une partie de moi-même qui flotte à mes côtés hors de la gravité. Hors de la gravité de la Chose. J’essaie de m’en écarter, de ne pas penser à cela mais tout y revient. Je ne me sens pas respirer, j’ai l’impression d’avoir des vertiges. Ce n’est pas faux, je tombe continuellement dans l’infini de l’espace.

Mes pensées tantôt se forment, grandissent puis disparaissent plus vite que ne pourrait le faire la lumière elle-même. Tantôt, elles s’arrêtent comme si un autre moi-même m’ordonnait soudainement de sortir de cet état. Mais je ne puis rien faire d’autre que d’entendre. Je n’ai pas la force d’écouter et je ne peux plus faire le reste. J’entends ces voix qui travaillent étouffées par le bruit des murs, j’entends un brouhaha constant, un signe d’intense activité. J’entends le bruit de la vie et je retourne à mes pensées. Je fuis dans mon esprit afin de me torturer moi-même. La vie semble s’être arrêté là pour moi. Je fuis cette joie que j’ai connue, je les jalouses. Alors que depuis six mois, je m’efforçais de me résigner, d’accepter les faits et de m’y préparer au mieux, aujourd’hui, je réalise que je me mentais à moi-même.

Une porte qui claque me sort à peine de cette transe. Très loin, des pas résonnent. Des voix rompent ce pseudo silence. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai envie qu’il reste un espoir, j’ai envie qu’on me secoue, que j’émerge de cet infini plein de vide et que j’aperçoive le visage souriant de ma mère qui me réveille avec douceur. Il y a eut un petit silence. La voix reprend. Je la connais. Je l’ai si souvent rencontré depuis ces six derniers mois. Je sais qui c’est et sans écouter, je sais que le seul espoir a disparu. Je garde les paupières ouvertes. Une brûlure s’étend sur ma joue, puis une deuxième. Mes larmes roulent sans discontinuer. Une main s’abaisse paternellement sur mon bras. J’en aurais envie de vomir. Qu’elle parte. Qu’on me laisse seul. Les pas repartent. Je ne leur en suis pas plus gré. Je ne sais plus ce que je veux ou ce que je ne veux pas. Je ne sais pas pourquoi la seule partie encore fonctionnelle de mes yeux se manifeste. Je n’ai toujours pas bougé d’un seul centimètre depuis mon arrivée dans ce cabinet d’hôpital. Je ne sais pas quel temps cela fait. Comment pourrais-je lire une montre ?

Il faut croire pourtant que je reviens petit à petit sur ce pauvre monde sans couleur : mon cœur est maintenant remplit de larmes et celles de mes joues ne s’assèchent pas. Soudain un serrement. Je savais que j’allais vivre ainsi, aveugle, à cause de cette maladie. Mais maintenant, je le vis. J’avale ma salive. Je vis maintenant, je comprends, je ressens ce que je me disais, que je ne verrai plus jamais le visage d’un ami ou les couleurs d’un coucher de soleil, que je vivrais dans un couloir sans lumière. Et ce serrement, c’est ma peur qui se manifeste. Pour la première fois de ma vie, j’ai peur d’aller de l’avant. Dans qui me cognerai-je ? Quelle marche raterai-je ? Une marche… C’est tout mon escalier du paradis qui vient de s’effondrer, me revoyant dans les profondeurs de l’enfer. Un enfer de bruits, de goûts, d’odeurs et de contacts.

Qu’ai-je fait ? Qu’ai-je fais pour mériter cela ? Je n’étais pas croyant mais à cet instant, maintenant, je le suis. Seigneur, qu’ai-je fait ? Pourquoi ? Je ne comprends pas. Je n’ai pas tué ou volé. Je n’ai rien fait qui mérite cela. Pourquoi le noir de ce matin ? Pourquoi, lorsque j’ai ouvert les yeux, je n’étais pas réveillé, sensible aux couleurs ? Si je Te prie, me rendras-tu la vue ? Laisse moi devenir une de Tes brebis, pourquoi a-t-il fallu que tu me prives de lumière pour que je voie la Tienne ? Je me lève de ce lit de sky et je tombe à genoux, les mains jointes posées sur mon front, le torse soulevé par les pleurs bruyants que j’hurle. Les mots de mes cordes vocales ne sont que des cris, mes pensées ne sont qu’une prière. Seigneur, que veux-Tu que je fasse ? Comment veux-Tu que je continue ainsi ?

Des mains me relèvent. Je suis incapable de faire un mouvement pour me dégager. Je n’en ai pas la force, je n’en ai plus la force. Pendant six mois, je me suis préparé à ce matin, j’ai pris des cours, j’ai changé de chambre mais aujourd’hui tout s’écroule en morceaux. Ô mon Dieu Tout Puissant, je n’aurais pas la force de vivre. Et comment ? Je marche sans m’en rendre compte emporté par un contingent de personnel soignant. On m’allonge, on me drogue, on croit me calmer mais je suis au-delà. Ma douleur ne peut pas se soigner à coups de morphine. Mon esprit ralentit, ma prière aussi mais pas ma peine.

Je grelotte, j’ai froid. Je n’ai pas envie de bouger. On me recouvre d’un drap et on part. A nouveau, je me retrouve seul. Seul. Immensément seul. Mes larmes coulent encore. J’ai l’impression de manquer d’air. Je suis seul même si je sens la présence implicite de Celui dont je viens d’accepter l’existence. Je tends dans le vide une main qui retombe écrasée par le poids des calmants. Ma tête penche sur le côté, le menton posé contre mon épaule. Dans un tel sommeil, on ne croirait pas que je suis désormais aveugle.

~ La nuit est tombée. Une nuit infinie qui ne se rompra pas par ma mort. ~

Je ne sais qui m’a soufflé cette idée. Sans doute un archange qui est venu me chuchoter cela à l’oreille. Mais je me suis réveillé avec cette pensée. J’ai ouvert une paupière et la nuit continuait. La nuit infinie. Je m’assois sur ce lit, un vrai cette fois ci, sans enlever les draps. J’ai toujours froid mais mon cœur s’est calmé. Je repense à ce que j’ai pensé. J’avais eu envie de mourir. Je voulais mourir. Il fait noir. Suis-je mort ? Suis-je vivant ? Je me lève, contourne le lit et un grand choc me fait tomber à genoux, ma main s’est posée sur mon arcade dégoulinante de sang. Une larme s’y mêle mais n’est pas due à cette douleur physique. Une larme coule car je suis vivant.

