La culture d'Arnaud de Fontainebleau
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

La culture d'Arnaud de Fontainebleau

La culture, c'est comme la confiture...
 
AccueilPortailRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion
Le Deal du moment : -40%
Tefal Ingenio Emotion – Batterie de cuisine 10 ...
Voir le deal
59.99 €

 

 Les yeux au ciel

Aller en bas 
AuteurMessage
arnaud de fontainebleau
Maître incontestable de TOUT
Maître incontestable de TOUT
arnaud de fontainebleau


Nombre de messages : 2874
Date d'inscription : 24/05/2007

Les yeux au ciel Empty
MessageSujet: Les yeux au ciel   Les yeux au ciel Icon_minitimeMer 12 Nov - 8:47

J'aimerais savoir s'il fait beau, dehors. J'aimerais tant. Mais j'ai beau chercher, mes yeux ont beau s'élever, mon esprit vagabonder, nous ne faisons que nous heurter aux froides parois blindées du fourgon. Pas d'ouverture, pas de lumière. Juste des hommes en face d'autres hommes. Mon regard glisse sur mes mains, pudiquement posées sur mes genoux, mais ceintes d'obscène façon de rougeoyants anneaux, douloureux, chauffant sous la morsure imperturbable des menottes d'acier. Il me semble que la pâleur de ma peau est violée par ces blessures vermeilles, lumineuses, presque. Un cahot plus violent que les autres m'arrache pourtant à mes réflexions. Par réflexe, je lève les yeux et constate du regard soutenu du vieux gardien. J'ai l'intuition qu'il me scrute de la sorte depuis longtemps déjà.

Je vous connais.

Je garde le silence. Son ton est sans appel. Il me connaît. Que dire de plus ? J'expire doucement, une mèche blanche vient brouiller mon regard. J'aimerais tant savoir s'il fait beau, dehors. Et ces menottes qui me blessent… Y aura t'il des nuages, dehors ? Je ne vois rien, dans ce fourgon. Je ne vois personne. Les Anges meurent, sans lumière.

Von Stern. Ma fille a posé pour vous.

Je relève doucement la tête, pose un regard paisible sur le gardien. Il me connaît. Je m'intéresse un peu plus à son anatomie. Des yeux gris, des rides au coin des yeux, comme des parenthèse invitant aux clins d'œil. Je pianote doucement sur mes genoux, griffant à peine la toile de jean blanche.

Ah. Elle aller bon ?

L'homme garde quelques secondes le silence, sans doute surpris par mon vocabulaire. Lui ne me gêne pas pour le moment, mais je ne désire pas que l'on me pose trop de questions dans un futur proche. Je maîtrise cette langue depuis tout jeune, mais cette feinte m'évitera de douloureux aveux. Mon fort accent germanique fait le reste. Ma voix est douce, attentionnée. Vraiment, je me le demande. J'ai toujours pris grand soin de mes modèles. C'étaient de véritables artistes, à leur manière. Mes Anges.

Elle attend un enfant.

Ah. Son regard se fait suspicieux, inquisiteur, il croise les bras, expire bruyamment. J'ai l'habitude. Nombre des proches de mes modèles ont tendance à croire que les relations que nous entretenons sont plus que professionnelles. Non. Je considère les corps de ces femmes et de ces hommes comme des œuvres à part entière, et les respecte. Le nu n'a pas qu'une seule signification pour moi.

C'être bon nouvelle. Bonheur dans famille.

L'homme ne répond pas, se mure dans un silence blasé. La conversation s'achève. J'espère qu'il ne souffre pas trop. Mais je n'ai pas le temps de trop m'attarder à cette pensée. Le fourgon s'arrête, on me lève, me pousse, me fait descendre. Le flot de lumière qui m'assaille m'oblige à fermer les yeux un instant. Mais je suis heureux. Certes, il ne fait pas vraiment beau, mais le ciel est lumineux, la surface homogène des nuages éclatante et blanche. Je fais quelques pas, sans plus me soucier de rien, les yeux plongés sur la voûte céleste. Je vois un Ange.

Mais bien vite, je un coup de matraque dans les côtes me rappelle à l'ordre. Je n'ai pas le temps de constater que je souffre. On me pousse, me tire, me fait avancer vers l'édifice de pierre sombre qui se dresse devant nous. Il y a un peu de vent. Ma chemise blanche, légère, au col largement ouvert, claque un peu, puis ondoie avec douceur. Je me rends compte que c'est peut-être la dernière fois que je peux me vêtir entièrement de blanc. Des chaussures de cuir au bracelet de force à mon avant-bras. Peut m'importe. Il me restera toujours et ma peau, et mes cheveux. Blancs.

Je sursaute. Me rends compte qu'un des gardiens vient de m'asséner une claque sur les fesses. Je fronce les sourcils, il exerce une pression sur mon épaule, et parle à ses collègues, le ton marbré d'ironie.

Dommage qu'un si joli petit cul soit enfermé à Sadismus… Enfin, pas pour les détenus.

Il doit penser que je ne le comprends pas. C'est dommage. Dommage qu'il désire profiter de la situation. J'avoue que ce genre de comportement me déplaît relativement. Sans prévenir, je me retourne, lui fais face. Mais je n'esquisse aucun geste violent à son égard. Pourquoi le ferais-je ? Je lui répond dans un français parfait, le ton calme, la voix douce.

Pardonnez-moi, mais permettez que j'émette une protestation quant à votre acte. Je le trouve déplacé.

L'homme, surpris, a un léger sursaut. Je vois à son expression qu'il n'a pas apprécié d'avoir été roulé de la sorte. Il n'avait qu'à surveiller ses paroles. J'attends simplement qu'il s'excuse, sans violence. Mais l'expression qui se peint sur son visage élimine mes espoirs de calme accord. Je sens qu'il désire me faire du mal. Je hausse un sourcil lorsqu'il se penche vers moi, et murmure à mon oreille…

Peuh ! Ca parle bien, pour un aristo taulard… Mais dis-moi, Blanche-neige, si t'es aussi sûr de toi, tu peux répondre à une question qui m'a toujours dérangé ? Ta femme, tu sais… Est-ce que c'est meilleur de le faire entre frères et sœurs ?

Un ange passe. Silence tendu, durant lequel j'encaisse sa réplique. Mes mains tremblent légèrement, sous l'affront. Mais je dois me contrôler. Je lève la main, désirant simplement la poser sur l'épaule de mon interlocuteur. Mais les gardiens y voient le début d'un acte violent. Des coups de matraque pleuvent sur mes reins, on me saisit par ma chemise, la tire. La boutonnière saute violemment, j'entr'aperçoit la colombe tatouée sur mon ventre, fronce les sourcils lorsque l'on change mes menottes de positions, afin que mes bras se retrouvent dans mon dos. Je n'apprécie pas cette positon.
J'aurais tellement aimé qu'il fasse beau.
Revenir en haut Aller en bas
https://arnaudfontainebleau.forums-actifs.com
arnaud de fontainebleau
Maître incontestable de TOUT
Maître incontestable de TOUT
arnaud de fontainebleau


Nombre de messages : 2874
Date d'inscription : 24/05/2007

Les yeux au ciel Empty
MessageSujet: Re: Les yeux au ciel   Les yeux au ciel Icon_minitimeMer 12 Nov - 8:48

Je repose le dossier que j'étais en train de lire. Il arrive aujourd'hui. Stephen m'a appelé pour me prévenir. Etrange, c'est rare qu'il s'interresse aux autres. Mais maintenant que j'ai lu sa déclaration, je comprends mieux. Je crois bien que si moi-même j'étais dans le coma en attendant de mourir, Stephen débrancherait lui même les fils. Je soupire. Eux étaient frère et soeur, nous sommes oncle et neuveux... Stephen m'a dit qu'il parlait très bien français, mais je maitrise totalement l'Allemand et l'Autrichien. Il n'aura pas un statu spécial, mais je peux m'assurer qu'il entre à Sadismus de manière non violente... Je suis le premier à violer ou frapper les détenus alors je ne peux pas blâmer les autres gardiens qui agissent pareillement, mais pour celui-là je peux faire une exception.

Je jette un coup d'oeil sur les caméras, le fourgon est arrivé, il va bientôt en descendre. Je quitte le poste d'accueil et me dirige vers la grille. Je traverse le hall puis la cours sans vraiment me presser. Au moment où je vais ouvrir, j'entends des insultes. Les gardiens. Que se passe-t-il ? J'ouvre et fronce les sourcils devant la scène qui me fait face.

"Avez-vous l'intention de le violer juste dans le champ des caméras ?"

Ma voix est dure, menacante. Ils se figent. Je n'ai pas encore vraiment posé les yeux sur le nouveau venu, mais je l'arrache des griffes de ces hommes et le pousse doucement vers l'entrée de la prison. J'arrache des mains d'un des gardes les formulaires de réception et leur tourne le dos sans un regard de plus. Je m'avance alors vers Anastasiah. J'ouvre les menottes, libérant ses mains et me penche à son oreille:

"Je suis Pythagoras de la Flaam, le neveu du Grand Duc du Luxembourg, je ne peux pas vous offrir de traitements de faveur, mais je peux au moins vous évitez... ça."

