Désert humain.. mais pas vierge de personnes.

Amadäus marchait d'un pas traînant. Il était sortit du centre, avait longé des ruelles sales, était passé devant des centres commerciaux, des boites de nuits, des restaurants... Tout une ville en activité, grouillant comme une fourmillière. Grouillant comme comme des larves, des démons, des anges, des bâtards... Des épaules, des têtes, des ailes à n'ne plus finir. et lui, seul dans le lot, seul au milieu de tout ce monde, de toute cette profusion de vie, seul par sa nature, cela lui avait donné envie de vomir et envie de calme. Il avait eu le désir, quitte à être seul, de se trouver un endroit où il n'y aurait personne. Pas de démons, pas d'ange, pas d'hybrides, pas de maîtres, pas d'esclaves, personne. A la rigueur, deux ou trois chats de gouttière. Mais sinon...

Il avait donc marché encore et encore, laissant ses pas le guider à travers l'immensité de la ville, plongé dans ces pensées, les yeux sur ses chaussures cirées, les mains dans les poches. La foule dense, s'était peu à peu clairsemée et il levait la tête maintenant qu'il n'y avait plus personne. Il s'amusa à déambuler parmi ces hangars, à explorer ces lieux. Des lieux de solitude. Il ne savait plus l'heure qu'il était, il faisait juste encore jour, il était parti le matin et l'idée qu'il aurait dû rentrer pour éviter de faire croire à sa maîtresse qu'il fuguait ne lui venait même pas à l'esprit. Cela lui était complètement sorti de la tête, envolé, disparu.

Le silence des entrepots l'amusa. Il ferma les yeux, pencha un peu la tête et écouta ce silence. Un silence étrange : un silence mort pas d'acitvité, pas de cris, pas de bruits. Mais un silence vivant aussi, un silence où s'entendait le bruit du vent, où se devinait le crissement des insectes. Un silence agréable et surprenant. Sans qu'il ne s'en rendit compte Amadäus sourit, il se demanda s'il y aurait de l'écho, quel serait la réaction suite à une voix humaine dans ce lieu apparament désert. Il cria donc. Un mot. Un mot de bienvenue, un mot humain. Un mot qui incitait à la rencontre à la conversation. Une rencontre et une conversation que pourtant l'esclave avait fui en venant ici.

Mais il n'entendit nulle réponse et s'en fichait : il était replongé dans des pensées, dans des souvenirs, un sourire gai aux lèvres. Il n'entendit donc pas les pas qui se rapprochaient de lui, sans doute attiré par son cri.

Il faisait jour. Le matin avait pointé son nez, laissant passer des rayons lumineux par la fenêtre de la chambre où Yukito devait dormir lorsqu’il y parvenait. S’étant retourné une dizaine de fois dans son lit, sous ses couettes encore chaudes, il jugea mieux de se lever. Engel dormait encore à ce moment et l’ange ne voulu pas vraiment le réveillée, il préféra le laisser dormir et sortir un peu dehors, seul. Après il ne craignait rien en plein jour. En réalité, ce qu’il espérait en sortant dehors ainsi, seul, c’était de revoir Venetian. C’était plus fort que lui, il n’oublierait jamais la soirée où il l’avait rencontré. Cela faisait quelques jours maintenant, ou même plus, il n’en savait rien, ça lui semblait si lointain.

Les rayons du soleil caressèrent avec délice et douceur la peau des bras nu de l’ange, ainsi que son visage et sa nuque, car il marchait légèrement tête baissé. Vêtu de son large habit blanc immaculé, il n sentait pas le légère brise qui venait de se lever. Après cette soirée à voler dans le ciel glacé et parsemé d’étoiles, il ne pouvait connaître plus grande fraîcheur, tout lui semblait chaud maintenant.
Ne sachant où aller et n’ayant pour seul but de trouver son ami, Yukito marcha d’abord vers la rue, traversant un pont et se retrouvant ainsi devant le bar. Ce bar. Il en gardait un bon souvenir, puisque c’était ici qu’il avait pu rencontrer le petit démon. Décidément, il semblait que tous les éléments de la ville étaient ici pour lui rappeler cette soirée ! C’était inexplicable. Il ne s’était jamais autant soucié de personne avant ce jour même, si ce n’était le seul homme qui avait autrefois réussi à attirer chaque parcelle de son esprit à l’aimer et à le désirer, mais depuis cet homme là, personne n’avait su éveiller de nouveau ce sentiment.

Marchant tête baissée, l’ange secoua légèrement la tête, ce n’était pas le moment de penser à lui, mais plutôt à Venetian, s’il se sentait bien en ce moment, c’était bien grâce à lui et Engel, il ne fallait pas les oublier. Il marchait, marchait, ne regardant qu’à peine où il allait puisqu’il ne craignait plus de se perdre, il était certain que s’il retrouvait Venetian, celui-ci l’aiderai à retrouver son chemin, il fallait juste le trouver. Yukito ne regardait qu’à peine devant lui, c’est ce qui le conduisit à se perdre vraiment.

