Fidèle au rendez-vous

Deux jours depuis la première après-midi où elle avait rencontré Dagda. Deux jours pour laisser les choses se décanter ne serais-ce qu'un peu avant de se risquer à un nouveau meurtre, un assassinat même. Car oui, Melyssandre avait eu deux jours pour le préméditer ce meurtre, après avoir choisi une nouvelle victime. Brenen n'était plus une cible envisageable, il était trop proche de la scène du premier crime et il ne fallait pas que l'on soupçonne une action coordonnée. De plus, étant donné que le premier à être resté sur le carreau était un ange, autant mettre tout le monde à égalité: elle avait choisi un démon. Il serait plus facile de provoquer du remous si chacune des deux races se sentait insultée.

Deux jours pour y réfléchir, c'était largement assez. La jeune femme avait même discrètement rôdé vers la villa de leur cible. Elle se situait dans un autre cartier que celle de Brenen mais avait du être conçue par le même architecte car les plans semblaient similaires. Ce qui les intéressait surtout, c'était le petit salon privé et la chambre qui se situaient tous deux à l'étage, côte à côte et donnant sur la même terrasse. Sauf qu'il n'y avait là aucune végétation d'ornement sur la façade qui pourrait leur en faciliter l'escalade. Ce n'était pas un problème en ce qui la concernait, mais l'humain serait peut-être gêné. Bof, Dagda était un entêté qui grimperait à ce mur à coup d'incisives s'il le fallait, elle en était persuadée. Elle n'avait vu que deux ou trois autres démons chargés de la sécurité. Dinkelbauer, c'était le nom de leur maître, devait se sentir assez confiant en son pouvoir.
Ce démon maîtrisait la glace, être touché par l'un de ses éclairs givrés était très désagréable... et il n'était pas facile de nuire à qui que ce soit une fois paralysé par le froid. Dinkelbauer était en fait un magouilleur à la solde de plus gros poissons, des trafiquants entre autre. La réputation de ce démon était arrivée jusqu'aux oreilles de Melyssandre quand elle était libre et qu'elle traînait encore dans des milieux peu recommandables pour une jeune fille de bonne famille. Il passait pour un amoureux du travail bien fait, quel qu'il soit.

Deux jours étaient donc passés et l'hybride se trouvait sur le toit, comme convenu. Elle était venue ici en s'assurant qu'elle n'avait pas été suivie et s'était envolée jusqu'au sommet du bâtiment dans un bruissement aérien. Melyssandre était néanmoins tendue. Qui sait ? Dagda avait très bien pu se faire démasquer pour n'importe quelle obscure raison. Des gens étaient peut-être au courant de ce rendez-vous... Bien qu'elle se sentit de plus en plus comme dans un piège à rat, la jeune femme se contraint au calme. Il ne servait à rien de virer paranoïaque, une simple prudence suffirait.

Alors, les sens aux aguets, l'esclave attendit.

Treize heures trente et des poussières. Une tête bien connue de l’hybride apparue au bord du toit. L’humain grimpa sur celui-ci et épousseta son complet du plat de la main. A première vue, son humeur était bien morose. A tel point qu’il en oublia de saluer son associée et lui tendit directement un objet en lui annonçant sobrement :

« Tiens, lis ça.»

Elle tenait entre ses mains la dernière édition de Wahrheit avec le supplément du jour. Bien que ce ne fut pas ce supplément qui intéressait Amadäus, connu sous le nom de Dagda auprès de sa collaboratrice. L’humain fit quelque pas en arrière et alla s’asseoir, le dos à la porte de l’immeuble qui menait au toit. Il leva les yeux au ciel, attendant quelques minutes qu’elle puisse jeter un coup d’œil à la page. Il retira une sucette de sa poche et la mit dans sa bouche, dégustant le nouveau goût inventé par la marque. C’était toujours amusant que les exemplaires de démonstration soient distribués aux esclaves dans la rue. Normal : c’était eux qui faisaient les courses. Malgré le fait qu’Amadäus fut vêtu bien plus impeccablement que le commun de cette population, le large collier de cuir noir qui ornait son cou ne faisait aucun doute quant à sa situation. Il enleva la sucrerie de sa bouche, la tenant entre deux doigts et la regarda en murmurant :

« Pas mauvais ça… »

Son regard se reporta sur la fille et il reprit d’une voix plus claire et un peu plus énervée :

« Alors ? T’as vu ? Ca me fout en rogne. Y’a rien ! Strictement que dalle ! Le néant le plus complet ! Même le cul d’une nonne est plus remplit en foutre que ce torchon en informations intéressantes ! Pourtant c’était pas le premier pigeon du coin qui est passé à la casserole ! Enfin si… Mais c’était pas le moindre. Soit la lettre est pas parvenue, soit ‘on’ essaie d’étouffer l’affaire. »

L’humain fourra à nouveau la sucette en bouche et posa sa tête sur sa main avant de continuer avec une élocution nettement moins distincte :

« A mon avis, c’est plutôt la deuxième solution, parce que les journalistes ont toujours un œil à la morgue. Les Hargreaves doivent pas vouloir une nouvelle effusion de sang… Peut-être qu’ils sont soutenus ou contraints par les autres. Bref, ça ne nous arrange pas tout ça. »

Un long soupir de sa part se fit entendre.