Je me tourne à nouveau vers les hommes en leur rendant leurs bracelets de fer puis je ferme les grilles. Le voilà entré dans un nouvel enfer. D'après ce que j'en sais, cet homme se prétend autant la pureté que je me prétends le feu. Je lui fait de nouveau face.

Anastasiah Hernani Von Stern.
Revenir en haut Aller en bas
https://arnaudfontainebleau.forums-actifs.com
arnaud de fontainebleau
Maître incontestable de TOUT
Maître incontestable de TOUT
arnaud de fontainebleau


Nombre de messages : 2874
Date d'inscription : 24/05/2007

Les yeux au ciel Empty
MessageSujet: Re: Les yeux au ciel   Les yeux au ciel Icon_minitimeMer 12 Nov - 8:48

Rouge.
C'est ce qui émane de ce nouveau-venu. De cette providence nouvelle. J'aimerais lever les yeux au ciel, pour remercier l'être céleste d'avoir épargné mon intégrité, ma paix, et mon calme. Qui sait ce qui eût pu se passer ? J'aurais peut-être même pu perdre mon sang froid, déroger à mes principes si chers de non violence. Ou bien me laisser faire, en pensant aux Anges des cieux, à leur immatérielle perfection, sans tâche ni pudeur, sans violence ni douleur.

Citation:
"Avez-vous l'intention de le violer juste dans le champ des caméras ?"


C'est à peine si j'ai le temps de m'inquiéter de ces paroles. Des mains me poussent, m'éloignent de ces gardiens pauvrement pleins de colère. Ils éveillent ma peine, et ma pitié. Quel regret, d'abandonner son cœur à des palpitations moins douces que l'amour pur et simple. J'avance docilement, frissonnant à peine dans ce vent léger qui agite ma chemise mutilée. Les nuages absorbent mon regard, mon menton se lève, je souris. Douce sensation de liberté que d'observer le ciel.

Je sursaute à peine lorsque l'inespérée providence libère mes mains de leur douloureux carcan. Je porte doucement mon poignet le plus meurtri à ma bouche, goûte les effluves métalliques de mon propres sang. Toute cette violence m'attriste, et me blesse. Jamais je ne m'y laisserais choir. Mes doigts se saisissent avec douceur des pans déchiquetés de ma chemise, et les ramènent sur mon délicat tatouage ventral. Je reviens totalement à la réalité lorsqu'une voix étrangère s'immisce dans mon oreille paisible.

Citation:
"Je suis Pythagoras de la Flaam, le neveu du Grand Duc du Luxembourg, je ne peux pas vous offrir de traitements de faveur, mais je peux au moins vous évitez... ça."


J'avoue que c'est une juste surprise qui m'atteint subitement. J'ai déjà entendu parler de cette famille. Une grande noblesse. Un sang sans tâches. Même en étant moins sélectionné que celui des Von Stern. Une chose m'intrigue. Que fait cet homme si jeune encore dans un tel endroit ? Morne tristesse et ailes coupées ne vont guère de pair aux aspirations d'une jeunesse dorées. N'ai-je pas moi-même cherché ma liberté en de lointaines terres ravagées ?

Le De La Flamme me revient alors, me fait face. Enfin, si tant est que je puisse user de cette expression. Je me vois forcé de lever les yeux pour capter le regard sombre de ce gardien à la taille impressionnante. Mes yeux s'attardent avec lenteur sur ses traits, sa chevelure rouge. Il me rappelle un de mes modèles. Frank Farouge. Mais lui, n'est pas mort. A moins qu'il ne soit son Ange. Auquel cas, j'aurais réussi. Ne retrouverai-je pas mon Eva, de la même sorte ? Une sensation de chaleur diffuse m'envahit soudainement. Eva. A mon tour, je prends la parole, usant de mon habituelle voix détonnant par sa douceur posée, malgré un fort accent germanique.

Je dois vous remercier de votre intervention. Le Ciel vous garde de la violence, Pythagoras de la Flaam.

Je réajuste un peu ma chemise. Dégage mon front d'une mèche blanche plaquée par le vent. Je passe doucement un index le long d'une de mes blessures cerclant mes poignets comme un bracelet rougeoyant.

Et je vous suis reconnaissant de cette prévenance. Mais je n'attend de toutes les façons nul traitement de faveur. Les Anges ne nous voient-ils pas tous en tant que simples hommes, rien de plus ? Bref… Vous vous êtes présenté. Même si cela manque d'utilité, laissez-moi faire de même… Anastasiah Hernani Von Stern, fils du Vidame Samuel Von Stern, de la province autrichienne de Salzburg.

Je pose un regard doux sur ces prunelles presque rouges qui me font face, une indicible paix fixée sur mon visage.

Excusez-moi d'écourter. L'étiquette me lasse. Peut-être vous aussi. Permettez-moi cette incartade en découvrant un De La Flaam dans un lieux si peu emprunt de… "noblesse".

Je laisse planer une nuance ironique sur ce dernier mot. Nous cherchons souvent à la fuir, cette noblesse oppressante. Nous partons. Peut-être lui aussi. Peut-être pas. Je ne lâche pas mon interlocuteur du regard, sans haine, ni attente.
Revenir en haut Aller en bas
https://arnaudfontainebleau.forums-actifs.com
arnaud de fontainebleau
Maître incontestable de TOUT
Maître incontestable de TOUT
arnaud de fontainebleau


Nombre de messages : 2874
Date d'inscription : 24/05/2007

Les yeux au ciel Empty
MessageSujet: Re: Les yeux au ciel   Les yeux au ciel Icon_minitimeMer 12 Nov - 8:48

Je le regarde alors qu'il parle. Calme, doux... pur. C'est effectivement le mot le plus évident à son sujet. Qu'est-ce que Stephen attend de moi ? Je commence à me demander si j'aurais un jour une réponse à cette question... Je lui souris:

"Elle me lasse aussi et n'est pas d'usage en ces lieux. Si vous êtes un détenu, je suis un gardien, je vous tutoierais donc. Par quel nom préférez vous être appelé ? Anastasiah ou Hernani ?"

Je retirre ma veste et la pose sur ses épaules. Il commence à faire froid et sa chemise déchirée n'est pas le mieux pour lui. Je lui fais signe d'avancer vers l'entrée de la prison. Je marche d'un pas régulier, restant à son rythme. Ce ne sont pas mes grandes foulées habituelles. Mon oncle veut-il que je sois proche de cet homme ? Que je le protège ? Je sais qu'il y a toujours des liens de parenté au sein des Von Stern, se peut-il qu'il y en ait entre sa famille et la mienne ? Je le regarde un moment et quand nous arrivons à la porte je prends la parole, la main sur la poignée de la porte:

"Vous devez savoir que je ne pourrais pas toujours interrompre les rustres qui vous cotoierons. Ce qui a failli se passer tout à l'heure risque de se reproduire une fois que vous serez dedans. Les détenus sont souvent seuls et les gardiens sont parfois les oppresseurs... Sachez une dernière chose, je suis un être aussi cruel et violent que vous êtes calme."

Je pousse le battant et l'invite à entrer dans le hall.
Revenir en haut Aller en bas
https://arnaudfontainebleau.forums-actifs.com
arnaud de fontainebleau
Maître incontestable de TOUT
Maître incontestable de TOUT
arnaud de fontainebleau


Nombre de messages : 2874
Date d'inscription : 24/05/2007

Les yeux au ciel Empty
MessageSujet: Re: Les yeux au ciel   Les yeux au ciel Icon_minitimeMer 12 Nov - 8:48

Que j'aime à savourer ces parenthèses de douceur. Le véritable miracle, n'est pas celui qui déplace une montagne, ou assèche une mer. Non. Le véritable miracle, c'est d'être capable de parler. Parler sans haine, ni double-pensée. Sans violence, ni rancœur. Le saint est celui qui parle au criminel, sans se soucier de combien de foi il tua. Mais pourquoi. Je sais que cette parenthèse là ne tiendra guère longtemps. Elle sera bien vite soufflée, brisée comme l'on casse le cou d'une colombe à l'aide d'une pierre blanche. Mais tout cela ne m'empêche pas d'apprécier le sourire que mon interlocuteur m'offre l'espace d'un instant. Je lui répond par la même mimique, mon regard dérivant un instant sur le ciel au-dessus de lui, puis revenant à la pourpre de son regard.

Citation:
"… Par quel nom préférez vous être appelé ? Anastasiah ou Hernani ?"


Mon nom est Anastasiah.

Ma voix insiste doucement sur le "h" aspiré final. Cela est mon nom. Je le considère comme tel, car il est l'héritage de ma tendre mère. Je n'en reconnais donc pas d'autre. A la pensée de cette défunte femme, une douce émotion m'étreint. Mais je ne suis pas triste. Ich bin ewig. Je lève doucement la main pour dégager mon front d'une mèche entreprenante. Mais mon geste reste suspendu, interrompu par une petite émotion de surprise. Je ne suis pas de ceux qui sursautent, mais de ceux qui s'étonnent paisiblement. Le De La Flaam a déposé sa veste sur mes épaules. Geste élégant. Il doit penser que le froid transperce trop facilement cette chemise déchiquetée. Mais que sont les souffrances charnelles ?
Que sont elles.

