Balade nocturne sur les toits

Des bruits de pas. Des éclats de voix. Des lumières, qui lentement s’éteignent une à une. L’obscurité est de plus en plus présente.
Doucement, la nuit tombe sur la ville.
Mas ce n’est pas pour autant que cette nuit est calme. Il n’y a d’ailleurs jamais de nuit calme ici…Seulement, tout le monde est cloîtré dans les bars, la boîte de nuit, ou encore la maison de plaisir ou les hôtels…comme c’est coutume dans cette ville de débauche. Avec tout le monde à l’intérieur, on pourrait presque dire que les ruelles sont calmes, paisibles, sans pour autant dire qu’elles soient sans crainte, loin de là…Il y a toujours des créatures en train de rôder dans tous les coins…
En parlant de créature, en voilà une qui approche, au loin dans le ciel. Masse sombre dans la clarté de la nuit, elle avance vite. Lorsque celle-ci se rapproche, on voit ses grandes ailes noires s’étirer et battre avec puissance, seulement…la forme n’est très…humaine. La créature fait du sur place un instant, puis se pose avec douceur, repliant lentement ses ailes.

Ce n’est qu’un oiseau.

Un faucon royal de grande taille , de couleur noire, pour être précis. Ses yeux rougeoyants se posent un instant sur la ville, qu’il surplombe. Silencieux et immobile, il observe. On dirait une entité veillant sur la ville.
Puis le faucon étend à nouveau ses ailes. Un brouillard sombre commence alors à l’envelopper, puis sa forme s’étend, s’allonge et s’agrandit en hauteur, les serres deviennent bottes en cuir noir, les pattes se transforment en longues jambes recouvertes d’un jean noir délavé, les ailes rétrécissent pour former des bras recouverts de bracelets égyptiens, de chaînes, et accessoires en tout genre, puis des mains puissantes avec de longs doigts ciselés mais puissants, qu’ornent quelque bagues représentant un scarabée, ou encore œil oudjat…Puis enfin, la tête du rapace fait place à un visage sérieux à la peau mat, dont les yeux expriment un regard très profond, blasé, presque indifférent. Les dernières plumes noires se changent en cheveux blonds très clairs, voir blancs, et les flammes rouges s’éteignent pour faire place à des yeux argentés qui semblent presque briller.

A l’endroit où se trouvait le faucon royal il y a quelques instants, se tient à présent un homme d’environ deux mètres, à la carrure assez impressionnante. Les bras croisés, un pied posé sur le rebord du toit où il se trouve, il observe encore…
Pensif, il se met machinalement à triturer l’ankh qui lui sert de boucle d’oreille, habitude, ou plutôt manie qui se déclenche à chaque fois que son esprit est préoccupé.
Enfin, il relâche sa boucle d’oreille. Il décroise son autre bras, puis s‘éloigne du rebord du toit, pour se promener sur le reste des toitures du quartier. Ses pas sont légers et silencieux, malgré l’épaisse semelle métallique de ses boots.
Tout calme. Presque. Il lui semble avoir entendu un bruit discret derrière lui…

La nuit tombait... Les rues se vidaient, certaines personnes allaient rentrer chez elles se reposer pendant que d'autres allaient tout juste se mettre au travail. La nuit tombait et tout le commerce de la nuit se réveillait. A cet instant même, les bars se remplissaient et les maisons closes ne l'étaient plus tellement plus les futurs clients. Et lui... allait devoir rentrer. Rentrer chez cette femme, cette démone plutôt. Mais cinq minutes, juste cinq minutes encore avant d'amorcer le chemin du retour cinq petites minutes avant de retourner derrière les barreaux ajustés aux fenêtres de sa chambre.

Dans une pensée acide, Amadäus remarqua qu'il était bien plus en captivité ainsi, seul dans les rues, que dans les quelques mètres carrés qui constituaient sa chambre. Les barreaux là, au moins étaient visibles. Il porta une main nerveuse à son collier. Il songea qu'il devrait commencer à faire attention, il prenait la mauvaise habitude de jouer avec, de triturer le cuir comme pour constater que ce n'était pas un rêve, un cauchemar. Mais sous la pression de ses doigts le joug lui confirmait et infirmait à la fois les faits : il vivait un cauchemar bien réel.

Amadäus eut une envie soudaine d'aller se saouler, de boire jusqu'à la lie pour oublier tout cela. Mais il n'avait pas d'argent. Il n'avait pas réussi à en piquer au majordome cette fois-ci. Alors dans un soupir, il leva les yeux au ciel, les bras ballants. Il remarqua qu'il y avait des étoiles. Des étoiles qui s'éteignaient sous la lumière soudaine des rues. S'il était au dessus des lampadaires, il aurait peut-être une meilleure vue. Il décida d'aller donc sur les toits, endroit souvent assez inaccessible pour un humain quand la quasi totalité des habitants pouvaient voler d'un endroit à l'autre.

Il se demanda d'ailleurs comment faire pour atteindre un toit. Escalader ? Certainement pas. Non seulement, il n'avait pas envie mais il se doutait qu'au fast food des morts débiles, son menu aurait été nommé "confiture express" si jamais il envisageait d'escalader. Il commença donc à marcher dans les petites ruelles dans l'espoir de voir une solution. De toute façon, cela ferait une bonne excuse si jamais il tardait trop.