« Coup de chance, j’ai gardé des plumes. Peut-être qu’en les envoyant chez un concurrent… »

Son regard seposa sur Maât. Il voulait son avis. Qu'en pensait-elle ? Il avait déjà des idées et d'autres nouvelles à lui annoncer mais celle-ci était l'une des plus importantes. Et devait être traîtée en tant que tel : avec efficacité et célérité.

L'humain arriva, visiblement sur les nerfs, et lui tendit le dernier numéro du Wahrheit.

« Tiens, lis ça.»

N'étant guère plus étonnée par la conduite plutôt rude de son coéquipier, l'hybride s'exécuta sans se formaliser du manque de politesse flagrant de Dagda. Alors qu'il s'extasiait sur la sucrerie à laquelle il goûtait, l’hybride se mit à feuilleter les pages du journal. Au bout d’un certain temps, elle dut se rendre à l’évidence : il n’y avait absolument rien sur la disparition de l’un des membres de la famille Hargreaves.

« Alors ? T’as vu ? Ca me fout en rogne. Y’a rien ! Strictement que dalle ! Le néant le plus complet ! Même le cul d’une nonne est plus remplit en foutre que ce torchon en informations intéressantes ! Pourtant c’était pas le premier pigeon du coin qui est passé à la casserole ! Enfin si… Mais c’était pas le moindre. Soit la lettre est pas parvenue, soit ‘on’ essaie d’étouffer l’affaire. »

Face à l’énervement visible de son comparse, Melyssandre adopta au contraire une attitude posée, bien que pareillement ennuyée. Il valait mieux garder la tête froide. De toute façon, ce n’était pas ici sur leur toit qu’ils pourraient y changer quelque chose. Commençant à le connaître plus ou moins, la jeune femme se tut en attendant qu’il ait fini d’exprimer le fond de sa pensée. Ce qui ne tarda pas à venir, avec une élocution plus qu’approximative.

L’immortelle était bien d’accord avec lui : les journalistes étaient des fouineurs accomplis qui se délectaient de balancer à la face du monde les affaires les plus sordides. Le choc et le scandale faisaient vendre, et ils savaient en user avec perfection. Si rien ne sortait du meurtre d’un Hargreaves, c’était que quelqu’un avait soigneusement étouffé l’affaire avec de l’argent… ou des menaces. Mais l’hybride n’était plus inquiétée que cela finalement. Les choses finissaient toujours par se savoir.

« On peut, toujours envoyer les plumes qu’il te reste à un concurrent. De toute façon, nous n’en ferons rien de mieux. A moins que tu veuilles les garder pour te les mettre autour du cou ? » plaisanta-t-elle

Melyssandre lui rendit l’exemplaire du Wahrheit, un sourire en coin.

« Mais ne t’inquiète pas autant. Il est vrai que cela nous aurait aidé que la presse dramatise encore un peu plus cette disparition. Mais fais-moi confiance, tout cela n’est qu’une question de temps. Car sans même que cela fasse la une, certaines personnes ont immanquablement vu la scène du crime avant qu’elle ne soit totalement nettoyée. D’autres encore vont s’étonner de l’absence de celui dont tu as tordu le cou. Les rumeurs se répandront forcément, on murmurera ce que nous avons fait et la presse n’aura d’autre choix que d’en faire les gros titres tôt ou tard avant que l’information ne soit trop répandue et ne se dévalue. Celui qui a étouffé l’affaire, quel qu’il soit, ne pourra pas arrêter le processus qui s’est déjà déclenché. »

Non, Melyssandre ne s’en faisait pas outre mesure car elle savait que les choses suivraient invariablement leur cours. Elle savait que la populace aimait tellement les histoires croustillantes que bientôt les plus folles rumeurs affoleraient les rangs des immortels.

« D’ailleurs, j’ai déjà choisi notre prochaine cible : c’est un démon. Autant enflammer tous les partis en frappant dès le début les deux races. Nous pourrions faire passer ce second assassinat pour des représailles. Qu’en penses-tu ? »

Melyssandre avait déjà repéré les lieux qui serviraient de scène du crime. Cette affaire serait ainsi rapide et efficace au possible. Ils pourraient même passer à l’action dans la journée. Mais avant cela, l’hybride entendait bien savoir ce que Dagda en pensait.