Je détache ma main de mon front. Le sang s’arrêtera de couler s’il le veut. Je me fiche de tâcher le sol. Comment puis-je le voir ? Je me relève, cherchant du doigt la fenêtre entrouverte qui m’a agressée. Je l’écarte au maximum puis m’appuie au rebord. Je sens la chaleur du sang couler le long de ma joue et goutter. Je sens le vent entrer dans la pièce en me glaçant jusqu’aux os. Je ne suis plus le bienvenu en ce monde. Je m’appuie de plus en plus, je me penche au dehors, le plastique de l’encadrement me scie le ventre. Puis non. Je me redresse puis ferme doucement la fenêtre sans un bruit. Je me dirige vers l’opposé de la pièce, il faut qu’on soigne mon arcade. Ma mort ne changera rien à l’affaire : je serais encore dans la nuit. Dans la nuit jusqu’au jour du jugement dernier. Alors autant vivre. Je sais qu’au moins Un m’aidera. Alors autant vivre.
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MessageSujet: Re: Textes d'aar   Textes d'aar Icon_minitimeMar 17 Fév - 5:31

Spoiler:


Les ennemis sont là.

Devant moi. Je me dresse devant eux, en tête de la ligne de mes camarades. J'ai été le meilleur à l'entraînement, j'ai été le meilleur dans ma haine et dans ma crainte. Je suis l'excellence même. Je brandis mon arme au ciel, hurle un discours d'encouragement, de courage et d'espoir. Rien dans ma voix ne me trahit mais nous savons tous quel est le sentiment qui nous submerge à cet instant. La Peur. Dans toute sa beauté et sa splendeur. Je n'aurais jamais pu décrire celle-ci comme un sentiment beau. Surtout face à la force, la monstruosité de nos ennemis et à ce qu'ils représentent. Ce n'est pas un sentiment beau. Mais il est tellement pur, tellement limpide qu'il le devient. Il transcende tout mon être et étrangement, me ranime. Ma peur me terrifie, seule l'action et notre victoire ou notre mort la fera disparaître. Inspiré, je crie cette formule à mes hommes, à mes frères. Elles agissent comme un électrochoc et la réalité revient à nous. Les ennemis sont là, il faut les combattre.

Je fonce vers eux, cours avec mes camarades, les dépassent, ils sont trop lents, ils n'ont pas ma haine, ils n'ont pas ma peur. Peur de mourir sans gloire au combat, haine de voir ces êtres, ces monstres oser se dresser devant moi, devant toute la Confédération. Je vomis ces créatures et hurle un cri de rage, un cri de guerre. J'étends mon bras en signe de ralliement, j'entends derrière moi, le bruit des milliers d'exosquelettes s'entrechoquer, frapper le sol en un roulement qui s'entend des lieues à la ronde. Nous allons frapper, nous allons détruire, nous allons gagner.

Je cours, ils restent immobiles, le choc est inévitable. Je penche l'épaule et ma carcasse d'acier renverse l'une de ces bêtes qui osent nous défier. J'écrase sa tête avec la crosse de mon fusil. Une substance gélatineuse et verte est projetée sur mon armure, cachant mon matricule sous un amas puant. Mon insigne souillé, c'est ma race qui est défiée ! Ma rage me reprend. Je hurle à nouveau, je cris, je les vomis, ils vont sentir le poids de ma colère, la douleur de ma haine ! Je me retourne en un mouvement sec, le poing de mon exosquelette s'abat sur un morceau de carapace, j'appuie sur la détente. La gerbe est belle, on dirait un feu d'artifice de sang et de fumée.

Un camarade me crie une formule de mise en garde, je me penche instinctivement, je sens la carcasse qui m'emprisonne gémir, grincer sous les efforts que je lui inflige. Mon pied se tend en arrière, mes reins se tournent, le métal me suit, un corps vole et atterrit au milieu des lignes humaines. Quelques détonations entre d'autres surgissent à ce moment là. Cette cible est morte, abattue de trois ogives nucléaires. Mon fusil lance une autre de ces ogives en direction de la masse.

Leur grand nombre devient effrayant. On ne dirait plus qu'une mer monstrueuse, une houle qui se dirige vers nous. La menace est visible, une nouvelle fois la peur me prend aux tripes. J'attends ce moment depuis si longtemps. Je hurle, l'air qui s'en va porte ma peur avec lui. Mon arme se vide, les explosions se suivent. Nos mouvements sont surs chronométrés. Nos armes sont en manque de munitions au même moment. Nous rechargeons en courant vers eux à nouveau. Il faut les repousser, il faut gagner !

A nouveau, le corps à corps, à nouveau l'adrénaline chasse ma peur, l'habitude de l'entraînement reprend le dessus sur mon esprit qui se vide. Je vois les bras que commandent mes mains s'abattrent sur l'ennemi, des chairs sont broyées, des substances malodorantes dispersées. Les râles de l'ennemi s'élève de ce champ de bataille, les cris des humains se font plus hargneux, nous sentons que la victoire est proche. Je tire une nouvelle ogive, une tête explose dans un nuage de substance qui vient me recouvrir. Nous sommes tous recouverts par leurs fluides, leur sang et des morceaux de carapace chitineuse. Nos forces commencent à diminuer, l'adrénaline se retire, nous combattons depuis presque deux heures d'une sauvagerie innommable, d'une peur sans nom, d'un instinct qui ne disparaît jamais chez un homme qui n'est rien de plus qu'une bête. Nos forces faiblissent mais nous sommes à la moitié du champ de bataille. Nous avons quelques kilomètres de cadavres derrière nous, cadavres humains, cadavres de monstres.

Soudain, les ennemis s'arrêtent de bouger et se mettent à pousser un long chant mélodieux. Nous nous figeons un instant. Ce chant est un appel à la vie, un appel d'autant plus étrange que nous le ressentons dans nos tripes, d'autant plus étrange que ces créatures ont exterminés plus de la moitié de la vie humaine de la galaxie. C'est une ironie, c'est une moquerie. Je me sens insulté, bafoué, sali. Ma haine reprend, je veux les faire taire et j'avance un pas. Du moins, j'essaie. Je ne peux plus bouger, l'acier de notre exosquelette semble hors d'usage. Je force, rien ne se passe. Je suis bloqué dans l'uniforme de la confédération. Je lance un ordre. Je m'extirpe de l'exosquelette. Ils ne bougent plus, c'est le moment de lancer ces ogives. Je pose un pied par terre, dans le sang de mes amis tombés au combat, dans les déchets de ces monstres. Je dégage mon fusil de la main gigantesque de mon exosquelette et place sur mon épaule, sa taille n'est pas adaptée à la mienne. Je sais que mes camarades agissent comme moi maintenant. Nous sommes le dernier rempart humain contre l'invasion de la Terre.