Il ne remarqua peu à peu que la lumière du soleil se faisait de plus en plus faible. Le froid se fit alors sentir un peu, pas grand-chose, mais assez pour alerter le petit ange. Il frotta fébrilement ses bras frêles et blancs, puis il releva la tête vers le ciel.
Il se trouvait dans un coin sombre et humide, entouré de grands bâtiments tout aussi noirs que l’atmosphère et on ne pouvait voir qu’une petite bande de ciel, dont un léger morceau de soleil. Yukito arrêta alors de marcher et il commença à balayer l’endroit de son regard. Un regard apeuré. Il ne savait pas par où il était arrivé car le chemin où i se trouvait menaient tous à des embranchements qui menaient eux aussi à des endroits tous aussi sombres qu’ici. S’il s’y aventurait, il ne risquait qu’une chose, de se perdre d’avantage. Ce n’était pas ce qu’il désirait.
Son cœur commença alors à se serrer, et s’il y avait quelqu’un non loin de lui, dans cet endroit si obscur ? Après tout les démons et les malfrats aiment ce genre d’endroits et aussi le genre de victimes comme lui. Sa respiration se fit de plus en plus saccadée, déréglée par la peur et le froid. Le soleil disparut bientôt derrière un des bâtiments et il finit alors par faire entièrement sombre.
Il se sentait bien stupide dans cette situation, quelle idée de s’aventurer n’importe où et surtout, de ne pas regarder la direction dans laquelle il va. C’était bien un de ses défauts ça : Ne pas regarder là où il va. Il était tellement habitué à être guidé par quelqu’un qu’il ne prenait que très peu la peine de regarder le chemin.

L’ange apeuré scruta alors l’endroit. Il n’avait plus qu’à se mettre en boule dans un coin bien sombre pour que personne ne le vois. Alors qu’il réfléchissait à la façon de se cacher, un cri résonna contre les murs. Le sang du jeune ange ne fit qu’un tour.
Quelqu’un l’interpellait ? On l’avait donc vu ? Il plongea son regard maintenant légèrement humide vers les ruelles, mais il ne vit aucune silhouette. Pourtant le cri semblait proche, il y avait bien quelqu’un non loin de lui. Il attendit quelque seconde, puis, ne voyant aucune issue, il s’avança dans une de ses ruelles, celle où il lui semblait avoir entendu le cri. De son pas lent, hésitant et trainant, il s’y avança, jusqu’à ce qu’il arrive à une autre débouchée, aussi sombre que celle précédemment, même plus sombre. L’ange resta planté sur place, les bras collé contre son torse, les frottant de plus en plus fort. Il fit alors un effort pour s’empêcher de respirer trop bruyamment, son cœur cognant de plus en plus contre sa poitrine, il scruta de nouveau l’obscurité.

Lorsqu’il aperçut le jeune homme, debout au milieu du hangar, Yukito sursauta en laissant s’échapper un léger gémissement. Il ne voyant ni son visage, ni même la couleur de ses cheveux, ni son corps, il ne voyait que le contour de sa silhouette. Tout d’abord, Yukito cru voir Venetian, mais il reconnu bien vite, déçu, que Venetian était plus petit et plus chétif que cet inconnu.
L’ange ne sut pas s’il fallait faire remarquer sa présence ou s’il lui fallait s’enfuir, l’inconnu n’ayant pas remarqué sa présence. Il semblait avoir la tête baissé, peut-être réfléchissait-il ? Ou alors il faisait semblant de ne pas l’avoir remarqué pour mieux l’attirer.
Après quelques secondes, l’ange se risque, après tout si cet individu lui voulait du mal, il n’avait qu’à faire ce qu’il avait toujours fait, lui donner ce qu’il cherchait, c'est-à-dire sa vertu.

« E-Excusez-moi…J-je… »

Son cœur qui bombardait chaque parcelle de son torse l’empêcha de dire un seul mot de plus.

Des mots d'excuses vinrent de derrière son dos. Amadäus sursauta. Il croyait tellement à être seul qu'il en avait oublié que si lui était là, il pouvait y avoir d'autres personnes en ce bas monde. Il se retourna rapidement, sur la défensive. Il fit face à l'inconnu, les poings levés prêt à se battre ou se défendre. Bien sur, ça avait été des mots d'excuse qui avaient été prononcés mais il avait perdu l'habitude de se fier aux paroles des gens. Ou plutôt, il avait pris l'habitude de se battre, aussi bien au figuré que textuellement parlant, pour n'importe quoi.

Cependant, lorsque ses yeux s'habituèrent à la pénombre dans laquelle se trouvait l'inconnue, Amadäus reconnu une femme. De quelle race était-elle ? Assurement pas démon. Assurément pas ange, non plus. Pourquoi ne pouvait-elle pas être un ange ? Elle avait pourtant un visage bien angélique. La pénombre n'était pas non plus la cause à cette mésentente. Surement parce qu'Amadäus avait envie de voir, parler, rier et discuter avec des humains. En plus, celle-là avait un petit quelque chose, il ne savait pas quoi, une sensation fugace, une impression éphémère, qu'elle n'avait pas de pouvoirs.

Rassuré, il se détendit et tout son corps qui était prêt à bondir se redressa, de trois quarts. Amadäus baissa la tête, fermant les yeux, portant la main à son collier machinalement, la main gauche dans sa poche et soupira :

"Et bien, on peut dire que tu m'as fait peur. Je ne m'attendais pas à voir quelqu'un ici. Et encore moins..."

Il ne termina pas sa phrase lorsqu'il reporta un regard doux et bienveillant sur l'inconnue. Pourtant le reste de ses mots étaient plus que sous-entendu dans son intonation. 'une humaine'. Mais sous-entendu pour lui. La fille d'en face ne voyait peut-être pas les choses de la même façon. Mais il ne s'en rendait pas compte.