La remarque de l’hybride redonna le sourire à l’humain qui en profita pour renchérir :

« Me les mettre autour du cou ? Naaaan ! Je vais en faire une coiffe et me mettre à faire la danse de la pluie ! Comme ça, je les noierais tous ! Tu crois pas que je ferais un bon indien ? »

L’atmosphère étant un peu détendue par le bon esprit de sa coéquipière, Amadäus reprit le journal avec bonne grâce et le plia correctement avant de laisser ses doigts jouer distraitement avec. Il écoutait attentivement Mâat. Son sourire cessa et il prit une moue un peu renfrognée.

« Mouais. Attendre. J’ai déjà tellement attendu, quelques jours de plus ou de moins ne changeront certes plus grand-chose mais je ne peux pas me permettre d’attendre éternellement. Ni moi ni les autres. Et cela nous aurait fichtrement aidé que la presse s’en empare de cette affaire. Malgré ce que tu dis, je pense que c’était plutôt essentiel. Parce que ceux qui font taire la boite à merde des journalistes ne manqueront pas de faire passer ce meurtre pour un accident. Et ça, pour ceux qui le connaissait, c’est une excuse valable. Non. Il va falloir faire marcher la rumeur, Mâat. La vraie rumeur, celle qui enfle tout en se déformant. »

Il s’arrêta un instant, leva les yeux aux ciel en prenant son menton entre ses doigts.

« Si… Si on agit bien, dans trois jours, les bas-fonds ne parleront que de ça. Et dans une semaine tout Lichtland ne parlera plus que de ça. Parce que je ne t’ai pas dit. Enfin, j’ai pas eu le temps. Tu te souviens de celui que j’ai rencontré la dernière fois ? Avant qu’on ne se sépare ? Je l’avais perdu de vue. Je connais ses opinions et si elles sont moins fortes que les miennes, il nous suivra. Ainsi que quelques autres que je connais mais que lui rencontre toujours. Je leur fais totalement confiance. Ils peuvent lancer la rumeur, la vérité même. Et sans risque. »

Une ombre passa sur le toit. Il leva précipitamment la tête. Ce n’était qu’un nuage, il avait craint un non-humain. Il se détendit avant de se relever et de montrer le bord du toit d’un geste silencieux à sa comparse. Il se dirigea lui-même vers l’endroit où il était apparu quelques minutes plus tôt. Il faudrait toujours bouger. La discrétion et la mobilité seraient leurs atouts et leur survie. Tout en marchant, Mâat lui expliqua son nouveau plan. Il fit une moue et répliqua qu’il lui annoncerait ce qu’il en pensait quand ils seraient en bas. Après quelques minutes d’escaliers, il atterrit à nouveau sur le sol en grimaçant. Il s’approcha d’elle et reprit :

« Allons chercher un nouveau point de rendez vous pour la prochaine fois. »

C’allait être un autre toit. Et ils retourneraient sur un troisième. Il aimait bien cela. Pourquoi ? Il ne savait pas. Après quelques pas. Il soupira et tourna la tête pour regarder son associée.

« Je suis désolé de devoir te l’annoncer mais ton idée ne me paraît pas idéale. Gardons ton démon lorsque les tensions entre les deux camps seront culminantes. Si l’on tue un démon maintenant alors que personne n’est au courant, l’Autre qui a étouffé l’affaire comprendra tout de suite que ce n’était qu’un coup monté, qu’il y a quelqu’un derrière. Et ils rechercheront l’auteur. Ils ne remonteront peut-être pas à nous mais d’une, je préfère éviter, de deux cela nous privera d’un client qui sera sans doute plus utile plus tard. Il faut un autre ange. N’importe qui peut faire l’affaire, non ? »

Il s’arrêta de parler. Peut-être pensait-elle à d’autres choses qui ne lui étaient pas venues à l’esprit.

Cela faisait quelques temps désormais, que Venetian sillonnait la ville, à la recherche de cet humain, qu’il avait poignarder quelques temps auparavant. Ça n’avait pas été une mince affaire, cependant le petit démon était un débrouillard, et il savait être malin lorsque la situation le lui demandait. Alors il avait laisser ses oreilles traîner de ci de là, pour entendre le moindres murmures, la moindre parole, le moindres mots qui pouvait le mettre sur une piste. Sans être déplaisant, ce boulot n’était pas aussi facile qu’il y paraissait, pour être concentré, Vene avait été obliger de freiner ses consommations massives de drogues dures, et pourtant, qu’est ce qu’il en avait besoin, c’était si vital pour lui. Il y avait réussi, au prix de crises de manques particulièrement violents, et douloureuse, les nuits étaient donc devenues bien longues. Bien heureusement que cela avait payer, sinon le petit diablotin aurait fini par laisser tomber, de toute façon pour lui, que la société soit en danger ou pas, il s’en fichait pas mal, une autre guerre ??