Mes doigts tirent la gâchette. Un obus s'élance, je le vois se diriger contre une de ces masses monstrueuses. Je regarde le panache de fumée qui suit. Toute la scène semble être au ralenti. Les ennemis sont immobiles, je suis le premier de la première ligne, le projectile est le seul dans le ciel de cet astéroïde. Autour de moi, un silence assourdissant, tranchant sur les hurlements d'agonie, les cris de guerre. Je me sens comme flottant hors de mon corps, comme si j'étais autre. Soudain, l'Impact.

Un bruit, de la fumée, des éclaboussures, un mort de plus, un ennemi tombé de plus.

Je viens de me rendre compte que leur chant s'était arrêté. Il vient de reprendre : ou plutôt le cri de ma victime vient d'y mettre un point final. Le sol tremble soudain, comme pris d'une convulsion. Je regarde autour de moi, derrière moi, le sol est vivant ? La gangue verte de nos ennemis dispersée semble revivre, je regarde ce prodige, bouche bée, incapable de faire le moindre mouvement. Leurs fluides s'animent, forment maintenant d'espèces de limaces, d'algues vertes qui se dressent vers le ciel en un mouvement lent, inexpérimenté. Ces choses tâtent le terrain, découvrent et apprennent.

La peur me réveille, il y a un danger, je ne sais pas lequel. Je hurle, j'ordonne un repli général. Je cours mais nous nous sommes déjà fait piéger. Nous sommes tous recouverts des entrailles vivantes de l'ennemi. Son mouvement se fait soudain aussi rapide qu'un serpent qui mort. L'oxygène de mes poumons se fait déjà remplacé par cette gelée verte. J'étouffe, je porte la main à mon cou, me suicide un peu moi-même. Mes jambes s'affaissent, je tombe à genoux dans cette mer verte qui vient m'asphyxier. Je suffoque, prie pour un peu d'air et me noie.

Le dernier corps des Braves de la Terre s'affaisse, ponctuant cette bataille, cette guerre perdue, dans un bruit de succion. Derrière lui, un nouveau chant retentit. Un chant de mort.
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MessageSujet: Re: Textes d'aar   Textes d'aar Icon_minitimeVen 24 Juil - 15:27

http://tolkienmaster.deviantart.com/art/Findings-in-the-forest-gloom-129195734

Textes d'aar Texte_10

Des pas faisaient craquer le bois sec. Des fougères devaient s'écarter précipitamment sous le passage d'une créature bien plus grosse que l'écureuil aux oreilles pointues qui grignotait la plante quelques secondes avant. Il avait pourtant laissé place à d'autres oreilles pointues. Une elfe ! L'elfe courait dans la forêt sans autre but que celui de s'éloigner le plus vite possible de son village perché à la cîme des arbres.

Les quadrupèdes de la forêt la regardaient passer. Elle courait les yeux plein de larmes. ces larmes glissaient le long de ses joues pour tomber avec un bruit sourd sur la large capuche qui lui couvrait la tête. La forêt était froide en cette saison de l'année. Froide mais moins humide que ces larmes de peine. En la voyant, belle et digne dans cette cape bleutée, tous les habitants des lieux avait le coeur serré. Mais aucun ne suivit l'elfe pour la réconforter. Chacun avait d'autres problèmes : la recherche de la nourriture, la survie, échapper à leurs prédateurs et à la maladie. Chacun avait ses affaires et ne pouvait se permettre de soulager l'elfe gracieuse de sa douleur. Elle passait, laissant apercevoir des cheveux blonds et pâles comme un soleil timide puis s'évanouissait plus profondément vers le centre de la forêt. Son souvenir s'évanouit dans les mémoires des bêtes et l'écureuil revint ronger les feuilles de la fougère.

Pourtant, de son côté, l'elfe pleurait toujours. Mais petit à petit, son souffle se coupait, ses pas se firent plus lent, ses joues devinrent plus roses et ses yeux plus rouges. Au bout d'un moment, là où les arbres étaient si serrés que la lumière du jour n'y entrait pas par peur de se perdre, l'elfe stoppa sa course, serra les poings, leva la tête et éclata d'un nouveau sanglot sonore. Les feuilles frémirent devant tant de peine, la forêt se taisait, tout le monde écoutait. Mais soudain :

"Dis donc, la greluche ! Tu pourrais pas m'aider au lieu de chialer comme une madeleine ? J'paries tout c'que tu veux que ch'uis plus dans la chiasse que toi. Ouais, plus bas ! Regarde plus bas !"

La voix était faible comme si elle était lointaine mais suffisamment forte pour qu'on est l'impression qu'elle se trouvait tout près, à deux pas à peine. Sans aucun doute, on y entendait la colère et l'exaspération. Surprise dans sa douleur, l'elfe ravala les larmes qui lui montaient au nez, essuya celles qui lui coulaient des yeux et scruta à ses pieds. Une petite forme doucement brillante se trouvait non loin. On la distingait mal, trop brillante pour qu'on puisse bien discerner ses contours. L'elfe s'agenouilla près d'elle, n'osant faire d'autre geste. Maintenant qu'elle se trouvait plus près, elle pouvait voir une fée inextricablement emmêlée dans les fils collants d'une tisseuse de toile.

"Et alors ?!! Tu m'aides ou pas ?!!!'

L'ordre n'était pas dissimulé, la rage non plus. L'elfe se dépêcha d'obéir pour s'éviter d'autres foudres. La toile devait être celle d'une araignée magique. Dès que la fée se fut libérée, elle se retrouva immédiatement réparée et recouverte de rosée. Mais ce n'était pas ce petit miracle qui retenait l'attention de la bipède. La fée voletait au dessus de sa main tout en l'apostrophant rudement :

"Et bin ? T'en as mis du temps pour me libérer. T'es pas finaude toi ! Enfin bon, comme c'est la tradition, je vais t'accorder un voeu pour m'avoir aidé et sauvé la life. Alors qu'est-ce que tu voudrais ?
-Je suis désolée, madame la fée, mais je l'ignore complètement.
-Bin, ch'uis pas étonnée vu comment que t'es finaude comme bourgeoise. Bon, j'vais t'aider. Pourquoi tu chialais comme une madeleine moisie ?
-Les autres elfes se moquent de mon apparence.
-Encore heureux ! Mais t'as vu comment ton look est à vomir ? Et cette coupe ! Et ce maquillage ? Mais bon sang ! Même ma grand-mère était plus in que toi ! Bon, écoute ce que j'vais te dire, tu vas être la plus belle ! Tu incarneras THE class, tous te baverons aux lèvres et on te feras signer des contrats pour être à l'affiche de miss bois 2010 !"

