Tortures

On appelle torture l'activité consistant à produire une souffrance intense ou longue, psychologique ou physique, en évitant ou du moins en retardant la mort. Elle peut produire des séquelles et des mutilations, mais c'est un effet secondaire, ou éventuellement un moyen de faire souffrir, et non un but en soi.

Le tortionnaire tient sa victime à sa merci, elle ne peut pas s'échapper. Les objectifs et les motivations du tortionnaire peuvent être divers :


-punition d'une faute réelle ou imaginaire ;
-plaisir sadique et/ou perversion
-"préparation psychologique", visant à convaincre la victime qu'elle est faible en vue d'obtenir sa complète soumission ;
-suivisme ordinaire du tortionnaire qui ne fait (selon lui) que suivre les ordres ou les procédures ;

La torture est interdite par la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants (adoptée par l'Assemblée générale de l'ONU le 10 décembre 1984 et entrée en vigueur le 26 juin 1987) et la troisième Convention de Genève. Toutefois, la torture est encore pratiquée de par le monde, souvent sous couvert soit d'une définition imprécise dans la loi, soit de législations locales floues.

Plus sournoisement, des autorités qui officiellement condamnent la torture peuvent simplement fermer les yeux sur des tortures "privées", dont les exécutants découverts seront même condamnés sans que l'état reconnaisse la moindre responsabilité.

Tortures privées

Les malfrats, y compris les organisations terroristes et le crime organisé, utilisent couramment la torture, soit entre eux, soit contre des victimes dont ils souhaitent obtenir des informations (cache de l'épargne ou, plus récemment, code de carte bancaire). Les "chauffeurs", brûlant les pieds de leurs victimes pour en obtenir le magot, étaient célèbres.

L'usage de la torture par les autorités gouvernementales

La torture existe au moins depuis l'antiquité et a probablement toujours été utilisée.


Moyen Âge

Au Moyen Âge et jusqu'au XVIIIe siècle en Europe, on la considérait comme un moyen légitime d'obtenir des aveux ou des informations de la part des suspects, informations utilisées au cours du procès.

L'Inquisition est célèbre pour avoir fait largement usage de la torture ; cette autorité publia même un manuel de l'inquisiteur officialisant ces pratiques. L'auteur de la première édition publiée, Nicolau Peña, encourage même l'usage de la torture : Cela dit, je loue l'habitude de torturer les accusés, notamment de nos jours où les mécréants se montrent plus éhontés que jamais. Il s'oppose néanmoins aux bourreaux trop zélés, dont les prisonniers mouraient ou devenaient infirmes : Que l'inquisiteur ait toujours présente à l'esprit cette sentence du législateur : l'accusé sera torturé de telle sorte qu'il soit sain pour la libération ou pour l'exécution.

L'usage de la torture dans un cadre juridique a longtemps été la règle. En France, elle était de deux sortes : la question préparatoire et la question préalable (celle devant faire dénoncer les complices, juste avant l'exécution du condamné). La première fut supprimée par une ordonnance royale du 24 août 1780, la seconde en 1788.


Régimes totalitaires
La torture reste une méthode de répression commune dans les dictatures et régimes totalitaires. Même dans les sociétés démocratiques occidentales, des policiers recourent parfois à la torture, en bénéficiant parfois de la protection d'autorités supérieures.


Guerre d'Algérie


Pendant la guerre d'Algérie (1955-1962), les militaires français ont utilisé diverses formes de torture contre les indépendantistes (ces derniers en usant également contre les militaires Français et les populations civiles), dont des viols à répétition sur les femmes (cf. Algérienne, un livre de Louizette Ighilahriz et Anne Nivat) et la gégène. Le général Paul Aussaresses (né en 1918), qui était commandant pendant cette guerre, a publié un ouvrage autobiographique intitulé Services spéciaux, Algérie 1955-1957 dans lequel cette dernière pratique et d'autres sont revendiquées, après avoir plaidé en faveur de la torture dans un entretien accordé au quotidien national français Le Monde. Il a également répondu durant un entretien dans 60 minutes, un magazine de la chaîne américaine CBS, à la question « Tortureriez-vous les suspects d'Al-Qaeda ? » : « Ça me semble évident ». Le film La bataille d'Alger (1966), qui dénonçait l'utilisation de la torture, fut interdit en France (il n'obtint son visa de distribution qu'en 1971 et fut en fait retiré de l'affiche peu de temps après). Ce n'est qu'en 2004, près de quarante ans après sa sortie, que La bataille d'Alger sera véritablement distribué en France. Il a cependant servi de support éducatif, diffusant à travers le monde les pratiques de torture pratiquées par l'armée française en Algérie.