Pourquoi pas en fait, étant quelqu’un d’assez sanguinaire, l’idée d’une guerre ne lui déplaisait pas, au contraire même, et lui cognerait sur tout le monde, anges démons, hybrides et humains, Venetian était une brute sans cervelle parfois et il ne s’en cachait pas. Cependant, cet homme, ce démon lui fournissait la drogue la plus pure, un véritable nectar, un orgasme assuré, tout ce que l’on peut éprouver de meilleurs, de plus excitant et exaltant ce trouvait dans ces petits sachets ; et il ni avait que ce démon qui pouvait lui en fournir, c’était la seule raison qui le poussait à travailler pour lui, le reste, pour Vene, ne contait absolument pas. Si le camps adverses pouvait lui fournir la même chose ou une drogue plus forte, alors le petit démon se rangerait tout de suite à leur coter, mais bon pour le moment, il n’avait encore rencontré cet humain, et d’après ce qu’il avait réussi à entendre, il était accompagner d’une belle jeune femme, il se méfiait tout de même de tout ses dires, Venetian décida de voir pour le croire.

Il arriva donc sur ce toit, la surveillance par le ciel l’avait beaucoup aider aussi, et il avait été facile de trouver au ces deux là se cachaient. Mentalement le petit diablotin les traita d’idiot, un toit, ce n’était franchement pas la meilleur cachette pour se donner des rendez vous de ce genre. Lui aurait plutôt penser au cimetière, a la forêt, aux falaises ...Enfin à n’importe quel endroit en dehors de cette ville de fou, dans une ville les murs on des oreilles, et justement, il en était là des oreilles et il entendait tout. Heureusement que son ouï était plus efficace que sa vue (qui était parfois bien réduite, être borgne n’était pas facile tout les jours), d’après ce qu’il pouvait entendre, la femme avait tuer un ange et l’humain aussi avait tuer quelqu’un, des gens importants et tout deux étaient énerver (enfin surtout ce petit rebelle d’homme), que rien n’était écrit sur les journaux. Ecoutant la conversation, le petit démon était d’accord sur leur hypothèse comme quoi les autorités avaient voulus étouffer l’affaire, ce qui l’agaça lui aussi, tous des mauviettes ces nobles et bourgeois, un des leurs avait été attaquer et ils préféraient joués aux autruche cachant leur tête dans le sable, cependant ce cacher et faire comme si de rien n’était, ce n’était justement pas la solution ...

Seulement lui, n’était qu’un roturier, et sûrement qu’il ne si connaissait pas assez dans ce genre de chose ; tendant les oreilles encore plus, restant bien dans sa cachette, le diablotin écouta attentivement, la moindre informations étaient primordial. Malgré le fait qu’ils c’étaient tout deux éloigner, Vene entendait encore assez bien, néanmoins il décida de s’approcher quand même, autant être sur de ce qu’ils disaient. La toit était un vrai nid à cachettes, du moins pour ceux qui savent être discret et ne faire aucun bruit en marchant ; le junckie lui s’aidait des ses ailes pour être encore plus léger sur le sol, car le moindres sons suspects et les deux autres détaleraient comme des rats, et ce n’était aucunement le but de Venetian. Tout s’inscrivait dans son cerveau, mentalement il prenait en quelque sorte des notes, afin de les apporter au démon qui l’avait employé. La femme voulait tuer un démon, Herr lui ne voulait pas, tuer encore un ange, pourquoi ne pas s’en prendre aussi aux hybrides ?? Ba ce n’était pas son problème, alors quel autre ange allait passer à la trape ??
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L'hybride se mit à rire lorsque son comparse s'imagina en indien.

" Tu serais certainement le guerrier le plus téméraire de la tribu. Mais le pagne t'irait à merveille c'est sûr. "

Le regard toujours malicieux, elle écouta la réplique suivante de l'humain. Le sourire qu'elle affichait disparut lorsqu'il annonça qu'il n'était pas de son avis quant au choix de la future victime. Melyssandre n'était pas de son avis. Si ils faisaient passer cela pour une vendetta, ce qui serait plutôt aisé, ils inquièteraient les deux camps et le rumeur enflerait deux fois plus vite. Enfin bon, elle n'avait pas envie de batailler avec cet entêté. Non pas qu'elle le considère comme son supérieur dans cette affaire, car elle n'avait jamais rendu de compte à personne et elle n'allait pas commencer aujourd'hui avec l'humain. Seulement, elle savait déjà que cela serait l'occasion d'une dépense d'énergie inutile pour se répandre en arguments sans fin. Et surtout, c'était perdu d'avance face à cette tête de mule.