L'elfe vint voleter au creux de l'oreille et chuchota quelque chose en cachant sa bouche d'un revers de main. Précaution bien inutile même l'elfe devait tendre l'oreille pour entendre. au bout de quelques instants, son visage peiné se transforma et un sourire vint approter la lumière à ces vieux arbres qui n'en avait pas vu depuis longtemps. L'elfe tendit la main et la fée vint taper dedans. Les deux filles, l'immense et la minuscule, se levèrent d'un commun accord et allèrent encore plus profondément dans les bois, là où l'odeur d'humus se faisait entêtant et là où les cerfs n'osaient plus mettre les sabots. Les deux filles rencontrèrent une petite rivière. Dans un même mouvement, les deux sautèrent par dessus et disparurent.



Quelques jours plus tard, dans le village natal de Blanche, les autres elfes se réunissaient. L'heure était grave. Les bois n'étaient-ils plus surs ? Les jeunes filles pouvaient-elles maintenant disparaître ainsi ? Les mères avaient peurs pour leurs filles, les pères se regardaient l'air sombre, la main sur la garde de l'épée. S'il fallait se battre, ils le feraient ! Mais contre qui ? Qui avaient bien pu enlever Blanche ? Cette enfant était douce, calme, certe un peu vieux jeu et souvent moquée mais tous ici bas l'aimaient. Ce fut alors, au beau milieu de la réunion, qu'on entendit :

"Alors les vieux ! Encore en train de divaguer pour des fraises ?"

Le silence se fit, les têtes se tournèrent vers l'épicentre de ces paroles insolentes. Une jeune fille, en mini jupe et talon se tenait déhanchée et jambes écartées devant le conseil. Elle avait le menton levé et regardait l'assemblé à travers de larges lunettes à verre fumés rose qui lui cahchait la moitié du visage. Une main aux ongles manucurés et peints avec des couleurs scintillantes était posée sur sa hanche tandis que l'autre bras, cassé en deux, supportait au creux du coude l'anse d'un sac clinquant et miniscule. Sur sa poitrine, un immense S doré barré d'une double barre se soulevait au rythme de sa respiration. Une large bulle verte sortit de sa bouche avant d'éclater dans un 'plop' qui rompit l'immobilité abasourdie des spectateurs en même temps que le silence. Les adultes s'indignaient. Quoi ? Notre douce Blanche transformée en dévergondée ! Ni plus ni moins qu'une péripatéticienne de basse extraction !

Les adultes fulminaient mais dans le fond, les jeunes s'attroupaient, la pointaient du doigt également mais sur leurs visages trônait l'admiration et la joie. La jeune elfe regarda à gauche derrière ses verres colorés et eut un sourire pour une tâche blanche qui pointait, elle le savait, un pouce levé. Le départ pour les tabloïds était là. Blanche prit sa respiration et avança en ondulant avec le charme d'un serpent exotique. Premier pas vers la célébrité.
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MessageSujet: Re: Textes d'aar   Textes d'aar Icon_minitimeSam 29 Jan - 8:01

Citation :
Tu en ras-le-bol de cette vie, c'est décidé : tu vas te suicider à coups de bain de bouche ! (Faut pas croire mais elles sont vicieuses ces bestioles-là...) Tu dévalises donc toutes les pharmacies du coin, t'enfermes dans ton appartement/ta maison et vide tous tes flacons les uns après les autres mais... Qui aurait dit que les bains de bouche avaient un pouvoir hallucinatoire ? Voilà que la vie que tu veux justement fuir te fait soudainement face pour... Ben pour quoi d'ailleurs ?

-Non, mademoiselle, si vous n'avez pas d'ordonnance, je ne peux pas vous fournir de la morphine.
-Mais ? Des somnifères alors ?
-Pas davantage, mademoiselle ! -s'énerva-t-il- Allez ailleurs, s'il vous plait et ne faites pas de bêtises ! Madame ? Vous désirez quelque chose ? -termina t-il en regardant par dessus son épaule l'ignorant délibérément.
-Et bin puisque c'est comme ça, je n'achèterai rien chez vous et puis vous ferez faillite ! Na !
-Aucun problème : je ne veux rien te vendre. Dehors !

Elle fit demi-tour, ses talons claquaient sur le sol carrelé. Ses hanches roulaient dévoilant la jeunesse de son corps et de ses charmes. Quelques clients de la pharmacie la suivirent du regard alors qu'elle claqua la porte derrière elle. Elle fouilla dans son sac à main rose croco la clef de sa décapotable. Elle ouvrit la porte et s'assit au volant. Il y eut un instant de calme, de silence absolu avant l'explosion de rage. Elle tapa sur le cuir des sièges, hurla de sa voix aigüe, fit couler son rimmel et se cassa un ongle. Cela la calma. Elle pensa à la manucure puis l'épisode lui revint en mémoire. Ses lèvres peintes se pincèrent à nouveau, son nez se plissa révélant une image bien loin de ce qu'elle cherchait habituellement à donner. Elle rouvrit la porte et revint vers la pharmacie. Le pharmacien la vit immédiatement arriver, son regard s'assombrit. L'adolescente sentit son regard sur son dos. Elle se pencha alors vers l'étagère du bas, laissant à son mini short le soin de faire découvrir ses fesses parfaitement bronzées et musclées. Elle aimait aguicher le monde pour les laisser frustrés. Alors qu'elle ne songeait qu'à son projet, elle ne pouvait s'empêcher d'agir comme elle l'avait toujours fait, comme elle avait toujours vécu. Elle retourna alors vers le comptoir, posa les multiples bouteilles qu'elle avait en main. Le pharmacien haussa un sourcil en regardant les produits.

-Du bain de bouche ?
-Que voulez-vous, mon brave ! -répondit-elle d'un ton condescendant- Nous autres devons avoir une parfaite hygiène bucco dentaire. Vous prenez la gold dans ce boui-boui, j'espère ?
-Veuillez faire votre code. -annonça le pharmacien d'une voix froide en lui jetant un regard assassin.