La solution se présenta sous la forme d'un groupe d'anges qui poussaient une porte de gratte ciel. Une porte d'issue de secours. Amadäus couru vers eux ou plutôt vers la porte et s'engouffra dans le bâtiment en les bousculant un peu mais surtout avant que la porte ne se referme. Puis il grimpa les marches. Ce qui était pratique dans les escaliers de secours, c'était qu'il y avait toujours des sorties en bas et en haut. Après un certain nombre de marches dont Amadäus avait perdu le compte après le fatidique nombre de 666, il ouvrit la porte de secours qui menait sur le toit tout ne prenant soin de caler celle ci de façon à se qu'il ne se retrouve pas bêtement coincé à l'extérieur comme un abruti.

Cependant, dès qu'il ressortit, ou plutôt deux-trois pas après, il tomba face à face avec un type énorme, aux cheveux blancs. Enfin, "face"était un bien grand mot puisqu'il était de dos. Mais Amadäus pensa immédiatement aux anges qu'il avait bousculés en bas. L'humain n'osa pas trop bouger de peur d'amorcer une réaction de colère violente. Et il n'avait aucune envie de redescendre sans compter -mais l'idée ne lui vint pas à l'esprit- que l'ange le retrouverait au sol. L'esclave était en train de se passer les diverses solutions en revue mais, au vu de la carrure du type - il n'en vit qu'une de valable tant qu'il n'avait pas d'arme :

"Je... Je suis désolé pour tout de suite mais... Je voulais entrer avant que la porte ne se referme."

Cela lui brûlait les lèvres de s'excuser mais, il ne voyait pas vraiment d'autre issue pour le moment.

Lorsqu’il entendit le bruit, Kemseth ne se retourna pas de suite. Les bruits, ce n’était pas ce qui manquait lorsque la ville était en proie à la nuit. Ce n’est que lorsqu’il reconnut le souffle caractéristique d’une respiration qu’il tilta, et se retourna enfin.
Se tenait devant lui un homme, visiblement essoufflé, statique, n’osant apparemment pas bouger, et à la visible anxiété dans son regard, le vieux Démon put deviner une certaine crainte.
La première réaction de Kemseth fut de remarquer que c’était un humain. Il n’avait pas l’aura caractéristique d’un ange ou d’un démon. Il pensa alors à un hybride, mais voyant la porte de l’escalier menant au toit juste derrière le personnage, il se mit à penser qu’aucune créature n’aurait pris la peine de monter un escalier pour aller jusqu’au toit si celle-ci avait des ailes…
Un humain. Un esclave donc.

La deuxième réaction de Kemseth fut de marmonner intérieurement. De nature solitaire, il n’aimait pas tellement être dérangé lors de ses balades nocturnes, alors en plus par un humain…
C’était des moments presque sacrées pour lui. En prenant une forme animale, et ainsi plus réceptif à tout ce qui l’entourait, cela lui permettait de se remémorer l’Ancienne Epoque…
La pensée de Kemseth dériva un moment sur sa vie antérieure, la vie avant Lichtland…avant de revenir soudain sur les humains. C’était à cause des humains d’ailleurs qu’il en était arrivé là…
Une lueur rouge flamboya un court instant dans l’œil du Démon égyptien.
En temps normal, la vue d’un humain, et qui plus est, le dérangeait, lui inspirait un profond mépris, et surtout une grande exaspération qui se transformait parfois en colère, voire en rancune qui pouvait crier à la vengeance. Habituellement donc, l’humain en question n’aurait pas fait long feu (et c’est le cas de le dire) face à l’ex-divinité mineure égyptienne.

D’un autre côté, depuis un certain, Kemseth était las. Blasé même. Les très nombreuses années qu’il avait vécu jusque là commençaient à lui peser, et depuis le temps qu’il traînait dans ce monde, qu’il croyait alors nouveau et qui l’avait amusé au début, le changeant de sa routine habituelle de l’ancien monde, avait fini, tout comme l’autre, par le rendre quasi indifférent à tout. La monotonie se faisait ressentir. Au début, il avait pourtant bien apprécié ce changement. Comme tout le monde, il s’était prêté au jeu, il avait pris un esclave, il s’était adonné aux joies de la débauche, avait fréquenté tous les endroits de Lichtland, les endroits « chics », en passant par les plus infréquentables jusqu’au lieux les plus étranges…Mais son esclave avait fini par le quitter, faute d’être Immortel, en prendre un autre ne le tentait guère pour le moment, il n’avait pas que ça à faire de s’en occuper à vrai dire, et même la maison de plaisir et tout ce que la ville pouvait proposer à ce sujet ne l’intéressait plus trop…
Peut-être était-ce la vieillesse qui se faisait sentir ? (Bien que du haut de ses quelques milliers d’années, on ne peut pas vraiment dire d’un Immortel qu’il soit vieux, d’autant plus que son apparence reste jeune, mais s’il était déjà vieux dans sa tête aujourd’hui, qu’est-ce que ce serait dans encore quelques centaines d’années…Rien que d’y songer, il déprimait…)
Et le fait que justement cet humain se tienne là, bousculant, même un petit peu, ses habitudes, était inconsciemment le bienvenu. Un peu de changement, voilà ce qu’il attendait en fait.
Ce fut une des raisons pour laquelle Kemseth ne désintégra pas l’intrus.
De plus, il devait l’avouer, cela l’intriguait, de voir ainsi un esclave humain se balader le soir, sans l’ombre d’un maître aux alentours semble-t-il…Sa curiosité pris le pas
En général déjà, les esclaves seuls, surtout les humains - « jouets » préférés des Immortels - abandonnés dans les rues, sans un maître à l’horizon, ne restaient pas longtemps seuls. Les ennuis arrivaient très rapidement, et sans prévenir.
Soit l’esclave trouvait alors un nouveau propriétaire, généralement pas vraiment de son plein gré, soit il ne résistait pas aux attaques des Immortels qui avaient les humains en horreur, et profitaient de cette pitoyable chose perdue au milieu des innombrables ruelles de la ville pour jouer avec lui, comme un chat joue avec sa proie avant de l’achever.
Que cet humain soit arrivé ici apparemment sans encombres, relevait presque du miracle. Ceci dit, la soirée ne faisait que commencer…