Royaume-Uni

Le Royaume-Uni a été critiqué pour avoir fait usage de la torture envers des suspects de l'Armée républicaine irlandaise (IRA) dans les années 1970. Bien essentiellement axées sur l'aspect psychologique, les méthodes employées pouvaient inclure un aspect physique (comme asseoir le prisonnier sur un bloc de glace). En 1978, la Cour européenne des Droits de l'Homme a qualifié les actions des forces de sécurité britanniques d'« inhumaines » et « dégradantes », mais n'a pas clairement défini ceci comme de la torture.


Israël

Israël a pratiqué la torture au moins depuis les années 1970, mais en 1987 seulement, la Cour Suprême d'Israël a constitué une commission spéciale (à la tête de laquelle se trouvait le juge retraité Moshe Landau), pour étudier la question de la torture. Son rapport cautionnait l'usage de « pression physique modérée ». Le groupe de défense des Droits de l'homme B'Tselem estime que 85 % des prisonniers palestiniens subissent des tortures. Les méthodes utilisées comprennent les chocs électriques, la privation prolongée de sommeil, du sens de la vue à l'aide de bandeaux ou de cagoules serrées, le maintien du corps dans des positions de plus en plus douloureuses, menaces et insultes. Presque toujours combinées à l'enfermement dans un espace de la taille d'un placard, l'exposition à des températures extrêmes (pièce particulièrement froide par exemple), la privation de sanitaires et de douches prolongée, et des traitements dégradants, comme forcer les détenus à manger tout en allant aux toilettes. Les passages à tabac sont aussi fréquents. Dans la prison israélienne et sud-libanaise de Khiam, [...] la torture, y compris les chocs électriques appliqués sur les parties génitales, faisaient partie de la routine. Ce fut prouvé après la fin de l'occupation en 2000, quand les Libanais qui ont libéré les prisonniers ont trouvé des appareils de torture.


La torture au XXIe siècle

En 2002 à Cologne, un fait-divers de torture dans le poste de police de Eigelstein ne s'est dévoilé au grand jour que parce que la victime en est décédée et que l'examen post mortem du corps a révélé les faits. L'enquête a également révélé que les fonctionnaires de police avaient fait usage de la torture depuis un bon moment et qu'aucune des victimes n'avait porté plainte. Les organisations de défense des droits de l'homme, telles qu'Amnesty International s'impliquent activement pour éliminer la torture de la surface du Globe.

Suite à sa Guerre contre le terrorisme et afin de se protéger des pressions contemporaines contre la torture et de son interdiction sur son territoire et par ses agents, les États-Unis via la CIA, usent du procédé appelé extraordinary rendition. Il s'agit d'enlever une personne dont on veut extirper des renseignements et de la débarquer dans un pays où il pourra être torturé « discrètement » par les agents du pays où il se trouve. Le dernier exemple en date est celui d'un imam enlevé à deux reprises en Italie et reconduit en Égypte, où il a été torturé. Si ce n'est un appel téléphonique de détresse, il n'y a plus aucune nouvelle de lui. Un mandat d'arrêt a été déposé contre 13 personnes, soupçonnées d'appartenir à la CIA et d'avoir participé à ces enlèvements.

L'armée russe et le centre de détention ORB-2, utilisent la torture en Tchétchénie afin d'obtenir les aveux des prisonniers. Ces derniers sont battus, brûlés avec des mégots de cigarette et torturés à l'électricité.

Des agents de la CIA ont confirmé, sous couvert de l'anonymat, au Washington Post le 26 décembre 2002, que la CIA pratique régulièrement des interrogatoires suivant la méthode stress and duress, méthode que les défenseurs des Droits de l'Homme considèrent comme un acte de torture, dans la guerre anti-terroriste. Ces sources rapportent que le personnel de la CIA et les militaires battent les suspects réticents, les confinent dans des cellules trop petites, les attachent sur des stretchers (brancards), et utilisent divers ustensiles pour les faire se tenir dans une position éprouvante et/ou humiliante pour de longues périodes de temps. L'expression « torture légère » (light torture) a été rapportée aux médias, et a été perçue comme signifiant : Actes ne pouvant pas être officiellement définis comme de torture, mais où l'intention est la même.