Elle ressortit avec les sacs en plastique qu'il lui avait fourni. Elle pesta contre ces bouteilles en verre trop lourde. Pourquoi n'y avait-il pas un service de voiturier comme tout centre commercial qui se respecte ? Elle enfourna ses achats dans le coffre avant de recommencer le même manège du bain de bouche dans plusieurs autres pharmacies des environs. Lorsque le coffre fut plein, elle retourna vers les hauteurs de Beverly Hills. Elle s'arrêta devant l'impressionnant porche d'une maison immense. Le personnel, à cette heure, travaillait en cuisine. Elle ne serait pas dérangée par les serviteurs. Elle écarta le chihuahua d'un coup de talon puis ferma la porte à clef. Elle se remaquilla, se changea, revêtit des vêtements qu'elle estimait plus digne d'un suicide. On pouvait se donner la mort mais au moins fallait-il se la donner avec classe. Ce n'était que cela qui nous séparait du bas peuple.

Elle déboucha la première bouteille. Si les microbes devaient mourir avec un gargarisme, elle pourrait mourir avec plusieurs bouteilles. Ce n'était qu'une question de quantité. Après la première gorgée, elle se passa la langue sur ses lèvres. Ce n'était pas mauvais. Lorsqu'elle passa à la troisième bouteille, elle rota bruyamment. Ce bruit la fit rire pendant quelques instants. La sixième bouteille fut plus dure à ouvrir. Il fallait avouer à sa défense qu'elle devait écarter les pygmées d'un revers de la main. Ils lui piquaient les doigts avec leurs fourchettes. Lorsqu'elle en écrasa un du pied, ils se dispersèrent un instant. Elle cria victoire et avala un peu d'autre du breuvage. Elle arrêta un instant en voyant ce qu'il se passait au sol. Le sang violet du mort commençait à bouillonner. Elle versa un peu du bain de bouche dessus pour arrêter les étincelles qui en sortaient. D'immenses flammes apparurent. Elle eut un sursaut de surprise et se rassura en avalant une autre gorgée. Des flammes, elle vit son chihuahua apparaître. Il étendit ses ailes et voleta autour de sa figure dardant sa langue de serpent sur elle et annonçant :

-On éteint pas des flammes avec de l'alcool à 96%, petite !

Elle lui jeta la bouteille vide en menaçant :

-Arrête ! Tu vas encore me démaquiller, sale bête !

Le chien évita le projectile et se mit à rire. A chaque rire, il grossissait un peu plus, devenant immense, gigantesque. Quand il rouvrit les yeux, ceux ci étaient remplis de flammes d'eau. Il commença à parler. A chaque mot, sa voix grondait comme le tonnerre, le feu remplissait la chambre de vapeur étouffante, asphyxiante. Elle toussa.

-Alors que je te suis si fidèle ! Mais laisse moi te le prouver. Je vais t'aider !

Il claqua des doigts, ses griffes projetèrent une étincelle, les portes de la chambres s'ouvrirent, les fenêtres aussi, le toit s'envola ! Une armée de zombis en tenue de soubrette ou de majordome envahirent sa chambre. Une voix puissante s'enleva :

-Laissez nous tout faire pour vous !

Quatre paires de mains lui attrapèrent les membres, l'empêchant de bouger. Elle voulu crier mais déjà la première femme de chambre lui versait une jarre de bain de bouche dans le gosier avant de s'en aller. Elle voulu recracher mais déjà venait la suivante. Le liquide lui coulait sur les joues, coulait le long de son menton, goutait sur sa petite nuisette de dentelle de satin. A peine reprenait-elle sa respiration qu'une autre femme de chambre prenait le relais, infiniment. Elle jeta un regard sur le côté, tous attendait patiemment leur tour. Alors qu'elle avalait encore et encore, elle regarda le visage de ses bourreaux. Elle sursauta. Le liquide sucré lui descendait le long du gosier. Elle venait de reconnaitre sa première nanny. Elle avait demandé à son père de la renvoyer. Venait ensuite sa gouvernante qui était partie d'elle-même. A chaque fois une nouvelle personne venait, à chaque fois elle reconnaissait un visage passé. Elle hurla.

-Arrêtez ! Avez-vous donc fini ! Je dirai à mon père de vous faire la vie dure ! Vous ne retrouverez plus jamais de travail !
-Nous devons nous occuper de vous, c'est notre métier !

Une nouvelle personne se pencha. C'était le majordome ! Il leva le poing en l'air, d'un air vainqueur combattant !

-Gavons l'oie ! Gavons l'oie !

Elle se sentit lâché un instant puis projetée jusqu'à la porte. Celle ci s'ouvrit alors qu'elle s'approchait. Elle débouchait sur une énorme pièce, une salle immense, un entrepôt, un hangar. Elle fut poussée à l'intérieur. A chaque pas, on lui enfournait un petit gâteau crémeux dans la bouche ou une de ces autres douceurs hors de prix qu'elle réclamait à longueur de journée. A chaque pas qu'elle faisait, elle voyait les murs du fond reculer. Derrière elle de plus en plus fort, de plus en plus assourdissant, les mots se scandaient indéfiniment :

-Gavons l'oie ! Gavons l'oie !

Elle n'en pouvait plus. Elle s'arrêta, se pencha en avant et vomit. Le sol s'ouvrit alors sous elle et elle tomba dans le vide laissant derrière elle ces serviteurs qui scandaient de nouveau :

-L'oie s'envole ! L'oie s'écrase !

Déjà elle voyait un sol arriver vers elle. Elle hurla. Les larmes coulaient le long de ses yeux. Le sol s'approchait de plus en plus vite. Elle sentait le vent de plus en plus fort, relever ses cheveux, déjà elle sentait l'odeur du sol, déjà elle entendait des bip abominables lui transpercer les tympans. Le sol n'étaient plus qu'à quelques mètres. Elle ferma les yeux, appelant la mort pour lui enlever cette douleur, pour l'infliger aux autres. Elle se sentit écrasée contre le sol moelleux.

*Moelleux ?*

Elle rouvrit les yeux. La lumière l'aveuglait. Elle contempla les lieux autour d'elle, tout était blanc, une dame vêtue de blanc s'approcha. Elle vit ses lèvres bouger, regarder en arrière, elle disparut de son champ de vision. Tout était trouble maintenant. Elle se releva avec difficulté, elle sentit des mains se poser sur ses épaules, sous son cou ! On allait encore l'étrangler ! Elle se débattit.

-Réveillez-vous !