Les pensées de Kemseth s’interrompirent lorsque l’humain en question lui adressa la parole.
La porte ? Quelle porte ? De quoi parlait-il ? Kemseth perdit un moment le fil, étonné, puis se mit à cogiter rapidement. L’humain n’étant pas venu en volant, il avait du emprunter l’escalier. Hors, pour arriver à l’escalier, il faut d’abord entrer dans le bâtiment, auquel on accède par la porte d’entrée. Cette porte là donc ?

Kemseth se prit à sourire légèrement. Qu’il veuille entrer avant que la porte ne se referme…et ? Pourquoi s’excusait-il pour cela ? Personnellement, il n’en avait rien à faire…En tout cas, il ne voyait pas en quoi cela le concernait, et pourquoi il lui disait cela.
Mais devant l’attitude craintive de l’humain, Kemseth pensa qu’il devait peut-être l’intimider…Et peut-être s’excusait-il donc de l’avoir dérangé ? Quelle délicate attention…
Heureusement pour l’humain, Kemseth n’était pas un Démon du genre agressif, en tout cas, cela faisait un moment qu’il avait perdu du mordant, il serait temps un jour qu’il le reprenne, ça pourrait servir…

Kemseth avança d’un pas vers l’esclave.

« Tu veux entrer avant que la porte se referme, c’est bien, tant mieux pour toi… mais pourquoi tu t’excuses ? Ca devrait me concerner ? Remarque peut-être bien…que fait-donc un esclave hors de chez lui à cette heure-ci ? Et qui plus est, sans maître dans les alentours ? C’est assez louche tout ça…»

Lorsque le type avança d'un pas menaçant vers lui, Amadäus s'obligea à ne pas reculer lui aussi d'un pas. IL ne put s'empêcher de reculer le buste mais des jambes, il ne bougea point. C'était une des choses qu'il s'obligeait à faire de temps à autre : ne pas reculer. Il ne l'vait déjà que trop fait et plus particulièrement ce soir où il s'était excusé devant ce type.

Cependant, aux deux premières questions de l'Immortel, Amadäus comprit qu'il s'était trompé. Il ne faisait aucunement partie du groupe qu'il avait bousculé pour entrer. C'était une bonne chose. Les anges avaient beau être soit disant séraphiques, ils avaient eux aussi tendance à être un peu énervéset parfois même violents... On avait beau dire qu'ils aimaient la vie, les petites fleurs, les abeilles et le pistil sans compter les cigognes, les roses et les choux, il ne fallait pas oublier qu'ils avaient quand même tué pas mal de monde durant la guerre. Pas mal de monde dont beaucoup de ses semblables.

Il n'empêchait que c'était déjà une bonne chose de savoir qu'il ne risquait pas de se faire de la chirurgie plus ou moins plastique dans l'immédiat par un ange furieux qu'un esclave ait pu le bousculer devant ses amis. Le reste des questions ne lui fit cependant pas aussi plaisir. Il ferma les poings de colère, ne sentant que trop le cuir de son collier autour de son cou et ce type se permettait de... de faire quoi au fait ? Il n'avait pas aimé le ton sur lequel il lui parlait mais... Amadäus commença à marcher sur le côté tout en suivant l'Immortel des yeux.

C'était autant une manière que de dissipper sa colère, de s'empêcher de faire une bêtise que de s'éloigner un peu. Oh ! Pas tant que cela car il restait tout de même sur une trajectoire à peu près circulaire avec le démon ou l'ange pour centre. Puis après quelques pas, Amadäus s'arrêta tout aussi brusquement qu'il avait commencé à marcher. Pourquoi il avait fait cela, il ne savait pas. Se rendait-il même compte de son geste ? Il avait agi comme un félin qui tournait autour de sa proie. Quoique ses armes étaient plutôt limitées et qu'il n'avait de toute façon aucune chance de gagner. Il s'agissait d'une réminiscence de fierté sans aucun doute.