J'écoute. J'écoute avec attention tout ce que De La Flaam me dit. Certes, je me tais. Mais je ne me comporte en aucun cas comme une créature soumise. Ses paroles me confortent dans cette attitude-ci. Je sens qu'il sera malaisé de faire cohabiter ma perpétuelle douceur et mon orgueil naturel. Je dois bien avouer qu'un ténu sentiment de peur me force à ciller un peu rapidement. Je m'efforce de n'en rien montrer. Je suis un Von Stern.

Citation:
"…Sachez une dernière chose, je suis un être aussi cruel et violent que vous êtes calme."


A ces mots, je me débarrasse avec précautions de la veste qui me couvre sommairement les épaules. Le vêtement glisse le long de mon dos avec quelques froissements, une mèche de cheveux reste un instant coincée dans la boutonnière du col. Je dépose à mon tour l'objet sur les épaules de son propriétaire.

Hé bien, soyons ce que nous sommes, alors. Et s'il le faut… reprenez votre veste, car c'est vous qui êtes transi.

Sans plus d'explications, je passe la porte ainsi offerte.
Revenir en haut Aller en bas
https://arnaudfontainebleau.forums-actifs.com
arnaud de fontainebleau
Maître incontestable de TOUT
Maître incontestable de TOUT
arnaud de fontainebleau


Nombre de messages : 2874
Date d'inscription : 24/05/2007

Les yeux au ciel Empty
MessageSujet: Re: Les yeux au ciel   Les yeux au ciel Icon_minitimeMer 12 Nov - 8:49

Je fronce les sourcils un court instant. Pourquoi est-ce que je me force à la parcimonie si c'est pour être remercié de cette manière. Le Duc veut que je ne le malmène pas trop, mais puisque le calme n'est pas le bienvenu, je vais redevenir moi même... En évitant toute fois de le violer tout de suite, Stephen m'en voudrait, je pense...

"Très bien", je murmure.

Puis je rentre derrière lui, ferme la porte sans douceur et balance la veste sur le bureau d'accueil... J'attrape son dossier en lui intimant l'ordre de ne pas bouger. Fini le vouvoiement, fini l'étiquette dont il ne voulait d'ailleurs plus. Il est un prisonnier et je suis un gardien. Il n'est plus rien, je suis Pythagoras de la Flaam. Cellule AA. Ok, je jette le dossier sur une table et me tourne vers lui.

"Cette porte, mène aux logements du personnel. L'accès en est interdit aux détenus. Celle-ci, c'est l'aile commune, tu y trouveras le réfectoire et l'infirmerie... Et par là c'est chez toi, le couloir des cellules."

Je passe devant lui sans un regard de plus alors que l'un de mes collèges s'amuse à lui faire peur en lui expliquant que je vais lui montrer son lit... et l'étrenner avec lui...

Je souris. Quel idiot !
Revenir en haut Aller en bas
https://arnaudfontainebleau.forums-actifs.com
arnaud de fontainebleau
Maître incontestable de TOUT
Maître incontestable de TOUT
arnaud de fontainebleau


Nombre de messages : 2874
Date d'inscription : 24/05/2007

Les yeux au ciel Empty
MessageSujet: Re: Les yeux au ciel   Les yeux au ciel Icon_minitimeMer 12 Nov - 8:49

Il semble irrité par ma réponse, ma réaction. Peut-être ai-je commis une erreur dans son langage à lui. Une faute de goût, une impolitesse. Je fronce légèrement le sourcil, un peu déçu d'avoir laissé s'échapper un instant de paix. Mais bon. Je replace avec douceur une mèche blanche vagabonde. D'un autre côté, je suis heureux de cette nouvelle situation. Imiter ce que l'on ne peut pas être n'est pas bon pour son âme, n'est pas bon pour sa propre conscience. Je ne souhaite à personne de se voir dénaturé par la présence d'un tiers.

De plus, il consent enfin à délaisser les bassesses feintes de l'étiquette. J'en suis soulagé. J'avoue que j'aurais été…embêté s'il ne m'avait considéré de la manière qu'il fallait. Un détenu au yeux de ce monde-ci. Mieux vaut endurer notre peine ici bas. Les Anges ne nous attendraient pas. Et, comme disait un de ces auteurs français pétri d'existentialisme; "l'Enfer, c'est les Autres, lorsque les relations humaines sont faussées par l'hypocrisie".
N'empêche, je suis tout de même attristé de le voir si agité. Ce n'était qu'un grain de sable, ce geste, et, pour moi, une vérité. Mais je ne lui en veut pas. La haine n'est que cendre.

Je suis avec attention ce qu'il m'explique, une nuance de mépris dans la voix. Je le fixe, un air d'aimable neutralité fixé sur mon visage paisible. Soit. Je ne m'attendais pas à moins. Discrètement, je passe un doigt sur mon poignet blessé, ressentant à cet endroit une légère brûlure. De plus en plus discrète. Tant mieux. Il est plus aisé de conserver la maîtrise de son âme lorsque le corps est intact, libéré des maux matériels.
Et Dieu sait si j'aurai besoin de ce calme-là.

C'est ce à quoi je pense encore lorsqu'un autre gardien vient se jouer de moi, tentant de m'effrayer par des menaces plutôt explicites. Je hausse un sourcil, esquisse un sourire poli.

Usez-vous souvent de la prestance des autres pour palier à votre faiblesse ? Avec tout le respect dont je puis disposer à votre égard, il ne serait que plus avantageux pour vous de ne pas parler à la place d'un autre, ou de vous vanter de pouvoir prédire ses pensées. Il n'est pas d'offense plus grave pour un homme…libre.

Je laisse planer une nuance sur le dernier mot de ma réponse, et ignore sa réaction. A-t-il seulement compris ce que je désirais lui dire ? Peu importe. Réajustant délicatement ma chemise, je me tourne de nouveau vers le De La Flamm, attendant patiemment la suite des événements.

Vous n'êtes plus transi comme tout à l'heure. Dans votre véritable peau, dans vos actes propres. Les choses sont mieux ainsi.
Revenir en haut Aller en bas
https://arnaudfontainebleau.forums-actifs.com
arnaud de fontainebleau
Maître incontestable de TOUT
Maître incontestable de TOUT
arnaud de fontainebleau


Nombre de messages : 2874
Date d'inscription : 24/05/2007

Les yeux au ciel Empty
MessageSujet: Re: Les yeux au ciel   Les yeux au ciel Icon_minitimeMer 12 Nov - 8:49

A peine a-t-il fini sa phrase adressée à mon collègue, je me retourne et l'attrape par l'épaule pour le plaquer contre le mur. Je ne saurais pas dire pourquoi il m'enerve, mais c'est un fait. Je le fixe un instant en silence puis le relache. Mais le regard que je pose sur lui trahit un profond mépris.

"Tu étais peut être un Von Stern dehors, mais maintenant tu n'es plus qu'un numéro alors ne joue pas à parler au gens avec autant de supériorité... A moins que tu ne tiennes vraiment à ce que la moitié de la prison visite ton p'tit cul."

Je souris, une lueur sadique brille certainement dans mon regard. N'est-il pas plus simple d'utiliser des mots tels que les miens pour se faire comprendre ?

C'est, cette fois-ci, sans douceurs que je le pousse vers le couloir des détenus. Je lance un dernier regard à mon collège. Peut-être pensera-t-il que j'ai vraiment l'intention de violer Anastasiah... Mais franchement, si je l'ai trouvé excitant eu début, maintenant je n'ai plus envie de le sauter... Juste de le remettre à sa place... violemment...
Revenir en haut Aller en bas
https://arnaudfontainebleau.forums-actifs.com
arnaud de fontainebleau
Maître incontestable de TOUT
Maître incontestable de TOUT
arnaud de fontainebleau


Nombre de messages : 2874
Date d'inscription : 24/05/2007

Les yeux au ciel Empty
MessageSujet: Re: Les yeux au ciel   Les yeux au ciel Icon_minitimeMer 12 Nov - 8:49

Un petit quelque chose me dit que j'ai une fois de plus fait fureur à ses règles propres, à son langage personnel.
Un petit quelque chose. Une impression légère.
Contrastant avec la violence de sa réaction. Je dois bien avouer que je suis surpris. Surpris, et déçu. Je crois être en partie responsable de cette perturbation, et maudis doucement cette tension toute fraîche qui appesantit l'air. Ce n'est donc pas de la peur qui me serre l'âme lorsque le De La Flaam me coince contre la froidure indifférente du mur, mais une calme tristesse. La violence. Encore, toujours.
Mon regard part à la dérive, suis lentement les tracés du mur d'en face, s'arrête à peine sur le visage du gardien qui tenta de m'effrayer. Décidément. Il est des choses hors de la portée de mon raisonnement. La légère douleur qui étreint mon épaule, l'accélération de mon rythme cardiaque, tout cela causé par un acte délibéré d'agression, en font partie. Je commence à réciter silencieusement, tout doucement, un Ave Maria, dans le secret de mon esprit un peu troublé.
Histoire de me rasséréner.

Citation:
…A moins que tu ne tiennes vraiment à ce que la moitié de la prison visite ton p'tit cul.


