Arnaud se tenait là, au premier rang, tenant son rang. Aussi bien celui de seigneur que de préfet de Serdaigle. Son visage était grave mais ses émotions neutres. Lui aussi s'était vêtu de noir. Son esprit vagabondait quelques peu. Il avait décroché à un moment d'un discours. Il ne savait plus lequel. Ses pensées hésitaient entre plusieurs voix. La première était d'ordre anthropologique. C'était le premier enterrement anglo saxon auquel il assistait. Il regardait donc de son oeil de français catholique le deuil d'une anglicane.
Il s'amusait derrière son attitude digne à comparer le peuple des élèves vêtus de noirs comme une armée de corbeaux qui s'apprêtait à aller entammer leur activité de charognard : bien que la cause de la mort avait été clairement annoncée par le directeur, le français savait que les rumeurs les plus folles coureraient bientôt. Il n'ignorait pas non plus que se moquer de la mort de cette élève était une activité saine pour ses condisciples qui la cotoyait moins que lui. Rire permettait d'éloigner les frayeurs de l'odée que cette mort aurait pu arriver à chacun et pouvait encore survenir à tout moment.
La voix de son amante retentit dans ses oreilles et le sortit de cette torpeur indifférente. Un instant, il se demanda si l'indifférence de son âme concernant cet évènement n'était pas non plus une forme de protection. Se souvenir d'elle ? Arnaud ne se souvenait pas grand chose d'elle sinon qu'elle avait osé lever sa baguette contre la prof cracmole de cours d'étude des moldus. Le préfet avait méprisé cette dernière autant qu'elle mais il avait considéré ce geste comme étant du plus haut déloyal et déshonorant. Pour le peu qu'il avait connu cette fille, cela ne lui amenait pas de larme. Quand bien même l'aurait-il connu mieux et l'aurait-il plus apprécié, la mort était trop présente pour pleurer tout le monde.
Des élèves s'avançaient les uns après les autres, prononçant des mots aussi futiles qu'inutiles devant l'éternité et le Tout-puissant. Arnaud n'écoutait pas. Son tour viendrait en fin, en tant que préfet. Un tour qu'il savait qu'il passerait. Il ne prononcerait pas un discour qu'il ne pensait pas, il n'y avait aucun enjeu politique pour qu'il le fasse. Il ferait le seul geste nécessaire : jeter une rose et une pincée de terre sur le cerceuil en terre.
[et bin, il en faut des choses pour amener la création d'un nouveau forum ! Putain, je suis horrible...]
Sam 25 Oct - 15:11