Il avait cependant raison sur un point: il faudrait convenir d'un autre point de rendez-vous. Rester fixé sur un seul c'était se rendre trop vulnérable. Car ils deviendraient alors trop prévisibles. Il suffirait à un éventuel ennemi de les attendre au bon endroit et celui-ci n'aurait qu'à se baisser pour faire une cueillette d'enfer. Pas le peine de faciliter la tâche à tous ceux qui ne manqueraient pas de les attendre au tournant.

L'hybride allait lui suggérer une autre adresse, dans les quartiers plutôt mal famés. Là où il ne passait grand monde qui puisse s'intéresser de près ou de loin à leurs projets et là surtout où leurs petits rendez-vous passeraient inaperçus le temps de changer à nouveau d'endroit. Mais alors qu'elle s'apprêtait à communiquer l'information à Dagda, elle entendit un bruit étouffé et sentit une légère vibration agiter l'air. Exactement comme si... comme si quelqu'un avait déployé ses ailes pour les faire fouetter l'air. Sans rien expliquer, Melyssandre se dirigea souplement vers l'origine de cette vibration qui venait se choquer à la frontière de ses perceptions acérées.

Et c'est là, au détour d'un angle de la construction qu'elle découvrit le gêneur. L'hybride lui envoya alors une décharge d'énergie qui le projeta violemment en arrière. Le petit démon retomba quelques mètres plus loin, sonné ( heureusement pour lui que la toiture était vaste ). Allons bon ! Il ne manquait plus que ça ! Vu l'endroit où elle l'avait déniché, il avait tout entendu. Et elle doutait fortement qu'il fut là par hasard. Il n'y a pas grand chose à faire sur un toit quand on y pense. Et à part que celui-ci fut en train de jouer à cache cache avec les moineaux, il devait les épier. Et cela ne plaisait pas, mais alors pas du tout à l'immortelle. Elle effectua les quelques pas qui la séparaient du démon et resta debout pour s'adresser à lui.

" Qui es-tu ? Depuis combien de temps es-tu en train de nous espionner et surtout, qui t'envoie ? "

Melyssandre gardait néanmoins ses distances, au cas où le petit démon tente quelque chose. Elle aurait ainsi le temps de réagir avant qu'il n'essaie de s'en prendre à elle. L'hybride attendait en même temps Dagda, afin qu'il écoute lui aussi ce que le curieux avait à leur dire.

Amadäus se dirigeait donc vers le bord du toit. Maât avait fini de sourire et il se doutait pourquoi. Voir reporter un projet sur lequel on avait déjà travaillé n'était jamais agréable. Cepandant, elle n'avait rien dit et avait donc estimé qu'il n'était plus nécessaire d'en parler. Elle comme lui savaient bien de toute façon qu'il passerait à la casserole un jour ou l'autre. Il marchait donc lorsqu'il vit soudain disparaître Mâat de son champ de vision. C'était étrange, elle devait avoir néanmoins une raison. D'ailleurs, il se demandait maintenant s'il ne l'avait pas vu se figer avant de disparaître. Il n'en était pas certain, ce pouvait tout à fait être un effet de son imagination. Il n'en était pas certain mais mieux valait ne pas la gêner. S'il y avait eu quelque chose de non important, elle l'aurait arrêté. Du moins, il l'espérait. En tout cas, il décida de continuer sa marche sans changer d'allure. Il se demandait s'il devait néanmoins s'arrêter ou pas. La curiosité le rongeait. Que se passait-il ? Il voulait savoir.

Il leva le bras droit et se frotta le cou, sous le collier avec. De cettte manière, il pouvait s'arrêter et même tourner la tête sans éveiller de soupçon et en étant discret. Il vit une Mâat qui marchait félinement sur le toit. A la manière d'un chat sauvage, elle semblait avoir repéré une proie. Le chat chassait un autre prédateur et Amadäus se rendait bien compte que dans l'affaire, il était pour l'instant le pigeon. Et donc, appât il était, appât il resterait, le temps que l'hybride agisse. En espérant qu'elle en rate pas son coup. Il avait une certaine confiance en elle sans quoi, il ne se serrait pas tranquillement remis à marcher les mains dans les poches mais il ne pouvait s'empêcher de se demander si le chat n'était pas en fait en train de chasser un tigre.

Il commençait sérieusement à s'inquiéter lorsqu'il entendit de l'action derrière lui. Un bruit de choc. Le chat ou le tigre ? Le tigre ou le chat ? Amadäus se retourna vivement, retirant les mains de ses poches. Le spectacle qu'il eut sous les yeux lui arrrapcha un sourire. Elle était là, debout et une tache sombre plus loin à terre. Mâat était bien à l'image de son pseudonyme. Une déesse. Il s'approchat d'elle et lui posa sa main sur l'épaule en lui souriant toujours. Il n'avait pas dit un mot. Pour ce moulin à parole, le silence était un mot qui avait une valeur plus importante que l'or. Il reporta son regard sur la tache à terre. tâche qui commençait à se réveiller, d'ailleurs. Et qui dû l'être tout à fait après l'exclamation de l'humain :

"Nom de Dieu de foutre bordel ! Qu'est-ce qu'y fout là, lui ?"