Le premier son dans cet océan de silence. Elle se recroquevilla portant ses mains à ses oreilles. Elle rouvrit les yeux. Autour d'elle, un médecin, des infirmières. A l'hôpital ? Elle se trouvait à l'hôpital ? Enfin plutôt dans une clinique pour ne pas côtoyer les gueux. Tout devenait un peu plus clair. Elle vit son père arriver.

-Barbie ! Que s'est-il passé ? Pourquoi tu as fait ça ?
-C'est Ken, Papa ! Il ne voulait pas faire ce que je lui disais, j'ai insisté et alors il m'a giflée ! Je me suis suicidée comme ça, tu lui aurais fait un procès et il aurait passé toute sa vie en prison à regretter son geste !

Une main vint s'abattre sur sa joue. Barbie ouvrit grand les yeux, portant la main à sa joue, surprise de voir son père la gifler à son tour. Sa voix se fit rude :

-Et bien, il a eu bien raison ! Ça fait longtemps que j'aurais dû te donner un coup de pied au cul, oui ! Tu as intérêt à bien te tenir désormais ! Tu vas voir ce que tu vas voir en rentrant !

Il fit demi-tour sous les yeux satisfaits des médecins : Barbie était déjà venue à leur clinique pour une appendicite auparavant. Leur sourire se firent plus large pendant que les doigts manucurés frottaient encore la joue bronzée.
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MessageSujet: Re: Textes d'aar   Textes d'aar Icon_minitimeJeu 3 Mar - 21:52

Citation :

e sais que ça fait un bout de temps que je vous le promets ce concours, et bien, le voici, le voilà ! En collaboration avec une super idée d'Arnaud de Fontainebleau, je vous propose un défi ! Vous devez, à partir d'une simple prémisse, rédiger un texte possédant le plus de mots - voir tous - qui se retrouvent dans le dictionnaire d'AAR (voir la liste dans le spoiler ci-bas. Ne me dites pas, que vous ne connaissez pas ?! Quel sacrilège ! Suivez-donc ce lien et prenez-en de la graine Wink. Je vous invite donc à aller y participer, toutefois pour le concours vous devez utiliser la liste plus bas pour éviter qu'il y ait trop de mots qui se rajoutent Smile. Les membres d'AAR sont si cultivés regardez ces beaux mots ^^.

Pour éviter de me répéter à chaque concours, voici les règlements.

Règles spécifiques à ce concours :

  1. 1) Écrire un texte qui suit l'idée principale de la prémisse suivante : Un phénomène étrange vous transporte dans un tout autre univers que le vôtre. À quoi ressemble cet univers ? Est-il hostile ou hospitalier ? Vous y rencontrez-vous quelqu'un ou c'est le vide intersidéral ? Veuillez rédiger un texte d'un minimum 150 mots et d'un maximum de 300 mots. N'oubliez pas que votre but premier est d'intégrer le plus de mot possible du sujet '' Le mot du jour ''. Je vous prie de les mettre en évidence dans votre texte (gras, italique, souligné), afin de me faciliter la vie quand je compterai Smile.

    [list]
  2. A.
    Ab irato : Sous l'emprise de la colère, dans un mouvement de colère. Ex. Le manuscrit était marqué ab irato de ratures. Il dégaina son épée ab irato.
    Abhorrer : Avoir pour une personne ou une chose une antipathie telle qu'on ne saurait la voir ou y penser sans éprouver un frémissement et un mouvement tendant à s'en éloigner ou à l'éloigner. Détester, haïr. Ex. Face à un artiste raté, jouez la franchise enrhumée: "Je vous le bit sincèrement, sans bétour, j'abhorre ce que vous faites."
    Ariette : Féminin. Petite mélodie légère et gracieuse [musique].

  3. B.
    Billevesée : Parole vide de sens, idée creuse.

  4. C.
    Cacochyme : Souffreteux, maladif.
    Céruléen, enne : Littér. D'une couleur bleu ciel. « le céruléen tapis de la mer » (Gide).


  5. D.
    Déblatérer : Parler avec violence et prolixité contre quelque chose ou contre quelqu'un.
    Décalogue : [dekalɔg] Masculin. Les dix commandements gravés sur des tables de pierre, que Dieu donna à Moïse sur le Sinaï. ➙ 1. loi. Les préceptes du décalogue.
    Délétère : 1. Toxique pour la santé (Soutenu) Ex : Un gaz délétère. 2. Qui est pernicieux (Soutenu) Ex : Une ambiance délétère.
    Derechef : A nouveau, encore une fois.
    Dichotomie : Féminin. Opposition binaire d'éléments abstraits complémentaires.

  6. E.
    Essence : Féminin. Nature profonde d'un être, d'une chose. ➙ esprit.

  7. F.
    Félicité : Littér., relig. Bonheur sans mélange, généralement calme et durable. ➙ béatitude. Rien ne trouble leur félicité. « La félicité est le bonheur qui paraît complet, et qui s'annonce comme permanent » (Senancour).
    Firmament : Masculin. Voûte céleste.
    Fuligineux : Qui produit de la suie, qui a la même couleur. Synonymes : assombri, enfumé, fumeux, noirâtre, obscur, sombre. Ex. "Dans l'éclipse, dans la nuit, dans l'opacité fuligineuse, il y a de l'anxiété, même pour les plus forts." V. Hugo

  8. H.
    Hémistiche : Masculin. En poésie, moitié d'un vers. Il est marqué par une séparation.
    Hirsute : Qui a le poil, le cheveu très fourni et d'aspect désordonné. ➙ ébouriffé, échevelé. Tête hirsute. Gamin hirsute.
    ▫ Barbe, tignasse hirsute. ➙ broussailleux, hérissé, inculte, touffu (cf. En bataille).

  9. I.
    Incarnat : Masculin invariable. Couleur de la chair, rouge rose clair. Couleur intermédiaire entre la couleur de cerise et celle de la rose. Ex. Elle voulait ne pas paraître embarrassée ; mais elle sentait que le plus vif incarnat colorait ses joues. — (Madame de Genlis)
    Incunable : livre imprimé dans la période comprise entre le début de l’imprimerie occidentale (Gutenberg), vers 1450, et la fin du premier siècle de la typographie, en 1501.
    Irréfragable : Qui ne peut être contredit. Ex. Un témoignage irréfragable.
    Intégrisme : Masculin. Refus de toute évolution, particulièrement de la religion, au nom du respect de la tradition.