"Je vois... En effet, je n'ai pas à m'excuser auprès de vous. J'ai confondu avec quelqu'un d'autre. Pour le reste de vos insinuations... De vos douteuses insinuations... Je me serais donc échappé selon vous ? Mais voyez vous, ou plutôt ne voyez vous pas, que mon maître est là ? Il lui plait à se rendre invisible. Ou alors... Très très discret. J'exagère : il est extrémement discret le plus souvent, pas invisible. Et donc maintenant que vous êtes ô combien rassuré sur ma situation judiciaire, un humain donc esclave et pas en fuite, je m'en vais donc vaquer à mes occupations qui, rassurez-vous, ne vous dérangerons pas. A moins que vous ayez un droit de vue sur les étoiles, ce qui serait une première juridique."

Le ton avait été plutôt sec et agressif. Amadäus venait de se rendre compte que humain était synonyme d'esclave. Il s'était un instant demandé comment il avait su qu'il était esclave puis s'était rendu compte de cela. Un peuple d'esclaves... Si ça continuait, humain servirait comme insulte ou comme une menace...Amadäus fit un pas sur le côté se détournant plus ou moins du non-humain tout en se décidant à aller regarder les étoiles pour y réfléchir à unlieu où les humains seraient libres et un lieu sans Immortels...

Lorsque Kemseth s’était avancé vers lui, l’esclave n’avait pas reculé. Hmm…il avait plutôt du cran pour un humain…il devait le reconnaître. La plupart des humains se seraient enfuis sans demander leur reste, trop effrayés par les Immortels.
Il pouvait même voir une petite lueur rebelle au fond de ses yeux. Les esclaves farouches, et particulièrement les humains étaient très appréciés ces temps-ci, celui-ci devait en faire partie.
Mais cela ne répondait pas à la question de ce qu’il pouvait bien faire ici en pleine nuit, et seul selon ce qu’il semblait.
Mais avant que Kemseth ai pu dire autre chose, l’esclave s’éloigna un peu de lui et commença à lui tourner autour, pour s’arrêter de nouveau. Etait-il en train de le défier ? Non. Aucun humain censé ne ferait une chose pareille. Même certains Immortels ne titillaient pas trop Kemseth…Les Démons millénaires ne couraient pas les rue à Lichtland. En tout cas, de l’époque où il était encore très carnassier, on ne s’y frottait pas trop… il valait mieux éviter si on ne voulait pas finir dépecé.
Mais ce n’est pas non plus pour autant qu’il était « connu » dans ce monde, d’abord parce-qu’il ne le voulait pas, il préférait rester discret (pas de quoi se vanter d’avoir tués de ses semblables même si ceux-ci l’avaient cherché), ensuite parce-qu’il ne venait pas de ce monde justement, et ici, seules les familles puissantes angéliques et démoniaques étaient vraiment reconnues.
Donc cet humain n’avait aucune raison de savoir qui il était et de savoir ce qu’il était capable de faire.

Kemseth se prit à observer l’humain à son tour, tout comme celui-ci ne le quittait pas des yeux. Il attendit. Attendit quoi au fait ? Il ne savait pas trop en fait…peut-être une réponse de la part de l’humain d’abord, un comportement, une réaction, un événement, un truc qui se passerait quoi…ça changerait pour une fois…
Justement, l’esclave prit la parole.
A son langage, ce n’était pas un vulgaire humain. La plupart parlaient peu en fait, totalement soumis, les autres, soit parlaient très mal, dû à une mauvaise éducation (voire pas d’éducation du tout) ou soit parlaient très vulgairement (sans doute à cause la mauvaise influence de leur propriétaire au marché…).
Mais celui-ci était plus…sophistiqué. Si on pouvait dire. Au moins, il avait du vocabulaire. Même certains Immortels (les Démons en particulier allez savoir pourquoi…) en étaient dépourvus. Trop sauvages sans doutes, trop…primitifs.
Par contre, le ton lui, était loin d’être chaleureux.

Puis Kemseth tilta. Son maître serait donc dans les parages? Instinctivement, Kemseth scruta les alentours de son regard perçant, tout en gardant l’esclave dans un coin de son champ de vision. On ne savait jamais…
Kemseth devait reconnaître que, s’il pouvait deviner à leurs auras de quelle nature étaient les gens, il ne pouvait deviner la présence de quelqu’un d’invisible…Son flair très développé aurait pu l’aider, mais cela ne marchait pas tout le temps avec les Immortels car ceux-ci étant également dotés de pouvoir, ils pouvaient inhiber par magie le flair de Kemseth sous sa forme de Loup.

Il ne sentait pas la présence pour le moment. Si présence il y avait. Mais Kemseth resta sur ses gardes. Il ne voulait pas d’ennuis avec un maître pour avoir joué avec son humain…
Il y avait peut-être un moyen de vérifier. Il aurait pu lui sauter dessus sous sa forme de Loup et lui enserrer la gorge de ses crocs. Il aurait ensuite pu vérifier si le maître venait au secours de son esclave. Mais il y avait toujours le risque que celui-ci ne se montre pas, par flemme, par je m’en-foutisme de son esclave ou autre encore…Bof, ça en valait pas la peine.
Et puis honnêtement, qu’est-ce que ça pouvait lui faire qu’un esclave se balade la nuit à Lichtland sans maître ? Du moment que c’était pas le sien…Les humains étaient justement moins parasites que les autres Immortels qui jouaient souvent à qui est le plus fort à coups de combats nocturnes. Pitoyable. Au moins, l’humain le laisserait tranquille, il ne pourrait pas faire grand chose pour lui nuire, si ce n’était de faire du bruit pour perturber ses moments de méditation nocturne.
Il murmura plus pour lui même qu’autre chose.