Cette phrase un peu…crue me ramène à la réalité aussi sûrement que n'importe quel coup physique. Je fronce doucement le sourcil, reportant paisiblement mon regard sur la pourpre, en cet instant nuancée d'une lueur malsaine, de ses yeux. Dire que tout cela partit d'une veste. J'avoue avoir un peu oublié ce qui nous a amené là. Je passe le doigt le long de mon poignet.

Etes-vous vexé ?

Mon ton est doux, poliment inquiet, et nullement provocateur. Enfin, je le pense. Car depuis tout à l'heure, j'empire ma situation au fil de mes mots innocents.
Je ne sais pas si j'aurai ma réponse. En tous les cas, je n'ai d'autre choix que d'avancer. Le De La Flaam, semblant enfin libéré des entraves de l'hypocrite étiquette, me pousse sans ménagement vers l'aile des prisonniers.
Je ne résiste pas.
Revenir en haut Aller en bas
https://arnaudfontainebleau.forums-actifs.com
arnaud de fontainebleau
Maître incontestable de TOUT
Maître incontestable de TOUT
arnaud de fontainebleau


Nombre de messages : 2874
Date d'inscription : 24/05/2007

Les yeux au ciel Empty
MessageSujet: Re: Les yeux au ciel   Les yeux au ciel Icon_minitimeMer 12 Nov - 8:50

Véxé n'est pas exactement le mot en fait. Je suis juste partagé entre l'envie de me montrer civilisé et l'envie de le frapper à mort... Je soupire alors qu'il me suit - ou plutôt, me précède - jusqu'au couloir des prisonniers. Je l'arrête devant sa cellule et je l'y fait entrer sans ménagement. Je m'appuie contre le montant de la porte et le regarde longuement. Stephen m'a dit de ne pas trop le malmener... la raison pour laquelle il est là n'est pas forcément un crime à mes yeux... il est "l'un des miens", non ? Je soupire. Cet homme m'énerve.

Je ne me suis jamais demandé ce qu'avaient fait les prisonniers pour être ici, je les torturais quand même. Je ne me suis jamais interrogé sur leur vie, sur leur passé ni même sur leur sang... Le simple fait que je prenne en compte cette information que Stephen m'a donnée est un traitement de faveur et je n'aime pas cette idée... Je comprends son acte mais ce n'est pas à moi de juger. Désormais il est un prisonnier que ce soit juste ou non à mes yeux. Et moi, je suis un gardien. Le reste, le passé, ce qui l'a fait arriver ici, tout ça n'a plus d'importance.

"Ecoute Anastasiah, il va falloir perdre tes habitudes de nobles. A chaque fois que tu agiras avec douceur, avec cérémonie, avec un vocabulaire soutenu... A chaque fois que tu utiliseras une formulation complexe ou simplement un mot de plus de trois syllables, ça sera prit comme une insulte. A chaque fois que quelque chose dans ton attitude marquera ton rang ou ton indifférence, ça sera prit comme une insulte. Et à chaque fois que tu insulteras l'égo des gens ici, détenus ou gardiens, ça se finira par des coups... ou pire... Fait attention à toi, Anastasiah."

Je suis étrangement calme d'un coup. Je ne sais même pas pourquoi...
Revenir en haut Aller en bas
https://arnaudfontainebleau.forums-actifs.com
arnaud de fontainebleau
Maître incontestable de TOUT
Maître incontestable de TOUT
arnaud de fontainebleau


Nombre de messages : 2874
Date d'inscription : 24/05/2007

Les yeux au ciel Empty
MessageSujet: Re: Les yeux au ciel   Les yeux au ciel Icon_minitimeMer 12 Nov - 8:50

Je n'ai jamais remis en question, refusé, renié, ou répudié ma condition de détenu. Je suis conscient de m'être placé en dehors de la loi de mon pays en faisant justice de mes mains... Il est donc juste que je sois traité comme tel. N'est-ce pas ? De toute les façons... Il n'y a plus rien pour moi, dehors. Mes nouveaux Anges m'attendent, ici, mais plus là-bas...
Mais je sens bien que ce n'est pas l'impression que je donne. Je ne comprends vraiment pas. Cet homme et moi ne parlons pas le même langage... Et j'avoue que je m'en veux un peu. Moi qui n'aime que le calme et la douceur, me voilà à l'origine de fluctuations débordantes.

Je suis encore tout à fait plongé dans ces réfléxions lorsque le De La Flaam me pousse dans une cellule. Je n'oppose aucune résistance, et entre sans faire d'histoire. C'est donc ici que je dormirai. Là ou ailleurs... Peu m'en chaut. Je touche doucement la croix blanche qui pend à mon cou, me signe, lève les yeux vers se plafond qui masque le ciel. Mais pour voir mes Anges, je n'ai besoin ni du bleu célèste, ni de la blancheur des nuages. D'ailleurs... Je ressens agréablement ce silence, cette pièce encore vide, prête à vivre. Voici une des choses que j'aurais aimé à capturer de mon objectif. Mais je saurai m'en passer... Tant que j'aurai mes yeux.

Je me retourne légèrement, m'intrigue un peu de le voir m'observer de la sorte. Je me demande à quoi il pense. J'espère que je n'ai pas engendré quelque violent sentiment dans son esprit.

"...Fait attention à toi, Anastasiah."

J'avise calmement un uniforme de détenu, posé sur un des lits de la cellule. Je détache le premier cran de mon bracelet de force, silencieux.
Menace, ou conseil ? Vraiment, je ne sais pas percevoir cet homme-là. Et je doute qu'il désire que j'apprenne à le faire. Néanmoins, je retiens ses paroles. Peut-être sont-ce des pistes, qui m'éviteront de créer violence et tourments de par le futur.

Je réfléchis. Je me questionne. Le deuxième cran de l'épais bracelet blanc saute. Une seule chose me gêne véritablement dans l'énumération de ce que je devrais consentir à abandonner... Vais-je réussir ? Vais-je réussir à ne pas faire un nouveau faux-pas ?
Je ne sais.

Je détache le troisième cran, abandonne la pièce de cuir sur le lit. Je n'ai aucun mal à me séparer de ces affaires. Elles ne conviennent plus à ma condition. J'en change. J'entreprends d'ôter ma chemise déchirée, ma peau blanche frissonnant à peine dans l'air ambiant. Je me saisis du haut de l'uniforme, le passe. D'un mouvement, j'extrais mes cheveux du col. Je commence à fermer le premier boutton.

J'ai peut-être compris. Mais pour la douceur, je ne peux rien faire.

Je ne pouvais pas me taire. Je ne peux changer ce que je suis. Bien sûr, la politesse, le verbe, toutes ces sortes de choses, je peux bien m'en passer. Mais ne me demandez pas d'être ce que je ne suis pas.
Revenir en haut Aller en bas
https://arnaudfontainebleau.forums-actifs.com
arnaud de fontainebleau
Maître incontestable de TOUT
Maître incontestable de TOUT
arnaud de fontainebleau


Nombre de messages : 2874
Date d'inscription : 24/05/2007

Les yeux au ciel Empty
MessageSujet: Re: Les yeux au ciel   Les yeux au ciel Icon_minitimeMer 12 Nov - 8:50

Je l'observe avec délice alors qu'il retire ses vêtements... Un simple bracelet en cuir et une chemise déchiré... Mais il le fit tellement lentement que c'en est sensuel... Comment peut-il faire une telle chose sans s'en rendre compte... Parce qu'il est évident qu'il ne s'en rend pas compte... Puis il enfile le haut de l'uniforme. Cette couleur sale tranche avec le blanc qu'il portait avant. Il a gardé le croix qu'il portant au cou aussi. C'est amusant, tiens, on ne dit jamais aux détenus qu'ils ont le droit de garder leurs vêtements d'arrivée... Pourtant, s'il n'avait pas le droit on les leur enlèverait... Et pourtant ils mettent (presque) tous l'uniforme... Oui, amusant qu'à chaque nouvelle arrivée j'ai le droit à une strip tease... Ses paroles me sortent de mes pensées et de ma contemplation. Elles me font sourire. C'est déjà beaucoup mieux.

"Tant que tu as conscience que la douceur, ici, est considéré comme une faiblesse... Je ne peux rien faire pour toi, Anastasiah..."

Je remarque que j'ai encore prononcé son nom... Je l'aime bien en fait... Je plonge mon regard dans le sien, il est si calme. Je reprends alors la parole:

"Je n'ai plus rien à te dire il me semble... Le réfectoire est dans l'aile commune... l'infirmerie aussi."

Il en aura certainement besoin... Je m'avance vers lui et prends son visage dans ma main. Je le regarde et pose mes lèvres sur les siennes sans même y penser. Puis je murmure à son oreille:

"Tu aurais été chez nous, au Luxembourg, tu n'aurais pas été condamné... Le Duc comprend ton geste, il dit qu'il aurait fait la même chose pour moi..."