  10. L.
    Lapalissade : Une banalité, une évidence, un truisme. (C'est-à-dire que vous enfoncez des portes ouvertes.)
    Larder : 1. Piquer la viande avec de petits bouts de lard [Cuisine].
    2. Blesser par de nombreux coups de couteau [Figuré].
    Loque : 1- Cour., péj. Morceau d'étoffe déchiré. Vêtements qui tombent en loques. ➙ lambeau; guenille, haillon.
    2- Par ext. Vieux vêtement sale et déchiré. Un clochard vêtu de loques. ➙ loqueteux. Être en loques, vêtu de loques.
    3- Fig. Personne effondrée, sans énergie; qui a perdu tout ressort. Loque humaine. N'être plus qu'une loque. ➙ épave.

  11. M.
    Médial : Qui se trouve entre deux choses, deux éléments.
    Mordoré : De couleur brune et aux reflets dorés.

  12. N.
    Nonobstant : Malgré.

  13. O.
    Oblation : Féminin. Action par laquelle on offre quelque chose à la Divinité.
    Olibrius : Masculin. Péjoratif. Personne excentrique

  14. P.
    Perfidie : Féminin. Trahison, déloyauté.

  15. T.
    Truculent : Adjectif. Amusant, cocasse, non-conformiste, pittoresque.

  16. U.
    Ukase ou Oukase : Fig. Décision arbitraire, ordre impératif. ➙ diktat.
    ▫ On écrit aussi ukase (1775). Vous n'en faites « qu'à votre tête, et ne traitez que par ukases et décrets » (Colette).

  17. V.
    Valétudinaire : Voir Cacochyme.
    Vénusté : Littér. Grâce, beauté*, charme digne de Vénus. Ex. « J'aime tes yeux pour leur liesse Et ton corps pour sa vénusté » (Verlaine).
    Vert Véronèse : Matière colorante composée d'arséniate de cuivre. D'un vert intense. Voir teinte.
    Verve : Féminin. A. Caprice, bizarrerie, fantaisie.
    B. − 1. Littéraire
    a) Inspiration vive et chaleureuse, imagination créatrice. Cette peinture manque surtout de cette verve intérieure qui anime tout.
    ♦ Loc. adv. D'un premier jet, dans l'improvisation Écrire, peindre de verve.
    b) P. ext.. Excitation poussant à faire quelque chose avec fougue, vivacité.
    2. Mod. Qualité brillante d'une personne qui s'exprime oralement ou par écrit. Verve étourdissante; verve d'un acteur, d'un causeur, d'un chansonnier; étinceler, pétiller, redoubler de verve; exciter, exercer, perdre sa verve. On a parfois comparé la verve de Sacha Guitry à celle des bateleurs d'autrefois.
    ♦ (Être) en verve. Manifester avec éclat son esprit; être particulièrement inspiré, brillant.
    ♦ Mettre en verve. Mettre dans des conditions telles que puisse se manifester la vivacité d'esprit. Mis en verve par le vin, je leur expliquai...
    [b]Vétusté : État de ce qui est vétuste, en mauvais état.


L’homme contempla encore le firmament céruléen. Il se souvint. Il faisait une oblation pour célébrer la vénusté de sa déesse lorsqu’une ariette avait surgit d’entre deux colonnes. Il flottait dans le néant depuis. Soudain, il s’écrasa au sol. Il se releva hagard, hirsute, presque cacochyme. Nonobstant cet état qu’il abhorrait, il essaya de se repérer dans ce monde vert Véronèse. Il aperçut une bâtisse fuligineuse et s’y dirigea. Il y vit trois poulpes géants chaussés de lunettes cerclées de fer et de chapeaux melons. Ils étaient côte à côte derrière un immense incunable. Le premier se pencha vers l’homme :

-Mais qu’est-ce que cette essence à la moitié inférieure dichotomique vient faire ?
-Je dirais plutôt c’est une loque, au vu de l’incarnat tégumentaire.
-Vous voyez bien qu’il ne s’agit que d’un valétudinaire.
-Je suis un humain ! –s’exclama-t-il ab irato.
-Tiens ? Quel étrange verbiage délétère.
- En effet, à peine un hémistiche prononcé et bien amer.
-Allons ! Ne fustigeons pas la verve de ce pauvre hère.

Ils se penchèrent sur le livre et, derechef, recommencèrent :

-‘ Lardé par perfidie ?’ Mais que dit le Décalogue sur cet olibrius ?
-‘ par un fidèle excédé de la vétusté de son intégrisme et de ses us.’
-Quelle lapalissade ! Cet homme est bien tout sauf un Argus !
-Cessez de déblatérer vos billevesées et puisque je suis mort, dites moi comment atteindre la félicité qui m'est due ! –interrompit l’homme.
-Voilà un ukase fort truculent.
-C’est irréfragable. La requête est fondée pourtant. -prononça le poulpe médial en claquant des tentacules.

Une gerbe d’étoiles mordorées jaillit, tournant autour du prêtre jusqu’à l’emporter dans l’inconscience. Il se réveilla sur le sol de son temple. Il n’était pas surpris : pour lui, cet endroit était son Paradis.


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MessageSujet: Re: Textes d'aar   Textes d'aar Icon_minitimeMer 2 Jan - 8:01

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Il sentait son cœur battre, l'adrénaline parcourir ses veines et la testostérone monter. Il se passa la langue sur ses lèvres largement souriantes. Il regarda à sa gauche. La fenêtre. Avec la petite vieille en face qui l'épiait constamment derrière son rideau en dentelle. Agacé, il se leva et ferma le volet rapidement. Bien, il ne voulait pas être enquiquiné. Il voulait que la soirée soit parfaite. Il ouvrit l'écran de son ordinateur. Il n'éteignait jamais l'unité centrale. Cela lui permettait de recevoir instantanément sur son téléphone toutes les informations que ses programmes de hackage trouvaient. Il n'éteignait jamais son téléphone non plus. Il Lui arrivait souvent de poster sur les réseaux sociaux tard dans la nuit. Il soupira en regardant au plafond. Bénis soient les créateur de Facebook, Twitter et autres Viadeo.

Il sortit un calepin de son tiroir, parcouru rapidement les pages et y inscrivit un nouveau pseudonyme. Il ne fallait surtout pas qu'Elle s'aperçoive de sa présence. Même si, dans ses rêves les plus fous, il espérait qu'Elle apprenne son existence. Il imaginait qu'Elle sonnait à la porte et l'embrassait fougueusement. Mais ce n'était qu'un rêve. Si Elle devinait, Elle l'enverrait en justice et il lui serait interdit de La voir. Ou la prison. Sans ordinateur, sans accès à ses mails, à Facebook, sans pouvoir soudoyer le facteur pour intercepter ses courriers, ne plus lire sa feuille d'imposition, sans plus pouvoir fouiller dans ses poubelles ou avoir sa position à chaque instant via le GPS de son portable. Impossible. Il fallait qu'il reste aussi discret qu'un chat noir dans un tunnel. D'ailleurs, cela lui permettait d'apprendre bien plus de choses.