"J'étais venu ici pour être seul mais, finalement, il y a bien des rencontres qu'on préfère à la solitude. Ne t'excuse pas de m'avoir abordé. Tu es toute pardonnée. Tu as été immédiatement pardonnée. Je vois pas comment on ne pourrait pas pardonner à un si joli visage..."

Amadäus se tourna face à elle et en souriant, lui annonça :

"Je m'appelle Amadäus, qu'est ce que je peux faire pour toi ?"

Les paroles hésitantes du jeune ange se noyèrent bien vite dans l’obscurité du hangar. A peine les eut-il prononcé que Yukito cru voir l’inconnu sursauter, se retourner semblant avoir les poings levés. Comme par réaction automatique, Yukito releva les mains pour montrer qu’il ne voulait rien de mal et il recula d’un pas, tremblant de tous ses membres.
Il resta ainsi le temps que l’inconnu se rende compte qu’il n’avait pas affaire à quelqu’un de mal intentionné. Cependant l’ange n’avait pas arrêté de reculer et il se trouvait ainsi contre un des murs glacés d’un immeuble aussi grand que pouvait être profond un abîme. Il resta ainsi collé contre la pierre et garda son regard terrifié pointé vers la personne qu’il regretta fort d’avoir interpelé.
Mais à sa grand surprise, l’inconnu rabaissa ses poings et sembla se détendre, il avait apparemment vu que Yukito n’était pas un personnage du genre à se battre ou vouloir du mal à quelqu’un. L’ange par contre, resta là, dans son coin, à attendre que son interlocuteur prenne la parole. Il l’observa tripoter son collier et glisser sa main dans la poche de son pantalon. Qu’est ce qu’il faisait ? Le théâtre imaginaire de Yukito commençait à se mettre en place. Peut-être l’homme était-il armé ? L’homme ou le démon quel qu’il soit.
Yuki rabattit ses bras autour de ses épaules frêles comme pour se protéger, ne baissant pas la tête pour autant. Il sentait contre ses bras son cœur qui cognait de plus en plus contre sa poitrine, même si celui-ci semblait s’être calmé, étant un peu moins douloureux. Sa respiration elle aussi s’était calmée, même s’il n’arrivait toujours pas à la contrôler, ses poumons semblaient ne pas recevoir assez d’air. Dans quel pétrin s’était-il encore fourré ?

La voix de l’inconnu résonna ensuite contre les murs et s’éteignirent dans l’obscurité. Yukito ne s’était pas attendu à ce qu’il lui parle si… familièrement ? De plus il n’avait pas finit sa phrase, ce qui laissa le petit ange perplexe. Il lui avait fait peur, ça il l’avait bien remarqué. Mais pourquoi avoir crié s’il ne s’attendait pas à recevoir de réponse ?
Les yeux de Yukito ne s’étaient pas encore vraiment habitués à l’obscurité de l’endroit, mais il put enfin remarquer la couleur grisâtre des cheveux du jeune homme, car il semblait être un jeune homme pour cette couleur de cheveux qui tiraient bien vers le blanc. Yukito plissa les yeux pour essayer de mieux scruter l’homme, mais il ne put que voir de vagues traits de son visage, et puis il n’était pas assez près pour vraiment le voir de toute façon.
Presque sans s’en rendre compte, l’ange fit un pas en avant, puis un deuxième, ainsi de suite pour se retrouver plus près de l’inconnu, à deux mètres à peu près, ne comptant pas aller plus près. Qui sait ce qu’il avait derrière la tête après tout.
C’est alors que celui-ci reprit la parole sans attendre la moindre réponse de la part de l’ange. Il lui avouait explicitement qu’il ne le dérangeait pas pour ensuite ajouter que son joli minois ne pouvait permettre qu’on ne le pardonne pas. Yukito ne comprenait pas vraiment pourquoi il disait cela, mais de toute façon cela n’avait pas d’importance, ce qu’il voulait, c’était sortir de cet endroit glacé, avec ou sans l’aide de cet inconnu. Inconnu, il ne le resta pas car celui-ci lui donna son nom en souriant. L’ange ne comprit vraiment rien. Qu’est ce que cet homme faisait ici et pourquoi était-il aussi aimable devant un inconnu ?

Le corps de l’ange sembla lui aussi se détendre un peu, son cœur ne lui était plus autant douloureux et sa respiration se calma un peu plus. Il garda toutefois les bras autour de ses épaules car le froid avait pour don de le gêner plus que tout.
Un rayon lumineux passa à travers le toit des immense immeubles et éclairèrent légèrement l’endroit. Yukito put ainsi voir un peu mieux le visage d’Amadäus sans forcer sur ses propres yeux. Ses cheveux étaient bien gris tirant vers le blanc, son visage était jeune et aux traits plutôt fins, il était grand, très grand même pour le petit ange, et son regard était plutôt doux malgré son visage plutôt dur.
Rassuré ? Yukito l’était un peu, un démon ne pouvait pas avoir une telle apparence, cette personne ne pouvait être qu’un ange ou un humain.

Ce n’est qu’après quelques secondes de contemplations et de découverte du visage de cet inconnu, que Yukito se rendit compte que celui-ci lui avait posé une question après s’être présenté. L’ange fit environ cinq pas, de quoi se retrouver à un mètre d’Amadäus et baissa un peu la tête, n’osant pas le regarder dans les yeux.