« Bah…et puis qu’est-ce que j’en ai à faire ? Si ton maître n’est pas là, tant pis pour lui s’il t’arrive quelque chose après tout…Il n’avait qu’à pas te laisser seul, ou n’avait qu’à mieux veiller sur toi…ça ne m’intéresse même plus de terroriser autrui… j’ai même pas envie de faire de toi mon dessert du soir… »

Il se rapprocha d’un bord du toit. Contempla quelques secondes les étoiles. Les étoiles…L’esclave avait dit quelque chose à propos d’étoiles…
Kemseth sourit.

« Non je n’ai pas un droit de vue exclusif sur les étoiles…même si j’avoue que je les aime énormément… »finit-il dans un chuchotement.

Il les contempla encore un instant, d’un regard presque amoureux, puis se tourna de nouveau vers l’esclave qui se promenait lui aussi sur le toit.

« Bon alors, dis-moi, qu’est-ce que tu viens faire ici? C’est plutôt dangereux pour un esclave, surtout un humain, de se balader seul la nuit dans cette ville…T’es suicidaire ou quoi ? »

Ainsi donc, le type en face de qui il se trouvait recherchait où pouvait se trouver son maître ? Amadâus voyait sa tête bouger légèrement, dans la pénombre. Heureusement qu'il n'avais juste pas bougé les yeux sinon il n'aurait pas pu voir dans la pénombre grandissante. Ou plutôt deviner. C'est vrai qu'il s'agissait d'une supposition superbement gratuite qui n'entraînait aucune conséquence. Cela n'avait tellement aucun interêt que Amadäus se détourna finalement du démon - ou ce qu'il prenait pour tel. Il mit ses mains dans ses poches et lui tourna le dos, se dirigeant vers une canalisation qui sortait du toit pour prendre l'air frais de l'extérieur et assurer la ventilation du bâtiment. Ou quelque chose comme ça.

Alors qu'il s'éloignait, il entendit un murmure bas. Amadäus haussa les épaules,s e disant que le démon devait parler à lui-même mais il entendit plus ou moins les mots :"tant pis pour lui s’il t’arrive quelque chose après tout." Amadâus s'arrêta et retourna le buste prêt à écouter la suite. Il écoutait d'ailleurs avec attention. Il s'indigna lorsqu'il parla de mieux veiller sur lui. Mais ne dit rien car l'autre continuait à parler. A son tour, Amdäus grommella :

"Merci de ne pas vouloir me transformer en dessert mais je n'ai pas besoin d'un maître pour me couver."

Puis il se retourna de nouveau et posa son dos contre la canalisation et se laissa glisser au sol. Une fois qu'il se fut assis, il sortit ses mains de ses poches et les posa sur ses genoux, le regard vers les étoiles. Celles-ci brillaient avec une certaine intensité. Il laissa voguer son regard et ses pensées pendant un instant. s'amusant juste à reconnaître les formes générale, les coulées bleues, les traces scintillantes. Mais sa contemplation fut interrompue par la remarque de l'autre. L'esclave détache son regard des étoiles et regarda vers le démon. Il aimait les étoiles ? Tant mieux pour lui. Qu'il continuait à les regarder et qu'il se taise. Qu'il le laisse retourner dans sa contemplation et dans ses rêves.

Mais presque aussitôt, le grand type se retourna vers Amadäus, leur yeux se rencontrèrent. Ou du moins auraient dû se rencontrer : la pénombre régnait désormais et seule une faible lueur céleste les éclairait. L'humain en se gêna pas pour soupirer bruyamment. Il tourna son regard vers le ciel. Puis d'une voix étrangement lasse, il commença, brisant le silence de ces toits :

"Suicidaire ? Non... Comment l'être lorsque sa propre vie ne nous appartient pas ? Même si je me débat pour que ce soit le contraire... Non, pas suicidaire. Je cherche ce soir un peu d'espoir. Un réconfort dans les étoiles. Il me plaît à imaginer un monde sans démons, sans anges. Seulement des humains où nous vivrions heureux sans entraves, libres à souhait. Un monde où les démons et les angesne vivraient que dans notre imagination ou aux côtés d'un Dieu discuté."

Amadäus soupira et conclu en soupirant :

"Belle utopie que voilà... Un monde comme cela n'existe pas..."

Ses yeux passèrent sur une étoile et il resta à la contempler. Elle était plus brillante que les autres. Mais inaccessible, si inaccessible ! Il tendit la main vers elle, murmurrant le nom qu'il venait de lui donner :

"Hoffnung."

puis referma sa main dans le vide. Plus d'espoir. Pourtant elle brillait toujours dans le firmament.






d'après google trad hoffnung veut dire espoir. J'espère qu'il a raison. ^^'

La réponse de l’humain surprit quelque peu Kemseth. Un esclave philosophe, voilà qui n’était guère courant…Un peu d’espoir et de réconfort dans les étoiles, cela il pouvait le comprendre parfaitement. Combien de fois regardait-il lui –même les étoiles dans un utopique espoir de s’évader d’ici ? Il avait atterri ici plutôt par hasard, parce-que le monde dans lequel il vivait avant avait tout simplement cessé d’exister, et heureusement qu’il possédait des pouvoirs qu’il lui avait permis de trouver où se réfugier. Mais ce monde n’était pas vraiment le meilleur des mondes sur lequel on pouvait tomber…

Un monde sans Anges et sans Démons…c’était comme imaginer un monde sans humains pour les Immortels, ça devait peut-être exister quelque part, mais comme par hasard, on ne s’y trouvait pas…
Kemseth ne put s’empêcher de prendre la parole, même si l’esclave ne l’écouterait pas.

« Un monde où seulement des humains vivraient…quelle bonne blague !

Dans mon ancien monde, nous, Anges et Démons, on ne se mêlaient pas trop aux humains car ils étaient bien plus nombreux que nous, et comme nous étions différents nous étions rejetés, ou alors, pour un pays comme le mien autrefois, respectés, qu’importe notre nature angélique ou démoniaque. Mais surtout, on ne se mêlait pas à eux, car nous les trouvions intéressants, et n’y voyions pas l’intérêt…On préférait vivre entre nous, entre Immortels…Bon, les Anges de leur côté, et les Démons du leur, faut pas rêver non plus ! Car qu’y comprendrait un simple humain à notre style de vie ? A nos conflits ? Mais même en laissant les humains livrés à eux-même, tu sais ce qu’ils ont fait ? J’ai passé de nombreux siècles sur cette.. « Terre », et au fil de ces siècles, je n’ai observé qu’une seule chose : l’humain n’a cessé de persécuter son prochain.

Tuer pour des terres, pour de l’or, pour montrer sa puissance…Au fur et à mesure des années, ils ont même perfectionné leurs machines à tuer, plus la machine tuer d’hommes, meilleure elle était. Je n’avais jamais vu ça. Tuer sa propre race en plus ! Même nous on ne fait pas ça entre nous, on a beau être des Démons, mis à part des conflits personnels ou des conflits de clans, on n’irait jamais tuer quelqu’un de notre propre race pour ce genre de choses futiles. C’est presque un sacrilège.
Mais eux…les humains, ils ont beau ne pas avoir de pouvoirs, ils se débrouillent très bien pour exterminer des milliers, voir des millions de leurs semblables. Les humains ne sont pas capables de vivre en paix entre eux !

Vous n’avez pas besoin des Immortels pour trouver excuse à vous rebeller comme vous le faites ici, à Lichtland…

Et tu sais ce qui est arrivé après ? Ils se sont tellement tapés dessus qu’ils ont ravagé leur planète…ils ont tué leur propre monde! Et nous, Immortels, avons dû fuir…C’est pour ça qu’en temps normal, je ne peux supporter les humains. Vous êtes tous les même…quel que soit le monde où vous vous trouvez…Finalement c’est peut-être pas si mal votre condition d’esclave. Si les humains du monde où je viens, avaient été enchaînés ici, ça aurait été une bonne leçon pour eux.

Et ce Dieu unique dont tu parlais…Ils l’ont inventé figures-toi ! Ils ont voué un culte à un Dieu unique, y associant les Anges, normal tu me diras , vu qu’ils représente la bonté, mais ce Dieu même est devenu la cause de nombreuses de leurs guerres. Se battre pour un Dieu ! Et qui en plus n’existait que dans leurs têtes ! Pitoyable…Au départ, je ne m’y intéressais pas trop, mais mon ancien pays, l’Egypte, qui vouait un culte à plusieurs « divinités », à fini par y succomber, et ce fut son déclin, c’est aussi en partie pour ça que je suis parti par la suite…Les humains…vraiment prêt à tout, et à inventer n’importe quoi…

Ce monde dont tu parles n’existe pas ! Il est purement utopique, comme tu viens de le dire, imaginaire ! Un tel endroit n’existe pas et n’existeras sans doute jamais, fais-toi une raison… »

Le vieux Démon se tut enfin. Son discours avait été parfois ponctué de colère, mais il n’y pouvait rien. Toute sa culture, sa longue existence précédente, tout ce qu’il avait aimé là-bas, avait été détruit par de simples humains. Il n’y pouvait rien, ça le mettait en rage.
Ne trouvant rien d’autre sur qui passer sa résignation contrainte de sa condition dans ce monde pourri, il shoota dans la pauvre petite pierre qui se trouvait à ses pieds et qui atterrit sur les pavés en bas dans un petit bruit de gravats éclatés accompagnés d’échos lointains.

Amadäus se sentit intérieurement hausser les épaules à la première phrase du démon, physiquement, il rentra sa tête dans ses épaules. Bien evidemment que ce n'était qu'une blague ! Enfin, une blague... Ce n'était pas réel en tout cas, et jamais il n'aurait imaginé que ce put l'être mais bon, pas la peine de le lui relancer en pleine poire. Jamais il n'avait existé de monde où seuls des humains vivaient. Mais dès qu'il eut entendu la suite des paroles du liber, AmadÄus se redressa brusquement et le regarda, les yeux écarquillés. Alors franchirent de ses lèvres, des paroles sans son :

~ Comment ça : "dans mon ancien monde ?" ~

C'était qui, lui ? Puis sentant venir l'information intéressante ou tout du moins l'aveu intérressant, Amadäus se concentra sur ses paroles et écouta sans interrompre. Mais en entendant sa conclusion, il ne put s'empêcher de se sentir blessé. Ridicule puisqu'il était lui-même d'accord quelques minutes auparavant. Serrant les dents, il répondit à peu près calmement :

"Alors comme ça, les humains méritent l'esclavage parce qu'il savent se servir de l'intelligence ? Tu les trouve digne de la servitude parce qu'ils se tuent entre eux ? Tu te voiles la face ! Tu vaux pas mieux que ceux de ton conte. J'aimerai pas dire, mais vous aussi vous savez faire des milliers de morts parce qu'un meurtre a été fait ! Me dis pas le contraire surtout ! Combien de meurtres ont été commis suite à l'assassinat de Solaris ? Hein ? Aucun ? Bien bien sur... Et si les non-humains étaient si raisonnables, si responsables, si mieux que tout, pourquoi ne respecteraient-ils pas les autres espèces ? Et les laisser libres de vivre comme ils le veulent ?

Enfin ! Autres espèces... Il faut dire que vous laissez même ceux de votre propre race se faire enchaîner et maltraiter... Mais il y a que les humains qui le méritent, n'est-ce pas, mon gros ? Nooooon, non, non, nous on enchaîne des démons mais c'est pas grave, ca fait pas de nous des monstres, tandis que les humains bouh houh houh ! Ah non, c'est pas la même chose !"

Amadäus avait pris une voix un peu suraigüe et très ironique en faisant des gestes de marionnetiste avec ses doigts, histoire d'enfoncer un peu plus l'ironie. IL soupira, le sourire mesquin au lèvres, reprit un visage impassible et regarda de nouveau les étoiles en s'installant un peu plus confortablement sur le sol bétonné :

"Mais ton conte a une bonne morale... Les humains sont capables de se servir de leur cerveau, ils sont capable de vivre sans les anges, sans les démons. Et ces armes que tu honnis, nous les inventerons, nous les réinventrons et nous les utiliserons. Un à un, nous détruirons les maillons de la chaîne, des maillons qui ont pour nom "immortels." Ce monde que tu dis utopique et si imaginaire deviendra réel ! Bien réel... Nous le construirons à partir de ce que nous avons sous la main. Lichtland !"

Sa voix avait pris une tournure étrange alors qu'il parlait aux étoiles. Elle n'avait pas vraiment été menaçante, pas vriament rêveuse mais un peu des deux à la fois. On pouvait y sentir de la colère et un espoir fou. Il porta la main à son cou, touchant de nouveau le collier de cuir. N'ajoutant rien de plus sauf :

"A moins que tu n'ais une bonne excuse ?"

en regardant le démon du coin de l'oeil. Ce fut à ce moment là qu'il remarqua qu'il le tutoyait depuis le début. Il se demanda alors comment l'autre allait réagir...

« Une bonne excuse ? Non je n’en ai pas…pour quoi faire d’ailleurs ? Je n’ai à m’excuser de rien…ce n’est pas moi qui ai mis mon ancien monde à feu et à sang que je sache… »

Il soupira un court instant, puis reprit.

« Parce-que toi tu trouves ça intelligent d’inventer des machines pour s’entretuer ? Plutôt que d’utiliser leur intelligence à bonne escient, ils s’en servent pour détruire la vie qui leur a été donné, et ça, c’est stupide… Je conviens que les humains ont su inventer pas mal de choses pour améliorer leur mode de vie, eux qui ne sont pas immortels, pour se soigner etc, mais ça, des machines à tuer ! Quel intérêt franchement ?! Pour en avoir plus ! Plus de terres ! Plus d’argent ! A-t-on jamais vu pareille bêtise ?! Il n’y a que les humains pour désirer ce qu’a son prochain et le lui prendre de manière violente, vous êtes bestiaux…Vous ne savez que prendre, et vouloir toujours plus…Enfin…je ne sais pas, ça me dépasse ! Après tout je ne suis pas un humain, je ne peux peut-être pas comprendre ce qui vous pousse à faire ça…je ne vais pas ressasser ça des heures, ça ne sert à rien, ce qui est fait est fait. »

Non, il ne comprendrait jamais. Comment de malheureuses créatures sans pouvoirs avaient pu détruire un monde à eux seuls sans aucun respect pour ce qui leur avait été donné… Car avant d’être un démon, il avait été une divinité mineure, et avec ses semblables ils étaient les Créateurs de la Vie, Forces de la nature, et même si Kemseth était un Démon (après tout c’était une créature de Seth) il avait un grand respect de la Vie, et de tout ce qui l’entourait, la nature, le cosmos…et ne comprenait pas que les humains ne considéraient pas comme un présent la vie qui leur avait été offerte, ainsi que la nature dans laquelle ils vivaient, et eux, ils détruisaient tout…sans aucun respect ni considération…