Un message s'afficha sur son ordinateur. Elle venait de rentrer du cimetière. Il sourit. Tout le monde disait qu'elle était bizarre, à fréquenter les cimetières la nuit. Mais lui, il savait, tous les autres n'étaient que des ignorants, ils ne méritaient pas d'avoir un jour pu poser leurs yeux sur Elle. Lui seul était digne. Lui seul la comprenait. Soudain, une autre fenêtre clignota. Elle venait de se connecter à Chatroulette ! Chatroulette ! Il sentit sa main trembler. Elle était là ! A portée de souris. Il entendit son sang pulser dans ses oreilles. Son souffle se faisait court. Il n'avait pas grand chose à faire. Juste un petit algorithme, juste un petit programme pour biaiser la distribution aléatoire des partenaires de conversation. Peut-être était-ce sa chance de se faire connaître ? Non ! Non ! C'était trop risqué ! A moins que...

Il se leva précipitamment, ouvrit son placard avec fracas, vida les vieux vêtements, les objets inutiles et trouva son masque de tête de mort d'Halloween. C'était une idée formidable ! Il savait qu'elle adorait les masques. Elles les avait achetés sur artisana-africa.com il y avait à peine trois ans, quatre mois et sept jours. Elle avait même volé un crâne humain au muséum des sciences naturelles pour le poser sur sa commode et faire brûler une bougie rouge dessus. Il avait effacé les vidéos de surveillance pour ne pas qu'elle se fasse prendre. Il en avait gardé une copie pour lui tout de même. Comme la fois où elle avait égorgé le hamster de son voisin la nuit de la nouvelle lune. Il avait désactivé l'alarme pour ne pas se faire prendre pour une cambrioleuse. Le masque allait définitivement lui plaire.

Il se rassit à son ordinateur et laissa ses doigts voler sur les touches, l'emmener vers Elle ! Il allait discuter avec Elle en vrai ! Il allait pouvoir entendre le son de Sa voix, répondre à une de ses questions et surtout ! Elle allait discuter avec lui sans qu'elle ne puisse le détester. Il eut un rire satisfait. Il sentait l'excitation monter le long de ses reins. Son doux visage mat apparu dans la fenêtre. Il resta quelques secondes à détailler ses yeux verts comme une prairie, ses lèvres parfaites peintes de noir, ce petit anneau au creux de son nez. Un petit tintement retentit. Il baissa les yeux.

Code:
Mama Odie : Salut, Beau Masque !

Il se sentait tétanisé. Ses doigts tremblaient au dessus du clavier. Il avait les mains moites. Il lui fallu une petite seconde pour se reprendre.

Code:
Mama Odie : Salut, Beau Masque !
Jack : Bonjour. Vous allez bien ?
Mama Odie : Voyons, pas besoin de me vouvoyer !
Jack : Si tu veux, c'est plus pratique. ^^ ASV, please ?
Mama Odie : Comme si tu avais besoin de me demander ça !

Il resta un instant interdit, fronçant les sourcils. Mais qu'est-ce qu'elle disait ? Ses yeux ne purent s'empêcher de se détacher des lettres qui s'alignaient inexorablement sur l'écran.

Code:
Mama Odie : Comme si tu avais besoin de me demander ça ! Je sais bien que tu m'observes à chaque instant, petite merde. Je t'ai laissé faire, je t'ai laissé du temps pour te repentir, je t'ai laissé des messages dans mes poubelles. Ne me dis pas que tu as cru que c'était pour un petit ami quand même ! Tu sais très bien que je n'en ai pas. Et puis, il me fallait du temps pour trouver tous les ingrédients de ce maléfice. Le dernier d'entre eux ne pouvait être cueilli que ce soir...
Jack : Un maléfice ?
Mama Odie : Oui, tu devrais commencer à le sentir d'ailleurs... Au revoir, petit Jack. Tu passeras mon bonjour à tes anciens confrères.

Il se recula vivement de l'ordinateur. La chaise tomba au sol en un fracas de tonnerre. il baissa le regard sur ses mains. Déjà le bout de ses ongles s'étiraient. A chaque instant, ils s'allongeaient comme un serpent. L'écran ! L'écran les attirait ! Et maintenant ses vêtements s'étiraient aussi ! Son nez, son ventre ! Ecran maudit ! Il entendait un rire féminin. Il donna un coup de pied dans l'écran. Le plastique tomba à terre, son corps devint plus fin qu'un fil de coton et disparut par les trous des hauts parleurs avant qu'il ne touche le sol. Une seconde plus tard, l'écran se fracassait au sol.

Il se releva ankylosé. Où était-il ? Il regarda autour de lui. Il était sur une gigantesque toile d'araignée. Chaque fil ressemblait à un petit chemin parcouru de lueurs vives intermittentes. Il n'y avait rien autour de lui. Rien. Autant aller voir ce qu'il y avait ailleurs. Il avança au hasard, sautant à chaque fois qu'une de ces petites lueurs s'avançait vers lui pour éviter de prendre une décharge électrique à son passage. Soudain, il entendit qu'on l'appelait.

"Un nouveau ! Venez tous ! Un nouveau !"

C'était une licorne qui s'avançait. Un drôle de petit homme rondouillard en lunette de soleil qui dansait bizarrement arrivait également. Ce dernier tourna autour de lui en sautillant puis lui attrapa la main et la secoua :

"Bienvenue ! Bienvenue parmi nous ! Elle est forte en Vaudou, n'est-ce pas ?
- Mais, mais où sommes nous ?
- Voyons mais tu le sais bien ! Et d'ailleurs, je dois te dire que tu fais très fort ! A peine arrivé, tu es déjà partout, Stalker Jack !
- Et comment êtes vous arrivé là ?"

Un rire narquois s'éleva soudain. Il regarda à sa droite, il y avait un ours à l'étrange sourire. A ses côtés, il cru voir Chuck Norris et Rick Astley. Autour d'eux voletait un chat qui trainait un arc en ciel. Il eut un sourire triste : le vaudou pouvait faire ça ! Son cœur se mit à battre un peu, maintenant, Elle pourrait le contempler à chaque fois qu'elle allait sur Internet. Il se retourna en sursaut : l'un d'eux s'était mis à parler.
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