« E-Et bien… Je me suis perdu. »

Il avait un peu honte de son inattention et de sa façon un peu stupide de se perdre.

« J-Je cherchais Monsieur Snares et je me suis perdu… »

Il sentit ses joues s’enflammer, il se sentait vraiment stupide. Et puis Amadäus ne savait probablement pas qui était Venetian, donc il ne pourrait même pas l’aider à le retrouver.

Embrouillé par sa peur, Yukito en oublia presque son maître, lui qui ne savait même pas qu’il était de nouveau parti. Qu’allait-il dire lorsqu’il trouverait le lit vide de son cher esclave ? L’ange préféra ne pas y songer.

Un sourire encore plus grand ne put s'empêcher de surgir sur les lèvres d'Amadäus. C'était vraiment très craquant de la voir comme ça aussi... Fragile. Humaine. Il crispa mentalement les yeux. Bon sang ! Voilà que fragile et humain étaient synonymes ? Et lui-même le disait ? Il faudrait qu'il fasse attention sur le vocabulaire. La défaite des mots était le premier pas vers une reddition totale et incoditionnelle. Bref. Elle, en tout cas, lui faisait penser à un moineau. A voir comment elle s'était approchée aussi craintivement de lui, il était quasiment certain, qu'elle courrait à l'autre bout de la ville. Rien qu'à voir comment elle mettait ses bras autour de ses épaules. Combien il avait vu d'humains se protéger ainsi ? Trop à son goût. Il avait une folle envie de lui dire qu'elle ne risquait rien avec lui. Enfin... De lui. Et si un démon quelconque ne venait pas lui trifouiller la cervelle non plus. Ca faisait finalement trop d'inconnues dans l'équation. Et puis, surtout, il ne se sentait pas le courage de dire un truc aussi bête. La bête peur du ridicule.

Elle le contemplait aussi. Il ne bougea pas, n'insista pas. Non seulement il ne voyait pas trop que dire mais il craignait qu'au moindre mouvement de sa part, elle ne s'envole au loin. Purée ! a l'entendre penser ainsi, on aurait pu croire qu'il s'agissait d'une non-humaine ! Mais Amadäus était persuadé - s'était persuadé ? - qu'il s'agissait d'une humaine. Une humaine dont il adorait le visage et les grands yeux tristes et craintifs. Mais là, il avait envie qu'elle se dépêche un peu, il avait une folle envie de remettre le veston de son costume noir en place sur ses épaules. Il lui tirait un peu entre les homoplates. Enfin, elle parla ! Il leva les mains pour les accrocher aux bords des pans de sa veste et le réajusta tout en lui disant d'une voix bienveillante et rassurante :

"Tu t'es perdue ? Mais non ! Je suis sur que tu sais plein de choses. Je parie que tu sais qu'on est à Lichtland. Ca fait déjà une chose de moins et ca restreint le périmètre de pas mal de kilomètres carrés. Moi aussi, je suis perdu. Enfin disons plutôt que j'ai pas fais attention où j'ai marché. Mais à vue de nez là, nous sommes dans les entrepôts de la ville. Au sud. Et comme le nord est..."

Il avança de quelques passur le côté, recherchant un endroit où l'on pouvait voir le soleil. Puis alors qu'il était en pleine lumière, il regarda le ciel dans tous les sens avant de faire un quart de tour vers la gauche, de tendre le bras avec une main ouverte et de terminer :

"...Par là !!"

Il se retourna de nouveau vers elle et continua son explication.

"Si tu veux retrouver le centre ville, il faut qu'on aille dans cette direction. Par contre... Ton Snares... Je sais pas où il est vu que je sais pas qui c'est. Si t'es un peu plus précise sur là où on peut le trouver, je veux bien t'aider..."

Puis une idée lui traversa l'esprit et il perdit son ton bienveillant pour passer à un autre franchement glacial :

"Sauf si c'est ton maître ou sur un ordre de ton maître. Dans ce cas, je t'aide à le retrouver et je lui arrache la gueule."

Il avait baissé légèrement la tête pour dire cela. Son regard c'était perdu dans le vide. Mais il reporta bien vite son attention sur la fille et remarqua alors qu'elle n'avait pas de collier. Il se mordit la lèvre. Elle avait l'air super craintive. Avait-elle oublié la liberté pour qu'on ne lui rappelle pas son esclavage ? Bon, ce qui était dit était dit, il rattraperait les pots cassés plus tard mais il n'avait aucune intention de l'envoyer dans les griffes d'un libre.

Plongé dans ses pensées celles-ci occupées principalement d’Engel à cet instant, Yukito en oublia presque le pétrin dans lequel il était. Il fut ramené à la réalité lorsque le jeune homme mit son manteau sur ses épaules, faisant retentir alors un bruit de froissement dans l’obscurité du hangar.
L’ange releva alors la tête, assez pour pouvoir plonger son regard dans celui d’Amadäus. Son veston posé sur ses épaules, ses mains accrochées aux bords des pans de celle-ci et le regard bienveillant, il répondit.