Peu de gens connaissent la vraie relaction que j'ai avec mon oncle et j'ignore bien pourquoi je le lui ai dit... Je recule sans quitter ses yeux, puis je me détourne pour rejoindre le couloir...
Revenir en haut Aller en bas
https://arnaudfontainebleau.forums-actifs.com
arnaud de fontainebleau
Maître incontestable de TOUT
Maître incontestable de TOUT
arnaud de fontainebleau


Nombre de messages : 2874
Date d'inscription : 24/05/2007

Les yeux au ciel Empty
MessageSujet: Re: Les yeux au ciel   Les yeux au ciel Icon_minitimeMer 12 Nov - 8:51

J'ai peut-être commis une erreur en contredisant Pythagoras d'aussi franche manière. Il m'en coûtera peut-être. Néanmoins, je ne regrette d'aucune façon cette incartade. Ne pas exprimer fidèlement mon sentiment eût été des plus humiliant, des plus soumis, des plus abject. Non vraiment, je ne suis pas prêt à abandonner ce qui fait de moi…la personne que je suis. Autant cracher sur ma vie, renier mes actes et leurs causes. Eva n'aurait jamais voulu d'un tel comportement. Et je resterai l'homme qu'elle aima un jour.

"Tant que tu as conscience que la douceur, ici, est considéré comme une faiblesse... Je ne peux rien faire pour toi, Anastasiah..."

Je garde le silence. Il n'y a rien d'utile à ajouter. Une faiblesse… Peut-être. Mais je le souffrirai, ce vice, quitte à en pâtir. On ne bâtit pas une vie sur une crainte, ou bien sur une menace. J'achève de boutonner ma nouvelle chemise, tire doucement sur les manches. Rugosité. J'ose à penser que son ton a légèrement changé. Moins menaçant, moins violent. J'en suis heureux. Je n'aime pas engendrer de conflits par trop blessants. Mon nom sonne étrangement dans sa bouche. Un instant, mes doigts se crispent sur l'étoffe grossière. La dernière personne à avoir usé de mon nom de telle manière était ma tendre Eva.
Eva…
Je me détends. Mon Ange est au ciel, bien mieux que n'importe où. C'est de la joie, une tendre et chère joie qui m'étreint à son doux souvenir. J'entreprends de me défaire de ma ceinture. Je ne suis pas pudique. Croyez-moi… J'ai couvert en tant que photographe bon nombre de théâtres d'opérations militaires, et, en ce monde, la seule chose de véritablement obscène, c'est la guerre.
La guerre, et la violence.

Mon geste est néanmoins stoppé par sa voix. Il m'explique encore certains détails de cette vie. Je crois qu'il s'apprête à partir. Peut-être ne le reverrai-je pas. Je dois bien avouer que je suis légèrement intrigué par la présence d'un De La Flaam en de tels lieux. Peut-être cherche-t-il une forme de liberté parmi les détenus. Drôle de paradoxe.

Mais je suis brutalement arraché de mes réflexions par son action nouvelle. Le contact de sa main sur mon visage. Mon naturel calme m'évite la peine de sursauter. Je m'apprête à chercher dans son regard une réponse à ce geste troublant…mais m'en voit privé par une action plus étonnante encore. Je mets un certain temps à comprendre qu'il vient de m'embrasser… Cette fois, mes sens sont purement déroutés. Je me raidis. Je ne sais trop que penser, moi qui n'ai jamais approché que des femmes. Plus encore, la question n'est pas là. Lui qui semblait lors m'en vouloir de violente façon, le voilà qui s'adoucit jusqu'à m'offrir un baiser.
Peut-être dois-je considérer cela comme une amélioration. Mais certainement comprendrez-vous mon trouble. Sa voix murmure alors au creux de mon oreille quelques paroles qui ravivent ma curiosité.

"Tu aurais été chez nous, au Luxembourg, tu n'aurais pas été condamné... Le Duc comprend ton geste, il dit qu'il aurait fait la même chose pour moi..."

Je ne pense plus à ses menaces passées. Je suis bien trop ébranlé pour me les rappeler en cet instant, même si je n'en laisse rien paraître… Enfin, presque rien. Sous le choc, je ne fais plus attention à mon vocabulaire. Ma langue maternelle me revient naturellement, balayant l'acquis de l'habitude. C'est donc en allemand que je lui réponds, alors même qu'il s'apprête à sortir.

J'ignore comment le Duc prit connaissance de mes actions… Mais je lui suis gré de sa compréhension. Je suis heureux de savoir qu'il est homme à savoir préserver la liberté des siens…

Presque malgré moi, je laisse planer une note interrogative peu ambiguë sur mes derniers mots. J'ai dit ce que je pensais, mais suis toujours piqué à propos de cet homme qui me fait face. Il semble proche du Duc du Luxembourg. Mais n'hésite pas à s'exiler ici. Cet acte m'intrigue au plus au point, sans compter le fait que le Duc fut au courant de mes agissements, mais je n'en rajoute pas plus. J'ai déjà assez parlé. Je m'assied sur le lit, entreprends de délacer mes chaussures. Le voile blanc de ma chevelure glisse devant mon visage baissé.
Revenir en haut Aller en bas
https://arnaudfontainebleau.forums-actifs.com
arnaud de fontainebleau
Maître incontestable de TOUT
Maître incontestable de TOUT
arnaud de fontainebleau


Nombre de messages : 2874
Date d'inscription : 24/05/2007

Les yeux au ciel Empty
MessageSujet: Re: Les yeux au ciel   Les yeux au ciel Icon_minitimeMer 12 Nov - 8:51

Sa voix s'élève à nouveau dans la pièce. C'est en allemand qu'il me parle. Je m'arrête, l'écoute et souris sans pour autant me retourner. N'est-ce pas étrange que dans cette prison, situé en Allemagne, les gens parlent français et parfois anglais mais rarement allemand ? Bien sûr, ayant été élevé au sein de la noble européenne, je maîtrise parfaitement cette langue. Il faut avouer que peu de personnes en Europe parlent le luxembourgeois mais que cette langue est un habile mélange entre le français, l'allemand et le néerlandais. Je prends alors la parole sans me tourner et lui réponds dans la langue qu'il a employée: l'allemand.

"Tout ce sait au sein de l'aristocratie, Anastasiah... Tout... Toujours... Surtout parmis les familles qui ont le plus de pouvoir. Si tu étais amené à parler de moi à ta famille, elle te dirait que, j'ai beau être son neveu, les relations que j'entretiens avec le Grand Duc sont loin d'être platoniques..."

Je me tourne de nouveau vers lui. Il est assis sur le lit et son visage m'est caché. J'hésite entre partir sur ces mots et rester pour le faire mien... Je suis ici parce que Stephen ne me suffisait plus et qu'il m'étouffait, pourtant je pense encore constemment à lui... Ce qui ne m'empèche pas de désirer d'autres hommes... Mais celui là, je ne veux pas le prendre de force. Etrangement, je ne veux pas l'abîmer. Je le regarde longuement avant de me décider. C'est toujours en allemand que je lui fais ma proposition:

"Anastasiah, je peux t'offrir ma protection au sein de cette prison... Mais la veux-tu ? Et surtout, serais tu prêt à me la payer comme je le souhaite..." Je marque une pose avant de conclure d'une voix extrêmement douce: "Avec ton corps..."

Je pense que dorénavant, je lui parlerais toujours en allemand... De toutes façons, c'est absolument pareil pour moi de lui parler en français ou en allemand... Je le regarde presque tendrement alors que j'attends sa réponse... Comment va-t-il me repousser ?
Revenir en haut Aller en bas
https://arnaudfontainebleau.forums-actifs.com
arnaud de fontainebleau
Maître incontestable de TOUT
Maître incontestable de TOUT
arnaud de fontainebleau


Nombre de messages : 2874
Date d'inscription : 24/05/2007

Les yeux au ciel Empty
MessageSujet: Re: Les yeux au ciel   Les yeux au ciel Icon_minitimeMer 12 Nov - 8:51

L'aristocratie. Que ce mot sonne étrangement, en ce lieu… Après tout, sommes-nous si nobles, en dehors de nos milieux, de nos terres, de nos familles ? Mais je reconnais humblement mon ignorance quant aux relations dont il fait allusion. M'étant ces dernières années bien plus adonné à la photographie qu'aux mondanités… Je ne suis plus très au fait de toutes ces choses. Ainsi l'écoutai-je avec la plus grande des attentions. Inutile de causer une nouvelle perturbation en jouant une fausse note.

Ainsi donc, cet homme serait le protégé du Duc. Et plus encore, d'après ses dires. Grand bien lui fasse. Mais il ne m'a pas révélé les motivations de sa présence en de tels lieux. Il est des ambitions de vie qui eussent pu être plus à même de convenir au proche d'un tel homme. Ce De La Flaam doit avoir un parcours bien singulier.

Un silence léger s'installe entre nous. Je préfère ne pas relever le visage, sentant que mon interlocuteur ne souhaite pas d'interruption. J'avoue me questionner sur ses intentions. Je ne le chasse pas… Mais que fait-il encore dans cette cellule ? En quelques gestes délicats, je finis d'ôter mes chaussures, mes chaussettes. Je frémis à peine en sentant le contact froid du sol sur la plante de mes pieds.

"Anastasiah…"

Cette fois, je ne peux m'empêcher de me redresser, et de planter mon regard dans le sien. La façon qu'il peut avoir de prononcer mon nom m'a, depuis le début, laissé perplexe. Mais, cette fois-ci… Je sens que quelque chose d'autre se joue.