Les souvenirs revinrent en masse. Le bar, le toit, la pluie, la bagarre, la blessure.... Puis une autre situation, touours un bar et de l'alcool. Mais d'autres ennuis. D'autres ennuis dont le démon l'avait sauvé. Un sauvetage dont Amadäus était reconnaissant, certes, mais il ne fallait pas pousser trop loin.

"Tue le ! Cette saloperie contrôle les esprits !"

Il ne s'était pas passé plus d'une seconde entre l'exclamation et l'ordre. L'humain espérait que ce n'était pas une seconde de trop. Il ne se souvenait que vaguement de la masse d'aiguille qui s'était emparée de son cerveau ce jour là. Mais il espérait que Mâat pourrait faire quelque chose de plus rapide que lui. Il se dirigeait vers le démon rapidement, en laissant autant de place à Maât pour recommencer son exploit.

Venetian n’avait vraiment pas vu le coup venir, lui qui était pourtant si bien cacher, cependant il n’avait pas agi assez vite, lorsque la femme s’approcha de lui et le découvrit. La décharge qu’elle lui envoya dans le corps, était terrible et puissante, tellement qu’il fut projeté en arrière et retomba lourdement sur le sol, complètement sonner. Quel idiot avait il fait, le petit démon n’avait pas penser une seule seconde, que la femme pouvait usée de pouvoir, pourtant il n’était pas complètement aveugle et avait bien vue en elle une immortel. En même temps, l’on ne pouvait s’improviser espion en l’espace de quelques jours, cependant c’était quand même une faute qui pouvait lui en coûter la vie. Intérieurement, le diablotin salua la puissance et surtout l’intelligence de cette femme, qui avait sûrement reconnue le bruits de ses ailes, et grands dieux quel pouvoir !!

Venetian aurait eu un pouvoir comme ça, nombreux auraient été les morts. Mais bon il n’avait pas se pouvoir, c’était cette femme qui l’avait et il était dans la merde jusqu’au coup, mais ce n’était pas pour autant qu’il allait se démonter, loin de là, il avait connue situations bien pires. Reprenant ses esprits, il vit et entendit les deux autres là qui étaient tout près de lui ; la femme lui posait des questions et l’autre, l’humain semblait l’avoir reconnue et voulait le tuer, à mauvais ça, pas bon du tout. Avec agilité, enfin ce qui en restait après avoir pris un coup pareil, Vene se releva, tout en prenant sa dague toujours cacher dans l’une de ses bottes de cuir noir. Bon, une dague ne pouvait peut être pas grand chose contre la femme, mais ça avait au moins le mérite qu’il se sentait déjà mieux, sa fidèle dague, qui avait déjà goûter au sang de l’un de ses ennemis. Reculant de quelques petits pas, il s’exclama d’un ton amuser :

« Aah ma pauvre petite, tu crois vraiment que je vais tout te dire ?? Même sous la torture je resterais muet »

Un fin sourire se forma sur son visage de cendre à moitié cacher, la situation l’amusait de plus en plus, néanmoins il devait agir et réfléchir vite et bien. Puis, regardant Herr de son oeil de nacre, il éclata de rire et dit :

« Tu me reconnais hein ?? Ta blessure est guérie ?? Peut être que tu veux encore goutter de ma lame dans ta chaire !! »

Son emprise sur la dite lame se renforça et il décida de s’attaquer en premier à l’ennemi qui lui semblait le plus fort, c’est à dire la femme, Mâat. Pénétré son esprit ne serait sûrement pas aussi facile que celui d’Herr ou de ces deux idiots de démon dans le barr, mais il devait essayer, elle représenter le vrai danger pour lui, et avec de la chance, s’il la contrôlerait bien, pourrait l’obliger d’usée de son pouvoir pour tuer l’humain, rien que de penser à ça le faisait jubilé d’avance. Violemment et rapidement, il pénétra dans l’esprit de l’autre immortel, ce qu’il faisait là, pouvait s’apparenter à un viol, c’était ça le plus immonde dans son pouvoir à lui, et c’était ça qui lui plaisait le plus. Venetian sentait quand même une certaine résistance et ce n’était pas des plus facile de pénétré cet esprit, tout en restant à peut près vigilant, car même si à ses « yeux » Herr n’était pas le plus dangereux, il en restait pas moins qu’il pouvait faire quelque chose, comme lui flanquer un bon coup de point dans le ventre ou ailleurs.