En Chine, Wang Zhenchuan admet publiquement que « la plupart des erreurs judiciaires en Chine sont la conséquence d'aveux extorqués sous la torture ».

Efficacité et effets de la torture

Lorsque la torture est utilisée pour obtenir des aveux, elle est efficace pour affaiblir la victime, et souvent, c'est déjà bien suffisant pour les tortionnaires. Avec des aveux, à défaut d'avoir la vérité, ils auront une version officielle que la victime a elle-même reconnu, et même si elle revient sur ses déclarations elle ne fera que se contredire et donc se discréditer.

Ainsi, même si la victime avoue n'importe quoi, et même invente des faits pour faire cesser la torture, le résultat est satisfaisant pour le tortionnaire.

Il peut même arriver que la victime donne des informations qui seront vérifiables (par exemple : position d'un objet caché, trésor ou bombe), ce qui a posteriori légitime le procédé.

Par contre, la torture est condamnable non seulement sur le plan humain, mais aussi compte-tenu de ses aspects sociaux. Les institutions qui en font l'usage en sont corrompues : au lieu de rechercher la vérité et de s'occuper des problèmes réels, elles ont les moyens de s'attacher seulement à l'apparence des choses. Au lieu de rentrer dans une logique de juste rétribution (le coupable doit être trouvé et puni), elles rentrent dans une logique de terreur, de violence communautaire (peu importe qu'on tienne LE coupable, on tient un de ses "frères", et c'est pareil) et d'escalade de représailles, conduisant à un conflit généralisé.


Les méthodes et appareils de torture

Torture au Moyen-Âge
Au Moyen-Âge, différentes méthodes de tortures furent utilisées par les bourreaux. Citons entre autres le chevalet, la poire d'angoisse, les brodequins, la question par l'eau, le supplice de la roue, celui du pal, ou encore celui de la vierge de fer.


Supplice de la chaîne

Le supplice de la chaîne était utilisé dans l'URSS de Staline pour obtenir des aveux. Il consistait à priver le détenu de sommeil et à lui faire subir des interrogatoires incessants. L'accusé confessait les crimes les plus fantaisistes. La torture fut l'un des instruments de la répression soviétique au temps de la Grande Terreur, dans les années 1930.

C'était une torture psychologique et physique.


Asphyxie par absorption d'eau
Après leur coup de force du 9 mars 1945 en Indochine française, les Japonais, en particulier les services de leur police secrète, la Kempetaï, ont souvent eu recours à cette forme de torture pour obtenir des renseignements sur les résistants.

Ce type de torture a également été utilisé par l'armée française pendant la guerre d'Algérie.


Torture à l'aide de produits chimiques
Les victimes peuvent être forcées d'ingérer des produits, chimiques ou non (verre pilé...) pour infliger la douleur et des dégâts internes.

Des produits irritants peuvent être introduits dans le rectum ou le vagin, ou appliqués sur les parties génitales. On a vu en Inde des femmes punies pour l'adultère subir une intromission de piment rouge dans le vagin. Des méthodes semblables ont été utilisées maintes fois en Afrique.


Torture à l'aide de l'électricité
Une méthode moderne de torture consiste à appliquer des chocs électriques sur le corps. Pour augmenter l'effet, le tortionnaire peut appliquer les chocs sur les parties génitales, ou introduire les électrodes dans la bouche, le rectum, ou le vagin.

Durant la Guerre d'Algérie, l'armée française a fait usage de la tristement célèbre gégène. Il y a de nombreux témoignages de torture électrique au Tibet, perpétrée par les chinois, plus particulièrement sur des religieuses bouddhistes, avec en particulier, l'insertion d'électrodes dans le rectum, ou le vagin.

La torture à l'aide d'électricité a été largement utilisée par les dictatures en Amérique latine contre ses opposants.


Torture à l'aide d'animaux

En Turquie, une des tortures utilisées par l'armée était l'introduction de rat dans le rectum. Il est fait mention de cette torture dans l'ouvrage de Sigmund Freud L'Homme aux rats.

Dans la Chine antique, des rats étaient emprisonnés dans une cage qui s'adaptait au visage du supplicié. Le visage de la victime était donc dévoré petit à petit, et la mort ne venait qu'à la section de la carotide, ce qui pouvait être très long.