"…je peux t'offrir ma protection au sein de cette prison... Mais la veux-tu ? Et surtout, serais tu prêt à me la payer comme je le souhaite..."

J'aurais dû m'en douter… Mes doigts se crispent légèrement sur la couverture. Je soutiens son regard d'un air légèrement interrogateur… Histoire qu'il achève sa phrase. Même si je pense pouvoir me douter de ses…volontés.

"Avec ton corps..."

L'espace d'un instant, je sens mon corps se raidir, mû par une appréhension réflexe. Mais mon naturel calme reprend le dessus, comme d'habitude. Mon visage adopte à nouveau son éternelle douceur posée. Je choisis soigneusement mes mots… Ma voix s'élève à nouveau, dans les tons les plus délicats possibles.

Douceur n'est pas soumission…

Je passe lentement la main dans ma chevelure blanche, cherchant un façon à la fois ferme et polie d'exprimer mon refus. Sa proposition était formulée avec un tact infini. Je me dois de faire de même.

Je me dois d'exprimer mon refus, au mépris de la reconnaissance dont je puis disposer à votre égard de m'accorder cette proposition…

Je cille doucement, marquant la transition entre ma réponse, et mes explications. Ma voix est la plus posée possible… Mais, bien malgré moi, je ne peux empêcher mon regard bleu sombre de prendre soudainement une lueur d'une dureté peu habituelle.

Ma fierté m'interdit plusieurs choses.

Mais j'arrive bien vite à chasser cette expression peu avenante. Je secoue légèrement la tête, esquissant l'ombre d'un sourire.

Je ne désire pas me prostituer par lâcheté. De plus, l'idée même que l'on me protège me déplaît. Je ne serais plus un homme, si j'acceptais de me cacher derrière un autre… Et je ne peux souffrir de voir l'acte que vous me demandez en contrepartie transformé en vulgaire monnaie.

J'ouvre doucement mes mains, comme en un signe d'impuissance. La dernière raison est peut-être la moindre, mais elle mérite d'être énoncée clairement.

Enfin, je sais que je ne pourrai jamais vous offrir ce que vous désirez de moi… Jamais je n'ai touché d'homme.

Sur les derniers mots, ma voix baisse, puis s'éteint doucement. J'attends en silence sa réponse, dissimulant mon appréhension sous un masque d'une neutralité absolue. Le seul mouvement que je m'autorise consiste à chasser de mon front une mèche inopportune.
Revenir en haut Aller en bas
https://arnaudfontainebleau.forums-actifs.com
arnaud de fontainebleau
Maître incontestable de TOUT
Maître incontestable de TOUT
arnaud de fontainebleau


Nombre de messages : 2874
Date d'inscription : 24/05/2007

Les yeux au ciel Empty
MessageSujet: Re: Les yeux au ciel   Les yeux au ciel Icon_minitimeMer 12 Nov - 8:51

"Douceur n'est pas soumission…"

Un sourire étire mes lèvres alors qu'il commence à parler. Ces simples mots résument ce qu'il va me dire et j'aime sa manière d'exprimer sa pensée. Je le regarde, souriant toujours, alors qu'il me parle. Mon sourire n'est ni mauvais, ni menacant, ni même moqueur, non, il est juste satisfait. J'aime sa manière d'être franc avec moi tout en enrobant ses mots de douceur. J'ai conscience que cela ne lui suffira pas toujours et je suis certain que lui aussi le sait. Je soutiens son regard tout au long de son discours sans dire un mot et quand il a finit, j'acquiesce lentement. Mon visage redevient neutre malgré le sourire qui est toujours présent et je prends alors la parole. En allemand, toujours:

"Ta visginité n'est en rien un problème à mes yeux, mais tes arguments ont assez de valeur pour que je les respecte, Anastasiah. Je dois avouer que j'aurais bien aimé voir ton visage au moment de la libération, mais puisque cela te semble impossible à accepter, je ne souhaite pas insister."

Les paroles de Stephen me revienne et j'ai un petit rire discret avant de reprendre:

"Je dirais au Duc qu'il avait tord de s'inquieter pour ton sort, mais... si jamais tu changes d'avis, ma proposition tiendra toujours... Quoi que tu veuilles en échange de ton corps, si je peux te le fournir, tu l'auras..."

Je me redresse du mur où j'étais appuyé et me tourne vers la porte, prêt à partir cette fois. Néanmoins, avant de m'engager dans le couloir, je lui lance une dernière offre comme si elle était des plus anodines:

"... Même un appareil photo..."
Revenir en haut Aller en bas
https://arnaudfontainebleau.forums-actifs.com
arnaud de fontainebleau
Maître incontestable de TOUT
Maître incontestable de TOUT
arnaud de fontainebleau


Nombre de messages : 2874
Date d'inscription : 24/05/2007

Les yeux au ciel Empty
MessageSujet: Re: Les yeux au ciel   Les yeux au ciel Icon_minitimeMer 12 Nov - 8:52

Doucement, la tension qui gouvernait mes mains s'envole. Mon pouls retrouve un rythme tout à fait raisonnable… Je me détends. Evidemment, je fais en sorte que toutes ces expressions physiologiques restent le plus discrètes possibles. Il en va de ma crédibilité.
Je dois bel et bien reconnaître la profondeur de mon soulagement… Et c'est ce simple sourire d'une tranquille neutralité qui met un terme à mon appréhension.

Ses dires confirment mes suppositions, et achèvent de m'ôter un poids qui menaça ma sérénité… et mon intégrité. Il ne me forcera pas. Il n'insistera pas. Ce n'est pas tant la peur de me voir pris de force, dans la violence, et l'humiliation… Mais la crainte de m'emporter, de répondre au feu, par le feu. Je m'en sais capable, lorsque l'on me pousse dans mes derniers retranchements. Et j'abhorre ce trait de caractère aussi sûrement que la violence d'un tiers.

Bien que sa remarque sur ma..."virginité" me mette sensiblement mal à l'aise, je suis heureux de constater qu'il est homme à entendre le genre d'arguments que je lui exposai. J'analyse avec attention sa nouvelle allusion au Duc. Tout cela m'intrigue. Certes, les événements de ces dernières années semblent s'être ébruitées dans le milieu de la haute noblesse. Mais je ne parviens toujours pas à comprendre pourquoi, et comment un homme d'une aussi grande envergure que le Duc du Luxembourg en est venu à s'y intéresser… Mais je garderai mes interrogations.
Pour le moment.

"…si jamais tu changes d'avis, ma proposition tiendra toujours... Quoi que tu veuilles en échange de ton corps, si je peux te le fournir, tu l'auras..."

Je ne réponds pas. Il n'y a rien à ajouter… Je me suis déjà exprimé sur ce point. Ce serait là une insulte pour moi, et pour lui, que de revenir sur ceci. Avec lenteur, il s'apprête à sortir de la cellule. Mon regard reste fixé dans son dos, pensif. La vivacité de cette teinte…celle de sa chevelure… tranche étonnamment avec la palette de couleurs de ce décors. Un contraste que j'aurais aimé saisir… Je détourne le visage, troublé. Il faut que j'arrête de penser ainsi… J'ai dû abandonner tout ce qui faisait ma vie d'avant… Ainsi que chacune de mes possessions personnelles. Je suis un détenu… En conséquence n'ai-je plus le droit de posséder quoi que ce soit. Même pas…

"... Même un appareil photo..."

Silence.
Mon regard se fige, je ne cille plus… Ma respiration se suspend.
Un ange passe.
Comment a-t-il su. Comment a-t-il…deviné. La seule chose. La seule chose que je pouvais désirer… La seule chose qui pouvait me trahir, moi, et mes principes… Je secoue péniblement la tête, glisse mes doigts dans ma chevelure… Un soupir nerveux m'échappe, entre le frisson, et le sifflement de douleur… Attendez…
Non.
Je… Mais c'est toute ma vie… Toute ma vie…
Non.
C'est à peine si je me suis aperçu que je l'avais prononcé, ce mot, cette halte, ce rappel. Attendez... Il m'a échappé… Il s'est enfui de mes lèvres, rapide, spontané… Ma conscience n'a pas eu le temps de le réprimer… Une nouvelle fois, j'esquisse un mouvement négatif, yeux clos, et prends ma tête entre mes mains.
Non.
Le lit grince lorsque je me recule, jusqu'à toucher ce mur froid de mon dos. Doucement, je place mon visage sur mes genoux, en une position légèrement…prostrée.
Qu'il s'en aille.
Avant que je ne faiblisse.
Avant que je ne cède.
Revenir en haut Aller en bas
https://arnaudfontainebleau.forums-actifs.com
arnaud de fontainebleau
Maître incontestable de TOUT
Maître incontestable de TOUT
arnaud de fontainebleau


Nombre de messages : 2874
Date d'inscription : 24/05/2007

Les yeux au ciel Empty
MessageSujet: Re: Les yeux au ciel   Les yeux au ciel Icon_minitimeMer 12 Nov - 8:52

"Attendez..."