Le petit démon, « avançait » à tâtons dans l’esprit de la jeune femme, ne voulant pas totalement la neutraliser, cherchant comment contrôler le fabuleux pouvoir, c’était quelque chose qu’il n’avait jamais essayer avant, et cela lui contait des efforts supplémentaires et affreusement fatiguant. Son nez commença même à saigner, mais il ne s’en préoccupa pas, ce n’était qu’un léger détail, tant qu’il ne saignait pas de partout, rien de bien grave. Tout cela se passait si vite, pour le moment, il ne pouvait savoir s’il avait totalement le contrôle ou pas de la femme, et donc s’il était sorti des ennuies ou pas, au pire il pouvait toujours fuir par la voies des airs, mais ce n’était vraiment pas son genre ...Tant pis s’il se faisait tuer !! la mort ou la douleur ne lui faisait pas peur ...

L'hybride n'eut pas le temps de réaliser l'ampleur du pouvoir de leur adversaire qu'il entrait déjà dans son esprit. Elle eut l'impression qu'une masse d'aiguilles lui meurtrissait le cerveau, c'était parfois plus violent à certains endroits, lorsque le démon forçait d'avantage. Melyssandre tomba à genou dans un hoquet de douleur. Mais saisie de plus de vertiges encore, elle posa ses mains pâles sur les tuiles usées du toit pour se soutenir, tremblante. La jeune femme posa sur son bourreau un regard vitreux et elle perdit progressivement conscience de ce qui l'entourait.

En fait, elle sentait qu'il ne la possédait pas encore autant qu'il l'aurait voulu. Alors, elle se repliait en elle-même pour pouvoir lutter contre cette immonde violation, car le démon n'avait aucun droit sur elle, pas le droit de s'introduire dans le peu de liberté qu'il lui restait, pas le droit de tout y saccager... A chaque fois qu'il essayait de franchir une nouvelle frontière, il la trouvait sur son passage, farouche. Et même si elle perdait souvent car elle n'avait pas de pouvoir semblable au sien, elle gagnait parfois au prix de terribles efforts. Il fallait continuer, donner le temps à Dagda d'agir s'il le pouvait et surtout, garder son seul bien intact. Si le démon arrivait à l'asservir jusqu'à son âme, elle aurait tout perdu, tout ! Alors elle se battait avec l'énergie du désespoir et forçait parfois son assaillant à reculer. Mais elle n'avait pas le temps de souffler qu'il ripostait ailleurs. Et cette affreuse douleur qui ne la quittait pas une seconde ! Elle aurait voulu en mourir ! Mais cela aurait été capituler trop facilement, elle se le refusait. Alors elle restait là avec acharnement, toujours maîtresse en sa propre demeure bien que l'intrus se fasse de plus en plus persistant.
L'hybride et le démon luttèrent un certain temps. Une seconde ou toute une vie qui sait ? Le temps n'avais plus vraiment son importance dans l'esprit de Melyssandre, c'était une donnée devenue obsolète et dont il ne fallait plus s'encombrer. Car la bataille était âpre et les forces s'amenuisaient, plus sensiblement encore du côté de la jeune femme qui ne maîtrisait pas ce genre d'attaque.

Et ce qui devait arriver arriva.
Le démon réussit à percer les défenses faiblissantes qui lui étaient opposées et Melyssandre le sentit avec effroi jubiler, chercher le point stratégique pour prendre le contrôle de tout son être. Elle essaya quelque peu de le repousser mais elle était maintenant trop faible pour que cela le gêne vraiment et il se débarrassait négligemment d'elle à chacune de ses tentatives.
Une peur irrépressible submergea la jeune femme: il venait de trouver ce qu'il cherchait... Bientôt, elle perdrait tout ce qu'elle avait farouchement gardé depuis toutes ces années d'esclavage. Elle se perdrait elle-même. Ce n'était pas ce qui devait arriver, elle ne pouvait pas l'admettre ! Se faire finalement mettre en échec après tout ce chemin, c'était impensable. Mais le démon fonçait tout droit vers ce point névralgique si précieux.

Puis la révolte, une colère à la puissance trop souvent sous-estimée, envahit Melyssandre. Elle voulait lui faire mal autant qu'il lui en avait fait, à tout prix ! Elle n'était pas une vulgaire poupée de chiffon, ça jamais ! L'hybride ne savait absolument pas ce qui se passait autour d'elle, à l'extérieur. Pourtant, elle dirigea toute sa haine vers cette présence hostile qui savourait déjà sa victoire, inconsciente sans doute du dernier sursaut de sa victime. L'hybride mobilisa toutes ces émotions violentes, la moindre parcelle de volonté qui lui restait propre, tout le restant de ses forces, et elle laissa tout exploser contre son assaillant.