Tout d’abord il lui avoua le nom de la ville ou l’endroit où ils se trouvaient, ce fut la première fois que Yukito entendit ce nom : Litchland. Amadäus disait que l’ange était sûrement au courant de cette information, hors celui-ci n’osa pas dire qu’il n’en avait eu aucune idée jusque cet instant.
Suite à ce que le jeune homme disait, Yuki ne put s’empêcher d’esquisser un petit sourire du coin des lèvres mais qui s’effaça bien vite. Alors comme ça Amadäus aussi s’était perdu, voilà que Yukito se sentait moins stupide. Cependant, l’ange douta, cet homme n’avait pas l’air franchement alarmé pour quelqu’un de perdu, surtout dans un endroit pareil, il avait l’air plutôt à l’aise avant qu’il ne vienne à sa rencontre. Peut-être avait-il cherché lui-même à se perdre volontairement ?

L’ange regarda ensuite l’homme qui sembla prendre des initiatives en cherchant un endroit par où passer pour se sortir de cet endroit plus que terrifiant. Il fallait voir le bon côté des choses, cet homme n’avait pas l’air de lui vouloir du mal, il avait l’air plutôt robuste et en plus de ça il cherchait une issue. Yukito aurait pu se dire à partir de maintenant que tout était hors de danger, mais il entreprit tout de même de se méfier encore, après tout on est jamais à l’abri où que l’on soit. Seuls Engel ou Venetian avaient son entière confiance.
Alors que Yukito recommençait à songer à son maître et au démon, son interlocuteur tendit la main vers un des chemin formé par les murs des immeubles noirs en lui annonçant que c’était par cette sortie qu’il fallait partir. Il semblait sûr de lui en lui disant que par ce chemin là, ils rejoindraient le centre ville. L’ange ne savait même pas où se situait le centre ville par rapport au bar ou même à la maison d’Engel. Puis son doute se révéla vrai, Amadäus ne connaissait pas Venetian, mais par gentillesse il lui proposait de l’aider.

L’ange ne put s’empêcher de noter que l’homme parlait de lui… au féminin ?
Quelques choses redevinrent claires, l’homme le prenait pour une femme ? Comment pouvait-on prendre Yukito pour une femme ? Certes, son visage n’avait rien de bien viril et en plus de cela ils étaient dans une atmosphère démunie de lumière, de plus la voix de l’ange n’avait rien de bien masculin.
C’était peut-être pour ça que le jeune homme n’avait pu s’empêcher de faire remarquer qu’il lui était impossible de refuser d’excuser un joli visage en s’adressant à Yukito. Un sourire glissa sur le bord des lèvres de l’ange, c’était assez drôle comme situation, mais il allait falloir qu’il lui fasse remarquer tout de même qu’il n’était pas du genre féminin mais bel et bien un homme.

Perdu dans ses réflexion, l’ange n’entendit qu’à peine ce qu’Amadäus dit ensuite, sans même se douter de l’erreur qu’il venait de faire et celle qu’il venait de dire. Yukito fut indigné. Se battre avec son maître ? Venetian qui plus est ? Mais Venetian n’avait rien de quelqu’un de réellement mauvais, de plus ce n’était pas son maître.
Cette erreur là par contre, l’ange jugea vraiment bon de la faire remarquer au jeune homme. Hésitant, sa voix résonna dans le nouveau silence installé entre les deux personnes.

« M-Mais mon maître ne me ferait jamais de mal. Et puis, Venetian n’est pas mon maître, juste un… »

Les joues du jeune ange semblèrent prendre feu, laissant voir une jolie couleur pivoine, histoire que l’on puisse bien comprendre ce qu’il avait derrière la tête et au fond de son cœur.

« … Un bon ami. »

L’ange passa une de ses mains fraîches sur une de ses joues, celle-ci était brûlante. Il fut surpris de rougir aussi facilement rien qu’en parlant de Venetian.
Fort heureusement pour lui, Amadäus avait baissé la tête et donc, il y avait beaucoup de chances pour qu’il n’ait pas vu cette subite teinte prendre place sur les pommettes de Yukito.
Il préféra ensuite être clair sur le sujet de son aître, ne souhaitant pas attirer des ennuis à Engel, lui qui n’avait rien fait de mal envers Yukito et qui devait sûrement s’inquiéter pour lui maintenant.
Sa voix hésitante et craintive retentit alors une nouvelle fois dans l’obscurité.

« Mon maître est un ange, comme moi. Il a accepté de me venir en aide lorsque je l’ai rencontré sur les berges du lac. Il m’a accueilli chez lui très gentiment et il s’est occupé de mes blessures. »

Un sourire se figea sur les fines lèvres de l’ange lorsqu’il se rappela sa rencontre avec Engel. C’était comme si cela s’était produit quelques heures auparavant tant c’était clair dans son esprit.

« Il doit être inquiet pour moi en ce moment. Je ne lui ai pas dis que je partais me balader, j’avais en tête de retrouver Monsieur Snares. Mon maître doit se douter que je me suis perdu, de plus il sait très bien que je suis très peureux, donc il sait très bien dans quel état je suis lorsque je me perds. »

Encore un sourire. Imaginer Engel qui se faisait du souci l’attendrissait beaucoup, ça prouvait en quelques sortes que son maître tenait à lui un minimum, non ?
Les joues de Yukito reprirent leur couleur rouge.

« Enfin bon… J-Je dois vous ennuyer avec mes petites histoires. »

Après tout, Amadäus avait des choses bien plus importante que d’écouter le petite ange parler de son maître et de son nouvel ami.