Ce n'est rien, à peine un murmure, un souffle... Je m'arrête mais il ne dit plus rien alors je me tourne. D'après la biographie dans son dossier, ce gars à tout quitté pour la photo mais... je ne pensais pas tomber aussi juste... Je m'avance jusqu'à lui et m'assoit sur le bord du lit. Je passe ma main dans ses cheveux et murmure:

"Gardez les yeux fermés, Anastasiah. Je ne vous ferais pas de mal, je vous l'assure... Gardez les yeux fermés et imaginez..."

Je m'installe contre lui et déboutonne doucement sa chemise pour que mes doigts puissent frôler sa peau pâle.

"Je ne pourrais pas vous donner un grand choix du matériel, mais un numérique de petite taille et de bonne qualité devrait être le plus simple à dissimulé des détenus et autres gardiens. Il serait à vous, rien qu'à vous. Votre appareil. Je vous fournirais une carte mémoire suffisemment grosse pour que vous puissiez laisser s'exprimer votre passion."

Lentement, alors que je parle, je le fais étendre sur le lit pour que mes caresses soient plus faciles à donner sur son corps partiellement dénudé. Je pose doucement mes doigts sur ses yeux pour qu'il les garde fermé et m'attarde sur son visage un instant avant de retourner m'occuper de son torse.

"Je vais vous sembler un peu terre à terre peut être, mais il ne suffit malheureusement pas que vous ayez un appareil photo pour prendre des photos... Un numérique à besoin d'être rechargé... Et il n'y a pas de prise éléctriques dans cette aile. Par contre, il y en a de notre côté. Je pourrais conserver votre chargeur à l'abris des vols des prisonniers, Anastasiah..."

Je murmure son nom avec sensualité alors que mes doigts s'attardent sur l'un de ses tétons. A-t-il conscience qu'il devra défendre lui même son bien ? Oui, certainement... Et je pense qu'il en est capable. Il n'a pas cédé pour ma protection, mais il céde pour un objet matériel... C'est étrange... Je passe délicatement mes mains sur ses cuisses mais je n'ote pas son pantalon, je ne veux pas le forcer, je veux juste le caresser, lui montrer de la douceur...

"L'avantage de prendre un appareil numérique... Ce sont ces toutes petites imprimantes qui vont avec. Elle aussi, votre imprimante, je la garderais dans ma chambre. Il y aura toujours du papier et de l'encre.

Bien sûr il est évident que je veux l'attirer dans mon lit. Mais jamais je ne le prendrais contre son gré ou avec cette violence qu'il n'aime pas. Je veux que mes caresses le lui prouvent. Ma douceur en cet instant alors que je remonte, éfleurant à peine son entre jambe, pour redessiner son visage sous mes doigts...

"En une nuit, votre appareil serait rechargé et vos photos seraient imprimées..."

Je me baisse lentement et pose sensuellement mes lèvres sur les siennes. Je ne lui demande pas de répondre à mon baiser, juste de me laisser caresser ses lèvres de ma langue comme je le fais. Je me penche ensuite vers son oreille et murmure:

"Gardez les yeux fermés, Anastasiah, je ne vous demande pas une réponse tout de suite, juste d'y penser. Je n'ai aucune envie de vous violenter, soyez-en certain. Je vais partir, quitter la pièce. Nous nous recroiserons surement... Je loge dans la chambre 10."

Je me redresse, le regarde et me lève...
Revenir en haut Aller en bas
https://arnaudfontainebleau.forums-actifs.com
arnaud de fontainebleau
Maître incontestable de TOUT
Maître incontestable de TOUT
arnaud de fontainebleau


Nombre de messages : 2874
Date d'inscription : 24/05/2007

Les yeux au ciel Empty
MessageSujet: Re: Les yeux au ciel   Les yeux au ciel Icon_minitimeMer 12 Nov - 8:52

Ce n'était rien. Une pensée volatile. Une volonté inavouée… Un réflexe, un souffle, un murmure… proféré par des lèvres honteuses de s'êtres seulement pressenties pécheresses. Défaillance d'une âme, vol inavoué à un inconscient pourtant si lucide… Un fantôme de désir. De ceux dont on voudrait ignorer la présence… l'implacable, l'indicible présence…
Car j'ai beau lutter, me débattre, secouer la tête en fermant les yeux comme un enfant… Je l'ai dit...
Je l'ai dit.
Dieu ! Que je ne voudrais l'avoir oublié, ce mot !

Mais je ne peux rien ignorer. Je ne peux, je ne veux. Car lui, le voilà qui appelle à nouveau mon nom, qui me tire de cet état second, et me dit, me hurle, la vérité, cette vérité. Il m'assure qu'il ne me blessera pas.
Mais c'est trop tard.
Car je sens sa main dans mes cheveux, sa voix au creux de mon oreille, l'incongrue douceur dont il use pour m'aborder. Et moi, je me ferme. Et moi, j'essaie d'ignorer. Ce que j'ai dit, ce que j'ai fait.
Impossible.

Mon pouls s'emballe lorsque je sens ses mains libérer mon torse du carcan d'étoffes qu le protègent encore… Ses mains d'homme. Je réprime tant bien que mal un frisson des plus désagréables… Je ne supporterait pas qu'il pense que j'y trouve du…plaisir. Ses doigts tracent sur mon corps des cercles entreprenants… marquent ma peau blanche de sursauts de… dégoût…? Ou bien de surprise…

"…Votre appareil…"

A ces mots… A cette évocation… Mes lèvres se soulèvent, découvrant mes dents en un sursaut de sentiment mêlés… orgueil, honte, dégoût… Mais je me refuse la moindre réaction violente. Et même… pourrais-je seulement me mouvoir ? Malgré mes efforts, malgré mes réflexions tourmentées… je demeure, immobile, les yeux clos, ne sachant trop ce que l'on me fait, où l'on me mène, et ce que je veux… ce que je veux…
Ce que je veux ? C'est…

"…laisser s'exprimer votre passion…."

Ses mains appuient doucement sur mes épaules, me forcent sans brutalité –mais avec une fermeté qui ne souffre pas d'attente- à m'étendre. Je sens mes cheveux se répandrent autour de mon visage, auréole blanche, mais non sainte… Me sentirais-je souillé ? Etrange… La fraîcheur de ses doigts sur mes paupières me souffle le contraire.
Il parle. Encore. Comme pour me faire oublier ses effleurements, ses caresses… Sa voix murmure à mon oreille…pour que ma peau s'habitue aux murmures de ses doigts…
Je ne veux pas.
Je ne veux pas me perdre. Mes mains se serrent sur les couvertures, mon front se contracte. Je voudrais le repousser. Je voudrais le chasser de mon corps, le chasser de ma peau… Mais ces mots continuent…continuent… s'infiltrent, maltraitant les barrières de mon orgueil.

"…Anastasiah..."

Je sursaute. Cette façon de prononcer mon nom… Il semble désirer le faire sien. Et ces syllabes semblent m'appartenir un peu moins. Je…
Choc. Ma main se tend, se referme sur son poignet. Réflexe. Il est allé trop loin en s'autorisant ce geste-là. C'est le genre de caresse que je ne recevait que d'Eva… Il ne s'est portant pas aventuré au-dessous de ma ceinture… Mais c'en est trop… trop… Je détourne le visage, et prononce, presque sans m'en rendre compte, le nom de ma sœur…
Ma sœur. Mon… mon Ange.

Seigneur. Comment…? Comment ai-je pu oublier… oublier mon œuvre, oublier mes rêves, ma raison de vivre… mes promesses ?
Vanité.
J'ai un devoir… Mon Ange, ta mémoire… Mon doux, mon si cher Ange… je te dois la vie, je te dois l'éternité… je te la dois, et je te l'offrirai…
Je suis un Von Stern. Je suis un homme. Et mes principes sont immuables.
Comment ai-je pu oublier… que nos rêves, nos devoirs, passaient avant notre orgueil ? Je me contracte… mais plus de dégoût. Je m'en veux de m'être laissé allé à une si vile faiblesse… Eva… Mes Anges… Pardonnez-moi.
Je poursuivrai mon œuvre. Et je n'ai besoin pour cela que d'une unique chose.
Que cet homme peut me fournir.

Un instant, mes yeux s'ouvrent… Brutalement, sans mesure, totalement… Je viens de percevoir véritablement ses dernières caresses. Et je ne sais plus ce qu'elles m'évoquent. Mais…lorsqu'il prononce le mot "nuit"… je déchante. Un doute vague me prend… je ne veux pas… je ne supporterais pas… de devenir une distraction… "régulière". Mes paupières se referment lorsque ses doigts s'égarent sur mon visage. Seulement alors, je me rends compte qu'il ne m'a pas encore forcé…

Et lorsque ses lèvres se posent sur les miennes… je reste froid, immobile. Je ne me tends plus, mais ne réponds par pour autant à ses avances. Il me demande de réfléchir… de lui donner ma réponse lorsque je le voudrai… Mon Dieu. Pour qui me prend-il ? Pour un faible, un lâche ? Un vulgaire intellectuel, trop apeuré pour prendre de fermes décisions ?
J'inspire lentement. Je suis en train de… de m'énerver. Et je ne supporte pas ce genre de réaction.