La perception de l'existence et de la nécessité de la torture

En France

D'après un sondage CSA/Amnesty International/Le Monde réalisé en septembre 2000, 73 % des Français pensent que « tout acte de torture contre quiconque et quelles qu'en soient les circonstances est toujours inacceptable » et 25 % d'entre eux pensent que « dans certains cas exceptionnels, on peut accepter le recours à des actes de torture ».

Après l'arrêt Selmouni de la Cour européenne des Droits de l'Homme , en 1999 (dans lequel la cour, pour la première fois, qualifie de torture des actes commis par une autorité française), le secrétaire général d'un syndicat de policiers, le SGP, a déclaré que « [les policiers] ont l'impression qu'ils travaillent pour rien et maintenant ils ne savent même plus dans quels cadres juridiques » (français ou européens) « ils doivent agir. Sur ce point, nous attendons du ministre de l'Intérieur qu'il défende ses troupes plus qu'il ne l'a fait jusqu'à présent » ; pour la Fédération professionnelle indépendante de la police, « il n'y a pas à jouer les enfants de chœur » lors d'un interrogatoire. Le Syndicat national des officiers de police a trouvé « exagérée la qualification retenue par la Cour européenne qui fait état de tortures ». Pour Gérard Boyer, secrétaire général d'Alliance Police Nationale, l'arrêt constitue « une démission importante de la France non sans conséquences sur l'image du travail des policiers en général ». On peut noter :

que les faits reprochés aux policiers étaient de toute façon réprimés par le droit français, comme le montre leur condamnation par le juge pénal français ;
que les juridictions françaises, en ce qui concerne les faits, sont parvenues sensiblement aux mêmes conclusions que la CEDH ;
que devant la CEDH, les policiers n'étaient pas partie à la procédure, qui opposait un particulier au gouvernement français (la « condamnation » de la France par la CEDH est donc sans influence sur la procédure civile et pénale dirigée contre les policiers).

La lutte contre la torture
De part le monde, de nombreuses organisations non gouvernementales (ONG) s'activent pour tenter d'exercer une pression sur les États pratiquant la torture, parmi lesquelles on peut citer Amnesty international ou encore l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT).

technique R2l

http://www.college.interarmees.defense.gouv.fr/IMG/pdf/NICLOUX_CEN_B6_article_Tribune_v4-2.pdf



techniques :
http://hrw.org/french/docs/2005/11/21/usdom12116.htm
http://www.faluninfo.net/torturemethods2/

USA Irak

http://www.syti.net/Kiosque/Kiosque_TortureUSA.html

La station forc�e en position debout et la privation de sommeil

� Dans ses m�moires, l�ancien Premier ministre isra�lien Menachem Begin a d�crit les privations de sommeil qu�il a subi, dans une prison sovi�tique, dans les ann�es 40 : �Dans la t�te d�un prisonnier interrog�, un brouillard commence � se former. Son esprit est fatigu� � en mourir, ses jambes flageolent, et il n�a qu�un unique d�sir : dormir, dormir juste un peu, ne pas se lever, se coucher, se reposer, oublier... Toute personne qui conna�t cette envie sait aussi qu�il n�y a de comparaison possible ni avec la faim, ni avec la soif... J�ai connu des prisonniers qui ont sign� ce qu�ils �taient oblig�s de signer, seulement pour avoir ce que l�interrogateur leur avait promis. Il ne leur avait pas promis la libert�. Il leur avait promis � s�ils signaient � de pouvoir dormir sans �tre interrompu !�

� L�ann�e derni�re, le Washington Times a fait �tat que �certaines techniques de torture les plus craintes�, d�apr�s les survivants du goulag nord cor�en, ��taient �tonnement banales : les gardiens obligeaient les prisonniers � se tenir debout sans bouger pendant des heures, ou les obligeaient � faire des exercices r�p�t�s, comme se lever et puis s�asseoir, jusqu�� ce qu�ils s��croulent de fatigue.� (�Nightmares from the North; Korean son recounts life in dictatorship� (Les Cauchemars du nord ; un fils cor�en raconte sa vie sous la dictature), Benjamin Hu, The Washington Times, 30 Avril 2004)