*Un ange... Comme MOI ?*

Amadäus se retourna brusquement vers la fille. Il la scruta aussi attentivement que ce qu'il pouvait le faire dans la pénombre. Etait-elle une ange ou une humaine ? La plupart des non-humains pouvait distinguer à vue de nez ou d'oeil à quelle race ils avaient affaire. Certains humains aussi y arrivaient assez bien. Mais Amadäus n'avait jamais compris comment ils faisaient. Ce n'était en aucun cas facile pour lui et seuls les attributs visuels le lui indiquaient : des cornes, des ailes... Même si on observait assez souvent des traits communs chez chacune des races. Pour les humains, les japonais ne ressemblaient généralement pas aux vietnamiens*. Bien sur, ce n'était pas automatique mais... Et puis, il ne savait quoi... Cette fille ne lui semblait en aucun cas angélique. Certes, elle avait bien des traits communs physique et tout le tremblement mais... Si elle était une non-humaine, donc, pourquoi ne s'envolait-elle pas pour prendre un peu de hauteur et regarder où elle allait ?

Elle ne pouvait être qu'humaine. Elle avait dû parler métaphoriquement. Oui, c'était cela. Elle devait aimer la poésie ou les figures de style.

Amadäus attendit qu'elle eut terminé et repris :

"Ne t'excuse pas. Tes petites histoires comme tu dis, c'est l'histoire de ta vie. En quoi ce ne serait pas important ? Ne sois pas modeste mais fière de ce que tu es. Sans ça, tu ne sortiras jamais de l'esclavage."

Amadäus s'était approchée tranquillement d'elle, elle semblait un peu plus mise en confiance. Elle ne s'en irait surement pas maintenant.

"Mais ce que je ne comprend pas : c'est que tu avais bien dû t'enfuir pour te retrouver blessée au lac. Comment... Enfin... Je ne comprend pas pourquoi tu as accepté aussi facilement de te soumettre à cet ange ? Ta liberté contre le soin de tes blessures ? C'est cher payé, tu ne trouves pas ?"

C'est alors qu'en étant plus près, il vit qu'elle avait rougie. Il reprit aussitôt, un peu précipitemment au début :

"Euh ! Désolé, je ne voulais pas te blesser ! Ce n'est pas que je mette en cause ton courage ou ton jugement mais..."

Mais quoi, crétin ? C'était exactement ce que tu venais de lui sous-entendre. Il ne savait trop comment se rattrapper aussi, il préféra changer de sujet. Il lui passa un index sous le menton et lui fit relever doucement le menton pour qu'elle relève la tête. Il sourit.

"Là ! C'est beaucoup mieux. Garde ta tête levée, redresse toi sans crainte ! Lorsque tu verras ce qu'il y a devant toi, tu verra qu'il n'y a pas matière à avoir peur. Il n'y a pas de danger dans un mur ou une rue. Quant aux démons et autres, ce sont avant tout des êtres vivants avec eux leurs doutes et leurs faiblesses. Ils ne valent pas mieux que nous. Ils valent moins que nous !"

Amadäus avait fait un pas sur le côté, se plaçant désormais très près de l'humaine, en lui montrant le hangar vide. Il n'y avait pas de danger à craindre. Mais lui-même ne regardait pas ce qu'il montrait. Il gardait les yeux fixés sur le visage magnifique de la fille. Il repoussa une mèche de cheveux qui lui tombait sur le visage en laissant glisser ses doigts sur sa joue. Il alla caler les cheveux derrière son oreille, lui dégageant la vue.

"Dis-moi... Quel est ton nom ? J'aimerai le connaître..."









*après des années de test, je vois la différence au premier coup d'oeil. ^^

Son regard. Yukito le sentait parfaitement, le regard de l’homme qui la scrutait comme s’il cherchait à lire en lui.
Les paroles qu’il avait prononcées semblaient laisser Amadäus perplexe, ce que l’ange ne comprit pas vraiment. Il n’avait pourtant rien dit de choquant. Etait-il raciste ?

Lorsque sa propre voix fut évanouie sans l’obscurité du hangar, le jeune homme ne laissa pas le silence s’installer et reprit directement la parole. Sortir de l’esclavage ?
L’ange n’avait plus vraiment pensé à cela depuis qu’il avait rencontré Engel. Depuis ce jour là, esclavage n’était plus vraiment synonyme de tourments et de souffrance.
Son maître l’avait si bien traité durant des jours que d’avoir le statut d’esclave ou de libre, Yukito s’en fichait légèrement. Apparemment, Amadäus n’avait pas eut les mêmes traitements que l’ange, pour penser rien qu’un instant au fait qu’il ait envie de sortir de son statut d’esclave.
A en juger par son collier de chaînes et de cuir, le jeune homme ne pouvait être qu’esclave, peut-être avait-il été victime de mauvais traitements ? Ou alors n’était-il pas heureux avec son maître ou sa maîtresse, c’était fort possible.

L’homme s’était approché, trop tard pour que l’ange puisse réagir. Il ne se trouvait vraiment pas loin de lui, même très proche. L’attention qu’Amadäus portait sur lui gênait pas mal le petit ange et son teint n’en fit que devenir encore plus rouge.
Maintenant Yukito pouvait en être certain. Ils n’avaient absolument pas la même vision de l’esclavagisme et l’ange ne voudrait en aucun cas vivre la situation dans laquelle était Amadäus, car à l’entendre parler, cela semblait si terrible. Yukito qui se sentait si bien là où il vivait, auprès d’Engel, avec Venetian aussi, pourquoi voudrait-il changer ?
Engel était plus un ami qu’un maître à ses yeux.

Des excuses. Amadäus semblait regretter d’avoir dit ce qu’il pensait et cela fit sourire le petit ange. Il n’avait pas à s’excuser, le jeune homme devait prendre son expérience pour une généralité. Si Yukito lui disait qu’il était heureux en tant qu’esclave, ça ne servirait à rien car à ses yeux, c’était probablement quelque chose d’impossible.
Yukito ne bougea pas et se laissa faire lorsque le jeune homme passa son index sous son menton afin de lui relever la tête et lui sourire. L’ange eut la désagréable sensation de brûler au niveau du visage. Personne n’avait eut se genre de comportement avec lui hormis Engel ou Venetian. Cela était sûrement dû au fait qu’Amadäus le prenait pour une fille.

Dire que les démons valaient moins qu’eux, indigna légèrement le petit ange. Dire cela, c’était mettre Venetian dans le même sac que les démons qui tuent pour le plaisir et qui utilisent les autres êtres humains ou angéliques pour assouvir leurs besoins.
Or Venetian n’était en aucun cas comme ce genre de démons, Yukito le savait. Il le savait puisque son gentil démon lui avait raconté son enfance.
En conséquence, le sourire logé sur les lèvres de l’ange s’évapora.
Il ne bougea pas néanmoins et se résonna en se persuadant que chacun se fait des idées des autres êtres vivants en fonction de leur vécu. Amadäus avait peut-être vécu des expériences difficiles et s’était par conséquent forgé cette opinion. Chaque personne a droit à sa propre vision des choses de toute manière.

Amadäus s’avança légèrement plus, si cela était possible. Yukito eut un léger sursaut lorsque les doigts du jeune homme vinrent dégager une mèche de ses cheveux argentés et les placer derrière son oreille. Pourquoi agissait-il ainsi avec lui ? Yukito releva le regard et le planta dans celui de son vis-à-vis, sans donner la moindre attention à ce que celui-ci lui montrait. Il remarqua alors que le regard de celui-ci était déjà posé sur son visage. Visage qui prit une teinte rouge plus vive que jamais.
C’est alors que le jeune homme lui demanda son nom. La voix hésitante, la gorge légèrement nouée par la situation où il se trouvait, Yukito réussit tout de même à prendre la parole.

« J-Je m'appelle Y-Yukito. »

Peut-être que de savoir son nom mettrait le jeune homme sur la voie. Peut-être se rendrait-il compte que le petit ange dont il caressait le visage d ubout des doigts n'était en aucun cas une demoiselle.
Il déglutit alors un bon coup avant de reprendre la parole. Noter que son statut d’esclave ne le préoccupait pas était important pour le petit ange.

« Ne vous en faites pas, vous ne m’avez nullement blessé. C’est juste qu’en réalité, Engel et Venetian sont justement les personnes qui m’ont appris… »

Il hésita quelques secondes, quelque part ça ne regardait pas vraiment le jeune homme.
Yukito n’avait jamais donné autant d’importance à sa vie privée et à son intimité depuis qu’il avait rencontré ses deux amis.
Lorsqu’il était encore au marché de Sero, il se fichait pas mal de savoir si deux ou trois démons allaient abuser de lui tel jour ou un autre jour.
N’ayant pas vraiment envie de donner au jeune homme l’occasion de croire aux maltraitances inexistantes de ses deux amis, Yukito se jeta à l’eau.

« … Ils m’ont appris à ne pas me laisser soumettre. Engel ne m’a jamais voulu de mal, Venetian non plus. »

Il détourna le regard et se mit à regarder un point fixe dans l’obscurité. Une poubelle tiens. Il la fixait pour ne pas rencontrer le regard d’Amadäus à nouveau, gêné par ce qu’il venait d’avouer.
Peut-être l’homme n’avait-il pas entièrement compris où le petit ange voulait en venir.
Sexuellement abusé, cela tout les jours. En voilà un passé que Yukito avait du mal à digérer. Et encore moins sa façon d’agir, de se donner pour que les démons qui lui cherchaient du mal le laissent tranquille.

« Je n’ai jamais été à proprement dit l’esclave d’Engel, je suis plutôt libre. »

Il retourna son regard vers le jeune homme en souriant cette fois, légèrement, du coin de ses lèvres fines et légèrement rosées.

« S’il était mauvais, je ne serai pas là avec vous en ce moment, mais plutôt enchaîné à son lit, vous ne croyez pas ? »

Silence. Silence plutôt pesant pour le petit ange.

Silence. Silence surpris pour l'humain.

Il était depuis quelques minutes bouche bée, complètement ahuri. Sa bouche bougeait dans le vide sans émettre aucun son, comme un poisson hors de l'eau. Il était aussi le cul par terre. Littéralement. Comme l'ange avait regardé un autre endroit, il n'avait pas dû voir cela mais Amadäus était bel et bien assis sur le sol poussiéreux et bétonné. Au bout d'un moment, il ressentit la fraîcheur de la terre et remarqua sa position en regardant autour de lui sans trop comprendre comment il en était arrivé là. Il se remit prestement sur pied, épousseta un instant la saleté qui se trouvait sur son pantalon fonçé et commença à retrouver un peu la voix :

"A ne pas ?... Mais ... Euh..."

Il avala sa salive et se râcla un peu la gorge pour enfin retrouver sa voix et surtout des pensées un peu cohérentes :

"Attends ! A ne pas te laisser soumettre ? Et tu acceptes d'être esclave ? Que tu dises que tu es plutôt libre, permets moi d'en douter. Tu n'as pas de collier mais tu te comportes comme tel ! Tu parle de cet Engel comme "ton maître"! Tu as dis cela ! Ne me ments pas, ne te voiles pas la face surtout. Tu te mens à toi même. Ils t'ont surtout lavé le cerveau, oui ! Pour que tu crois qu'ils sont tes amis, pour ! Pour... Pour tout ça quoi !"

Il n'arrivait pas trop à trouver ses mots, il explosait un peu maintenant que la surprise était passée. Il recula d'un pas. Il avait remarqué qu'elle était assez intimidée par sa présence et comme son emportement le faisait hausser le ton. IL n'avait pas envie qu'elle prenne cela pour elle, c'était surtout contre ses maîtres qu'il râlait. Amadäus ramena les bras le long de son corps, les poings serrés, crispés de rage et d'impuissance. Les yeux baissés, regardant le sol gris, la voix calme mais tremblante de rage, il reprit :

"Je préfererais qu'ils t'aient attaché à leur lit plutôt qu'ils aient annihilé ton indépendance et ta fierté. Parce que là, maintenant... La laisse n'est même plus physique. Elle est psychique."

Il releva les yeux et la regarda. Il essaya de capter son regard puis demanda :

"Yukito... Tu connais le syndrome de Stockholm ?"

Ses mains s'étaient relâchées, son attitude étaient maintenant plus engageante, mais c'était surtout à cause de la sensation que tout était vain qui l'étraignait. Il avait sur son visage une expression étrange qui mêlait plusieurs de ses sentiments. Un faible sourire aux lèvres et un regard qui montrait une certaine pitié à son égard, une certaine envie de l'aider à lui faire comprendre la réalité des choses, une compassion avant tout.

Le silence pesant fut rapidement remplacé par un bruit sourd qui attira l’attention de l’ange. Amadäus venait de carrément tomber les fesses sur le sol poussiéreux. A cette vue, du coin de l’œil, Yukito ne put s’empêcher d’esquisser un sourire et le regarda se relever précipitamment.

Lorsqu’il reprit la parole, il semblait un peu abasourdi, ce que le petit ange venait de dire semblait l’avoir choqué, pourtant il n’y avait rien de choquant. L’homme semblait ne pas vraiment comprendre ce qu’il essayait de lui faire comprendre. Seulement quelques secondes s’écoulèrent avant que celui-ci ne reprenne la parole d’une voix grave. Ses paroles d’ailleurs, enlevèrent le sourire du jeune ange.

De toute évidence, il n’avait pas comprit ce que Yukito tentait vraiment de lui expliquer, il ne voulait pas le croire lorsqu’il lui disait que son maître n’était pas comme il le pensait et qu’il était bon. Il avait eut l’erreur de dénommer Engel comme un maître, car il avait bel et bien l’habitude d’appeler comme cela les personnes qui se montraient supérieure, mais une personne supérieure n’est pas forcément mauvaise, si ?

Le jeune homme était maintenant énervé, cela exaspérait pas mal Yukito, il n’avait plus envie de parler de ça, mais en même temps, qu’il croit tant de choses fausses, il ne voulait pas non plus. Il n’avait pas non plus comprit ce qu’il voulait dire lorsqu’il il parlait de sa soumission passée, lorsque tout les démons du marché de Sero lui prenait son corps en échange de le laisser en vie.

Amadäus baissa les yeux sur le sol et ramena ses bras le long de son corps. L’ange quant à lui n’était plus autant intimidé par sa présence qu’il ne l’était quelques minutes auparavant.
Ce qu’il dit ensuite fit soupirer Yukito. Qu’il dise cela était vraiment exagéré, il ne comprenait vraiment rien ! Sa fierté… Cela faisait des moins que l’ange n’en avait plus, tant de démons l’avait détruite en le forçant à se mettre à genoux, à les supplier, à pleurer, à crier. Engel lui avait appris à ne plus faire ça, Venetian aussi. Aucun d’eux ne l’avait touché, si ce n’était le petit incident dans la forêt d’Illiare avec Venetian, mais cela, ils n’y pouvaient rien.

La question que le jeune homme lui posa ensuite semblait être hors du sujet duquel ils parlaient, mais l’ange devina facilement qu’elle y était liée. Amadäus pensait certainement qu’il était atteint d’un syndrome, d’une maladie qui lui faisait dire n’importe quoi. Un sourire s’était logé de nouveau sur les lèvres de son interlocuteur, ce sourire même aussi l’agaçait maintenant. Vraiment, Yukito n’aimait pas qu’on dise de telles choses, sous entendre qu’il était atteint, qu’il disait n’importe quoi et mettre en doute ses propres paroles.

Les joues légèrement rougie, il soupira puis reprit la parole.

« Vous n’avez manifestement rien compris lorsque je parlais de soumission, mais peu importe. »

Il fit une petite pause. Il avait envie de lui dire mot pour mot une nouvelle fois que tant de démons avaient abusé de lui auparavant, mais d’un autre côté, l’ange savait que ça ne le regardait pas. Il préféra détourner le sujet.

« Non, je ne sais pas ce que c’est, mais je vais vous laisser m’expliquer ce qu’est ce syndrome dont vous croyez sûrement que je suis atteint. »

L’ange croisa les bras et attendit qu’il le lui dise, en espérant très fort qu’il ne revienne pas sur le sujet de la soumission et de ses amis.