Dans le monde extérieur, celui dans lequel évoluaient les trois antagonistes, la jeune femme poussa un cri inarticulé et une puissante vague d'énergie naquit de son corps épuisé. Elle était beaucoup plus violente que la précédente, d'une violence effrayante et peut-être même meurtrière.

Melyssandre n'eut pas l'occasion d'apprendre ce qui s'était passé ensuite. Elle sentit juste la présence se retirer et la douleur s'apaiser. Elle en éprouva un vague soulagement avant de sombrer dans les limbes de l'inconscience.

Un oeil blanc qu'il n'avait jusqu'à lors pas remarqué se tourna vers l'humain. Celui ci se figea un instant et vit le reflets de la lame qui avait été le catalyseur de toute cette action. S'il n'avait pas été blessé, il n'aurait peut-être jamais autant senti l'urgence de se défaire de l'esclavage : cela avait été à ce moment qu'il avait découvert le pouvoir terrifiant de la Prïam et qui lui avait donné littéralement le coup de fouet nécessaire à la réalisation concrète de ses projets. Projets qui le menaient à nouveau devant cette lame. Le démon de cuir continuait à le regarder, tenant fermement sa dague entre ses doigts, ne le quittant pas des yeux. Amadäus resta un instant sans bouger, gardant le statut quo le temps de réfléchir une instant à comment contrer cette dague. Habitué à la solitude, il avait oublié Maât. Ce ne fut que lorsqu'il vit du sang soudainement couler du nez de leur adversaire qu'il comprit que le combat était déjà entammé et qu'il n'avait rien vu !

En se maudissant, Dagda ferma les poings et s'élança vers le démon. Il avait quelques mètres à parcourir. Des mètres qui lui semblèrent des kilomètres tant l'action semblait se ralentir devant ses yeux. Il se jeta sans trop réfléchir sur le démon, comme un lion l'aurait fait sur sa proie. Seulement, à cet instant précis, où il avait déjà sauté en direction de Vénétian, surgit un cri aîgu, perçant, qui portait en son sein toute la puissance de la dernière lueur d'espoir. Il sentit l'air se refroidir, se ramasser sur lui-même un instant presque imperceptible, les sons qui lui parvenaient semblaient faiblir, les bruits de la ville, le cri, tout cela s'éteignit. La lumière sembla faiblir.

Puis, une chaleur intense, un silence total qui annonçait la mort imminente, l'air qui se dilatait violemment porteur d'un puissance plus grande encore que tout ce que l'on aurait pu ressentir ! Sous les doigts de l'humain, le cuir et la peau du démon qui s'effaçait devant la poussée qu'il lui imprimait. Alors qu'ils retombaient tous les deux vers le sol, la vague d'énergie passa à côté d'eux mais ils furent pris par la traînée qu'elle dégageait. Ils avaient évité le pire mais pas le désastre. L'humain et le démon furent projetés dans les airs alors que l'hybride s'écroulait à terre. Amadäus retomba lourdement sur l'épaule, sa tête cogna violemment contre le sol. Son bras pendait dans le vide, il était à plat ventre contre le gravillon du toit, il vit les deux silhouettes à terre tanguer comme s'il était ivre. Une nuée d'étoiles filantes tombèrent du ciel pour passer devant son champ de vision. Il n'eut le temps que de se maudire à nouveau en constater que s'il n'avait pas bougé, le démon se serait pris l'onde d'énergie de plein fouet. Il lui avait sauvé la vie ! Amadäus se serait donné des claques si soudainement il n'y avait pas eu une éclipse de la part de son cerveau.




...





Il rouvrit difficilement les yeux, son bras lui semblait lourd. Il ne se souvenait pas très bien de se qui venait de se passer. Un son inarticulé sortit de ses lèvres entrouvertes. Un sentiment d'urgence l'envahit soudain, il ne sut pourquoi. Il devait se lever et vite ! Son instinct ne laissa pas le temps à son intellect de se demander pourquoi. Déjà, l'humain se recroquevillait un peu et rassemblait ses jambes sous lui, remontant son bras, l'éloignant encore des nombreux mètres qui le séparait déjà du sol. alors que l'esclave était sur les genoux, il eut soudain conscience d'autres êtres dans les environs. Le souvenir de se qui venait de se passer lui revint soudainement. Maât ! Snares ! Qu'est ce qu'il s'était passé pendant qu'il était dans le cirage ? Qui s'était réveillé le premier ? Il ne pensait pas vraiment que ce fut lui. Y avait-il eu déjà confrontation entre les deux non-humains ? Il voyaient encore des tâches sombres sur le sol. Etait-ce vraiment des silhouettes innaimées ou bien sa vision lui jouait-elle des tours ?