� Dans L�Archipel Goulag (The Goulag Archipelago) Alexander Solzhenitsyn d�crit les interrogatoires sovi�tiques, y compris les cas de station forc�e en position debout et la privation de sommeil : �Ensuite, il y a la m�thode de contraindre un prisonnier � simplement se tenir debout.� Une des autres techniques utilis�es pour �casser� les prisonniers �tait de les obliger � rester dans une position fixe pendant longtemps. �Dans le Novocherkassk NKVK, Yelena Strutinskaya a �t� forc�e � rester assise sur un tabouret dans le couloir pendant six jours, dans une telle position qu�elle ne pouvait s�appuyer sur rien, ne dormait pas, ne tombait pas, et ne se levait pas.� Solzhenitsyn d�crit aussi les privations de sommeil utilis�es, en 1952, sur une prisonni�re qui s�appelait Anna Skripnikova. �[Le] chef du d�partement d�enqu�te de l�administration de s�curit� de l�Etat d�Ordzhonikidze lui a dit, �Le m�decin de la prison dit que tu as une tension de 240/120. C�est trop bas, salope ! On va la pousser jusqu�� 340 pour que tu casses ta pipe, vip�re, et sans bleus ni marques ; pas de tabassage, pas d�os cass�s. On va simplement t�emp�cher de dormir.� Et si, de retour dans sa cellule, apr�s une nuit pass�e � l�interrogatoire, elle fermait ses yeux, le gardien se pr�cipitait dans la cellule, et criait : �Ouvre tes yeux, sinon, je te tra�nerai par les pieds, et t�attacherai sur le mur debout.�� D�ailleurs, Solzhenitsyn �crit : �le manque de sommeil... embrouille la raison, sape la volont�, et l��tre humain cesse d��tre soi-m�me, d��tre son propre �moi�.�

� En 1951, William N. Oatis �tait tenu en d�tention en Tch�coslovaquie, accus� d�espionnage alors qu�il travaillait comme chef du bureau Associated Press � Prague. Il �tait innocent, mais il avait sign� une fausse confession apr�s avoir �t� d�tenu et interrog� pendant six jours. Il avait �t� tenu �veill� pendant plus de 40 heures, apr�s quoi il avait sign� la confession. Il a d�crit son �preuve dans Life Magazine. �[Apr�s 40 heures de privation de sommeil:] La pi�ce tournait. Je n�arrivais pas � forcer mes yeux � ni mon cerveau � � rester focalis�. Je voulais du temps pour r�fl�chir. Je savais que cela pouvait �tre une �tape importante, m�me mortelle : si je signais, je faisais une confession pour quelque chose que je n�avais pas fait. Je voulais consid�rer ce que cela me ferait de signer ce document ou de refuser de le faire. Mais, il y avait quelque chose que je voulais davantage. C��tait dormir. J��tais rest� �veill� pendant 42 heures. Pendant ce temps, presque sans cesse, j�avais �t� interrog�, intimid�, et r�primand�. Je tombais de fatigue. Mes yeux se fermaient constamment, et mon cerveau fonctionnait � vide. Mon avenir �tait peut-�tre en jeu, mais l�avenir doit s�occuper de lui-m�me. Demain �tait un autre jour. C��tait ce soir qui me pr�occupait. Je devais y mettre fin d�une mani�re ou d�une autre. Il ne me restait qu�une fa�on de le faire, et c��tait de signer la confession. Alors, je l�ai sign�e. Les 42 heures m�avaient achev�. J��tais all� chez du personnel de l�ambassade pour qu�ils m�aident sur mon reportage officieux, une proc�dure suivie par les journalistes dans le monde entier, mais maintenant, j�ai avou� le contraire. J�ai sign� un papier confessant que je suis all� � l�ambassade pour livrer des informations, plut�t que de les obtenir. Je n�ai pas choisi d�abandonner la v�rit� � on a choisi � ma place...�

� Dans La Grande Terreur (The Great Terror), un livre sur l'Union sovi�tique durant le r�gne de Staline, l'auteur Robert Conquest d�crit comment les d�tenus �taient oblig�s de se tenir debout et �taient priv�s de sommeil: �Les interrogatoires avaient g�n�ralement lieu pendant la nuit, juste apr�s avoir r�veill� l'accus� souvent quinze minutes seulement apr�s qu'il se soit endormi. Les lumi�res aveuglantes durant l'interrogatoire avaient un effet d�sorientant.� Conquest cite un prisonnier tch�que, Evzen Loebl, qui t�moigna qu'il ��tait oblig� de rester debout dix-huit heures par jour, dont seize consacr�es aux interrogatoires. Durant la p�riode de six heures de sommeil, le gardien martelait la porte toutes les dix minutes, suite � quoi Loebl devait en un bond se mettre au garde-�-vous et d�clarer, �D�tenu n�1473 au rapport: d�tenu de force niveau un, tout est en ordre.� En d'autres mots, il �tait �r�veill� trente ou quarante fois par nuit.� Si le mart�lement ne le r�veillait pas, un coup de pied du gardien s'en chargeait. Apr�s deux ou trois semaines, ses pieds �taient enfl�s et chaque centim�tre de son corps lui faisait mal au moindre contact; m�me le simple acte de se laver devenait une torture.�

� Dans Goulag: une histoire (Gulag: A History), un autre livre d'histoire sur l'Union sovi�tique, Anne Applebaum d�crit �le �test de la position debout� � on ordonnait aux prisonniers de se tenir debout, face au mur, sans bouger. L'un d�eux, le graveur P., �g� de plus de cinquante ans et plut�t corpulent, �tait rest� debout durant six jours et demi. Il n'avait re�u ni nourriture ni boisson, et n'avait pas �t� autoris� � dormir.� Applebaum poursuit: �Toutefois la punition la plus commune �tait simplement de priver les prisonniers de sommeil: cette forme de torture, d'une simplicit� illusoire et qui ne sembler exiger aucune approbation sp�ciale � l'avance, �tait surnomm�e, par les prisonniers, ��tre mis sur le tapis roulant� et pouvait durer plusieurs jours ou semaines. La m�thode �tait simple: les prisonniers �taient interrog�s durant toute la nuit, et apr�s on leur interdisait de dormir durant la journ�e.�

L'exposition au froid

� Robert Conquest, auteur de l'ouvrage pr�cit� La Grande Terreur, cite un prisonnier polonais, d�tenu dans un camp sovi�tique en 1945, �voquant les effets de la privation de sommeil et de la faim: �Le froid, la faim, la lumi�re brillante et surtout le manque de sommeil. Le froid n'est pas extr�me. Mais quand la victime est affaiblie par la faim et par le manque de sommeil, alors les six ou sept degr�s au-dessus du point de cong�lation la font trembler en permanence� Apr�s deux ou trois semaines, je me trouvais dans un �tat � demi conscient. Apr�s cinquante ou soixante interrogatoires dans le froid, avec la faim et presque sans sommeil, un homme devient comme un automate � ses yeux brillent, ses jambes sont enfl�es, ses mains tremblent. Dans cet �tat, il est souvent convaincu de sa propre culpabilit�.�

� Applebaum �crit: �Ceux qui s'obstinaient et refusaient d'avouer pouvaient �tre enferm�s dans une �cellule punitive� particuli�rement dure, o� il faisait soit tr�s chaud, soit tr�s froid. Ce fut le cas de Hava Volovich, qui dans ses m�moires relata qu'elle fut aussi priv�e de sommeil par son interrogateur durant cette p�riode: �Je n'oublierai jamais cette premi�re exp�rience du froid en prison. Je ne peux pas la d�crire; j'en suis incapable. J'�tais tiraill�e d'un c�t� par le sommeil, de l'autre par le froid. ��

Le �Waterboarding�

� Le �waterboarding�, au cours duquel ceux qui m�nent l�interrogatoire versent de l�eau sur la t�te du d�tenu, ou bien l�immergent, jusqu�� ce que ce dernier ait l�impression d��touffer et de se noyer, a pour but de faire croire � la victime qu�elle est sur le point de mourir, et s�apparente ainsi � un simulacre d�ex�cution. Cette �technique�, largement utilis�e dans les ann�es 70 et 80 en Am�rique du sud et en Am�rique centrale, a �t� qualifi�e de �torture� par plusieurs cours des droits de l�homme et plusieurs tribunaux nationaux.

� En novembre 2004, au Chili, la Commission nationale sur la torture et l�emprisonnement politique fit para�tre un rapport d�crivant la pratique du �submarino� au d�but des ann�es 70. On peut lire, parmi les t�moignages: �Un homme, d�tenu en septembre 1973: � [I]ls m�ont mis du coton dans les yeux, qu�ils ont recouvert d�une bande adh�sive, puis une capuche noire serr�e au niveau du cou, ils m�ont solidement attach� les mains et les pieds, puis ils m�ont plong� dans une de ces citernes d�essence de 250 litres remplie d�ammoniaque, d�urine, d�excr�ments et d�eau de mer; Ils me maintenaient de la sorte sous la surface, jusqu�� ce que je ne puisse plus retenir ma respiration et que mes poumons commencent � se remplir, et ils recommen�aient, sans tr�ve, me frappant et me questionnant au passage, c��tait ce qu�ils appelaient, dans [l�univers de] la torture, le fameux sous-marin.�


D�nonciation des techniques de torture � travers le monde par le d�partement d�Etat am�ricain

Le d�partement d�Etat am�ricain a condamn�, en tant que torture ou autre traitement inhumain, beaucoup des techniques qu�aurait utilis�es la C.I.A. en Irak, en Afghanistan, et sur des lieux secrets de d�tention situ�s dans d�autres pays. On trouvera ci-dessous une liste partielle des pays critiqu�s par le rapport annuel du d�partement d�Etat,�rapport annuel sur les droits de l'homme dans le monde�, pour leur utilisation de ces techniques d�interrogatoire en 2000, 2001 et 2002.

Pays et m�thodes employ�es:

Birmanie: Selon le rapport du d�partement d�Etat, le r�gime militaire de Birmanie �a soumis les d�tenus, de fa�on routini�re, � des techniques d�interrogatoire tr�s dures visant � intimider et � d�stabiliser.� La liste de ces techniques comprend l�obligation de s�asseoir ou de rester dans une position inconfortable pendant une longue dur�e et, selon les rapports des ann�es 2000 et 2001, la privation de sommeil et de nourriture, ainsi que des interrogatoires interminables sous un �clairage tr�s intense.

Egypte: Les rapports �voquaient le d�nuement et le bandage des yeux des prisonniers parmi les principales m�thodes de torture utilis�es par les autorit�s �gyptiennes.

Erythr�e: Le rapport du d�partement d�Etat signalait que le gouvernement �rythr�en s��tait �rendu coupable de s�rieuses entorses aux r�glements des droits de l�homme,� et avait pratiqu� des techniques de torture, comme l�exposition prolong�e au soleil par grande chaleur et le ligotage des pieds et des mains durant de longues p�riodes.

Iran: Selon le rapport, les m�thodes communes de torture utilis�es contre les opposants politiques en Iran �taient la privation de sommeil et la pendaison pendant de longues p�riodes dans des positions tordues.

Irak: Les services de s�curit�s irakiens, sous le r�gime de Saddam Hussein, utilisaient r�guli�rement le supplice de la privation de nourriture et d�eau.

Jordanie: Le d�partement d�Etat rapporte que la police jordanienne et les forces de s�curit� pr�tendent engager des actes de torture, incluant l�emploi de la privation de sommeil et la mise en confinement solitaire.

Isra�l: Selon les �crits du d�partement d�Etat, les groupes des droits de l�homme en Isra�l rapportaient que les troupes de d�fense isra�liennes continuaient � utiliser des m�thodes d�interrogatoire interdites par une d�cision de la Cour supr�me de Justice d�Isra�l prise en 1999. Avant cette d�cision, les officiers de s�curit� avaient l�autorisation d�employer �une pression mod�r�e, physique et psychologique" pendant les interrogatoires. Un exemple de la �pression� utilis�e �tait les violentes secousses. Le d�partement d�Etat a d�clar� que ces pratiques �conduisaient souvent aux exc�s.�

Libye: D�apr�s le d�partement d�Etat, les autorit�s de Libye encha�naient g�n�ralement les d�tenus aux murs pendant des heures et les privaient d�eau et de nourriture.

Pakistan: Dans le rapport, le d�partement d�Etat s�est aper�u que l�isolation prolong�e et l�interdiction de nourriture ou de sommeil �taient des pratiques de torture courantes.

Arabie Saoudite: Le d�partement d�Etat a not� que les officiels d�Arabie Saoudite, originalement du Minist�re de l�Int�rieur, utilisaient les privations de sommeil comme tactique d�interrogatoire.

Tunisie: Le d�partement d�Etat a d�clar� que les tactiques telles que la privation de nourriture ou de sommeil, ou bien le confinement dans une cellule minuscule et sombre, �taient des actes couramment utilis�s en Tunisie.

Turquie: Le d�partement d�Etat a indiqu� que la torture �tait une pratique r�guli�re en Turquie. D�apr�s le rapport mondial de 2001, quelques-unes des m�thodes de torture employ�es par les forces de s�curit� turques comprennent la position debout prolong�e et l�isolation.