« Je ne dis pas qu’ils sont dignes de servitude parce-qu’ils se tuent entre eux, mais peut-être que c’est la punition qu’il leur a été infligés pour les meurtres qu’ils ont commis, ce n’est pas moi qui les ai mis en esclavage que je sache… Quant à Solaris et compagnie, ce n’est pas mon problème, je ne suis pas de ce monde, ça ne me concerne pas, ce n’est pas mon histoire. Peut-être un jour, cette histoire et ses répercussions me concerneront quand Lichtland commencera à se révolter et à agir, mais pas pour le moment. »

Ce monde n’était que transitoire pour lui, en espérant qu’il existait d’autres mondes, et cela était forcément possible puisqu’il était passé de la Terre à Lichtland, il n’attendait que le moment où il pourrait quitter ce monde pourri de vices jusqu’à la moelle.

« Je laisse ceux de ma propre race se faire enchaîner ? Je te rappelle que je ne suis pas d’ici, ce ne sont ni mes frères, ni mes sœurs, et encore moins semblables…Même si je suis de nature plutôt démoniaque, à cause de mes pouvoirs et de qui je suis, je suis bien moins démoniaque qu’eux… J’avoue qu’il m’arrive moi-même de prendre parfois des esclaves, plus pour passer le temps qu’autre chose,et j’avoue que ce n’est pas une raison très honorable mais qu’ai-je d’autre sur ce monde ? Et si ça ne te plait pas, dis-toi que c’est parce-que je suis un démon après tout !

Je ne fais de distinction aucune entre un Ange et un Démon, car je ne suis vraiment ni l’un ni l’autre, donc je ne dis pas qu’ils ne méritent pas d’être enchaînés, s’ils en sont arrivés là c’est qu’il y a une raison, et je m’en fous pour être honnête, qu’est-ce que j’y peux ? Je crois au fait que, si quelque chose arrive à quelqu’un c’est qu’il l’a mérité, et peut-être ai-je mérité de devoir partir de mon ancien monde, parce-que je n’ai pas assez su veiller sur les humains et les empêcher de tout détruire, je ne sais rien de tout ça…

Tu voudrais peut-être que je libère tous les esclaves de Lichtland ? Là c’est toi qui te voile la face ! Même avec mes pouvoirs tout seul je n’y arriverai pas, il y a trop d’Immortels dans le coin prêts à garder leur objet de servitude coûte que coûte ! Tu ne changes pas un monde, ses règles et son monde de vie du jour au lendemain…Tu veux te rebeller ? Tu veux utiliser cette intelligence propre aux humains pour tout détruire ? Alors vas-y ! Ce n’est pas moi qui vais t’en empêcher ! Je n’ai plus rien à perdre de toute façon alors je ne vois pas pourquoi je te mettrais des bâtons dans les roues, et puis ça pourrai même être amusant, je m’ennuie tellement dans ce monde…

Construis-le ton monde sans Immortels ! Crois-moi, pour ma part je me porte également bien mieux sans humains alentours! Evidemment que vous pouvez vivre sans nous, vous vous en sortez très bien tout seul pour vous entretuer, pas besoin de nous… Tu veux ton monde sans Immortels sur Lichtland ? Beau projet, je te souhaite bonne chance, je n’ai jamais vu un monde avec autant d’Immortels à chaque coin de rue… En ce qui me concerne j’espère être parti bien avant vers un monde meilleur…Je n’ai déjà que trop vu le sang et la mort, merci bien… »

Il s’arrêta enfin. Il avait parlé sous la colère, sous la nostalgie et le regret, son discours partait un peu dans tous les sens, il s’était enflammé, il avait même déjà oublié la moitié de ce qu’il avait dit, il avait du parler de tout ça de façon presque inconsciente, les mots venant tous seuls.
Le ton avait été parfois un peu brusque mais involontaire…Car ce qu’il avait devant les yeux c’était la probabilité que l’histoire se répète, encore une guerre, encore du sang…les gens, humains comme Immortels, ne savaient-ils vraiment faire que ça en fin de compte ? Et cela conduirait-il encore à la destruction d’un monde ? A la fin de Lichtland ? Serait-il encore obligé de s’exiler vers un autre monde ? Un autre monde où l’histoire se répètera encore et encore ? Ne pouvait-il échapper à ça ?
Il regarda vers le ciel et soupira, puis sursauta presque en voyant l’humain toujours là, il l’avait presque oublié.
Un peu fatigué, il se pinça l’arête du nez, yeux fermés et soupira encore une fois.

« Désolé, euh qu’est-ce que je disais… Enfin bref, libre à toi de changer ce monde si tu le souhaite, après tout, je le dis encore, l’espoir fait vivre non ? Alors si t’as assez d’espoir pour survivre à tout ce qui t’attends vas-y…ce n’est pas mon problème, je veux juste m’en aller d’ici, vos guerres ne me concernent pas…Je me contenterais de regarder, ça pourrait être amusant. »

Il alla s’asseoir sur le rebord du toit, et se remit à contempler silencieusement les étoiles.