Le contact se rompt. Je ne sens plus la chaleur de son corps se mêler à la mienne. Ignorant sa demande –son ordre- j'ouvre les yeux, me redresse, et me lève. Je prends bien soin de mesurer mes gestes, de ne laisser transparaître ni peur, ni colère. D'une main, j'écarte quelques mèches désordonnées de mon visage, puis tire un peu sur ma chemise ouverte… Puis carre les épaules, écarte légèrement les jambes en une position volontaire, et retrouve un port de tête fier…noble. Je réfléchis un instant… et prends la parole, d'une voix des plus douces… mais veillant à y imposer des nuances fermes, volontaires. Je veux qu'il comprenne… que je ne suis pas… vaincu.

Pythagoras.

Ce n'est ni un appel, encore moins une supplication. C'est une affirmation, calme, posée, comme si j'énonçais un fait en prononçant son nom…

Quoi qu'il puisse se passer, je désirerais que vous n'oubliiez pas que je suis un homme. Un homme adulte. Conscient de ses actes…

Malgré moi, mon ton se voile d'une nuance durcie… presque violente… sursaut d'orgueil, cri du cœur…

…et de ses devoirs. Je vous demanderais donc… de ne plus me traiter comme vous venez de le faire… Comme un enfant, j'entends. Je suis conscient de ce que vous voulez, et de ce que je veux.

Je me rends compte que mes paroles ne sont pas explicites. Pas suffisamment. Mais… il faut qu'i sache ma décision. Je n'ai pas pour habitude de reculer lâchement l'échéance de mes vérités. Mes paupières s'abaissent, s'élèvent à nouveau. J'expire lentement… et prononce quelques mots… quelques utiles mots… d'une voix si froide –même sans jamais être agressive, ou blessante- qu'elle ne ressemble pas à la mienne… si peu… J'en reste moi-même surpris.

Quand, et combien de fois ?
Revenir en haut Aller en bas
https://arnaudfontainebleau.forums-actifs.com
arnaud de fontainebleau
Maître incontestable de TOUT
Maître incontestable de TOUT
arnaud de fontainebleau


Nombre de messages : 2874
Date d'inscription : 24/05/2007

Les yeux au ciel Empty
MessageSujet: Re: Les yeux au ciel   Les yeux au ciel Icon_minitimeMer 12 Nov - 8:52

Il se redresse presque aussitôt. Quelle rapidité, je ne l'aurais pas pensé aussi prompt. Mais ce qui est le plus surprennant c'est qu'il entamme une forme de... négociation. J'en sourirais volontier mais ça serait lui manque de respect... ce qu'il me reproche justement. Je le regarde attentivement, attendant qu'il termine son discours par cette phrase des plus perturbante. Nous ne nous sommes pas compris il me semble. Je laisse le silence envahir la pièce puis je le rompt d'une voix assez ferme bien que toujours douce.

"Il n'était pas dans mes intentions de vous traiter comme un enfant, Ansatasiah, je cherchais à vous convaincre et il semble que j'y sois plus ou moins arrivé, bien qu'il y ait encore un mal entendu."

Je marque une pause. Je vais devoir lui exposer ce mal entendu avant de répondre à sa question... Et je sens que je vais en devenir risible...

"L'echange n'est un prétext à mes yeux. Je ne veux pas de votre corps froid et fermé. Je ne veux pas d'une poupée qui se soumet contre son grè. Non, je veux... un homme..." j'insiste sur ce mot "... conscentant et appréciant ce que nous ferons. Je ne veux pas une pute mais un amant Anastasiah."

Comment va-t-il prendre mes mots, je l'ignore et je commence à m'en moquer. Ce que j'ai dit et partiellement faux. Je sais que je l'aurais et bien que je préfèrerais l'avoir conscentant, le réduire à néant - lui qui me résister - me satisferai aussi, mais pas de la même manière. Je m'éloigne de lui et avant de passer la porte, je le regarde longuement:

"J'aurais tout ce dont je vous ai parlé dans trois jours. Je vous le ferais savoir. Vous viendrez le chercher quand vous vous en sentirez prêt. Ensuire... Ca sera vous qui déterminerez le rythme de nos rencontre. Si vous gérez bien la baterie, avec les cartes mémoire que je vous donnerez, vous devriez pouvoir tenir trois semaines je pense. Je ne vous imposerez pas de visite, Anastasiah, je ne vous forcerez pas, je vous l'ai dis."

Mon regard semble dur, mais je pense ce que je dis. Je crois que je serais capable de ne même pas le pénétrer la première fois. Je voudrais qu'il me fasse confiance même si notre relation est... malsaine. Je le fixe longuement puis je me tourne pour quitter le pièce. Je dois appeler le Duc au plus vite si je veux tenir ma parole.
Revenir en haut Aller en bas
https://arnaudfontainebleau.forums-actifs.com
arnaud de fontainebleau
Maître incontestable de TOUT
Maître incontestable de TOUT
arnaud de fontainebleau


Nombre de messages : 2874
Date d'inscription : 24/05/2007

Les yeux au ciel Empty
MessageSujet: Re: Les yeux au ciel   Les yeux au ciel Icon_minitimeMer 12 Nov - 8:53

Il est étrange de voir à quel point ces mots, ces simples paroles, si crues s'échappant de mes lèvres blanches, si violentes formulées par ma voix douce et paisible, si obscènes émanant de ma personne, me libèrent. Lorsque ces sordides interrogations claquent dans l'air… je me sens soulagé, comme libéré d'un poids tant gênant que dangereux pour mon âme.
Etrange.
Peut-être ce sentiment soudain de sécurité n'est-il dû qu'au fait que je n'aurai plus à formuler ces mots-là…

"…et il semble que j'y sois plus ou moins arrivé, bien qu'il y ait encore un mal entendu."

Si "convaincre" est bien le mot qui corresponde à cette situation. Je cille doucement, tentant de redonner à ma physionomie sa sérénité coutumière. Je dois avouer que ses derniers mots me laissent dans un état relativement confus. Un malentendu ? Mon regard bleu, agité d'une curiosité nouvelle, l'interroge en silence. Après une courte pause, il reprend…je l'écoute. Attentivement.

"L'échange n'est un prétexte à mes yeux. Je ne veux pas de votre corps froid et fermé. Je ne veux pas d'une poupée qui se soumet contre son gré. Non, je veux... un homme..."

Mais j'ai beau me concentrer, et retourner ses paroles dans mon esprit… Ma confusion est à son comble. Je ne le suis plus, et ne sais toujours pas ce qu'il désire véritablement. Il dit ne pas vouloir d'un automate. Mais il exige presque –car je ne suis plus exactement d'en avoir le choix- d'assouvir ses désirs sur mon corps. Il dit désirer un homme, mais c'est cette volonté même qui m'échappe… Non vraiment… Je suis perdu. Mon visage se penche doucement sur le côté, mes sourcils se contractent légèrement, plongé que je suis dans une vague confusion. Mue par l'habitude, ma main se lève pour venir chasser de mon front quelques mèches vagabondes…

"... consentant et appréciant ce que nous ferons. Je ne veux pas une pute mais un amant Anastasiah."

Mon geste se fige, laissant mes doigts mollement ouverts tout contre ma mâchoire. C'est ainsi que se manifeste ma surprise. Mais bien vite, je reprends mes esprits. Ma main retombe, et je me remets à respirer. Un…amant ? Mais… il ne semble pas avoir compris que je ne suis pas… que je ne peux pas lui donner… lui, un homme, et moi aussi…
Non. Il le sait très bien… et moi, je me cherche des excuses. Mes ongles s'enfonces doucement dans la peau tendre de mes paumes, tandis que mon regard se perd à mes pieds.

"…Anastasiah, je ne vous forcerai pas, je vous l'ai dit."

Un peu vite, je relève le visage, incrédule. Vraiment ?
Mais… il est déjà trop tard. L'appareil… Il savait, il savait tout cela. Il avait prévu ma réaction… Et c'est moi-même qui me suis enchaîné à lui. Mon passé, ma vie. Et puis… cette façon de prononcer mon nom… J'ai un frisson… que je réfrène bien vite. Qu'est-ce donc que cela ? Non, vraiment… La seule chose qui me satisfasse encore, c'est que ce ne sera pas lui qui viendra me chercher, selon ses envies, ses lubies… Enfin, c'est ce qu'il me dit.

Pendant quelques longues secondes, Pythagoras me vrille d'un regard que je ne puis déchiffrer. Je le soutiens pourtant, prenant bien soin de fixer à mes traits doux une expression de profonde paix intérieure, de sérénité absolue… Même si ce n'est pas exactement le cas.
Puis il se tourne, fais mine de s'en aller.
Un instant, j'ai envie de le retenir, de le ramener, et de le faire parler encore. Mais non. Mon geste se ravise, et je reste silencieux. Je sais que ce réflexe vient du fait… que j'aie peur. Peur de devoir aller le trouver, lui, seul, dans trois jours.

Lentement, méfiant, presque, je me détourne, vrillant de mon regard sombre les pierres du mur qui me font face.
Trois jours.
Revenir en haut Aller en bas
https://arnaudfontainebleau.forums-actifs.com
Contenu sponsorisé





Les yeux au ciel Empty
MessageSujet: Re: Les yeux au ciel   Les yeux au ciel Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
Les yeux au ciel
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
La culture d'Arnaud de Fontainebleau :: Délirium et divers :: RPG :: Sadismus :: Pyth-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser